Dernier jour
photo de l'année 2008, catégorie maritime. Port du Havre à travers les carreaux du musée Malraux (à suivre)
Hommage soit rendu en ce dernier jour de l’année aux navigateurs du Vendée Globe, actuellement pour la plupart dans le Pacifique sud. Oui, la plupart, car si l’on parle beaucoup de Desjoyaux, Jourdain, Le Cam ou Le Cléac’h, il en existe pas mal sacrément derrière, qui, à cette allure, arriveraient un mois et demi après le premier. Ces « solitaires » sont beaucoup plus prolixes qu’à terre, où ils ne parlent qu’à l’économie, et souvent pas réponses courtes : « oui, non, hum ». Aujourd’hui, il est plus facile de les joindre par téléphone satellite (comme ce matin pendant le 6-9 de RCF pour Desjoyaux et Jourdain), en plein milieu du Pacifique, que d’avoir Mme Boutin, plusieurs fois cette année, depuis son ministère de la rue de Varenne. Une fois, son directeur de cabinet a même prétexté que « pour cause de départ en vacances et de monde sur les routes, Mme Christine B ne pouvait répondre à l’interview, devant partir très vite ». Un collégien hésiterait à sortir un truc aussi nul à son prof de sport…
Alors en ce dernier jour 2008, en bas du baromètre, il y a Mme Christine B. Nous tenions à lui rendre ce vibrant hommage. Elle peut brandir une bible dans l’hémicycle, elle ne vaut pas la corde d’une cloche de bateau.
Et en haut, tout en haut, les navigateurs du Vendée Globe qui ouvriront ce soir leurs menus réveillon surprises. Ils n’ont pas le même pouvoir (en ont-ils et en veulent-ils ?) mais ils sont là pour faire partager leur amour de la mer, et de la solitude.
Qui va souvent de paire.
le Père Noël est une ordure
La crise n’en finit pas d’égrener ses conséquences, qui, dit-on, seront encore plus dures l’année prochaine. En attendant, délectons-nous des restes de 2008.
Cette manie a déjà plusieurs années, mais elle prend une tournure encore plus coquasse en ces temps de vaches maigres. Comme toutes les modes, c’est une mode à la con. Comme les nains de jardins ont eu besoin de prendre l’air (libérez nos camarades !), le Père Noël s’introduit chez le vulgum pecus, peut-être moins pour apporter des cadeaux que pour faire main basse sur la dinde aux marrons (achetée chez Lidl), et laisser les propriétaires dindons d’une bien mauvaise farce. Peut-être d’ailleurs ce Père Noël-là, fils naturel des amours contrariés de Roméo et Spiderman, est également un simple utilisateur de « facebook ». Il lui suffit de lire les profils de ceux qui indiquent, chaque week-end, s’ils sont absents, en vacances, sortis acheter du lait etc. Il ne reste plus alors à cette ordure qu'à escalader les façades pour y accomplir ses méfaits. Sans gilet jaune, par dessus le marché ! Si ils tombe il ne sera pas couvert…
Heureusement, Edwige veille. Ou sa sœur jumelle, ce qui revient presque au même.
Allez, joyeux Noël Félix !
Flashé flasheur va !
Aujourd’hui, en voiture, le champ des libertés s’est considérablement réduit. Vous ne pouvez plus, par exemple :
rouler sans ceinture, téléphoner, manger un sandwich, dépasser la ligne jaune (elle est blanche), essayer de corrompre un gendarme (risque de garde à vue pour outrage), sortir sans gilet (jaune ou orange c’est selon les goûts), dépasser la vitesse autorisée, compter les Deux-chevaux vertes (il n’en existe quasiment plus), lire une carte en conduisant, lire tout court, rentrer chez soi après un dîner arrosé, insulter le con de … (remplacer par le numéro du département voisin) à cause de la « courtoisie au volant », etc.
Bientôt, pour des raisons de sécurité, vous ne pourrez plus :
mettre votre doigt dans le nez (on ne tient plus le volant que d’une main), farfouiller dans la boîte à gant pour trouver un CD, boire un coup de flotte, régler votre rétro (cf grattage de nez, on ne tient plus le volant que d’une main), fumer une clope (et chercher au milieu des CD dans le vide-poches le briquet), téléphoner avec un kit « main libre » (mains qui tiennent du coup le volant !) etc.
Vous pouvez en revanche : vous faire flasher et recevoir des photos.
A priori vous pouvez encore : prendre des photos vous même, sur une belle route d’hiver enneigée, au soleil couchant.
Je le concède, ce n’est sans doute pas la meilleur façon de conduire.
Mais c’est trop beau.
F…c the police !
Un ours à Paris !
La diminution de la banquise a des conséquences inattendues ! Comme un clin d’œil du destin à celui dont nous évoquions la mémoire le 1er décembre dernier (cf L'Amiral... ), le bateau étude « Tara » est accosté jusqu’en janvier près du pont Alexandre III, à deux pas des Invalides…
Cette goélette, autrefois propriété de Jean-Louis Etienne (Antartica), puis de Peter Black, et désormais de Etienne Bourgois, a effectué du 3 septembre 2006 au 21 janvier 2008 une dérive sur la banquise arctique. 5000 km, soit 2500 km à vol d’oiseau. 507 jours. Etudes scientifiques sur l’évolution de la banquise, relevés sous-marins en grande profondeur, étude de la faune, etc.
