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Le jour. D'après fred sabourin

Les Sénégalaises

20 Octobre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

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                                                             - Nocturne tourangeau -  

 

 

Bien avant les poules, le laitier et les éboueurs le réveil a sonné ce mercredi, à une heure que je connais puisque c’était celle de mes levés aux aurores pendant 370 matins où j’allais piloter une matinale radio. Un rendez-vous avec les chefs du journal qui me nourrit m’attendait dans cette bonne vieille ville de Bordeaux, il me fallait donc rejoindre la gare de Saint-Pierre-des-Coprs en voiture, l’heure (trop) matinale interdisant tout départ de la cité blésoise pour cause de déficience du service public. Après m’être difficilement délesté de deux euros dans le voleur parcmètre (en espérant que les pervenches restent au chaud ce jour-là car je n’ai bien sûr pas mis assez), le train démarre direction Poitiers où m’attend une correspondance.
 

A Châtellerault montent quatre adolescentes pure sucre, qu’un écrivain persifleur rouennais  nomme avec justesse et drôlerie « branlotines » (et « branlotins »), portables blaque berry en main, parfums forts et juchées sur des talons compensés. Elles ont quinze ans et doivent être en seconde, si j’en juge par les options langues étrangères dont elles parlent (Italien, Arabe…). Elles pianotent frénétiquement sur leurs portables tout en devisant sans se soucier de ma présence.
- Ah tiens ! C’est l’anniversaire de Léa aujourd’hui !
- Comment tu sais ?
- C’est marqué sur fesses bouc ! Oh, on a trois amis en communs… Remarque cet aprème je vais chez elle pour son anniversaire.
- Tu es toujours meilleure amie de cette fille d’Aix-en-Provence ?
- Non, je n’ai pas écrit un texto ni un fesses bouc depuis… octobre l’année dernière tu vois.
- C’est chaud de rester ami sur fesses bouc quand même.
- ouais, à moins de monter à Aix, je ne vois pas comment faire.
- Descendre à Aix. (dit sa voisine de gauche, visiblement plus au fait de la carte de France qu’elle)
- Ouais bon on s’en fout. Je ne vais pas aller à Aix et pis c’est tout.

 

La quatrième « branlotine » claironne que c’est son dernier jour de classe avant les vacances, parce qu’elle « part au Sénégal avec mes parents ». Elle fait l’admiration mâtinée de jalousie de ses comparses.
- La Chine, les Etats-Unis, maintenant le Sénégal ! C’est toujours avec le boulot de tes parents ?
- Non, là c’est pour des vacances tu vois.
- C’est où d’ailleurs le Sénégal ?
- C’est dans la corne de l’Afrique.
En disant cela, elle mime dans le vide avec son doigt la carte de l’Afrique et lui montre la partie ouest de cette dernière, soit l’exact opposé de la « corne de l’Afrique. »
- Ah ouais, je vois. C’est bien en dessous du Maroc, tout ça.
- Oui, vachement.
- Tu veux que je te donne des cours d’arabe ?
 

Visiblement elle en prend, mais doit sécher elle aussi les cours d’histoire-géographie.

 

Le festival continue :
- Samedi je vais à une fête de premières (suscitant l’admiration mâtinée de jalousie des trois autres)
- Ah t’as d’la chance, moi les vacances, faut que j’garde mes frères, tu vois le genre ? Et Julien il est au courant que tu vas à cette fête ?
- Non, tu penses. Sinon il ferait encore sa crise tu vois…
- Ça fait longtemps que vous êtes ensemble maintenant ?
- (elle réfléchi) Ça fait… ça va faire un an lundi !

Juste avant d’arriver à Poitiers, elles remarquent les ongles à paillettes d’une des quatre du mini club, qui arbore aussi des lunettes façon Audrey (Montebourg) Pulvar.
- Ouah, trop la classe, comment t’as fait ?
- Ben au début, je mettais les paillettes sur les ongles et puis j’ai fini par mettre les paillettes dans le pot à vernis et à tremper mon doigt dedans !

