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Le jour. D'après fred sabourin

Si San Francisco s'effondre... (chronique ardéchoise n°13)

31 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

    « C’est une maison bleue, accrochée à la colline, on ne frappe pas, ceux qui vivent là ont jeté la clé. (…) Peuplée de lumière et peuplée de fous, elle sera dernière à rester debout.
Où êtes-vous ? Lizard et Luc ? Psylvia… Attendez-moi »
(Maxime Leforestier)


      Au détour d’un chemin, il arrive parfois qu’une chanson longtemps fredonnée prenne vie. La maison bleue. Ce doit être là, je crois. Ce qu’il en reste sert d’étable aux vaches qui paisiblement passent le temps entre l’abreuvoir et la charrette à foin (en bois !). Le reste s’est évanoui dans les volutes de fumée, idéalisme rougeoyant des marxistes en herbe. Communautarisme bio avant l’heure. Sexualité et amour libre. Boire le monde et refaire des coups. Quarante ans plus tard, la ruine de cette « maison bleue » n’inspire plus que la contemplation.
C’est ce qui reste, au fond, quand les idéaux sont volatilisés. Et c'est sans doute là l'essentiel...
 

 



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on a tous besoin d'un coup de pouce !

29 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                       

                                                              

                                                                ... pour faire sauter les plombs

        Julien K. Trente et un ans. Profession : fusible.
Il paraît que ça bourdonne au bas de l’immeuble de la Société Générale à la Défense. Il y a fort à penser que ces bourdonnements vont se transformer en acouphènes pour son Pdg Daniel Bouton (de manchette ?) et pour celui qu’on appelle désormais « le trader fou », Julien K. Les oreilles sifflent, et la vindicte populo - dirigeante a déjà condamné l’homme qui tombe bien. Le fusible. Le pion. Mieux : le joueur. Car dans tout ce fatras spéculo – financier, le plus intéressant est sans doute ceci : le jeune trader indique qu’il s’est laissé prendre « au jeu » des spéculations imaginaires sur des projections fictives de marchés à venir.
Un jeu. Qui coûte cinq milliards d’euros. Et sans doute plus, car les soupçons sont forts sur le maquillage d’autres pertes de la Société Générale. Julien K vivait donc dans monde virtuel, spéculant sur de l’argent plus ou moins virtuel, trichant réellement pour devenir « un trader d’exception » dans la vraie vie. C’est réussi. Vendredi, sa photo était en Une de tous les journaux, comme l’ennemi public numéro un. On sait tout, on fouille dans sa vie privée. Le fusible parfait. L’écran de fumée. A son actif, des pertes et de l’abus de confiance. Aucun enrichissement personnel. Aucun profit personnel des biens de la banque. Tout juste sans doute quelques appels téléphoniques personnels, quelques photocopies à usage privé, une ou deux réservations de billets de train ou d’avion via le net professionnel. Comme tout employé de bureau modèle. Mais pas un centime.


Il y a peu, une publicité sympathique inondait nos écrans de télévision ou de cinéma : un pouce aidait des jeunes gens bien-comme-il-faut à déménager (bobo trentenaires jeunes cadres riches en devenir et corvéables à merci). « Parce qu’on a besoin d’un coup de pouce quand on est jeune, la Société Générale etc etc ».


Aujourd’hui, le système financier et surtout les hommes qui le font tourner n’ont pas besoin d’un coup de pouce. Juste un bon coup de pied au c…



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sur le fil, on partage les eaux

28 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

Aux marches de l'Ardèche et de la Haute-Loire, une ligne franchissable : celle d'un partage des mers et océans. Point de passeport nécessaire, ni de check-point, point de miradors ni de barbelés pour empêcher le voyageur de passer.

Partage des eaux, tout simplement : voilà un beau programme pour la planète bleue qui s'inquiète de l'avenir de ses liquidités...

Ces liquidités là ont le mérite de ne pas être virtuelles. Pas de spéculations pour l'instant. Pas de financiarisation. Pourvu que ça dure.

Une seule ligne. Un partage. Deux eaux. Il ne reste plus qu'à nager. Mare nostrum ou Oceano nox : ah ! combien de marins, combien de capitaines...!

 

 

quelques kilomètres plus loin, après le "col de la Chavade" (1260m), le far west. Déjà l'ouest...

