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Le jour. D'après fred sabourin
Articles récents

cinématographe

27 Septembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                                 99 Francs


de Jan Kounen. France, 2006. 1h40. Pathé Distribution. 400 copies. Avec : Jean Dujardin ; Jocelyn Quivrin ; Patrick Mille ; Vahina Giocante… D’après le roman de Frédéric Beigbeder (2000).


   Après une nouvelle nuit d’orgie dans son luxueux appartement, Octave se réveille et rejoint les bureaux de la « Ross », une grand agence de pub. Octave est concepteur – réalisateur, valet gâté et consternant d’un système immonde. Avec son binôme Charlie, il passe des journées vides et quasi désoeuvrées. Un matin, il soumet un projet de spot à la grande marque de yaourt Madone. Idée rejetée, car trop intelligente, selon son commanditaire. Octave songe à tout quitter, mais se dégonfle et tourne la niaiserie qu’on attend de lui. Il entame au même moment un relation forte avec Sophie, sublime stagiaire, qui, tombant enceinte, le fait fuir à nouveau devant ses responsabilités.
Adapté du roman éponyme de Frédéric Beigbeder, 99 F est une belle addition de Jan Kounen, qui, après le succès en demi teinte de Blueberry en 2004, reprend les ficelles scénaristiques et filmiques de ce dernier opus. Errances transcendentalo – psychédéliques liées à ses expériences chamaniques et surtout à l’absorption de substances illicites telles que la cocaïne ou les extasies, 99 F entraîne le spectateur dans les labyrinthes obscures des publicitaires gavés et dépressifs tendances suicidaires. Performance d’acteur pour Jean Dujardin, performance de mise en scène pour Jan Kounen, performance d’adaptation pour Beigbeder. Une addition qui se révèle salée, et encore une fois, c’est le consommateur, c’est-à-dire vous et moi, qui mettons la main à la poche. 99 F est finalement le stricte équivalent du livre : un pseudo objet de contre-culture façonné à son image par et pour la société de consommation.

 

99 F

 

                                             La Face cachée


La Face cachée - Bernard Campan et Karin Viard

   De Bernard Campan. France, 2006. 1h33. Wild Bunch Distribution. Avec : Bernard Kampan ; Karin Viard ; Jean-Hugues Anglade…


   Après des années de vie commune, François et Isa se sont enfoncés dans une routine qui semble peser sur lui. Mais il se pourrait que la personne qui souffre ne soit pas la plus démonstrative. Après des années de vie commune, ils vont enfin se rencontrer...
Bernard Campan n’est plus un inconnu, et il a bien fait de passer à son tour à la réalisation. Après quelques apparitions remarquables dans Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman, avec Isabelle Carré (thème de la maladie d’Alzeimer), Le Cœur des hommes, de Marc Esposito, et Combien tu m’aimes avec Depardieu et Monica Belluci, Campan campe désormais dans la cour des grands.
Avec une mise en scène au cordeau, il parvient à ouvrir des doubles fonds et des chausse-trappe qui ne trouvent leur éclaircissement qu’à la fin du film, qu’on ne vous racontera pas car ce serait gâcher le plaisir de se laisser surprendre par cette scène finale qui, à elle seule, justifierait de revoir tout le film.
On retrouve, parmi les performances d’acteurs, l’impeccable Jean-Hugues Anglade, acteur rare ces temps-ci. Mais le plus fort reste le duo Campan – Karin Viard, magnifiques dans leur rôle de couple au bord de la crise, sans jamais la franchir, et avec une pudeur dans le dénouement (faut-il le rappeler ?!) qui donne au spectateur beaucoup de plaisir.
La Face cachée, comme tout un chacun, explore ce qui fait la profondeur des sentiments et de la vie des hommes sur cette planète : on aura beau se voiler la face toute sa vie, « tout ce qui est caché sera un jour révélé ». Précepte biblique à la limite de la corde usée par trop de niaiserie dans l’interprétation. Bernard Campan, en exégète du couple, se pose non seulement comme un réalisateur et scénariste majeur, mais aussi comme thérapeute conjugal efficace. La Face cachée, on en redemande.