 

Elles se lèvent tout en parlant des cours à venir, de « Monsieur Machin prof de.. », de « Madame Truc prof de.. » etc., laissant derrière elles des effluves de parfums de grandes dames, ce qu’elles sont encore loin de devenir malgré les artifices arborés. Me vient en tête une chanson des Frères Jacques : « Si tu t’imagines, fillette, fillette, » chantée aussi par Juliette Gréco.

 

 

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A Bordeaux, ville souvenir, de l’époque où nous habitions Marmande au début des années 80, et où la belle endormie des bords de Garonne était un but excitant de balade dominicale. Les façades étaient noircies de pollution, Chaban-Delmas maire depuis presque quarante ans, Robert Hossein y tournait Les Misérables et le centre commercial portait déjà l’étrange nom de « Mériadek ».
Ville souvenir, quelques années plus tard, en chemin vers la garnison de Mont-de-Marsan où je servis sous les drapeaux pendant presque un an. Souvent en rade à la gare de Bordeaux, pour des attentes bâtardes de deux ou trois heures et en début de soirée, le temps de ne rien entreprendre. Sac paquetage à l’épaule, impossible de bouger ailleurs que dans les bistrots adjacents, aux ambiances fétides de petits trafics, de putes aux origines douteuses et de filles à soldats, souvent les mêmes d’ailleurs. Aujourd’hui Bordeaux est redevenu la bourgeoise qu’elle ne cessa jamais d’être vraiment. Centre-ville piéton chic, boutiques de fringues ou de luxe (et souvent les deux), quelques kébabs pour faire populo et un tramway pour faire socialo.
 

 

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Dans la rue menant à la gare, une fille à piercing et chargé de sacs de courses parle fort au téléphone. Elle ne devrait pas, vu le contenu de ses propos :
- Putain, grave, on était en stress, ils étaient quatre autour de nous, et encore heureusement qu’ils n’avaient pas les chiens sinon ils en auraient trouvé partout dans la bagnole et les passagers ! Dans ces moments-là tu sers les fesses, et après tu te retournes pour voir s’ils ne te suivent pas, tu vois ?

Mais de quoi et de qui parlait-elle donc…

 

 

 

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Gare de Bordeaux : la grande carte murale du réseau ferré d’Aquitaine et Midi-Pyrénées. Seul élément du décor qui me fasse ici rêver.

 

 

Place de la Bourse : les statues entourées de moches rubans roses témoignant d’une quelconque opération de lutte contre je-ne-sais-quoi, mais probablement une maladie. Pas celle du mauvais goût en tout cas.

 

 

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Dans le tégévé du retour, deux femmes « d’affaires, » la trentaine, dont l’une d’elle dit :
- Si je suis si intraitable sur la sécurité, c’est parce que les gens ne se rendent pas compte du risque qu’ils font prendre à l’entreprise.
C’est surtout par trouille de perdre son poste, on sait combien la santé des salariés importe assez peu, dans « l’entreprise. »

 

 

Gare de Poitiers (retour) : grosse démonstration de force des agents de « sécurité ferroviaire, » qui filtrent les accès aux quais, flanqués des contrôleurs en livrée mauve et grise. On les voit beaucoup moins quand la nuit tombe et à l’approche des grandes villes « chaudes ». Ayant souvent fait du Paris – Lyon et Paris – Rouen à des heures tardives et nocturnes, ces trains sont souvent livrés à eux-mêmes, dans le style trains-fantômes…

La contrôleuse fait les annonce dans un Anglais charabia, ce qui laisse songeur quant au niveau scolaire de l’enseignement des langues étrangères dans notre beau pays de France. Les non francophones comprennent sûrement mieux la phrase en français que le gloubi-boulga qui suit.

 

 

Arrivé à ma voiture je constate avec délice que la dégradation du service public peut avoir du bon : pas de pévé malgré mon ticket dépassé depuis trois heures…

 

 

 

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Du bruit breton

17 Octobre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #regarde-la ma ville

 

 

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Bagad de Lann Bihoué, Blois, 15 octobre.

(c) F. Sab

 

 

 

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Enquête approfondie ?

14 Octobre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

 

 

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La PQR de Loir-et-Cher envoie du lourd aujourd'hui !

Ce que l'enquête ne dit pas, c'est si DSK a été aperçu, ou non, dans les parages...

