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Le jour. D'après fred sabourin

Affaires étrangères. Etranges affaires...

28 Février 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

 

IMGP1187 R

                                                   - L'ex ministre des Affaires étranges fait le plein -

 

 

 

Remaniement, remaniement. Remanie, remanie, il en restera (peut-être) quelque chose. Pas un mot à son sujet dimanche soir dans l'allocution télévisée du petit Nicolas pour son ancienne grande ministre des Affaires étrangères, professionnelle d'une République "irréprochable" (propos tenus le 14 novembre dernier).

"Pauvre" MAM, effacée de l'histoire...

Mais si d'aventure une once d'inquiétude planait sur son agenda désormais vide, qu'on se rassure : elle a déjà retrouvé du boulot. Un ministre, même en cas de coup de pompe, ça reste rarement longtemps seul au bord de la route, quoique dans le cas présent, ça demande vérification.

En tout cas c'est confirmé : MAM et POM ont bien leurs entrées aux pays producteurs de pétrole...

Pendant ce temps-là, le petit peuple besogneux, etc. etc.

 

 

  Photo Fred Sabourin, réalisée SANS trucage.

 

 

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Perdu au milieu de nulle part

18 Février 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

 

 

D’abord il faut sortir de la ville, traverser le fleuve par le pont François Mitterrand, un pont moderne où souffle habituellement le vent glacial de l’hiver. Piétons s’abstenir. Puis la route emprunte la digue, pour se protéger du dernier fleuve sauvage d’Europe, fleuve – océan comme une mer. La femme Loire…
La campagne est belle à cet endroit. Simple mais belle. On domine le fleuve dans un sentiment de sécurité provisoire, enfermé dans le confort de la voiture, et on entend que le sifflement de la vitesse sur le capot. Au loin passent des oiseaux dont certaines espèces endémiques ne trouvent refuge qu’ici. Il y a un virage qui déporte sur la droite, en face d’un garage de véhicules d’occasion. Peut de temps après, on entre dans le village, en légère côte, et après un bistrot – glorieux bistrots de campagne – on voit poindre la Poste au loin, après le carrefour. Cette dernière n’est ouverte que deux jours par semaine, et encore, pas toute la journée. Une certaine vision du service public en zone rurale.
Au carrefour on prend à gauche, un salon de coiffure fait l’angle, Styl’Coiffure mixte annonce l’enseigne. Tout un programme. On traverse un lotissement de pavillons fleurant bon la vie moderne et les familles qu’on nommait encore il y a peu : « classes moyennes ». Des pavillons aux toits pentus, petit jardinets en façade, balançoires et garages. Ceux qui sont fermés par un grillage témoignent de la présence d’un chien. A moins que ce ne soit pour protéger les gosses de la rue…
Après la salle municipale, encore à gauche. Une rue-lotissement là encore, aux maisons semblables, à l’alignement parfait. Celle en brique est en construction, elle sera bien vite terminée. On prend à droite, le long d’un bois dont on ignore l’étendue mais il semble profond. De l’autre côté de la petite route, des champs cultivés, ne portant encore aucune trace de culture en cette fin d’hiver.
Un mur à droite, il faut le longer, et voici que s’annonce une grande bâtisse du XIXe siècle, sorte de demeure ou manoir – on hésite un peu – et des petits pavillons plus ou moins modernes autour. Un parking visiteurs vous attend, au fond d’une allée gravillonnée. On stoppe le moteur.


En traversant la cour, on croise des gens. Des jeunes, surtout. D’autres n’ont pas d’âge. Pas de forme non plus, disparaissant dans des vêtements dépareillés, des pulls over informes. Barbes d’une semaine et cheveux hirsutes pour les hommes. Doudounes à la propreté douteuse pour les femmes. La clope au bec pour la plupart. Dans un coin, sur le gazon, un râteau s’agite pour ramasser je ne sais quoi. A gauche du chemin, un petit pavillon à l’allure d’une petite cafétéria devant laquelle sont rassemblées quelques personnes qui semblent connaître les lieux.


