Les mystères du Loir-et-Cher dévoilés
Le nouveau livre du journaliste Pascal Audoux lève le voile sur des éléments de l'histoire du département et des destinées insolites, extraordinaires et méconnues. Mais qui gagnent à l'être.
La séquestrée de Poitiers, Blanche Monnier ? Elle a fini ses jours à l'hôpital psychiatrique de Blois. Connaissez-vous vraiment le chanoine Tournesac fondateur du journal que vous avez en main, ecclésiastique haut en couleur malgré sa soutane noire et son col romain blanc ? Champigny-en-Beauce vous fait penser à un nom de village d'une aventure de Spirou et Fantasio ? Elle abrita une cité agricole, comme on dirait une cité de banlieue aujourd'hui. Et l'affaire du presbytère de la discorde à Chaumont-sur-Loire ? Saviez-vous aussi que les Américains avaient débarqué à Gièvres entre 1917 et 1919 ? Et ce préfet enterré dans l'église Saint-Nicolas, Albert de Lezay-Marnésia ? Pensez-vous tout savoir sur le père Brottier ? Connaissez-vous les diaboliques de Vendôme ? A-t-on tout dit sur Auguste Poulain, ou reste-t-il quelque chose à croquer ? Etc. Etc. Impossible de citer là tous les vingt-sept chapitres des quatre parties (1) qui composent Les Mystères du Loir-et-Cher de Pascal Audoux.
Le journaliste, historien et écrivain Pascal Audoux mériterait d'ailleurs à lui seul un chapitre sur ses propres mystères dans ce livre paru le 10 avril aux éditions De Borée. Passionné par son métier de localier – au sens noble du terme - et surtout par ce que certains nomment souvent avec la condescendance des petits sectaires de province la " petite histoire ", il signe avec ce nouvel opus une œuvre qui fera date dans les productions littéraires du département. L'homme n'a pas ménagé sa peine, ni son temps libre. À la manière d'un Rouletabille, il a su pousser les portes, s'interroger, contacter une foultitude de personnes, en ressusciter d'autres, fouiller les archives parfois poussiéreuses et souvent oubliées pour dénouer les énigmes de ces mystères. Et remettre cent fois ses certitudes sur le grill du doute ; pas celui dont on fait des prétendues fondations. Non, celui qui élève et instruit. Car, au sens littéral du terme, un mystère est quelque chose dont le sens est caché, et ne se révèle qu'aux initiés. Pascal Audoux ne se contente pas de s'en instruire lui-même et de s'en nourrir à la manière d'un érudit du haut Moyen Âge : il nous ouvre les portes en nous prêtant les clés de ce savoir encyclopédique.
Mystérieux évènements, mystérieuses personnalités aux destins peu communs, mystérieux toponymes d'une géographie et sociologie départementales qui sont, à elles seules, un mystère. Pas seulement parce qu'un chanteur célèbre (qui passa souvent ses vacances à Dhuizon chez ses grands-parents) en a magnifié la boue qui colle aux semelles - salissant au passage pour longtemps l'orgueil un brin mal placé des habitants du cru, leur injectant le poison d'un complexe d'infériorité tenace. Un département pourtant digne d'intérêt par ses coins et recoins, par son histoire, la petite et la grande, comme le dédale des 426 pièces et 77 escaliers du château de Chambord, fleuron et fierté locale qui permet au Loir-et-Cher de rayonner un peu plus loin que les limites des trois autoroutes qui le bordent.
Dans sa préface, l'ancien préfet du département Gilles Lagarde, s'interroge à juste titre sur ce " département que l'on disait sans histoire [qui] a souvent fait l'histoire (…) Par quelles mystérieuses prédispositions ce cœur de France (…) se trouva-t-il au cœur de l'histoire ? " C'est tout l'objet du livre de Pascal Audoux, qui l'avoue lui-même : "Je pars du principe, quand on est historien de formation comme je le suis, qu'on doit s'intéresser à l'histoire d'un département quand on y arrive. C'est ce que j'ai fait dès mon arrivée en Loir-et-Cher il y a 3 ans. Faire ce livre était aussi un challenge : le précédent, sur le Périgord (2), je l'avais fait avec un autre auteur. Je me suis lancé le défi d'en faire un seul. J'ai mis dans ce livre toute la rigueur de l'historien, et l’enthousiasme du journaliste."
