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Le jour. D'après fred sabourin

Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient)

30 Novembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

 

 

« Noir Désir, c’est terminé ». C’est par ces quelques mots laconiques que Denis Barthe, batteur du groupe, a annoncé la fin du mythique groupe rock des années 80 – 90, après le départ hier du guitariste Serge Teyssot-Gay.
On aura beau claironner que « ce n’est pas la fin du monde » (Barthe encore, ça ferait un beau titre d’album), mais merde putain, ça fait chier quand même.
Noir Dèz, c’est une bande de copains qui se rencontrent sur les bancs du lycées et descendent dans la cave pour y plaquer quelques riffs de guitare. De là naîtront Aux sombres héros de l’amer, puis l’album Du ciment sous nos plaines, Tostaky, 666.667 Club et Des visages, des figures, en 2002. Et puis il y a eu le drame de Vilnius. Et puis c’est fini.
On y a cru, jusqu’au bout, au retour sur scène de Bertrand et ses potes. Ils n’avaient visiblement plus assez de désirs d’avenir pour continuer sur la même longueur d’onde.
Noir Dèz, c’est l’heure de la révolte gueulée au moment de la récré du lycée, et puis de la suite, des futs, des docs, des tee-shirt et des cuirs noirs. Et un cri : Todo esta aqui, Tostaky.
Aujourd’hui, il n’y a plus rien à voir ici. Circulez, y a plus rien à entendre. Rideau.
Pas la fin du monde en effet, mais la fin d’un monde certainement.


Putain d’époque de merde. Always lost in the sea…

 

 

 

 

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Allez, viens boire un p'tit coup à la maison !

30 Novembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

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                                 - au premier plan, des cornichons. Au second plan, un héros très discret -

 

Vous ne le croirez jamais, mais on a bu du beaujolais nouveau au commissariat. En bonne compagnie. Mardi 30 novembre dernier, à l’invitation du directeur départemental de la Police, et en présence du préfet et de madame la procureur de la République, neuf gardiens de la paix étaient à l’honneur. Cinq stagiaires sortis de l’Ecole de police  qui ont choisi Blois comme première affectation (mais pourquoi donc ?). Trois gardiens de la paix reçus au concours d’OPJ (Officier de police judiciaire). Enfin, récompensé par la médaille pour acte de courage et de dévouement, Bernard* (photo, au centre), qui sauva d’une noyade certaine un désespéré en se jettant dans la Loire le 24 juillet dernier. L’eau était sans aucun doute plus chaude que ce 30 novembre, mais la dégustation de beaujolais et de charcuterie qui a suivi a chauffé l’ambiance.

 

Mûre ou cassis, le beaujolais a toujours un goût. Sortis libres de ce bistrot d'un jour, nous avons quant à nous veillé à ne point trop en boire afin que celui-ci n’ait pas, en sortant, un goût de prune...

 

* le prénom a été modifié

 

 

reduit IMGP0520 recadré

 

                                                  - Y a du blanc, y a du rouge et du pâté -  

 

 

 

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Villages de France

16 Novembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

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                                                                          - Moisy -

 

Que Raymond Depardon me pardonne – il ne le saura sans doute jamais – mais la vision de sa France aiguise le regard et fait voir autrement. Cela faisait plusieurs semaines que je traversais des villages oubliés sur une route qui ne l’est pas moins : Oucques, Châteaudun, Chartes… Entre ces destinations qui ne font pas rêver les vacanciers ni les offices de tourisme, d’autres villages, aux noms improbables comme Pontijou, Moisy, Ecoman, la Ferté Villeneuil, Marboué, Vitray-en-Beauce, La Bourdinière Saint-Loup, Thivars…
A chaque fois, une impression d’abandon, villages traversant traversés par une route où personne ne s’arrête, tout juste pour acheter le pain dans les boulangeries qui existent encore.
Parmi eux, Moisy, et Ecoman. Ce sont les cabines téléphoniques qui m’ont alerté. Comme une vieille résistance à l'ultra modernité des téléphones portables et mobiles. Et puis j’ai vu le reste. Une église aux portes closes. Un café ne montrant pas plus de signes d’ouverture que le nouveau gouvernement Fillon. Une mairie où trônaient encore les drapeaux du 11 novembre…
Il n’y avait plus qu’à cadrer la solitude de ces villages de la France rurale et imaginer la vie qui ici, autrefois, irradiait la place, épicentre de la vie locale.


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                                                                          - Ecoman -


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Onze novembre

10 Novembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

 

14repas[1]

 

 

La guerre et ce qui s’en suivit

Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille

Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l'ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux

On part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève

Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secouent
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur

Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées

Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri
 
Louis Aragon

 

                                              ********************************************** 

  

