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Le jour. D'après fred sabourin

nécrologie (2)

26 Janvier 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                              Pour qui sonne le glas ? 


        Bravant le froid qui devait ressembler à celui de l’hiver 54, et non loin du fameux boulevard Sébastopol, plus de trois milles personnes se sont recueillis sur le parvis de Notre Dame de Paris vendredi dernier, pour les obsèques du pèlerin d’Emmaüs.
 «Georges, toi qui es tout cassé, trouves-en un deuxième comme toi, et ensemble, allons en soulager un troisème ».  Les propos de l’Abbé Pierre, lors de la fondation de la première communauté d’Emmaüs, avaient donc pris des proportions fortes. A l’intérieur de la cathédrale, le protocole républicain, souhaité par le Président Chirac lui même, était légèrement écorné, pour respecter les dernières volontés de « l’Abbé » qui ne fut jamais tendre envers les gouvernants : aux premiers rangs, les compagnons d’Emmaüs. Derrière eux, les « officiels » et les gens « importants ». Sans doute une image prophétique de l’au-delà. Dans son mot d’accueil, Martin Hirsch, l’actuel président de l’association, a donné le ton : « La meilleur façon de lui rendre hommage, ce sera de continuer son combat ». Précision qu’il n’était sans doute pas inutile de rappeler à une assemblée composée donc pour une part de personnalités politiques de haut rang, en exercice, ou l’ayant été… Dans son homélie, le cardinal archevêque de Lyon, Philippe Barbarin, s’est appuyé sur trois images tirés de l’évangile de Luc (le récit des pèlerins d’Emmaüs) : « la route, la parole, le pain ». Trois mots, trois piliers de la vie de l’Abbé Pierre, et de beaucoup de compagnons avec lui. « Nous reprenons la route, d’un bon pas, pour aimer et servir les autres, jusqu’à notre dernier souffle ».
A l’extérieur, au son du glas, un silence glacial s’est emparé d’une assemblée hétéroclite recueillie. A cet instant, les mouchoirs sont sortis des poches, parfois crasseuses de ceux dont on dit volontiers qu’ils ont des « trognes » plutôt que des visages et des figures. Parmi le public de parisiens parfois bon chic, bon genre, beaucoup de « sans » : sans travail, sans logement, sans propreté, sans beaux habits, sans papiers, mais pas sans espoirs. Car ils ont parfois croisé, en vrai ou par l’intermédiaire des compagnons, celui pour qui « les autres » étaient devenus une préoccupation de tous les instants. Depuis que son père lui avait dit, enfant : « et les autres ? Tu n’y penses pas aux autres ? ». Pour Jean-Pierre, sans domicile fixe depuis dix ans, « Emmaüs m’a permis de ne pas mourir dans la rue, alors pour moi, l’abbé Pierre c’est comme un père ». Jeannine, soixante ans, est en larmes : « qui va prendre le relais maintenant ? Et tous ces hommes politiques là qui ne font rien ou presque ». La révolte à fleur de peau, à la mesure de la peine.
Puis lentement, accompagné de nouveau par le glas dans le ciel froid de Paris en pleurs, le cercueil a traversé le parvis, la foule, le peuple des petits dont il faisait partie, au non de l’amour. « La vie m’a appris que vivre, c’est un peu de temps donné à nos libertés pour apprendre à aimer, et se préparer à l’éternelle rencontre avec l’Eternel Amour. Cette certitude-là, je voudrais pouvoir l’offrir en héritage. Elle est la clé de ma vie, et de mes actions », disait-il dans son « Testament » en 1994.
Cette rencontre est enfin arrivée, et elle ne regarde que Dieu et son fidèle compagnon. Sur le parvis de Notre Dame, il y a eu la dernière rencontre des hommes et femmes qui lui ont rendu un hommage poignant, avec un mot qui à lui seul suffit pour dire l’amour d’un proche : « merci, l’Abbé ! ».


 

 

 

 

 

 

 

 

(en rentrant, dans le métro, je suis tombé sur cette affiche et ce slogan. On achève bien les chevaux, même s'ils valent de l'or, mais la question posée par l'affiche prend une actualité singulière...) 

