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Le jour. D'après fred sabourin

Bourlinguer...

25 Juillet 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

En route pour de nouvelles aventures ! Sans regrets, sans se retourner, partir, s'enfuir, marcher, rêver : bourlinguer.

 

 

SAB 0226 R                                                          - et mort aux vaches ! -

 

 

 

"C'est de ce rêve que je veux ici vous entretenir, car il est peut-être aussi le vôtre, ou du moins l'a-t-il peut-être été dans votre enfance : c'est un rêve de cabanes. 

Ce rêve contient en quelque sorte tous les autres, car la cabane est par excellence le lieu où l'on peut rêver. Elle est aussi le lieu rêvé, où l'on peut toujours revenir se reposer entre deux aventures, pour digérer un voyage au long cours, préparer un nouveau départ vers d'autres horizons.

 

Ce rêve que je me propose d'écrire parce que je l'ai vécu, j'aurais aimé le trouver moi-même au chevet d'un lit, dans une cabane perchée en haut d'un grand chêne. Ce livre se serait intitulé Traité de la cabane solitaire, et je l'aurais lu bercé par le vent et le bruissement des feuilles.

 

Ce livre parlera donc des cabanes, de noeuds, de clous, de bois et de haches, mais aussi du chant du rossignol dans la nuit, de clairs de lune et de vie solitaire. Du haut de la cabane, il montrera le monde par-dessus la cime des arbres et des montagnes, jusqu'à un horizon où  rêve et réel se rejoignent."

 

Antoine Marcel, Traité de la cabane solitaire. (Arléa)

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le dernier jour

22 Juillet 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #Lettres à ...

 

 IMG-20140722-00641 R

 

Aujourd’hui, c’était ton dernier jour. Dernière fois que nous avons pris ce chemin pour aller là. Pas la dernière fois pour les grimaces dans la glace, ni pour les cailloux dans nos poches, ni pour la petite souris dans la vitrine du salon de coiffure, ni pour le chant de la tourterelle dans la rue sous le château. Pas la dernière fois non plus pour « c’est quoi, ce bruiiit ? » des travaux de l'ancienne gendarmerie rue du S. Sans doute pas la dernière fois non plus pour la petite maison en plastique jaune au toit rouge dans la cour d’un immeuble près de chez nous. Pas la dernière fois pour les cloches de l'église Saint-N. Mais la dernière fois pour les escaliers qui montent avant d’arriver au portail vert (deux fois 14 marches), qui s’ouvre grâce au badge planqué dans une poche de mon sac à dos, ce qui m’évite de le sortir (il y en a qui trouvent ça astucieux). Derrière ce portail vert, c’est la crèche. Et aujourd’hui, c’était ton dernier jour. Oh bien sûr ça n’est pas la fin du monde, c’est juste la fin d’un monde, le tiens, avant d’en découvrir un autre, plus vaste, plus bruyant, et parfois aussi plus étrange : celui de l’Éducation nationale…  Bienvenue chez le mammouth…
 

Le dernier jour. A la rentrée prochaine, nous continuerons la rue une centaine de mètres un peu plus haut, vers l’école. Déjà. Depuis quelques semaines, il y avait des signes qui ne trompent pas : tu marchais presque tout le trajet « toute seule » sans que je te porte. Tu gardais ton petit sac à dos « vache » sur ton dos sans que j’aie à le porter en plus du mien. Et, imperceptiblement, sur la pointe des pieds, c’est toi « toute seule » qui appuyait sur le bouton des feux aux carrefours, pour que le petit piéton passe au vert, et nous avec. Tu grandis. Le dernier jour de la crèche est arrivé, et avec lui le premier des vacances. Après, ce sera une autre histoire qu’il reste à écrire, en trempant une plume dans un encrier…

 

 

 

 

 

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Les yeux du temps

16 Juillet 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #littérature

 

SAB 0221 R

                                                       - Col de Lurdé -

 

 

 Je viens d’un temps qui n’aura jamais lieu
Je n’ai d’yeux que pour le temps qui viendra quand il peut
J’attends sans impatience car ce qui doit vient, sous peu,
Soulever les doutes, réchauffer le silence
Je sens que ce qui m’émeut ne dure jamais longtemps
Mais j’y pense à longueur de temps et c’est sans doute mieux
Je veux, je vois, je viens vers ce versant pluvieux
Les vœux au vent, les chevaux dans les yeux
Vive ! Vivement que ! Vivement que
Quelque chose advienne ! Demain

 

Je viens d’un temps qui n’aura jamais lieu
Je n’ai d’yeux que pour le temps qui viendra quand il peut
Je sais que ce qui m’enchante, c’est : « dis-moi ! quand tu veux… »
Je sens que ce qui me met en danger c’est de jouer le jeu
Je prends tout mon temps si ton sang s’échauffe
Je vends du sentiment si tu m’en prêtes un peu
Reste dur, peste sur ce qui te reste
Teste, mord. Geste à tort qui me traverse
Averse bleue. Perce le ciel et ne verse que
Ce que mes vers te laissent. Et berce-le.

