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Le jour. D'après fred sabourin

Casse tête chinois

11 Décembre 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma, #Presse book

 

casse-tete-chinois 3

 

 
Film français de Cédric Klapisch. 1h50. Avec : Romain Duris ; Audrey Tautou ; Cécile de France, Kelly Reilly...


C’est l’histoire de Xavier (Romain Duris), un homme qui court dans sa vie depuis 20 ans. Tout a commencé à Paris puis Barcelone, dans L’Auberge espagnole. Puis le temps s’est accéléré tout en ralentissant sa capacité de décision, dans la vie du trentenaire Xavier, dans Les Poupées russes, à Paris et Saint-Petersbourg. Enfin, on retrouve le même Xavier, jeune quadra aux prises avec ses amis, ses amours, ses emmerdes, enfin bref quoi la vie d’un homme en instance de séparation et soumis à l’ambigüe question de « qui va garder les enfants ? » Qui, et surtout où ? Car c’est à New-York que Cédric Klapisch emmène toute sa bande, Wendy (Kelly Reilly), l’ex mère de leurs deux enfants ayant la bonne idée de vouloir refaire sa vie avec un américain, chez lui, dans un somptueux appartement dominant Central Park. Là bas, comme rien n’est simple avec Xavier (le film s’appelle Casse tête chinois rappelons-le), il retrouvera Isabelle (Cécile de France) sa copine lesbienne cool qu’il connaît depuis son année Erasmus à Barcelone, fera un enfant avec elle par insémination artificielle, devra retrouver du travail, obtenir la nationalité américaine en épousant une chinoise, et, accessoirement, accueillir sa première ex, Martine (Audrey Tautou) venue passer les vacances de Pâques dans la grande pomme avec ses deux enfants (elle est aussi séparé de leur père). Enfin, last but not least, Xavier doit rendre le manuscrit d’un roman qui ressemble étrangement à sa vie de jeune quadra qui aurait, sur le papier, raté sa vie, à la recherche perpétuelle du bonheur, un sujet « chiant, » au dire de son éditeur avec qui il communique via Skype, un Dominique Besnehard au mieux de sa forme.  Si vous avez suivi jusqu’ici ce Casse tête chinois alors restez encore un peu, ça vaut le coup.


Étudiant à la recherche du joyeux bordel qui était bien rangé dans sa vie de jeune adulte ; trentenaire indécis quant à l’idée de s’engager avec une fille ; jeune quadragénaire affrontant les affres du sens donné à sa vie depuis 20 ans, Xavier ressemble à beaucoup de jeunes gens de sa génération, cette fameuse génération née au début des années 70 et qui a 40 ans, justement. Cela étant, en transposant son sujet et toute sa bande à New-York, gravitant dans des milieux socioprofessionnels visiblement favorisés (romancier pour Xavier, Wall Street pour Isabelle, le lobbying des filières bio pour Martine), Cédric Klapisch évite d’avoir traité le même sujet en France. Casse tête chinois aurait été en effet très différent, et on aurait assisté au pathétique naufrage d’un quadra bedonnant, probablement au chômage ou en contrats précaires, empêtré dans un divorce coûteux et obligé de monter dans une grue pour infléchir la décision d’un juge aux affaires familiales sur la garde alternée des enfants, lesquels seraient d’affreux et tyranniques geek accros au téléphone mobile et réseaux sociaux, et il serait endetté à cause d’emprunts à rembourser, bref, pas très glamour. En cela, il faut reconnaître que malgré la crise existentielle de Xavier, Casse tête chinois de Cédric Klapisch parvient quand même à nous faire sourire, un peu.
Malgré une sacré baisse de rythme passée l’heure de film – le départ puis l’arrivée à New York sont bien menés, mais Klapisch et ses personnages peinent à trouver le tempo dans une ville pourtant surexcitée – malgré cette baisse de rythme donc, Casse tête chinois demeure un (assez) bon moment de cinéma. Essentiellement parce que les comédiens semblent encore s’amuser à jouer la destinée d’une génération qui se reconnaîtra forcément à un moment ou un autre du film. New York y contribue d’ailleurs grandement, Klapisch ayant la capacité de donner un rôle à part entière à la ville, comme il l’avait très bien fait avec Barcelone dans L’Auberge espagnole.
Les meilleures choses ont-elles une fin ? Klapisch jure que oui, et qu’il n’y aura pas dans dix ans de Xavier à 50 ans aux prises non plus avec ses ex mais ses enfants devenus à leur tour de jeunes adultes. Cela étant, à voir Romain Duris (Xavier) jouer avec autant de plaisir le papa assumé et assumant (malgré tout le merdier dans lequel il se fourre avec une sorte de délectation pathologique), on aimerait le voir confronté avec le début de la vieillesse, ses problèmes de prostate, la mort de proches peut-être aussi, l’envol de ses enfants hors du nid. Bref, la vie quoi. Celle qui continue, vaille que vaille, comme un Casse tête chinois.


F.S
 

 

Casse tête chinois 1

                                         - "les ex, c'est sexe, c'est sexy" -

 

 

 

Casse-tête-chinois 2

 

 

photos (c) Ce qui me meut.

 

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