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boire du petit lait aux mamelles de Marianne

23 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                  « On ne devient pas Français pour avoir des papiers »

Grand raout à la Préfecture de l’Ardèche aujourd’hui : on annonce une cérémonie d’accueil dans la citoyenneté française. Trente-sept nouveaux élus qui décrochent la timbale, souvent après bien des années de galère. La presse est poliment invitée, comme il se doit, à assister à cette opération de communication, histoire de racheter l’expulsion récente d’une famille de sans papiers, écornant au passage la loi puisque la dite expulsion se fit avant le rendu du tribunal administratif devant lequel un recours était déposé.
La presse, et notamment la radio, aurait eu tort de rater ce grand moment d’auto satisfaction républicaine, sous l’œil bienveillant de Nicolas S., trônant en portrait officiel, juste au dessus du sein opulent de Marianne, libre, égale, fraternelle.
Discours historico gaullien de M. le Préfet, rappelant en dix minutes chronos l’histoire de France, depuis les Gaulois fiers et hardis jusqu’à aujourd’hui, en passant par la guerre de cent ans, les Anglois perfides et la Révolution Française, modèle de fraternité.
Florilège : « vous épousez une patrie qui n’est pas ordinaire. C’est un mystère, dont le tout dépasse les parties ». Si j’écrivais pour le « Canard Enchaîné », je dirais qu’il faut en avoir pour dire une telle phrase.
« La France est un pays de juristes. Nous aimons les règles. Nous aimons les respecter ». Au regard de l’entourloupe préfectorale lors de la gestion des sans papiers, on peu difficilement trouver meilleur mensonge d’Etat.
Enfin, la meilleure pour la fin. Lapsus révélateur. Citant Du Bellay : « France, tu nous as longtemps nourris du lait de ta nourrice… euh ! pardon ! du lait de ta mamelle ».
Pourtant c’est si vrai : en remontant dans chaque arbre généalogique des « Français de souche », on peut sûrement y trouver une nourrice qui lui soit étrangère…

Envoyez la Marseillaise, et fermez le ban !


 

 

 

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Ardéchois, coeur fidèle (12)

21 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

Photos du lundi : le Mont-Blanc vu depuis le Massif du Tarnargue (au Mont Aigu très exactement). Et un peu de lande du côté de St Joseph-les-Bancs.

 (photo Fred Sabourin)

(photos ci-dessus et ci-dessous Marc Lucas)

 

 

Après ça, on est mort de fatigue...

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chronique ardéchoise (11è édition)

18 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

Sept lycéennes, deux portables, un paquet de clopes, un banc public : combien de possibilités ?


            L’avantage d’habiter dans un quartier scolaire (je ne dis pas « étudiant », ici, les études se font forcément ailleurs, loin, là-bas), c’est qu’il offre la possibilité d’analyses sociologiques et comportementalistes sans trop se déplacer. Mon appartement offre deux façades : l’une au sud, avec une cour d’école maternelle ; l’autre au nord, sur une place au carrefour d’une école primaire, un collège et un lycée.
C’est ce dernier qui apporte, je crois, le meilleur de l’observation à peu de frais des comportements ados d’aujourd’hui. Ce qui pourrait apparaître comme une banalité ne l’est pas, car malgré « ce qu’on sait déjà », l’analyse sociologique amène parfois à réviser son jugement. Comme celui d’imaginer que « tout les adolescents ont des portables » (idée répandue), « tous les adolescents portent des baskets » (non, il y a aussi les ballerines), ou encore « tous les adolescents sont obèses, et les filles anorexiques ».
Les sept mercenaires, lycéennes ardéchoises, qui s’installent ce jour-là au pied de la statut « des mobiles » (in mémoriam de jeunes gens à peine plus âgés qu’elles et qui ont gâché autrefois leur belle jeunesse sur les champs de bataille, et ne portent plus de baskets car un obus leur a parfois fauché les pieds), profitent visiblement de la clémence de la météo revenue. Ca ne loupe pas : deux d’entre elles triturent nerveusement leurs portables, deux autres semblent se « faire chier grave » (métaphore adolescente passée dans le langage usuel), une troisième sort un paquet de clopes : ça devrait mettre les deux dernières d’accord. Et puisqu’on a encore le droit de s’en griller une dehors, profitons-en, mais pour combien de temps ?  
Jean et basket, portables et sms, clopes et copines, persiflages et ennui, matage des garçons occupés à faire la roue tels des paons non loin de là : cette folle jeunesse passe le temps en attendant la fin des cours.
Et mes légumes vont cramer dans ma poêle si je continue à me distraire de la sorte !



 

 

 

 

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souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage...

15 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                            

                                                l’île Hélène

   Assis sur un banc, devant l’océan, devant l’océan égal à lui même.
Un homme pensif, se masse les tifs. Interrogatif : à quoi pense-t-il ?
A quoi pense-t-il, livré à lui même ? Il pense à son île, son île : Hélène. Est-ce que l’île l’aime ? Assis sur un banc, devant l’océan, l’océan jamais tout à fait le même. Dans le bruit lascif, autour des récifs, que la vague enchaîne, à quoi rêve-t-il, l’éternel poème ? Il rêve  à une île dont le littoral a le pur profil de l’amour total.
Assis sur un banc, devant l’océan, devant globalement la terre toute entière. Qui jamais n’enterre ses haches de guerre, ou si peu, si guère, que c’est faire semblant. Il pense que le vent fraîchit sur sa joue. Il pense que l’amour sait vous mettre en joue : ban, ban, ban ! Il pense surtout devant l’océan, belle esclave bleue qui remue ses chaînes, il pense à son île, à son île Hélène. Est-ce que l’île l’aime ? Pense-t-elle à son « il » ?