 

Je suis né dans un lieu apparu dans longtemps
Je suis le chant des vieux pour les petits-enfants
Je veux, j’entends, je tiens dans mes mains plein de printemps
Des étés, des hivers et des automnes aussi
Etonné, tête le suc par tous les pores
La vie me glisse sur la peau. Je n’ai, dès lors,
Ni Dieu ni maître, ni maîtresse attitrée
A part la nuit qui m’a vu naître et cette nuit-ci
Ci-gît, ci-vint, lui, cet homme en devenir
Devinant ce qu’il est avant de s’endormir

 

Je suis né dans un chant, dans un temple en feu
Sur une planète de trop, sous des cieux moins cléments
Un nanti de la nuit, du jour le paria
J’ai sifflé tout le chaud et je souffle le froid
Triste prêtresse, traîtresse, toi qui as
Si mal tressé nos vies que nos voies sont faussées
Tu verses l’huile sur le feu, sous l’animal blessé
Laisse, cesse, ressens ce présent qui s’offre à moi
Cent fois, et sans faillir, je l’avais pressenti
Dernière danse, presque heureux, il est sans doute temps d’en rire

 

Je viens d’un temps qui n’aura jamais lieu
Et je n’ai d’yeux que pour le temps
Qui viendra

 

 

Zedrine, Que la surface s’apaise


Artiste autogéré. Site : www.zedrine.wordpress.com

 

 

 

SAB 0230 R

                                                            - Cabane de Cézy -

 

 

 

SAB 0228 R

                                                         - Cabane de Cézy -

 

 

 SAB 0242 R

                                            - En route vers le Moule de Jaout -

 

 

 SAB 0238 R

                                                  - Soussouéou -

 

 

 

SAB 0220 R

                                                - Pic de Lurdé -

 

 

 

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Lettre à ma grand-mère qui n’y connaissait pas grand-chose au foot

4 Juillet 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

 

 

 Patrick-Battiston-emmen-sur-civi-re-12-juillet-1982-S-ville

 

 

Chère mamie. Si je prends la plume (le clavier) aujourd’hui, c’est pour te dire, bien des années plus tard, que si tu étais la plus chouette des grands-mères, tu étais une bille en commentaires de foot. Je te parle d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. C’était le 8 juillet 1982, vers 23 heures. Nous étions, avec Arnould, ton mari, mon papi, dans un camping de Vaux-sur-Mer, près de Royan. Il faisait beau, il faisait chaud. J’avais d’ailleurs attrapé un sérieux coup de soleil sur mon torse glabre de jeune garçon d’à peine 9 ans. Un voisin du camping m’avait conseillé de badigeonner ce coup de soleil avec une tomate coupée en deux. Depuis, je recherche activement ce con afin de le poursuivre pour homicide volontaire sur mineur de moins de quinze ans. 

 

Ce soir-là, la France de Platini, Giresse, Tigana, Trésor, Rocheteau etc. jouait la demi-finale de Coupe du monde, à Séville au stade Sanchez Pizjuan. Quelques 70.000 spectateurs ont assisté ce soir là à une véritable tragédie grecque. L’Allemagne s’appelait encore la RFA, car, comme disait Mauriac : « J’aime tellement l’Allemagne que je préfère qu’il y en ait deux. » On ne va pas refaire le match. « L’attentat » d’Harald Schumacher sur Patrick Battiston (traumatisme crânien, deux dents cassées, mâchoire fracturée et aucun carton même pas un petit jaune pour ce boucher teuton). Le match nul à la fin du temps règlementaire. Les prolongations. La France qui mène 3-1. La joie indescriptible d’Alain Giresse après son but (il doit courir encore !). L’entrée en jeu d’un quasi inconnu – pas pour longtemps – Rummenigge, qui va semer la panique dans le camp français. La RFA qui égalise 3-3. La séance de tirs au but homérique. La RFA qui se qualifie in fine pour la finale (qu’elle perdra d’ailleurs 3-0 contre l’Italie). 

 

Chère mamie, j’ai vu ce match dans son intégralité assis sur une table de bar ronde, dans le café-restaurant-épicerie-jeux du camping. L’ambiance y était incroyable, et 32 ans après, je m’en souviens très précisément. Derrière moi, assis, deux énormes prussiens buvaient en silence des chopes de bière à la mesure de leur carrure et de leur tour de taille. Quand la France marquait des buts, j’osais à peine bouger, et pas seulement par crainte de renverser de la bière. C’était ma première expérience de joie toute intérieure. Régulièrement, papi venait voir si j’étais toujours vivant… Et puis il y a eu la fin du match. La défaite injuste, cruelle, le truc de dingue que personne n’aurait pu imaginer avant le coup d’envoi. Alors, comme des milliers (peut-être des millions ?) de gens : j’ai pleuré. Des larmes d’une tristesse infinie, que je n’avais jamais ressentie auparavant à mon âge. Les deux Allemands se sont levés, leur joie était discrète et je leur en suis reconnaissant. L’un d’eux m’a tapé doucement sur l’épaule en signe de compassion, et aussi probablement pour signifier que le sort aurait pu en être autrement. Ou peut-être pour se foutre de ma gueule, qui sait ? 

 

Je suis rentré à l’emplacement où nous avions notre caravane. Je pleurais toujours. Alors tu as eu cette phrase assassine qui a fini de me tuer ce soir-là. Tu m’as dit : « Ah ! Mais tu ne vas quand même pas pleurer pour un match ! » 

 

Si, mamie, si. Justement. Et le pire c’est que ces saligots-là ont remis ça quatre ans plus tard, en 1986 au Mexique, au cours d’un non-match (perdu 2-0) après une autre épique rencontre contre les Brésiliens. Je me souviens d’ailleurs de ta joie – car l’ironie de l’histoire a fait que nous avons vu ce fameux match ensemble, le 21 juin 1986, papi étant décédé quelques mois plus tôt – comme si la leçon du bourbier de Séville avait finalement porté ses fruits. 

Mais pour le 8 juillet 1982 à 23 heures, non, décidément, mamie, je n’arrive pas à te pardonner… 

 

Je t’embrasse du plus loin que tu te trouves désormais. 

Ton petit fils. 

 

 Giresse - Six

 

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