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si les symptômes persistent, consultez votre médecin

21 Septembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

                                                       La méthode Coué

           La méthode Coué vise à soigner des troubles par autosuggestion. Elle a été inventée par Emile Coué, pharmacien né au milieu du XIXè siècle.
Il semblerait que cette méthode soit aujourd’hui brusquement revenue sur le devant de la scène. En tous lieux, en tous genres, avec toutes sortes de personnalités, même les plus hautes de l’Etat. Il suffirait de désirer très fort ce qu’on souhaite atteindre pour y parvenir. On voit déjà le côté pratique de l'exercice. Croissance, régimes spéciaux, retraites, immigration, justice, éducation, diplomatie… Toute décision, ou presque, s’accompagne d’un volontarisme qui fait plaisir à voir sur la forme, mais laisse perplexe quant à l’application réelle, en dépit des signaux d’alarme de spécialistes dont c’est le métier, voire de nos partenaires européens inquiets devant notre régime de vie largement au dessus de nos moyens.
La méthode Coué sert également à faire avaler les couleuvres, aussi longues soient-elles, aux incrédules que nous sommes, manipulés par les médias, cela va sans dire. Qui parle d’une guerre en Iran ? Mais non, bien sûr que non ! Qui parle d’une entente difficile entre le Président et le Premier ministre François « pion » ? Mais enfin voyons, tout baigne ! Mais où allez-vous donc chercher tout ça ? Tout le monde est re-ma-rqua-ble ! La méthode Coué sert aussi à cela : à forcer le passage. Par autosuggestion, ou automédication… Heureusement pour eux, les adeptes de Coué ne sont pas en bois, comme ce petit pantin de monsieur Gepetto qui voyait son nez s’allonger lorsqu’il maniait le mensonge.
Loin de moi l’idée de décevoir les lecteurs de ce blog (environ 53%) qui auraient voté pour le fils d'immigré hongrois (dont il faudrait au passage soumettre la famille à un test ADN, pour voir si, par hasard, il ne gagnerait pas un aller simple pour Budapest en charter low-coast). La démocratie est une sorte de jeu dont il faut accepter toutes les issues. Et puis, cinq ans, ça passe si vite…
Non, je crois que nous avons tout à gagner du retour en force de la méthode de cet honorable apothicaire, Monsieur Coué. Regardez comme la vie peut être belle en s’en inspirant tous les jours : il suffirait de penser très fort à des choses que l’on aime, désire, veut à tout prix, décide, puis d’y ajouter les soliloques verbales de rigueur (« je l’ai promis, je le ferai ») et le tour est joué !
C’est la raison pour laquelle le XV de France de Rugby doit passer ce jour sans transition de la lettre du condamné Guy Môquet aux prescriptions d’Emile Coué. Si, si, vous verrez : pensez-y toute la journée, au besoin, tapez du poing sur la table ou pointez votre doigt vers votre interlocuteur, et ce soir, zou, la victoire.
En chantant, après la Marseillaise de rigueur, Tout va très bien, Madame la Marquise.
Tra-déri-déra et tra-la-la !


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le jeu de la lumière et du hasard

19 Septembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

 

 

 

 

 

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nécrologie

11 Septembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

                                                         Je vais mourir (sic)