Une des (nombreuses) conséquences du réchauffement climatique et de la diminution de la banquise est la menace directe de certaines espèces, notamment l’ours polaire, que les « taranautes » ont eu l’occasion d’apercevoir dix-huit fois au cours de leur mission.
Inattendu ours polaire que l’on retrouve là, sur un container de l’expo attenante, toute gueule dehors, comme poussant un cri d’appel au secours.
Ami(e) promeneur, si tes sabots te mènent à la capitale, passe faire un tour près de cet étrange vaisseau des glaces, surnommé « baleine » par ceux qui l’ont côtoyé de près.
Tu entendras peut-être aussi le cri de cet ours, sous les ors du Grand Palais tout proche, sous les arches du plus beau pont de Paris.
+ d'infos : Tara
quatre saisons, douze photos (n° quatre)
Décembre. Sortir du trou, ou y rentrer pour le restant de l’hiver. A ceux qui n’aiment pas « les fêtes », passez votre chemin jusqu’au mois prochain. Les canuts et bourgeois de Lyon préparent « la fête des lumières » (merci l’Immaculée Conception), à grand renfort d’ampoules à haute consommation. Le spectacle sera beau, et les touristes au rendez-vous. C’est la raison pour laquelle cette « photo du mois » est encombrée de lourdes caisses et de colonnes qui n’ont rien de corinthiennes.
A dans un mois.
(Sept. ici ; Oct là ; Nov à cet endroit)
L'Amiral est mort ce soir...
Le père d’un ami cher qui meurt, c’est comme perdre un peu de soi-même aussi.
L’Amiral JP L. est mort ce soir, à l’hôpital des Invalides à Paris, avec à son chevet son fils accouru depuis Toulouse en urgence. Après avoir sillonné toutes les mers du globe, dessus et sous la mer, après avoir combattu en Indochine, en Algérie, sur les théâtres d’opérations extérieurs comme on dit, il avait posé son sac sur la terre d’Ossau, en Béarn, à l’abri de la falaise aux vautours de Béon. Cette gentilhommière qui devint il y a un an déjà son linceul, après une mauvaise chute dans les rudes escaliers de bois.
L’Amiral L. a commandé la flotte des sous-marins d’attaque de la marine française, et les premiers SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins). Il en portait haut la devise : « Honneur, Patrie, Valeur, Discipline ». J’ai eu la chance, car c’en était une, de rencontrer cet homme aux goûts simples aux sortir de mon service national, où j’avais fait la connaissance de son fils, un ami, un camarade, un frère. Il avait le sens des expressions qui font mouche, de l’humour pince sans rire, et cette rigueur dans la gestion des horaires, méthodique et organisé, qui n’était sans doute pas toujours la plus facile à vivre pour ses proches. Il portait encore sur son paletot et dans le verbe ses idéaux d’une France révolue, faite de travail, de sens du devoir, de sacrifice, de respect et de parole d’honneur, plus que tout au monde. Son horizon s’est longtemps borné à deux, trois mètres maximum (on ne peut pas vraiment ouvrir les fenêtres dans un sous-marin...), mais entre ses yeux et les hommes d’équipage, on sentait une vraie attention, comme si le commandement de l’un par rapport aux autres ne pouvait s’articuler que par ce mot : respect.
L’une de ses – nombreuses – anecdotes marines, racontait que dans l’Océan Indien (ou Pacifique, peut importe), lors d’une pause en surface du « bateau » (c’est ainsi que les sous-mariniers nomment leur engin), il profita du beau temps et de la mer chaude pour faire un petit plongeon. Le commandant en second, voyant cela, dit aux mécaniciens de mettre quelques minutes « en avant lente », sorte de première vitesse de propulsion d’un sous-marin, juste assez rapide pour ne pas permettre à un nageur, même très bon, de rattraper le bâtiment. Il riait de cette bonne farce faite au « Pacha », et nous l’écoutions avec délectation, reprenant une gorgée de vin de Navarre. Si loin des mers.
Aujourd’hui, Amiral, c’est vous qui avez mis « en avant lente ». Nous sommes juste restés à quai.
photo : le Rubis, en rade de Toulon (J.M. Roche)
France d'en haut, neige d'en bas
Pendant que certains tentaient de « récoler » les morceaux en vrac d’une opposition souhaitable mais désormais atomisée, il y avait mieux à faire en mettant le nez et les oreilles dehors. Cela étant, il fallut bien les protéger pour qu’ils ne prirent pas froid.
Les premières neiges sont descendues bien bas dans la vallée, Ossau cela va sans dire, et la falaise aux vautours s’en trouva blanchit d’un éclat argenté à nul autre pareil. L’atmosphère était fraîche et neigeuse, capiteuse à la bouche, comme ce chardonnay gras bien frais, seulement refroidi sur le rebord d’une fenêtre.