C’est mon jour préféré de l’année. Curieuse manie que d’aimer un des jours les plus tristes et célébrant la fin d’une des plus grandes boucheries que la terre ait engendrée. Mais c’est comme ça depuis un jour de novembre 1983. Ce jour-là, dans la solitude de ma chambre de fils unique j’ai ouvert mon livre d’histoire de cours moyen deuxième année, au chapitre « Première guerre mondiale ». Parmi les photos et cartes essayant d’expliquer à un minot de dix ans ce qu’était cette guerre et comment elle avait bousillé ses semblables âgés d’à peine vingt ans, il y en avait une présentant la vie dans les tranchées. C’est difficile à croire, mais cette photo m’a littéralement sidéré. On y voyait deux ou trois poilus, en habit de guerre, masque à gaz sur le nez, affalés contre la tranchée, attendant je ne sais quoi. S’en est suivi une frénésie et une boulimie de tout ce qui pouvait, de près ou de loin, toucher à la vie des tranchées : livres, films, photos, tout y passait pourvu qu’on y évoque la dure condition des poilus, la vie au front, les premières lignes, l’imbécilité des officiers supérieurs, l’arrière et ses BMC (bordels militaires de campagne), la Madelon, et surtout : les lettres. Courriers écrits sous le feu d’acier et de sang, à l’abri de fortune entre deux averses de la bataille de l’Argonne ou de la Somme, et Verdun. Verdun… !
Jusqu’au jour où, à la maison de retraite où n’en finissait pas de mourir mon arrière grand-père né un 11 novembre (en 1900, ce n’était pas encore un jour férié), son voisin de chambre « qui avait fait Verdun » me montre, en soulevant un pan de sa chemise, deux trous de balle rapportés du front. On les voyait encore, ces trous, et tel Saint Thomas, je voyais, et croyais.


Aujourd’hui c’est donc le 11 novembre. Il y a 92 ans, l’armistice était signé dans un wagon à Rethondes, en forêt de Compiègne, à 5h15 du matin, l’heure des braves. Les braves cons qui étaient morts au combat, et les braves survivants gazés ou gueules cassées à la vie éternelle. C’était la fin d’un conflit qui éradiqua de la planète vivante l’équivalent de la Belgique actuelle. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. C’est ce que se disaient ceux qui montaient au front. Plus pour longtemps.


Soldats de la guerre 14, je vous salue, hier, aujourd’hui et demain. Il nous reste vos noms écrits en lettres d’or sur nos places (Aragon) et ces milliers de pages, lettres écrites à vos familles : pères, mères et femmes, fiancées et amis. Avant, pendant, et après l’heure de votre mort.
Ainsi ne soit-il plus jamais…

 

14-18 c'est là aussi : Armistice ; et également ici : faire-part de décès

 

 

 

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La question du dimanche

7 Novembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #regarde-la ma ville

 

 

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                                     - Très bonne question -

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Dix ans déjà

2 Novembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

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Dix ans déjà et autant d’années à penser et repenser à cette soirée où tu as délibérément choisi de quitter ce monde qui t’était devenu invivable. Ce n’est pas tant le monde d’ailleurs qui t’importunait, mais plutôt ton propre monde, ta maigre vie devenue survie, ton corps souffrant que tu refusais de réparer, hâtant même sa chute en le noyant dans le chagrin du mauvais alcool, qui irrémédiablement fait disparaître toute tentative de se relever.
Dix ans déjà et même surtout devrait-on dire. Dix ans que nous nous sommes penchés au dessus du trou où ce qui restait de ton corps a disparu en se demandant tous : « mais pourquoi ? »
Passent les semaines, les mois et les années. Le silence s’est bien vite refait, et nous sommes tous restés seuls dans nos coins respectifs avec la question du jour où la terre t’a enveloppée de son linceul de glaise. Il pleuvait sur la ville ce jour triste de novembre, triste comme une Toussaint devrais-je dire, d’ailleurs, la collision des dates était cette année-là fort opportune. Toussaint, puis le jour des morts puis Saint Hubert. Patron des chasseurs - cette chasse que tu aimais tant, et qui, indirectement, t’emporta, dans ce claquement de fusil que peu on entendu mais qui résonne encore dans mon esprit, comme un écho interminable, une cloche sombre aux odeurs de poudre et de bourdon. Saint Hubert, j’entends tes trompes de chasse sonner l’hallali chaque année à cette période, bien en avance dès octobre entamé, comme aspirant vers novembre, coûte que coûte.
Il pleuvait comme il pleuvait sur Nantes un matin comme celui-là. Je t’ai couché dessous les roses, n’imaginant pas vivre ce qu’avait vécu cette chanteuse aux habits noirs comme son âme, cette chanson qui me faisait frissonner lorsque je l’écoutait les jours de spleen. « La mélancolie est le bonheur d’être triste » disait Hugo. Je l’ai aimée cette mélancolie, jusqu’à coucher avec.
Dix ans après, la question reste ouverte. Il parait qu’elle le sera toujours. « Mais pourquoi ? » A quoi j’ai ajouté au fur et à mesure de ces dix années qui sont passées si vite et si lentement, avec tous ces évènements survenus, certains prévus d’autres non : « mais pourquoi moi ? »
Sans doute et sûrement parce que j’étais le fils et qu’il n’y avait plus que ça pour te raccrocher à la vie avant que la chienne ne te fasse trop d’œil pour y résister. Personne ne veut la voir cette chienne qui nous attend « un par un ». Pour hâter sa venue, il faut paradoxalement un sacré courage. Tu l’as eu, ce courage, me laissant dans une période de glaciation impossible à fuir dix ans plus tard. Tu avais sans doute voulu m’appeler, mais ta voix s’était perdue.
 

Tu n’as pas raté ta sortie et moi j’ai raté mon entrée. On dit que c’est la vie, avec ce ton primesautier qui sied si mal aux chrysanthèmes. Va te faire foutre la mort, nous on est resté en vie. Chienne de mort et chienne de vie, toute deux issues de la même meute.
Et j’entends là bas, au loin, les cors de chasse.

A toi mon père.


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