      C’est ainsi que commence la lettre de Guy Môquet à ses parents, avant qu’il ne meure pour de vrai.
C’est avec ces mots à l’esprit que le XV de France est entré sur la pelouse vendredi dernier, avant de vivre (et faire subir au public) un match aussi triste qu’un jour de Carême, une sorte de vendredi saint en plein temps ordinaire.
On ne saurait critiquer l’entraîneur, il est aisé de tirer sur l’ambulance, ou sur les joueurs : le rugby reste un sport, même si la tendance financière tendrait à prouver le contraire. Beaucoup de journalistes spécialisés s’y sont mis, dès samedi matin, et depuis, avalanche d’hypothèses, de critiques, de désabusement, analyses etc. Aussi vrai que ce fichu ballon rebondit où il veut, changeant le cours d’un match, de l’histoire ou d’une vie qui devient légende. Le sport national, en France, reste quand même de brûler ce qu’on a adoré, et adorer ce qu’on a brûlé. Rien de nouveau sous le soleil. La suite de la compétition nous le prouvera, pour peu qu'on arrive à percer.
Ce qui est beaucoup plus inquiétant, hélas, c’est le manque cruel de culture historique, de recul face au document lui-même. Hors contexte, c’est déjà une ineptie. Plaqué dans un autre contexte, c’est encore pire ! Le petit Bonaparte avait déjà fait le coup le lendemain de son érection présidentielle, les larmes aux yeux : « il faudra lire cette lettre le jour de la rentrée des classes à tous les élèves de France ». Le projet semblait heureusement tombé dans les oubliettes des promesses sans lendemain. On voyait là que l’avocat n’avait jamais enseigné. On se demandait même s’il avait été élève. 
Elle a resurgit dans la bouche de Clément Poitrenaud vendredi soir dernier (lequel était d’ailleurs puni au banc de touche), dans une sorte de sarko-clin d’œil digne des meilleurs fayots du premier rang de la classe.
« Je vais mourir », dit le jeune Guy Môquet, à peine vingt ans, à ses parents.
Vendredi, et les autres jours, c’est le sens de l’Histoire qui est une nouvelle fois mort au champ d’honneur. Ou comment une citation qu’on croyait pertinente devient une catastrophe. Une armée entière en déconfiture. Une légion étrangère réduite à l'état d'enfants de choeur.
Alors que faut-il faire ? L’Histoire s’en remettra, c'est sûr, car « l’Histoire continue » (citation de feu Georges Duby, qui devait d’ailleurs faire du grabuge dans sa tombe du Mâconnais).
Et il faut attendre la chute de l’Empire. Encore quatre ans, et deux cent quarante cinq jours environ.
Pas de quoi en mourir de rire…

 

 

 

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t'as ton Tan's ?

29 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                        rentrée des classes, trop la classe !

       

       

          Avant que le gouvernement, loué soit-il, ne fasse une loi obligeant les chefs de rayon à pratiquer des prix bas sur les fournitures (ce qui est déjà le cas si on fait attention à ne pas céder à la fièvre marketing…), une maman a eu la semaine dernière la réflexion d’actualité la plus pertinente : « on ne va quand même pas traverser tout Lyon pour trouver une trousse ! ». Alors que je m’employais à chercher des stylos feutres « Tempo » de chez « Paper Mate » (chacun ses manies), un jeune garçon était perplexe devant la montagne de trousses scolaires installée devant son nez. Il tournait et retournait l’objet sensible qui va accompagner son année d’écolier. Objet qu’il faut bien choisir on comprendra pourquoi, car, avec l’agenda, il dit « tout » d’une personnalité. Il s’agirait donc de ne pas commettre d’impair, au risque de passer pour le ringard de l’année dès les premiers jours… Rédhibitoire. Bien choisir, jusqu’au mois de janvier seulement, date où les stratèges marketing de tout poil inventeront une nouvelle marque « indispensable ». Entre deux zip de fermeture éclaire, sa mère dont on aurait juré sa grande sœur tant le jeunisme et le bronzage ont fait des ravages (malgré l’été pourri), a eu cette réflexion donc, que je ne résiste pas à vous partager une seconde fois : « on ne va quand même pas traverser tout Lyon pour trouver une trousse ! ». Et comment !
Elle a bien traversé la France et sans doute les frontières pour trouver du soleil et un carré de quatre mètres carrés sur une plage. Alors Lyon pour une trousse, ça n’est tout de même pas le raid Gauloise… Si c’est pour améliorer les performances de son fiston en 6è, tout sera bon. Je regarde dans mes mains les deux feutres « Paper Mate » et le cahier Clairefontaine (petit format, spirales, grands carreaux marge à gauche, cent pages et papier velouté). Je me dis que pour trouver mon matériel favori, je suis prêt à faire quelques kilomètres de plus en vélo. Chacun sa rentrée.

 

 

 

 

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chic planète, dansons dessus !

