2012, l'année de la... ?
- Ma biscotte ! -
On ne sait pas où on va, mais au moins on a fini 2011 avec le sourire...
Ordure ?
"Noël, Nouvel an, No futur"
(inspirée par un autre blogueur persifleur, merci à lui).
Pour le reste, vivement l'année prochaine, qu'on passe à autre chose. Si c'est encore possible...
Zone
(un projet photographique)
- Sans issue -
Les photos que vous allez voir ci-dessous ont dormies pendant à peu près un an dans le disque dur, très dur, de mon ordinateur. C’est comme ça, parfois, on choute des trucs sans trop réfléchir et on se dit que « ça pourra servir plus tard. » Dans le cas présent de ce « choute » rouennais, cela n’était pas complètement irréfléchi. Ce projet photographique, je l’avais longuement pensé avant d’aller sur place. Il s’agit d’une zone urbaine aux portes de Rouen, à Saint-Etienne-du-Rouvray. Un endroit peu glamour en vérité, cerné par le boulevard Lénine (tout un programme !), les cheminées d’usine, la voie de chemin de fer, une autre usine, et la Seine. Là sont aussi échoués des hôtels bon marchés où l’on peut arriver et repartir sans avoir croisé un être humain, il suffit d’avoir une carte de couleur bleue. Près de cet endroit il y a un rond point, bizarrement nommé « des vaches, » parce qu’il y a des statues de vaches au milieu, inertes, semblant regarder passer les automobilistes et camions filant vers d’autres lieux moins inhospitaliers.
C’est l’apparente absence d’êtres humains qui m’avait justement attiré là, un jour d’automne froid et pluvieux, où les beaux jours ne sont plus qu’un vague souvenir, et où l’hiver s’annonce à petits pas, avec ses lumières froides et grises. J’étais souvent passé, en voiture, sur le fameux boulevard Lénine, qui se poursuit en boulevard Industriel, coincé entre les lignes de chemin de fer et la zone industrielle. Ce coin-là me paraissait un no man’s land, comme on dit. Mais on voyait bien que des gens habitaient là, entre les maisons abandonnées, une rue construite à la manière des corons du nord, cité – usine pour ouvriers échoués au milieu de rien ou si peu, rues sans issues et boulevards passants, parkings d’hôtel d’un soir et cheminées d’usines.
Cela semblait irréel, comme hors du temps et pourtant la trace de l’homme était partout, à bien y regarder. Voitures, jardinets, balançoires, poubelles, caravanes, plantes, rideaux aux fenêtres, chiens de garde.
J’ai passé la matinée à photographier ce lotissement à demi habité, à demi abandonné, ces rues boueuses et routes passantes (me répétant sans cesse, « boulevard Lénine »), en me disant que cette matière finirait, un jour, par servir. J’ai photographié jusqu’à ce que, de façon inattendue, le soleil perce les nuages. Ça changeait tout, et ce n’était plus la lumière que je voulais. Je suis parti.
J’ai repensé à ces photos en voyant, il y a quelques jours, une zone similaire près de Vendôme, dans le département où je vis désormais. Alors je me suis dit qu’il était peut-être temps de ressortir cette série et d’en faire quelque chose.
- Venir -
- Sud -
- Welcome -
- Fuite ? -
- Habiter -
- Spectacle permanent -
- La vie de château -
- Partir -
- Allo ? -
- Couleur -
- Sans issue (n & b) -
(c) Fred Sabourin. nov 2010 - dec 2011.
Triple andouille
- Aaaaaaahhhh ! -
La France risque de perdre son « triple A » ! Ah ! Ah ! Ah ! Ce n’est pas drôle pourtant, nous disent les spécialistes et autres experts qui se nichent dans de bien étranges agences de notation. Des Cassandre de tout poil et toute espèce prédisent le pire, qui n’est jamais certain mais qui peut venir. Un certain roi de France et de Navarre, Béarnais de surcroît, disait : « Ce qui doit arriver ne peut pas manquer. » A droite comme à gauche – je parle de bords politiques – on joue les innocents : « Ah bon ? Triple A ? Connais pas… » Le petit Nicolas qui voulait noter tout le monde (ministres, profs etc.) se retrouve noté à son tour : il va perdre un « A ». Ah, ah, ah ! Et sûrement plusieurs… C’est justice non ?