Ces histoires insolites, étranges, criminelles et extraordinaires - sous-titre de l'ouvrage - passionneront plus d'un Loir-et-Chérien croyant bien connaître son département, en s'étonnant, cela va de soi. Un étonnement historique qui débouchera certainement sur un étonnement philosophique. Travail titanesque s'il en est pour un homme discret, boulimique de lectures et d'archives historiques autant que fan des répliques du cinéma de Michel Audiard et Henri Verneuil, de films comiques de série B et de leurs seconds rôles dont personne – sauf lui – ne se souvient du nom.
Et ça, ce n'est pas le moindre des étonnants mystères…
F.S
(1) 1ère partie : Histoires insolites. 2e partie : Histoires extraordinaires. 3e partie : Destins à part. 4e partie : Affaires criminelles.
(2) Les Mystères du Périgord, chez le même éditeur.
Pascal Audoux dédicacera Les Mystères du Loir-et-Cher samedi 25 avril de 15 h à 18 h chez Labbé, libraire, rue Porte-Chartraine à Blois.
article paru dans La Renaissance du L & C le 24 avril.
Ludovic : l’homme de « faire » en fer
Le Vendômois se lance un défi hors norme : enchaîner 41 triathlons catégorie « ironman » d’affilés, en juillet et août prochains, pour faire connaître le Loir-et-Cher. Et surtout par goût du dépassement de soi. Rencontre avec un (extra) terrestre.
Ne dites jamais à Ludovic Chorgnon, triathlète de 43 ans, marié et père de 3 enfants : « Ça ne marchera jamais », et surtout pas « C’est impossible. » Car c’est exactement le genre de chose capable de déclencher chez lui une irrépressible envie d’en découdre, et de vous prouver le contraire. Par bravade ? Par inconscience ? Par goût du risque ? Par folie douce ? Rien de tout cela. Ludovic Chorgnon n’aime rien tant que d’essayer de changer le cours des choses, tout simplement. « Je ne supporte pas cette fatalité qui consiste à dire : ah ben c’est comme ça, on n’y peut rien ! » dit-il en plissant les yeux dans un regard malicieux, un sourire franc et une bonne humeur super-communicative. L’homme que l’on surnomme parfois « Ludo le fou » est tout sauf ça, justement.
Entre le 1er juillet et le 10 août prochains, ce Vendômois chef d’une entreprise de consulting en ressources humaines (Sérénité consulting) va tenter de battre le record du monde de triathlons « ironman ». Pour ceux qui ne le sauraient pas, un triathlon « ironman » c’est enchaîner – excusez du peu – 3,8 km de natation, 180 km de vélo, et 42,195 km de courses à pied (un marathon complet). L’épreuve à elle seule donne mal aux jambes rien qu’à la décrire… Ludovic Chorgnon, lui, va enchaîner 41 jours de suite cette épreuve sportive parmi les plus réputées et les plus dures au monde, créée en 1977 à Hawaï. Pourquoi 41 ? D’abord parce que le record du monde officiel est de 10, et officieusement de 33 (mais non homologué). Et surtout parce que 41 est le numéro du département de Loir-et-Cher, pas assez connu à son goût. « Je viens de la région Rhône-Alpes. Quand nous sommes arrivés ici pour raisons professionnelles, avec ma femme et mes enfants, on connaissait à peine, on s’est demandé comment on allait tenir si loin des montagnes. Je me suis dit : on reste trois ans et on retourne là-bas. Quand j’ai vu le film ‘Bienvenue chez les Ch’tis’, je me suis dit : c’est exactement moi il y a quelques années. Ça fait 20 ans que nous sommes là », dit-il, un brin amusé. Dans sa vie professionnelle, parcourant les quatre coins de la France, il est souvent confronté aux questions bien connues des Loir-et-Chériens qui se déplacent : « C’est où ce département ? Il y a quelle grande ville connue ? » Et il ajoute : « En ressources humaines, quand vous donnez à choisir entre venir habiter à Tours ou Vendôme, les gens mettent une demi-seconde à choisir Tours. » Une fatalité ? Non, pas pour lui, et c’est justement ça qui le met en mouvement.