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nécrologie

24 Janvier 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

                                         sans toi…

Tout autre commentaire peut sembler superflue. On peut néanmoins trouver ces propos excessifs, un brin pessimistes, à moins qu’ils ne soient réalistes. Ils ne manquent pourtant pas d’espoirs ni de rêves, car ils sont nécessaires à la vie. Ils ressemblent en tout cas à celui qui les a écris, et proclamés toute son existence.
 Comme pour un sujet d’examen ou un médicament, lire la « notice » jusqu’à la dernière ligne.



(…) ils désespèrent, les hommes, parce qu’ils sont de moins en moins utiles : la robotisation à l’échelle mondiale a détruit l’équilibre plus que millénaire qui était assuré par le travail. A quoi vont-ils servir demain ? Il va bien falloir qu’ils trouvent d’autres raisons d’être que « produire, manger, dormir ». Il va bien falloir que, même dans le chaos, ils inventent une autre manière de vivre. Ils y réussiront, j’ai confiance.
Tout cela fait un homme nouveau.
Une partie de l’humanité ira au désert, on verra se créer des communautés qui voudront vivre dans la pauvreté évangélique ; une autre partie vivra de la drogue et de commerces meurtriers. Quant à la multitude, elle sera ballottée entre les moines et les trafiquants. Elle devra s’inventer des tâches nouvelles, créer sa culture originale. Ca ne sera pas du tout cuit. Et peut-être qu’au bout du compte, l’histoire humaine se révélera n’avoir été, au travers de toutes ces contradictions et détours, que la marche de l’homme vers la reconnaissance de ce qu’il est : plus qu’un individu, une personne, c’est-à-dire, en chacun, signe de plus que lui même.
Si je peux transmettre une certitude à ceux qui vont mener la lutte pour mettre plus d’humanité en tout, c’est – décidément, je ne peux pas écrire autre chose - : « La vie, c’est apprendre à aimer ».

Henri Grouès, Abbé Pierre, Testament , 1994.

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voir la mer, car elle est gratuite...

23 Janvier 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                   « vagues à l’âme, vagues dans l’âme »


         Parfois des résistances peuvent tomber, comme le fracas de ces vagues sur une jetée, sur les rochers, brisant du même coup les incertitudes d’un quotidien devenu banal, hélas. Pour se changer les idées et s’aérer la tête, au milieu de semaines à chercher une activité et un toit pour se loger, j’ai poussé mes godasses vers le pays de Caux, et plus exactement vers « Veule les Roses ». Nom de village de bord de mer évocateur d’un certain romantisme, et d’ailleurs la présence de nombreux franciliens en témoigne : ici, on est mieux que « là bas ». Le vent soulève des gerbes d’eau qui, s’écrasant sur le ponton, font écumer de rage la mer déchaînée. Le ciel lui aussi joue un concerto pour cœur de pluie, de grêle, et de carrés bleus : l’accalmie n’est jamais loin…
Marcher au bord des falaises jusqu’à St Valéry puis revenir. Affronter le vent dans un sens et se sentir poussé dans l’autre. Retenir son souffle lorsqu’on regarde le vide, abîme où s’écrasent les vagues, soixante mètres plus bas.
Puis revenir à la source, par Etretat, où le temps creuse son aiguille qui renferme bien des secrets.
Le thé brûlant est le bienvenu, au pied du feu réconfortant, dans le calme de la maisonnée retrouvée avec bonheur.
Les vagues sont toujours dans l’âme, mais d’avoir écumées elles semblent d’un coup plus facile à porter. Jusqu'au jour où, peut-être…



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lecture suivie, pour le goût des autres

12 Janvier 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                                "Tomber sept fois, se relever huit"