Evidemment, ceux qui risquent d’en prendre un peu plus plein la gueule, on les connait. Ce n’est pas difficile, ce sont les mêmes que la dernière fois, avec en plus des nouveaux arrivants qui perdront le peu qu’ils avaient réussi à arracher de la dernière dégringolade. Suivez mon regard.
Triple A donc. AAA. Comme l’andouillette. Vous avez déjà vu ça, au restaurant, « andouillette AAA », et même parfois AAAAA ! La classe ! Les charcutiers se défoncent pour faire de cette cochonnerie qui doit sentir la merde – mais pas trop – un produit goûteux et savoureux bien que difficile à digérer.
Je me souviens d’un charcutier particulièrement talentueux, à Angoulême, qui faisait de l’andouillette à tuer sa mère, comme on dit. D’ailleurs, depuis le temps que je le dis, j’aurai du le faire (tuer ma mère, NDLR). Albert Passebon avait un nom prédestiné pour devenir charcutier. Il avait un stand sous les très chic halles de la ville, et ses andouillettes étaient réputées jusqu’au bout du monde. Il était sympa et avait la tête de l’emploi, avec cet humour lourd mais qu’on aime bien chez les commerçants de proximité (comme on dit connement aujourd’hui qu’ils ne sont presque plus là). Quand une bourgeoise du plateau angoumoisin lui demandait s’il avait « des pieds de cochon », il regardait vers le sol et disait : « non ». Idem avec la tête de veau. Là il se touchait les joues et le front et disait : « ben non, j’ai une tête normale ! » Oui, c’est vrai, hors contexte c’est lourd, mais quand on fait la meilleure andouillette « AAA » du monde, on peut se permettre de faire le triple sot.
Le jour où il a annoncé qu’il allait prendre sa retraite, j’ai cru qu’il y aurait une vague de suicides à Angoulême. En fait, non, personne ne s’est jeté sous le train à la sortie du tunnel qui passe sous la ville, pas plus que du haut des remparts. Quand je lui ai demandé si quelqu’un reprenait derrière lui, et s’il avait transmis son savoir-faire, le bon Albert, roi de l’andouillette, a dit : « Non, personne. J’ai une fille mais ça ne l’intéresse pas. C’est un métier difficile et les horaires sont assez matinaux, alors vous pensez… » La s…pe. J’espère aujourd’hui qu’elle regrette amèrement ce choix à la con. Surtout si elle bosse chez Standard and machin truc, qui s’amuse à parler du triple AAA comme s’il s’agissait juste d’une note d’école élémentaire. Auquel cas, elle se venge des réveils nocturnes de son charcutier de père pour mettre les mains dans le cochon.
En attendant, ça fait une paie qu’on n’a pas mangé de bonne andouillette AAA. Et vu le merdier qui s’annonce, on ferait peut-être bien d’en faire provision.
Ah, ah, ah.
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On apprend dans un stupéfiant article du journal Le Monde du 8 décembre que « Lassé par la politique, Eric Besson rêve de football. Il pourrait reprendre le club OGC Nice après le 6 mai 2012 ». C’est dire si la confiance règne au Palais… La fin est proche.
Toujours dans le même article, on apprend « qu’il ne fait plus rien et passe ses journées sur Twitter. » Ce qui permet à Cécile Duflot d’Europe-Ecologie-les Verts de lui envoyer cette répartie moqueuse à l’invitation du ministre à participer à un live touite contradictoire sur l’accord Verts-PS : « Quand vous aurez fait un audit sur la sûreté nucléaire, sans problème. Plus urgent pour un ministre que de faire le kéké sur Twitter, non ? »
Pour la Duflot : AAA !