Claude Nougaro.


(ci-dessus : petit cimetière marin jouxtant l'église St Pierre de Varengeville. Ci-dessous : le voilier d'Arsène Lupin cherchant le trésor de l'aiguille creuse ?)

 

 

 

 

 

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chronique ardéchoise d'un journaliste localier (tome 10)

8 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                             Entre midi et deux : re-création

Ah celle là elle est trop belle, je vous la raconte. Ne passons pas à côté des choses simples : j’habite à côté d’une école maternelle. La cour est en contrebas de mon petit jardin qui ne sent pas le métropolitain. Entre midi et deux, comme on dit, je rentre déjeuner chez moi. Aujourd’hui, il y avait du soleil, ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu celui-là ! Le thermomètre indiquait 22° sous les rayons du beau blond. 22°… le rêve.


Au moment de repartir à la rédaction, je commence à refermer les fenêtres, puisque le côté sud offre la possibilité de le faire rentrer dans la maison. Dans la cour, la cloche sonne. Une clochette, une vraie, qui fait « dling dling », et non pas « bling bling » comme la montre du Président. Les enfants se rassemblent au pied d’un escalier. Certains se bousculent. D’autres s’étreignent dans les bras. Ils sont agités. La maîtresse a alors une idée : une partie de cache-cache. Explosion de joie chez les enfants ! Commence alors un des plus vieux jeu du monde : compter jusqu’à vingt, la tête contre un arbre. Se retourner. Chercher. Trouver. Crier. Au passage, j’apprends qu’un des garçons se nomme Enguerrand : il s’agit bien d’une école privée catholique…


Je suis resté là, derrière ma fenêtre encore ouverte, à regarder au soleil cette partie de cache-cache élémentaire. Naïve. Simplissime. Un rayon de soleil dans l’actualité de ces jours froids : quotas d’immigration, marins pêcheurs disparus en mer, inflation, accrochages entre nations, pouvoir d’achat…


Entre midi et deux, dans cette cour d’école, c’était re-création. Un des rares bien qui ne s’achète pas.



Photo David Lerouge (http://simerah.spaces.live.com/). A Trouville, un dimanche en avril, sous le soleil exactement.

 

 

 

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Ardéchois, coeur fidèle (n°9)

8 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                   A la gare de Valence

A la gare de Valence, mercredi 2 janvier pour son TGV,
Ils sont arrivés en avance.
Machinalement, sans rien dire, il a déposé sa voiture dans le parking souterrain.
Et elle a pris sa main.
A la gare de Valence, après quelques pas de danse.

Ils n’ont presque pas parlé, en attendant son TGV. Se sont juste enlacés, dans leurs bras serrés.
A la gare de Valence, après quelques pas de danse.

Autour d’eux des touristes, qu’elle regarde les yeux tristes.
Grosses valises, des paquets. Cette fois, c’est sûr, c’est janvier.
Le haut parleur a beau parler, l’heure n’a pas encore sonnée.
Pourtant, venu de loin, et semblant fataliste,
Son TGV a pointé son nez.

A la gare de Valence, après quelques pas de danse
Derrière la vitre fumée, il ne l’a pas vue pleurer.
A la gare de Valence, en remontant le quai,
Sans faire de pas de danse.
Dans sa main, il a serré ses clés.
Elle non plus, ne l’a pas vu pleurer.

Mercredi 2 janvier, pour prendre son TGV
Ils étaient arrivés en avance,
A la gare de Valence…



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Ardéchois, coeur fidèle : numéro huit

6 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                  La nuit est un voyou


La nuit est un voyou qui vous tombe sur le dos sans prévenir.
A bras le corps, à bras le cou, à force d’étreindre le jour,
La nuit a raison tout court.
Dans sa course folle, le jour semble lutter,
Le combat dure huit ou neuf heures.
Puis s’achève dans le pré en pleurs,
De pluies arrosées les herbes folles elles mêmes vont se coucher.
Les vierges sages, elles, semblent ne pas être prises au dépourvu.
Elles rentrent chez elles et allument leurs nids de rideaux sombres soutenus.

De son blouson noir, la nuit se vêt, et son couteau, dans un dernier éclat du jour
Pourfend de sa griffe assassine les beaux jours de l’amour.
La nuit est un voyou. Gare à vous, gare à nous, gare à toi.
Garde toi d’oublier que demain matin,
Le visage encore endormi embrassant l’oreiller,
A travers les volets, à l’heure où la vie hésite entre les loups et les chiens,
La nuit enfin incarcérée laissera le jour se lever.



 

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