 

 

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Chaud bouillant la vie d'un localier dans le romorantinais...

 

 

 

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Été indien, automne ligérien

6 Octobre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

 

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                                                              - Se ramasse à la pelle -  

 

 

Comme beaucoup, j’aime bien l’été indien. Après l’été pourri, que le soleil revienne en force pendant dix jours n’était pas pour me déplaire. Evidemment, quand on peut ne rien faire et en profiter c’est mieux. Sinon, tant pis, on a au moins la satisfaction de sortir le matin sans pull.
 Mais si j’aime l’été indien, pour autant je vois arriver l’automne ligérien (pour la deuxième année consécutive) avec une certaine gourmandise. Celui-ci m’a littéralement sauté à la figure mercredi après-midi, alors que je me rendais dans un gros bled de campagne de Loir-et-Cher pour un très banal reportage dans un accueil de jour pour personnes atteintes du désormais célèbre Alzheimer. En longeant la Loire – et parce que, pour une fois, j’étais en avance – ses rives apparaissaient chaudes, jaunissantes. Je me suis souvenu combien depuis l’enfance j’aimais ces fin septembre, début octobre, et combien la saison pouvait être belle, en montagne notamment où j’ai eu souvent ces dernières années l’occasion de me rendre au début de l’automne. Douceur des lumières, de la température, absence des foules touristiques aux endroits d’ordinaires farcis de lardons morveux accompagnés de parents qui ne le sont pas moins, ou de cars touristiques débordant de troisième âge tirant sérieusement sur le quatrième, petite vitesse et grand doucement. Je me suis souvenu de ce tic, depuis toujours, de passer une partie de l’automne avec un marron dans la poche, le prenant régulièrement dans ma main pour en apprécier son aspect lisse. C’est le moment où le moindre sous-bois sent les champignons et où l’atmosphère des ruelles des villages, mais aussi des petites villes, s’emplissent d’odeurs de feux de bois et de feuilles mortes. C’est le moment où l’on regarde dans le placard sont manteau d’hiver, mais pas trop vite, avant il y a celui, bien connu, de l’inter-saison.
Comme j’étais en panne d’inspiration pour conclure ce billet, de ma fenêtre ouverte (c’est mon côté malsain donnant sur la rue, comme dirait Thomas Fersen) me vient la note finale en la personne d’une feuille rougeoyante venue mourir sur le radiateur, encore éteint fort heureusement. Un signe de quoi, je n’en sais fichtrement rien, mais ça sent l’automne à plein nez.

 

 

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Inauguration officielle d’une école maternelle « Jules Ferry » (le pauvre !), rue Lewes à Blois. Rénovation faite dans le cadre du « plan de rénovation urbaine», truc ripoliné pour faire croire aux gens qu’ils sont considérés par les élus pour lesquels la plupart du temps ils ne votent pas (pas le droit de vote ou pas envie de voter pour les mêmes depuis toujours…). Dans le quartier en question, 77% d’abstention au premier tour des dernières élections cantonales. 22% pour le Effe Haine. C’est le canton du maire (PS).
Une école dont la construction répond aux « nouvelles exigences de qualité environnementale, un bâtiment durable » comme on dit aujourd’hui. Le mot « exigences » prend tout son sens quand on sait qu’il provient du fameux Grenelle de l’environnement tout droit sorti du ministère du même nom, à l’époque ou un certain JL Borloo en était encore le chaperon, avant d'être prié d'aller voir ailleurs s'il y était (il n'y est pas non plus).
Circuit d’air fermé dans les classes dont les fenêtres… ne s’ouvrent pas (pour éviter que les morveux ne se défenestrent de dépit ou d’ennui ?). Ça va sentir le lapin dans les classes à la fin de la journée… Sans compter sur l’apparition des premiers virus et leur capacité à se reproduire en vase clos. Et pas un de ces élus pour s’en émouvoir lors du vernissage. Normal : ils ont signé eux-mêmes les projets de cette splendeur.

 

 

 

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                                                   - Comment peut-on s'imaginer ? -

 

 

 

 

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Vos papiers !