27 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

                                   les petits rois de la sagesse

       L’imagination fertile des enfants dépasse allégrement celle des adultes, on le savait depuis longtemps. Il est possible que le temps des vacances, fut-il pluvieux, permette aux jeunes, débarrassés de l’emprise du carcan professoral, d’imaginer le monde à la mesure de leur faim : énorme. En visitant les villes, les enfants prennent de la hauteur. Et gagne en spiritualité.
Celui qui s’assoit sur le parapet de la colline de Fourvière, retenu à la ceinture par sa mère « de peur que tu tombes » (et fasse l’ouverture du 20 heures de TF1…), lâche, devant le spectacle urbain qui s’offre à lui : « on voit toute la planète ! ». En fait, tout Lyon, ce qui n’est déjà pas si mal, et, puisqu’il n’y a exceptionnellement que très peu de nuages, un bout des Alpes aussi. Ce n’est pas tant le mot « planète » qui me ravit. Mais plutôt le « toute ». D’un seul regard, ce garçon a vu « toute la planète ». Le monde connu. Chic planète !

(encore fumant de pluie, le Val d'Arious vu depuis Pombie (2100m), en dessous de l'Ossau)

       A l’arrivée d’un TGV revenant du sud, la petite fille de cinq ans qui a gagné trois parties de sept familles d’affilées lance à son père (en constatant le monde sur le quai qui descend du train, car c’est le terminus) : « et ben dis donc, il y en avait du monde qui voulait venir à Lyon en même temps que nous ! ». Le hasard fait bien les choses me dis-je en parallèle.
Puis, baragouinant quelque chose que son père ne put capter (et pas grand monde non plus d’ailleurs), il lui demande ce qu’elle vient de dire. Et la réponse dépasse les espérances pour une gone de cinq ans : « rien, je me parlais à moi même ».
Sois même comme un autre : intellectuelle juvénile, elle venait de découvrir malgré elle le concept de pensée philosophique. Victoire de la fraîcheur sur le cynisme. Aération des neurones. Délice du sens de la répartie. Prolongement du rêve…

(dans la montée vers le Pic d'Ariel - 2824m - l'Ossau, vieux volcan, fume encore...)

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la vie n'est pas toujours de la soie, mais parfois du velours...

19 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                             Les Canuts

 

Pour chanter Veni Creator il faut une chasuble d’or.  

Pour chanter Veni Creator il faut une chasuble d’or.  

Nous en tissons pour vous, grands de l’Eglise, et nous pauvres Canuts,

Nous allons sans chemises.

 C’est nous les Canuts, nous allons tout nus.

 

Pour gouverner, il faut avoir, manteaux et rubans en sautoir.

Pour gouverner, il faut avoir, manteaux et rubans en sautoir.

Nous en tissons pour vous, grands de la terre,

Et nous, pauvres Canuts, sans draps on nous enterre.

 C’est nous les Canuts, nous sommes tout nus.

 

Mais notre règne arrivera quand votre règne finira,

Mais notre règne arrivera quand votre règne finira,

Nous tisserons le linceul du vieux monde, car on entend déjà

La révolte qui gronde…

 C’est nous les Canuts, nous n’irons plus nus.

 

(Aristide BRUANT, 1894)

 

 

 

 

 

 

 

 

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petit commerçant, non poujadiste :

16 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                           Le fils de l’épicier


Le Fils de l'épicier - Clotilde Hesme et Nicolas Cazalé


     de Eric Guirado. France 2006. 1h36. Distribution : « les Films du losange ». 75 copies. Avec : Nicolas Cazalé ; Clotilde Hesme ; Daniel Duval…                   