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Ce matin dans la matinale de France Cul, la chronique du toutologue Philippe Meyer portait sur les palindromes et anagrammes. Un régal. Exemple : ministre est l’anagramme d’intérims.
C’est bien ça. Les intérimaires en place depuis mai 2007 commencent à chercher à se recaser vite fait.
A Angoulême, il y a sous les halles un stand de charcutier disponible… Têtes de veaux et pieds de cochons acceptés.
Les mains d'or
- Mano à mano -
Au risque de déplaire à certains – tant pis – je répète ce que j’ai déjà écrit ici : le métier de journaliste localier est un beau métier. Pour peu qu’on sache regarder dans les marges pendants les « trucs » officiels, les conférences de presse (agrume ? livre ?) se révèlent alors sous un autre jour.
Celle où je prends place, ce matin-là, à tout pour (dé)plaire. Le Conseil général invite à se réjouir du déblocage « d’une enveloppe exceptionnelle de 445.000 € d’aide aux agriculteurs éleveurs qui ont souffert de la sécheresse » (je cite). Grâce aux malpropres qui ne respectent pas le Grenelle à Borloo, le climat est déréglé, et les calamités que ce dernier envoie annuellement dans ses colères permettent aux élus locaux en quête de réélection de « débloquer des enveloppes. » A ce prix-là, 445.000 €, on devrait carrément parler de valises. Mais je sens que je dérape.
Donc on est invité. Et plutôt bien, avec ça. Café, jus d’orange, petits gâteaux, « servez-vous, » nous dit la charmante dame de la communication (pléonasme) en nous priant de nous asseoir. Bon, d’accord. Le café, au Conseil général, ce n’est pas un breuvage de bonnes sœurs, comme on dit ailleurs, alors j’en prends volontiers, et même deux fois comme ça j’économise sur celui de ma rédaction, plus douteux question saveur.
Ça commence. Autocongratulations d’usage, et formules idoines : « On a toujours répondu présent, et on répondra toujours présent, » lance le président. C’est donc simple comme un coup de fil. Bon, ça blablate, de toute façon, on a tout sur le communiqué, et vas-y le vieux journaliste dans le coin là bas qui connaît tout le monde et que même le président du CG il lui fait la bise (très mauvais mélange des genres… mais à 65 ans on ne retoque pas un confrère, c’est un coup à s’en prendre une dans la gueule, jeune merdeux), il y va de ses vannes. Sauf que ça agace le président, etc etc. Bref. Il faut s’évader d’urgence, par l’esprit j’entends.
Et c’est là que sur la table, au-delà des tasses à café désormais vides dont certaines dessinent des ronds brunâtres du la table, je vois deux paires de mains, quasiment identiques. Des grosses mains, des pognes même comme on dit chez moi, avec l’annulaire boursoufflé par la présence d’une vieille alliance. Des mains qui se croisent, et se décroisent, dans cet auto contact bien connu des gens légèrement stressés. Alors je regarde les propriétaires de ces mains, calleuses, des mains qui n’appartiennent sûrement pas à des Énarques. Et pour cause : ce sont celles d’agriculteurs. L’un est président de la FDSEA, l’autre est conseiller de canton, agriculteur de son état.
D’un coup, ces mains-là me réconcilient avec la politique. Je me dis, peut-être un peu benoîtement, que ces gros doigts fermes, ces pinces monseigneur ont servi et servent encore à autre chose que de tenir un stylo ou des biftons. Dans un coin de mon crâne, j’entends la chanson de Bernard Lavilliers, Les mains d’or. Dans le cas qui nous intéresse, il ne s’agit pas de rendre hommage aux ouvriers des laminoirs, mais des grattes mottes de terre et autres porteurs de foin. Les paysans, les vrais.
Oui, je sais, c’est idiot. Mais ces mains-là, ce jour-là à cet endroit-là, leur chaleur apparente et leur expérience au travail, faisaient oublier la grande et belle opération de com’ à laquelle, malgré nous, nous étions en train de communier.
Avec du café.