Dormir sur commande
Du mouvement, Ludovic en fait depuis toujours. Non pas qu’il ait la danse de saint Guy, mais par réel goût du sport. Son père, boulanger-pâtissier, était aussi maître-nageur. « J’ai su nager avant de marcher », dit-il le plus naturellement du monde. À la maison, enfant puis adolescent, le sport fait partie de la vie de tous les jours. Du sport bien-être, pour être en forme, pas forcément pour la compétition. Lors de son premier marathon, à 28 ans, la veille ses potes lui font une surprise. Il se couche très tard, et ne bois pas que de l’eau... Il se lève peu après s’être couché, et prend quand même le départ. N’importe qui à sa place ne dépasserait sans doute pas le 10e kilomètre. Pas lui : il termine la course en 3h15, pour une première participation. Il se dit : « je dois avoir un potentiel. » C’est peu de le dire, au regard des courses qu’il a enchaîné ensuite ! (lire ci-dessous). Il se prend au jeu, obtient de très bons résultats aux triathlons. Il enchaîne les courses longues, parmi les plus difficiles du globe. Son mètre 80 pour seulement 69 kg lui « facilitent » la tâche. Mais plus que tout, Ludovic est une sorte d’extra-terrestre qui récupère très vite, et surtout très bien. Beaucoup mieux que le commun des mortels en tout cas. « Je peux m’endormir à n’importe quel moment, n’importe où, en quelques secondes, et me réveiller sur commande. » Vous pensez qu’il plaisante ? Non, et c’est même très sérieux : « Je m’entraine pour ça, je développe ça. J’utilise l’auto-hypnose, je l’ai apprise seul, sans m’en rendre compte vraiment », ajoute celui qui dit être parfaitement bien reposé après une nuit de 5 ou 6 heures, et même moins ! Vous vous dites : ce gars est complètement fou. Sur le papier, ça y ressemble. Et pourtant c’est un homme normal que nous avons rencontré, chez lui, dans son salon décoré comme chez tout le monde, avec un bouquet de jonquilles printanières posé sur la table, un écran de télévision près d’une cheminée, et un panier pour le chien Jackpot. Seul, dans un coin, un vélo d’appartement futuriste équipé d’un petit ordinateur vient nous rappeler que nous sommes chez un sportif qui prend soin de ses performances.
Sport, boulot, famille : tout est lié
Notre athlète – 2h46 au marathon – va s’attaquer en quelque sorte à l’Everest, mais plusieurs fois ! 156 km de natation. 7.380 km de vélo. 1.730 km de course à pied. « Ça va commencer tous les matins à 6h30 par la piscine, 1h30. Puis à 8 heures, le vélo, pour environ 7 heures afin de parcourir les 180 km. Vers 15 heures, j’attaquerai les 42,192 km du marathon, en 4h30. » Cette journée de « boulot » s’achèvera donc vers 19h30. Ensuite, il fera 10 mn de cryothérapie (1) et une heure de massage. Ludovic a avec lui une équipe composée de deux médecins, un kiné, un diététicien et même un radiologue qui s’intéresse au défi. Il aura aussi un protocole alimentaire à respecter : « Des protéines dans la demi-heure qui suit l’arrêt de l’effort, pour reconstituer les muscles. Ensuite un repas normal chargé en glucides tout de même. » Il espère être au lit à 22 heures environ, jusqu’à 5 heures du matin, et rebelote du 1er juillet au 10 août. Quand on lui dit : « vous allez vous faire mal », il ne contredit pas et ignore lui-même s’il pourra tenir le choc, mais là encore, Ludovic fait du Chorgnon : « Plus que le physique, c’est le psychologique qui entre en ligne de compte. Quand on aime ce qu’on fait, on ne souffre pas. Pour moi, c’est Noël tous les jours : je fais du sport, j’aime mon boulot, j’aime ma famille. Tout est lié, toutes mes activités sont très bien organisées, et il faut bien gérer son temps », ajoute celui qui est aussi organisateur de la course Sur les traces du loup, course vendômoise qui aura lieu cette année samedi 27 juin. Une association qui regroupe 11 membres et… 250 bénévoles.