       Avec Quand tu descendras du ciel en 2003, Eric Guirado avait obtenu plusieurs prix, dont ceux du public, dans des festivals comme Angers, Mulhouse, Rome ou Florence. Peu après ce premier long métrage, il avait réalisé pour France 3 une série de reportages sur les métiers itinérants en région Auvergne et Rhône – Alpes. Le Fils de l’épicier a certainement germé dans son esprit à ce moment-là.
Antoine a trente ans, vit de petits boulots autant dire de galères sans fin. Il a quitté sa région natale autant que rurale dix ans plus tôt, plutôt fâché avec ses parents et surtout son père, épicier de village et itinérant, assez peu porté sur le dialogue. Lorsque celui-ci est hospitalisé à cause d’un accident cardiaque, sa mère lui demande si il ne pourrait pas, par hasard, «faire la tournée avec le camion» le temps d’un été, pour dépanner. Antoine, cache sa joie et accepte, surtout que sa voisine de palier, Claire, reprend à vingt-six ans des études et tente de passer son bac. L’air de la campagne lui fera le plus grand bien, pense-t-il. Ils partent tous les deux et s’installent dans l’épicerie, qui n’a rien d’une épicerie fine…
Le Fils de l’épicier est un film à plusieurs entrées : d’abord il est rare que la ruralité et ses petits dommages collatéraux soient portés à l’écran. On se souviendra longtemps des affres de l’exode rural dans : C’est quoi, la vie ? de François Dupeyron, avec Eric Caravaca, Jacques Dufilho et Jean-Pierre Darroussin, en 1999. Pour le reste, pas ou si peu de choses intéressantes.
C’est aussi un film sur les secrets de familles, les non-dits qui étouffent et enferment père, mère et frères. La vie rude de petits commerçants besogneux, mais sans grandes ambitions, « des bricoleurs » comme l’avouera le père, excellent Daniel Duval.
Nicolas Cazalé, en trentenaire pas sûr de lui, légèrement renfrogné et sombre, campe parfaitement le rôle d’Antoine, qui a trop rêvé sa vie pour la vivre simplement. Clotilde Hesme apporte une touche d’espièglerie et de fantaisie dans ce pays de cocagne où l’épicier ambulant est bien souvent la seule personne avec laquelle « les vieux » encore là et surtout encore vivants, échangent quelques mots dans la journée. Eric Guirado avait été frappé par cet appauvrissement des zones rurales. Le phénomène n’est certes pas nouveau (ça dure depuis quarante ans), mais le voir au cinéma est suffisamment peu fréquent pour qu’on apprécie. On est loin de la campagne version Jean Becker et la campagne aux vertus euphorisantes pour Par..…ns bobo en mal de vie. Pas besoin de jouer à la marchande pour ce Fils de l’épicier, qui saura trouver son public… Hélas, sûrement plus dans les zones urbanisées que dans les campagnes, désertifiées par les salles de… cinéma.

 

 

 

 
Filmo :
Nicolas Cazalé : UV (Gilles Paquet-Brenner, 2007)
Pars vite et reviens tard (Régis Warnier, 2007) 
Saint-Jacques… La Mecque (Coline Serreau, 2005).
Clotilde Hesme : Chansons d’amour (Christophe Honoré, 2007) 
Les amants réguliers (Philippe Garrel, 2005)


Le Fils de l'épicier

 

 

Le Fils de l'épicier

 

Le Fils de l'épicier - Clotilde Hesme et Nicolas Cazalé

 

Le Fils de l'épicier - Clotilde Hesme

 

 

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steak haché

9 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                       La fille coupée en deux

de Claude Chabrol. France 2007. 1h55. Avec : Ludivine Sagnier ; François Berléand ; Mathilda May ; Caroline Silhol ; Benoît Magimel