Drapée de blanc, ces montagnes frissonnaient en pensant au retour du printemps prochain, loin encore, et les prairies d’un vert cru laissaient imaginer qu’il était déjà là. Visuellement. Mais c’est la pluie, abondante, de ses épis lourds d’une neige à l’instant fondue, qui les abreuvaient jusqu’à plus soif.
Le gave avait le cœur et le cours au bord des lèvres, prêt à déborder.
Les draps s’envolaient et nappaient les meubles anciens, les lampes et les pendules : la maison sera donc fermée pour l’hiver, tandis que d’autres, jouxtant le château, se préparaient à affronter les frimas de la morte saison, où les vivants se terrent en épluchant des châtaignes.
Le bois coupé est condamné à la cheminée, vorace, et réchauffera les gens d’ici pendant qu’on sera là bas, si loin dans la plaine.
Le souvenir de cette nappe d’argent sur les collines aux seins bombés restera dans la mémoire, bien longtemps après que les yeux n’eurent embrassé pour la dernière fois cette tendre vallée.
sous le pont d'Avignon
« on y danse on y danse, sous le pont d’Avignon, on y danse tous en rond… »
Non, pas de faute de frappe, selon toute vraisemblance c’est en effet la version originel et originale de cette ritournelle d’enfance, voire au-delà pour certains qui se sont évertué à pousser la chansonnette à cloche pied dimanche dernier sur le sus nommé pont cassé en deux.
Elle date du XVè siècle, cette petite chanson que vous aurez donc dans la tête sitôt la page de ce blog refermée. Bâtit au Moyen Age sous l’influence d’un petit berger ardéchois (et toc !) « le pâtre Bénézet » qui lui donna son premier nom officiel. Seul pont de pierre entre Lyon et la Méditerranée à l’époque, il fut maintes fois emporté par les crues du Rhône, fleuve tumultueux et capricieux désormais dompté par vingt-deux barrages. Il fit néanmoins la fortune et la puissance de la cité des Papes, sous la suzeraineté lointaine des comtes de Toulouse.
L’origine exacte de la ritournelle est peu certaine. Peut-être date-t-elle du XIXè siècle, lorsque les guinguettes faisaient le plein chaque dimanche, d’où « sous le pont » et pas « sur » (difficile de danser vu son étroitesse). Adolphe Adam l'intègre dans son opérette à la fin du siècle, assurant à la comptine un succès mondial.
Alors nous sommes allés voir sur place. Sur, sous et au bout du pont, c’est toujours le même refrain finalement : il n’y a que le premier pas qui coûte…
Monsieur le Cardinal est un rigolo personnage (ah ! ah ! ah !)
La Phrase du jour, ou même du mois, nous la devons au cardinal – archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois.
22, v’là le drôle de sire, éminence grise en rouge, président de l’épiscopat de France, et de Navarre. C’est non loin de cette région, en Bigorre, qu’il a eu jeudi dernier cette saillie drolatique, toute à son (des)honneur.
C’est surpuissant. Je connais pas mal de femelles catéchistes et autres substitues de clergé en (des)routes qui vont certainement apprécier la plaisanterie à sa juste hauteur : celle du slip, éminence évidemment. Pardon pour les ‘femelles’, mais c’est plus fort que moi, je me mets à la hauteur du personnage dans le cas présent et le choix du vocabulaire…
« Face aux chrétiens », une émission enregistrée à Lourdes à l’occasion de l’assemblée plénière des évêques de France. Invité : Mgr André 23, cardinal archevêque de Paris, Président de la Conférences des Evêques de France.
Question de Frédéric Mounier :
« Un certain nombre d’évêques ont émis le souhait que des femmes puissent lire l’Ecriture, puissent jouer ce que l’on appelle le rôle de lectionnaire, qu’est ce que vous en dîtes ? »
Réponse de Mgr 23 :
« Les femmes lisent l’Ecriture tant qu’elles le veulent, je ne pense pas que ce soit une question très difficile. Ce qui est plus difficile, du peu que je connais à travers le diocèse de Tours et le diocèse de Paris c’est que nous avons fait des progrès considérables dans la formation des cadres ecclésiaux.
Ce qui est plus difficile c’est d’avoir des femmes qui soient formées, le tout ce n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête. »
(s’en suit un rire gras de comique troupier, entre la salle de garde et la caserne d’infanterie)
Il y la là : là un lien vers le blog de David où on peut même l'entendre, c'est encore mieux !
Quatre saisons, douze photos (numéro trois)
Novembre… Mois détesté par beaucoup. Nous ne pouvons pourtant pas le rayer du calendrier. Le jour baisse, les feuilles aussi, tant et si bien qu’elles choient sur le sol humide et détrempé du week-end. Elles meurent, en silence.
Notez bien que ces clichés ont été réalisés le 5 du mois et non le 1er (comme annoncé au début de ce projet ici et là ), et en fin d’après midi, in extremis, avant que la lumière ne soit trop insuffisante pour être exploitable.
Rendez-vous le 1er décembre, promis.