Des pâtes, du boudin, et du foie
Evidemment, on se pose la question des blessures, et du dopage. Ludovic a déjà subit des blessures, et des graves ! « J’ai la capacité à découper une partie de mon corps, à l’isoler mentalement, grâce à l’auto-hypnose. Je gère ça mieux que d’autres sans doute », précise-t-il, dur au mal. Quant au dopage, il est formel : « Je veux prouver qu’on peut faire du sport sans se doper. Il y a une règle, il faut la respecter. En France, c’est la même pour tout le monde : pas de dopage. » Avant d’ajouter : « Il y a plus grave que le dopage des athlètes : c’est le dopage général. Prendre une substance magique pour un leurre personnel. Les gens prennent des trucs avant d’avoir mal, de la vitamine C ou du paracétamol par exemple. C’est un manque de préparation ou une mauvaise préparation. »
Celui qui avoue – même pas sous la torture - avoir dans son bar une douzaine de bons whiskys anticipe énormément sur l’alimentation que son corps réclame. Le fer, principalement, car la course à pied en est très gourmande. Le sucre ? « Pas trop, je n’aime pas ça et ça crée une hyperglycémie pour ensuite redescendre en hypoglycémie. Je mange surtout des aliments qui me protègent, je peux manger de tout mais je fais un peu autrement », dit celui qui peut avaler 500 grammes de pâtes à lui tout seul, du boudin ou du foie de veau (riches en fer).
La CGPME est partenaire principal de l’évènement, chaque jour une entreprise sera mise en avant, pour un budget total de 154.000 €. Une dizaine de partenaires sont encore à trouver pour boucler le Défi41. Un truc de dingue que va entreprendre cet (extra) terrestre qui ne l’est pas. Juste un athlète pas si fou que ça, avec une tête, et des jambes.
F.S
- (1) Exposition du corps ou de parties du corps à des températures extrêmement froides pour des temps courts afin de provoquer sur le sujet des effets hormonaux et biochimiques qui améliorent considérablement ses prédispositions à l’analgésie – en clair, au soulagement des douleurs corporelles – en agissant comme un puissant stimulateur psychique. Une séance permet d’éliminer la sensation de fatigue, d’assouplir des muscles tendus ainsi que d’intensifier le passage sanguin dans les téguments et les organes internes.
Le palmarès de Ludovic Chorgnon
- Plus de 50 marathons.
- Badwater (217 km non-stop dans la Vallée de la Mort)
- Spartathlon (245 km non-stop en Grèce)
- Ultr’Ardèche (216k m non-stop en Ardèche)
- 4 Diagonales des fous (166km non-stop à travers l’Ile de la Réunion)
- Grand Raid des Pyrénées (164km – 10.000m +)
- 2 Marathons des Sables
- Everest Sky Race (250 km au tour et sur l’Everest)
- AMT au Mustang (250 km au Mustang – Népal)
- Himal Race (900 km en très haute altitude au Népal)
- Grand Raid Sahara en Mauritanie (250km dans le désert)
- Comrades en Afrique du Sud
- Desert Oman Raid (220 km au Sultanat d’Oman)
- Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB)
- 24 heures de Grenoble
- Traversée de la Corse en 7 jours
- Ascension du Kilimandjaro (5 895 m) en courant
- Ironman de Bolton, Zurich, Gravelines, Embrun, des Angles, Vitoria Gasteiz
- Double Ironman du Pays de Galles (7,8km de natation, 384km à vélo et 84,4km à pied)
Le Défi41 en chiffres
- 156 km de natation, à la piscine municipale des Grands Prés à Vendôme.
- 7.380 km de vélo (8 boucles de 22,5 km entre Vendôme et Renay).
- 1.730 km de course à pied (7 boucles de 6 km traversant notamment Vendôme).
- Total : 9.265,765 km.
- Guiness book des records et Fédération française de Triathlon pour l’homologation.
Article à paraître dans la Renaissance du Loir-et-Cher du 17 avril 2015
C'est pas "mâle" parti
Quinze femmes sont entrées au Conseil départemental nouvelle génération. Pour y faire de la figuration ? Peut-être pas…
Parité : n.f (du latin par, paris, égal). Égalité parfaite ; conformité. La définition d’un dictionnaire suffit d’elle-même. Les femmes sont désormais égale proportion des hommes dans la salle Kléber-Loustau du Conseil départemental de Loir-et-Cher. Les mâles sont prévenus : il va leur falloir composer avec, et pas seulement pour faire de la figuration ou pour apporter une touche de féminité à la mode vestimentaire du veston sombre-cravate claire.