      Le Chabrol annuel est arrivé ! Après l’examen de la bourgeoisie viticole en bordelais (La Fleur du mal, en 2006), c’est au tour de la néo bourgeoisie lyonnaise, tendance écrivain,  d’en prendre pour son compte, façon Chabrol.
Une présentatrice télé locale, un jeune dandy schizophrène qui croit pouvoir tout acheter avec son fric et sa réputation (pourtant déjà écornée), un écrivain revenu de tout sauf de la plastique séduisante des jeunes filles en fleur, une assistante énigmatique et une bourgeoise manipulatrice : le cocktail chabrolien peut fonctionner à plein régime.
La fille qui présente la météo (et qui porte le nom adéquat de Gabrielle Neige, soit deux anges dans un seul corps) est éprise de deux hommes : l’un par défi (l’écrivain, qui a l’âge d’être son père), et l’autre par dépit (le jeune zinzin de son âge, détestable mais justement attirant). Il n’en faut pas plus pour que l’intrigue rebondisse à la suite d’un assassinat (on ne vous dira pas lequel) en public qui permet à tout ce joli monde d’asseoir sa réputation… ou de la perdre.
Grâce à une distribution millimétrée, Chabrol une fois encore réussit son pari : dépeindre une situation provinciale et bourgeoise en toute quiétude, et ça fait mouche. Hédoniste et jouisseur, François Berléand campe cet écrivain très séducteur avec les femmes en public, mais véritable catastrophe sous l’alcôve. Joli minois et cheveux d’ange, Ludivine Sagnier joue la candide ingénue bercée d’illusions. Le jeune dandy zinzin Benoît Magimel (mention spéciale), incarne à lui seul toutes les frustrations et actes manqués des nouveaux riches qui ont tout, sauf l’essentiel. Ses simagrées sont délicieuses, et le sale gosse n’en est pas moins insupportable. Mathilda May, dont on est heureux de revoir la beauté fatale dans un film d’auteur, ajoute une touche d’énigme et de froideur calculée à l’édifice chabrolien. Caroline Silhol, en bourgeoise de province obnubilée par la réputation est un modèle du genre.
Sans aucun doute, La fille coupée en deux est certes un film de Claude Chabrol de plus, mais pas un ennuie de moins : pas une seconde on songe à quitter la salle, hypnotisés par cette peinture sociale dont il nous semble avoir déjà vu les contours. Et pourtant, d’une étonnante fraîcheur. Qu’il me pardonne, mais c’est un peu comme Balzac, au cinéma.
Ce qui est, vous en conviendrez, nettement moins fastidieux.

La Fille coupée en deux - Affiche conçue par Miss.Tic

La Fille coupée en deux - Ludivine Sagnier et François Berléand

 


La Fille coupée en deux - Mathilda May

La Fille coupée en deux - Ludivine Sagnier et Benoît Magimel

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100 ans et toutes ses dents : le scoutisme

1 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

promettre :

 « Sur mon honneur, et avec la grâce du Seigneur, je m’engage à servir de mon mieux Dieu, l’Eglise et ma patrie, à aider les Hommes mes frères en toutes circonstances, à vivre la loi scoute ».

 

 

le pari  spirituel  :

 

« Seigneur Jésus, apprenez-nous, à être généreux, à vous servir comme vous le méritez, à donner sans compter, à combattre sans souci des blessures, à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser, sans attendre, d’autre récompense, que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté » (Ignace de Loyola)

chanter :

 

« Devant tous je m’engage, sur mon honneur, et je te fais hommage, de moi, Seigneur. Je veux t’aimer sans cesse, de plus en plus. Protège ma promesse, Seigneur Jésus ».

faire mémoire :

          C'était un matin d'août 1987, le 15 exactement. La date est notée derrière une photo qui n’est jamais très loin de moi. A cette époque, la promesse n'était pas prononcée tout de suite en arrivant à la Troupe. Il y avait une sorte de rite initiatique qui pouvait durer un an, voire deux ! Il y avait même une « épreuve promesse », au cours de laquelle le scout offrait ses services à un agriculteur, un maçon, ou n’importe qui dans le village. Cela faisait deux ans que j’attendais ce moment. Deux ans à regarder les anciens faire leur numéro d'anciens, deux ans à essayer de m'arracher au dur statut de "cul de pat' ", autrement dit le dernier de la patrouille... Ou l'avant dernier, ce qui revient presque au même.

 

 

 

Ce matin là, près d'un village qui s'appelle "Aucun", dans les Hautes Pyrénées, près d'Argelès-Gazost, j'ai prononcé les mots qui sont restés gravés dans ma mémoire : "sur mon honneur, et avec la grâce du Seigneur, je m'engage à servir de mon mieux Dieu, l'Eglise et ma Patrie, à aider les hommes mes frères en toutes circonstances, à vivre la loi scoute".