4 Octobre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

Ragondins

 

 

 

C'est vrai, la politique de lutte contre la délinquance sous toutes ses formes est en action. Perspective 2012 oblige, il faut contrôler ma bonne dame, y faut con-trô-ler ! Histoire que le Français moyen qui pourrait voter Effe Haine ne se trompe pas dans l'isoloire le jour où.

Mais enfin de là à s'attaquer à ces (sales) petites bêtes, faudrait quand même pas éxagérer.

Plus sérieusement (si l'on peut dire), la lecture de cette perle de la PQR (Presse quotidienne régionale), nommée ici la "Nou-Nou" (Nouvelle République), nous apprend que le ragondin, comme beaucoup d'autres nusibles, a été introduit sur le sol français dans les années 70. Devinez d'où il venait ? Des Etats-Unis pardi ! Ce proche cousin du castor, outre le fait de se reproduire comme des lapins adeptes de la méthode billings (trois portées de six petits par an), s'avère être un redoutable mineur qui creuse les berges des rivières, entrainant du même coup des pans entiers et des arbres dans la flotte.

On connaît pareil mésaventure avec les marmottes, introduites dans les années 50 grâce à deux gogos écolos précurseurs dans les Pyrénées (elles venaient des Alpes), et qui font de telles galeries sur les pentes que les eaux de pluie ravinnent, érodent trop rapidement et artificiellement les montagnes de Pyrène, qui ont toute notre tendresse comme chacun sait ici.

Mais si on se met à contrôler les ragondins, alors nous voilà rassurés. Et très franchement, nous préfèrons la tronche de ces deux "pandores" à celles habituellement rencontrées - rarement cela dit, à cause des sous-effectifs et c'est tant mieux. Au moins, ces deux-là, on pourrait les retrouver au bistrot sans craindre la contredanse en sortant.

 

 

 

 

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J'avoue

2 Octobre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

 

 

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                                                       - J'arrive -

 


J’avoue, j’ai un faible pour le matin tôt. L’aube, l’aurore. L’instant où le jour se lève, dites-le comme vous voulez. La lumière est, selon moi, incomparable. Rien à voir avec les innombrables couchers de soleil curieusement nommés romantiques, même si certains sont en effet très beaux. Mais le matin, point de romantisme. C’est l’heure où les braves ne sont même pas encore paupières ouvertes. Il s’agit de s’arracher au confort d’un lit chaud, ce que peux de gens consentent à faire s’il n’y a pas l’obligation du boulot à rejoindre.
Pendant deux ans, j’ai contemplé ces aurores, chaque fois différentes, à Lyon et Privas, rejoignant une radio pour y tenir le micro avant que les poules n’ouvrent l’œil. Il m’en a coûté, souvent, de m’arracher aux bras de Morphée, comme on dit, pour me retrouver dans la rue froide et encore dans la nuit, vers 5 heures du matin. Mais j’ai assisté, quasiment chaque jour, à un spectacle superbe, jamais le même, y compris lorsque les brumes hivernales enveloppaient tout et cela pour la journée. J’ai vu des soleils embraser les Alpes depuis la colline de Fourvière, du Mont-Blanc jusqu’au Grand Vémont. Des montées de nuages lourds au dessus de Privas, poussés par des vents de sud remontant la vallée du Rhône, ou des matins secs frigorifiés par la bise venue du nord et qui faisait craquer de froid tout ce qu’elle rencontrait sur son passage. A Rouen, les lumières lointaines du port scintillaient dans les brouillards épais et la flèche de la cathédrale disparaissait dans son épais coton.
L’aube, l’aurore, le petit matin, dès potron-minet, tous ces mots et expressions qui ne s’offrent qu’aux vrais solitaires seuls témoins de cette magie d’un jour qui se lève, et qui sera ni jamais le même, ni aussi différend qu’on aurait aimer le croire. Il faudrait être peintre pour figer ces instants impressionnistes, impressionnés, sublimés par la lumière exceptionnelle qui monte de la nuit. Je ne suis que photographe, et tous les sens sont en éveil lorsque se lève la lueur de l’aube. Elle nous arrache à la nuit, nous projette malgré nous dans la journée – encore une ! – jusqu’à ce soir, peut-être…
Ou demain, qui sait.

 

 

 

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