"C'est un bon début"
Ça valait le déplacement, jeudi 2 avril dernier, lors de l’installation de cette nouvelle assemblée fraîchement élue. La moitié sont des femmes, et avec elles leurs qualités ad hoc. Leurs compétences aussi. Certaines semblaient un peu intimidées, mais cela ne saurait durer. L’erreur serait de minimiser la portée de ce changement radical, certes accouché au forceps – il a fallu une loi pour l’imposer – mais qui préfigure un bouleversement de la vie politique locale. Cette dernière – et particulièrement les cantons - véritable pépinière d’élus, est souvent le tremplin vers d’autres carrières politiques : beaucoup ont débuté par ces ancrages locaux, propices aux carrières longues, vers d’autres assemblées, voire la présidence de la République pour certains. On pourra regretter que seulement neuf femmes ont accédé à la présidence d’un département, mais en Loir-et-Cher elles sont quatre sur neuf à être vice-présidentes : Monique Gibotteau (délégation solidarités), Christina Brown (délégation aux personnes âgées), Catherine Lhéritier (Personnel et transports) et Isabelle Gasselin (délégation Vie associative, culture, jeunesse et sport). Deux sur 5 vont aussi présider des commissions : Florence Doucet aux solidarités et Claire Foucher-Maupetit à la Culture, jeunesse et sport. Au total, douze nouvelles femmes sont conseillères départementales sur les vingt nouveaux arrivants dans cette assemblée. Une assemblée rajeunie également : quatre conseillers ont 40 ans ou moins.
« C’est un bon début », déclarait Monique Gibotteau à l’issue de la séance officielle d’installation, à qui nous demandions ce qu’elle en pensait. Elle se sentira moins seule : dans la précédente mandature, elle était en effet la seule femme à siéger en tant que vice-présidente. « Tout ne sera pas réglé pour autant et il faudra encore du temps pour se faire accepter par tous ces mâles », nous avait dit avec un petit sourire en coin et avant le premier tour des élections Geneviève Baraban, qui prend la tête de l’opposition de gauche au nouveau Conseil départemental. Elle succède à Gilles Clément qui passe la main. Sa finesse d’esprit et ses interventions ciselées devaient trancher avec le côté brouillon de son prédécesseur, souvent sèchement renvoyé dans les cordes par le président Leroy qui n’aime rien tant que remporter ces joutes oratoires. Surtout quand le répondant n’est pas au rendez-vous.
Des élus coupés du peuple
Mais ne nous y trompons pas : l’entrée massive des femmes dans les Conseils départementaux ne résoudra pas tout. Parmi les chantiers d’une démocratie représentative en miettes, il y a d’abord l’abstention : Maurice Leroy a beau jeu de dire « les Loirs-et-Chériens ont remis les pendules à l’heure ». Il devrait plutôt dire « des Loir-et-Chériens », car tous les inscrits sur les listes électorales ne se sont pas rendus aux urnes, loin s’en faut : au total, en tenant compte de cette abstention, à peine un Loir-et-Chérien sur trois a voté pour ses représentants départementaux (1). Ensuite, un tiers de ces électeurs n’ont aujourd’hui aucun représentant dans l’assemblée départementale. On peut regretter l’existence du Front national, ses prises de positions aux limites du supportable et ses projets inconscients, mais c’est un fait : au premier tour plus de 34.000 personnes ont apporté leurs suffrages à ce parti (soit plus que l’Union de la droite de Maurice Leroy), au second plus de 27.500 (soit moins de 2.000 voix qu'elle). À l’arrivée : aucun siège. Les élus de droite et de gauche ont tout intérêt à conserver ces règles du jeu électoral, leur permettant de conserver leurs places et de s’assurer une domination confortable. Mais cela ne fait qu’aggraver la défiance des Français qui reprochent justement à leurs élus d’être coupés des réalités de la population en étant peu représentatifs des électeurs, et aussi une certaine endogamie électorale mortelle à la longue.
Peut-on attendre des femmes nouvellement élues de faire sortir du déni et d’apporter une réflexion sur ce point comme sur beaucoup d’autres ? C’est à souhaiter. Elles peuvent faire entendre leurs voix et briser - peut-être - le plafond de verre qui les empêche d'aller plus haut. En tout cas, les hommes le savent mieux que quiconque et depuis longtemps : on peut avoir le dernier mot avec une femme, à condition que ça soit « oui ».
(1) Le Loir-et-Cher compte 342.224 habitants (Insee 2012).