Et puis on arrive devant le corps de bâtiment principal, flanqué d’une petite pancarte « secrétariat ». On pousse la porte, et une odeur de renfermé humide et fraîche mêlé de tabac froid vous saisit. Un comptoir délimite l’accueil. Une femme note dans son cahier grand format un horaire – l’heure qu’il est exactement maintenant – et la nature du visiteur : homme, seul, chauve. En face, sur des chaises attendent des personnes aux regards perdus dans le vide, dans le vague, dans le rien. Le mur en face d’eux n’est qu’à deux ou trois mètres. Un grand couloir coupe en deux le bâtiment, et on entend comme des semelles traîner au sol. Un fantôme, mais ce doit être un homme, passe lentement, traînant les pieds et toute la misère du monde avec lui. Il est habillé comme pour un hiver sibérien. C’est à peine s’il vous voit. D’ailleurs je pense qu’il ne vous voit pas. Sur une des chaises, un jeune homme d’une vingtaine d’année semble prostré. Ses jambes de pantalon style jogging sont remontées jusqu’aux genoux qu’il agite frénétiquement. Son regard semble lancer des SOS. Une envie de fuir vous saisit la colonne vertébrale.
Nous sommes bien à l’hôpital psychiatrique…

 

 

 

 

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Hic ceciderunt

14 Février 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

SAB 6979 R

 

 

« Tout avait la couleur uniforme du givre, à la fin février, pour vos derniers moments.
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement : bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre.
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand.
Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses. Adieu la vie, adieu la lumière et le vent. Marie-toi sois heureuse, et pense à moi souvent, toi qui va demeurer dans la beauté des choses, quand tout sera fini plus tard, en Erivan.
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline, que la nature est belle, et que le cœur me fend. La justice viendra sur nos pas triomphants. Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline. Et je te dis de vivre, et d’avoir un enfant. »


Cet extrait de Louis Aragon (Strophes pour se souvenir, in Le Roman inachevé) résonne et siffle au vent de cette « Piquante Pierre » - c’est son nom – perdue quelque part dans le massif des Vosges.
Ici aussi, ils sont tombés.
Qui ?
Ceux qui, bravant les éléments - tous contraires - ont franchi au péril de leur vie les Pyrénées, pour s’enfoncer en Espagne, y être prisonnier et servir de monnaie d’échange pour Franco exsangue, puis traverser Gibraltar, et enfin rejoigndre les armées de Leclerc, de Lattre ou les bataillons de Choc. De cette Afrique du Nord ils ont débarqué en Italie ou en Provence, et sont remonté, suivant le Rhône et cette quête de la liberté et d’une délivrance qu’ils croyaient certaines car ils la tenaient pour essentielles à leurs yeux plein de fureur et de vent.
Mais beaucoup ne sont pas arrivés jusqu’à Paris ou Strasbourg.
Ceux-là ont été encerclés sur cette colline de la « Piquante Pierre », à quelques mille mètres au dessus du niveau de la mer, qu’ils ne revirent jamais. Les soldats allemands ont envoyé assauts sur assauts, obligeants les soldats de cette France presque libre à se battre jusqu’à la dernière cartouche, et leur dernier souffle. Certains survécurent en grimpant dans les sapins, s’y cachant pendant deux ou trois jours, chiant dans leurs bottes pour ne pas se faire repérer par les rondes à quelques mètres en dessous.
L’un de ces quelques survivants est mort la semaine dernière, et personne n’en a parlé.
Pourtant on lui doit une bonne part de notre liberté à ce gars là. A cause de ses bottes souillées.
Il a vu ses camarades tomber, là. Par un jour sans doute semblable à celui-ci.

 

SAB 6986 R

                                       - 12 heures dans la vie d'un paysage (3e partie) -

 

 

SAB 6993 R

                                          - 12 heures dans la vie d'un paysage (4e partie) -

 

 

SAB 6971 R

                                                          - Pacha mama -

 

 

 

SAB 6973 R

                                                   - Pacha mama II -

 

 

 

SAB 6988 R

                                                    - Ici et maintenant -

 

 

 

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Fugit tempus...

12 Février 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

 

SAB 6976 R

                                                     - ligne bleue des Vosges -

 

 

 

SAB 6981 R

                                           - 12 heures de la vie d'un paysage -

 

 

SAB 6999 R

                                        - 12 heures de la vie d'un paysage (2e partie) -

 

 

 

SAB 6997 R

                                                    - horizon solitude -

 

 

à suivre, avec un texte, prochainement bientôt.

 

 

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Du vent dans les voiles...

4 Février 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

 

SAB 6859 R

                               - mon âme rêveuse appareille pour un ciel lointain -

 

Bourlingue jusqu'au 13 février...

