steak haché
9 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma
La fille coupée en deux
de Claude Chabrol. France 2007. 1h55. Avec : Ludivine Sagnier ; François Berléand ; Mathilda May ; Caroline Silhol ; Benoît Magimel
Le Chabrol annuel est arrivé ! Après l’examen de la bourgeoisie viticole en bordelais (La Fleur du mal, en 2006), c’est au tour de la néo bourgeoisie lyonnaise, tendance écrivain, d’en prendre pour son compte, façon Chabrol.
Une présentatrice télé locale, un jeune dandy schizophrène qui croit pouvoir tout acheter avec son fric et sa réputation (pourtant déjà écornée), un écrivain revenu de tout sauf de la plastique séduisante des jeunes filles en fleur, une assistante énigmatique et une bourgeoise manipulatrice : le cocktail chabrolien peut fonctionner à plein régime.
La fille qui présente la météo (et qui porte le nom adéquat de Gabrielle Neige, soit deux anges dans un seul corps) est éprise de deux hommes : l’un par défi (l’écrivain, qui a l’âge d’être son père), et l’autre par dépit (le jeune zinzin de son âge, détestable mais justement attirant). Il n’en faut pas plus pour que l’intrigue rebondisse à la suite d’un assassinat (on ne vous dira pas lequel) en public qui permet à tout ce joli monde d’asseoir sa réputation… ou de la perdre.
Grâce à une distribution millimétrée, Chabrol une fois encore réussit son pari : dépeindre une situation provinciale et bourgeoise en toute quiétude, et ça fait mouche. Hédoniste et jouisseur, François Berléand campe cet écrivain très séducteur avec les femmes en public, mais véritable catastrophe sous l’alcôve. Joli minois et cheveux d’ange, Ludivine Sagnier joue la candide ingénue bercée d’illusions. Le jeune dandy zinzin Benoît Magimel (mention spéciale), incarne à lui seul toutes les frustrations et actes manqués des nouveaux riches qui ont tout, sauf l’essentiel. Ses simagrées sont délicieuses, et le sale gosse n’en est pas moins insupportable. Mathilda May, dont on est heureux de revoir la beauté fatale dans un film d’auteur, ajoute une touche d’énigme et de froideur calculée à l’édifice chabrolien. Caroline Silhol, en bourgeoise de province obnubilée par la réputation est un modèle du genre.
Sans aucun doute, La fille coupée en deux est certes un film de Claude Chabrol de plus, mais pas un ennuie de moins : pas une seconde on songe à quitter la salle, hypnotisés par cette peinture sociale dont il nous semble avoir déjà vu les contours. Et pourtant, d’une étonnante fraîcheur. Qu’il me pardonne, mais c’est un peu comme Balzac, au cinéma.
Ce qui est, vous en conviendrez, nettement moins fastidieux.
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