        Je viens d’achever la lecture du récit de Philippe Labro, Tomber sept fois, se relever huit, où le journaliste écrivain cinéaste raconte comme personne sa lente, mais sûre, descente en dépression, et sa lente, et sûre aussi, remontée des abîmes vers le haut.
J’avoue que j’entrais dans la lecture avec des aérofreins. Une histoire de dépression, diable ! Le triptyque " octobre - novembre – décembre" est suffisamment gris comme ça pour en rajouter. Et puis de plus, que peut-on avoir en commun avec Philippe Labro ? Lui l’homme de lettre, de médias, de cinéma, le " nanti ", le célèbre… Qu’est-ce que son récit peut bien nous apporter, à nous les " petits ", les besogneux, les solitaires… ?
Et puis un ami m’a dit : " si, si, prends-le, tu verras, c’est tout ce qu’il faut parfois ". " Ah bon ", dis-je. Puis une autre amie, me voyant lire ce livre avec un brin de résistance, m’a dit : "lis-le, mais va jusqu’au bout ". Re : " ah bon ".
Quelques heures de RER, et l’attente interminable qui va avec, cette semaine, m’auront permis de passer du temps avec Labro donc. Il s'est assis à côté de moi en quelque sorte...
Je crois que j’ai bien fait, même si sa thérapie à coup de psychotropes me fait froid dans le dos. Il a pris plusieurs traitements, qui n’ont dans un premier temps provoqués que des effets indésirables, pour enfin trouver la bonne molécule capable de le sortir de sa torpeur. Mais en lisant de plus près, on se rend compte que c’est surtout l’amour de sa femme et de ses enfants, l’amitié de quelques amis qui ont préférer dire " je vais t’aider " plutôt que " accroche-toi, tiens le coup ", qui lui ont redonné le goût, d’abord d’une tartine de confiture, et par extension du reste de la journée.
C’est peut-être ça le secret du sauvetage. Accepter l’amour humain présent près de nous, sentir les palpitations du cœur des autres, le souffle vivant des amis près de soi, pour retrouver le goût des autres, en retrouvant le goût de soi. La clé peut résider, je crois, dans l’acceptation de ne plus avoir peur de soi. Ni du reste. La confiance, l’assurance reviennent alors, et on est à nouveau capables d’avancer. Bien sûr, rien n’est définitivement gagné, et le spectre noir de l’Inquiétude (je reprend les termes de Labro) rôde toujours, prêt à s’abattre de nouveau sur la carcasse qui commettrait un faux pas. Mais il règne un je ne sais quoi d'une assurance nouvelle qui fait vibrer.
Le haïku japonais dit : " telle est la vie. Tomber sept fois, se relever huit ". Des visages, des figures, des rencontres gratuites et des cœurs ouverts, autant que les oreilles et les bras, parfois. Des retrouvailles avec des gens un peu éloignés. De nouvelles rencontres avec des inconnus, mais qui nous ont été conseillées. Avec courage, on les appelle. Et rien n'est plus comme avant.
Le poète a raison de dire " un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ", mais Labro a lui aussi raison, à sa manière, de nous dire : " tu apprendras d’elle ". Apprendre de ses faiblesses, après les avoir reconnues, nommées par leur nom, et remonter, peu à peu, à la surface.
Si la vie est un chemin, il est toujours en pente.

 

 

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qu'est-ce que tu "voeux" dire ?

8 Janvier 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                                   « bonne année »

       … oui, c’est ça, « bonne année ! ». Et c’est parti donc pour 2007, année de toutes les promesses, de tous les souhaits, dans cet éternuement global des bonnes intentions qui se déversent depuis huit jours.
Oui, bonne année alors, et qu’elle soit meilleure que 2006 (pour ceux qui l’ont vu s’éterniser), et que 2008 soit encore plus belle, grâce à ce qui aura été semé cette année.
Dans l’antre des villes, pour trouver du souffle et sortir de l’ombre, il faut parfois lever le nez au ciel et y chercher la lumière. Même les avions changent de direction, c’est dire si tout est permis.
Au son des bandas brésiliennes, le bruit des tambours fait vibrer le corps jusqu’au cœur, et on sait désormais qu’on est encore vivant.
La halle en chantier indique la direction : les travaux ne concerneront pas que la façade, c’est tout l’homme qui se retape, après un décapage intégral.
Pour ceux et celles qui savent lire entre les lignes, alors vous aurez compris. Qu’ils soient remerciés de leur fidélité et des attentions chaleureuses, voire affectueuses de ces derniers temps, quand l’automne et le début de l’hiver ont déversé sur une vie en vrac les jours plus sombres que les nuits, qui étaient blanches de l’angoisse des blessures assassines.
Pour ceux et celles qui ne savent pas lire entre les lignes, regardez les photos, l’année 2007 sera aussi une année en image !
Bonne année.

 


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