Hasta luego camarades

 

 

 

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Un déjeuner sur l'herbe

2 Février 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #concept

 

 

 

C’est un truc où tout le monde ne va pas. Une sorte d’invitation pour happy few locales, un entre-soi où il est de bon ton d’aller.
Le jour où le préfet invite la presse locale à déjeuner dans sa salle à manger, il vaut mieux en être, même si la chose s’annonce entendue d’avance : tout ce qui sera dit sera off, sauf ce qu’on vous précisera comme tel. Si ce n’était à la préfecture, on dirait à la bonne franquette. Faut pas imaginer non plus le préfet derrière ses fourneaux et criant depuis la cuisine : « à table ! » à la fin de l’apéro.
C’est un truc où les hobereaux du coin, je veux parler de la PQR, la Presse quotidienne régionale (en gros la Pravda locale) arrivent les derniers alors que le champagne est déjà tiède dans les flûtes. Histoire qu’on les remarque bien, et qu’on voit qu’ils arrivent en nombre, en l’occurrence trois. C’est un truc où on croise des copains et copines journalistes en qui on a toute confiance, et d’autres en qui on se méfie, craignant que la franchise ne soit pas inscrite au fronton de leur déontologie. C’est un truc où on croise aussi un sous-préfet qu’on appelle Madame, charmante jeune femme fraîchement arrivée à son poste après avoir connu les dorures d’un ministère parisien.
Je dois l’avouer : je n’y ai pas mes habitudes, mais pour rien au monde, je ne raterai ces machins-là. Je m’y amuse beaucoup, et si j’avais la verve balzacienne, d’un Chardonne ou d’un Flaubert, j’en écrirais des tonnes. Je m’y amuse beaucoup d’abord parce qu’en arrivant, après qu’on vous ait débarrassé de votre manteau au vestiaire, il y a un petit carton à prendre sur une table. Sur ce carton est figuré le dessin de la salle à manger du préfet, avec une table en son centre. Sur la table, un trait rouge : c’est là que vous allez manger.

 

préfecture

 


A la vue de ce petit bristol, j’ai tout de suite compris que je ne dirai pas un mot au préfet du déjeuner. La photo ci-jointe vous le prouvera par l’observation de l’angle dans lequel je me trouvais : impossible de participer à une conversation menée par l’invitant, sauf à ce qu'il attrape un torticoli en sauçant son assiette avec sa cravate. J’ai ensuite compris, lorsque nous sommes passés à table, quels étaient ceux qui comptent et peuvent apporter une conversation à l’hôte des lieux. La PQR, et la radio commerciale du coin. Eux étaient dans la ligne de mire. Ils ne s’en sont pas privés. Prestige du protocole !
Cela étant, le sujet qui monopolisa plus de la moitié du déjeuner fut – on ne s’en étonnera guère – les élections cantonales de mars prochain. Pas les sujets qui intéresseraient volontiers les contribuables à l’occasion électeurs, tels que les routes, transports, les collèges, le RSA, l’APA, les maisons de retraite, le financement de tout ce barnum et comment on va s’y prendre et à quoi ça sert ce machin avec des z’hommes politiques dedans. Non, ce qui a monopolisé la conversation de ceux qui font l’info et du préfet ce sont les pronostics. Qui va être réélu (ou pas) et où, et de combien ? Le mille feuilles électoral, par le petit bout de la lorgnette. Une sorte de PMU de la politique, sans l’hippodrome mais avec tribune d’honneur et les bourrins. Un des convives a cependant eu cette fulgurance : « le seul sondage qui compte c’est celui du lundi matin après comptage des urnes. » Ensuite par petits paquets de quatre ou cinq, les conversations ont dévié vers l’intercommunalité, l’autre truc à la mode cette année, qui passe au dessus de la tête des citoyens mais qui pourtant va s’abattre sur eux d’ici à la fin de l’année.
Qu’importe. Les mets étaient délicieux et les vins gouleyants. Comme l’était aussi ma voisine de droite, nouvellement arrivée, qui disait combien elle avait été bien accueillie dans sa sous-préfecture et combien il lui tardait que son jeune fils arrive près d’elle. Sur sa montre d’une grande marque de maroquinier qui doit valoir à elle seule plusieurs mois de Smic, on pouvait y lire la langueur du temps qui passe dans ces maisons d’Etat, que Brel a figé dans une célèbre chanson Je suis un soir d’été. (« Et la sous-préfecture fête la sous-préfète, sous le lustre à facettes il pleut des orangeades et des champagnes tièdes, et des propos glacés de femelles maussades de fonctionnarisés.»)

 

 

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