 Un texte qui a lui aussi un peu changé, mais à ce moment là, c'était un évènement. Je me souviens de la phrase du chef, Bruno P. (alias « fennec »), qui ajoutait (ce n'était pas dans le cérémonial) en nous regardant droit dans les yeux: "X, prends tes responsabilités" ; à 14 ans c'est insoutenable ! A cet instant quelque chose dont nous ignorions tout nous saisissait la colonne vertébrale. Le trac sans doute, et surtout l'impression que nous allions dire quelque chose de grand et de beau. Quelque chose qui nous engageait. Le sentiment que plus rien ne serait jamais comme avant.

 

 

Alors nous prononcions les mots que tant d'autres avant nous avaient prononcés : nos pères, nos profs, nos anciens, notre "chef", notre "CP", notre copain scout vieux d'un an de plus, qui nous regardait fièrement et un peu ému, mais bien sûr ne le montrant pas...

Et puis on chantait "protège ma promesse, Seigneur Jésus". On faisait alors partie de la famille…

 

            Les jeunes qui étaient là ce 15 août 1987 sont encore des amis, fidèles, et nous nous retrouvons souvent. Beaucoup sont mariés, d'autres encore célibataires. Et si nous ne nous racontons plus nos "guerres" des glorieux camps scouts comme nous le faisions autrefois (ce qui avait le pouvoir d'agacer nos copines et les garçons qui n'en étaient pas !), il peut encore nous arriver, lors d'un we entre amis près d'une cheminée, entre deux cognac, d'évoquer le souvenir de tel ou tel camp, tel ou tel scout ou chef que nous n'avons pas revu depuis longtemps, mais dont quelqu'un a toujours des nouvelles... Lors d'un récent "enterrement de vie de garçon", nous avons même reconstitué pour le futur marié un we scout, avec sa chemise de l'époque, feu de camp, guitare et tout et tout. Il y avait juste un supplément vin rouge… Je peux dire avec certitude qu’on lui a fait un beau cadeau. C’est ainsi que naissent les grandes légendes.

          Je me souviens enfin, quelques années après ce 15 août 1987, avoir assisté et reçu les promesses de quelques pionniers dont j'avais, avec d'autres, la charge. Les mots avaient changés, les jeunes aussi, mais le cérémonial était le même : un uniforme impeccable (autant que peuvent l'être une chemise et un foulard après 15 jours de camps sous la canicule ou les orages...), du feu dont la fumée va toujours vers celui qui doit parler (pour l'odeur si bonne de hareng fumé lorsqu'on revient chez soi), des torches s'il fait nuit (avec la paraffine chaude qui coule sur les mains), une guitare hésitante sur les trois ou quatre accords du chant de la promesse, des papiers froissés et nerveusement lus (les "motivations" pour faire sa promesse...), et puis ce bras tremblant dont la main vient saisir l'étendard à fleur de lys de la troupe, vert, blanc et rouge, pour dire à son tour les mots qui font entrer dans la fidélité d'amitiés nées dans l'effort et le dépassement de soi.

 

 

 

 Ce jour là, je peux le dire sincèrement, a pour toujours changé ma vie. Ce jour a fait de moi un homme en mouvement, toujours prêt à se remettre en question, un homme dont le sac à dos est toujours prêt à partir, le couteau et la ficelle prêts à servir.

 Le scoutisme est une chance, une vraie, et malgré ses 100 ans, il reste d'une étonnante jeunesse. Sans nostalgie ni regrets d'un bon vieux temps qui n'existe plus. Il reste d'une étonnante jeunesse parce qu'il saisit encore aujourd'hui d'autres jeunes qui se mettent en mouvement aussi, et font l'apprentissage de la fidélité, du dépassement de soi, des compétences acquises et reconnues.

 

 

Parce que, dans un camp scout, aujourd'hui encore, la fumée du feu de camp va toujours vers celui qui veut prendre la parole... Elle fait plisser les yeux, mais n’empêche pas de parler.

 Bon vent au scoutisme, il peut encore compter sur moi comme je compte sur lui !

« nous avons vécu, aux heures de miracle, une certaine qualité des relations humaines : là est pour nous la vérité ».                        Antoine de St Exupéry,  Terre des hommes 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ps : vous pouvez, si le coeur vous en dit, laisser un souvenir scout (ou guide) dans les "commentaires"...

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