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Le jour. D'après fred sabourin

cadrage debordement

Bac 2017, épreuve de philosophie. Sujet : l’honneur

1 Mars 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #cadrage débordement

C’était le 26 janvier dernier, vers 20h10, au journal télévisé de 20 heures de TF1. François Fillon était l’invité, après les révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de sa femme Pénélope du temps où il était député. L’affaire commençait à prendre une sale tournure, les uns poussant des cris d’orfraie, son propre camp médusé. Le candidat vainqueur de la primaire de la droite et du centre François Fillon (L.R.) a alors eu cette sentence : « Il n'y a qu'une seule chose qui m'empêcherait d'être candidat c'est si c'est mon honneur était atteint, si j'étais mis en examen ». Le 15 mars, il y sera, a-t-il été annoncé mercredi 1er mars dans la matinée.

L’honneur… Les jeunes candidats à l’épreuve de philosophie au bac, ou aux concours de l’enseignement (Capes, Agrégation), seraient bien avisés de commencer à bûcher sérieusement ce sujet-là, car il risque bien de tomber. Si les mots ont encore un sens, que signifie désormais celui-ci ? A une époque pas si lointaine – mais qui apparaît comme la préhistoire – l’honneur bafoué d’un homme pouvait se « laver » dès potron-minet, dans un champ, dos à dos et la main sur un pistolet, ou encore dans un duel à l’épée. Malgré les apparences ça n’était pas forcément toujours très élégant, mais ça avait au moins le mérite de la clarté. En mars 2017, le mot serait-il à ce point galvaudé qu’il signifie si peu de chose dans la bouche même d’un ex-chevalier blanc qui se posait en pivot de la probité dans sa marche vers l’Élysée ? « Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen ? » lançait-il en septembre dernier, à l’adresse de l’ex chef de l’Etat Nicolas Sarkozy en campagne pour la primaire de la droite et du centre. Et maintenant, on fait quoi ?

« Qu’est-ce que c’est que cent écus, quand on a l’honneur perdu ? » chantent les scouts dans le pré. Il y a fort à parier que le candidat F. Fillon – ainsi que d’autres avant lui – ait poussé cette chansonnette au clair de lune autour d’un feu de camp. Que dire désormais aux enfants qui demanderont à leurs parents, leurs enseignants, leurs éducateurs : « dis, papa, c’est quoi, l’honneur ? ». Un paradis perdu, peut-être…

F.S.

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Noyé de chagrin

3 Septembre 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement, #Lettres à ...

A ma fille,

Putain c’est pas vrai, le lendemain de la rentrée scolaire – la deuxième pour toi chez les « moyens » que tu attendais depuis… le début des vacances d’été – on nous balance sous le nez cette photo d’Aylan, 3 ou 4 ans, mort noyé sur une plage de Turquie en voulant fuir son pays. Tout le monde (ou presque) est sous le choc. Drame ignoble. Photo qui pourrait, lit-on ici ou là, « faire ouvrir les yeux », etc. etc. Les grands prêtres de la morale sont nombreux à lancer des « y a qu’à » et des « faut qu’on ».

 

Quand j’ai vu cette photo, évidemment, j’ai pensé à toi. Tu as le même âge que lui, pour un peu tu pourrais même être habillée pareil, car tu n’es pas toujours en rose princesse cul-cul comme on pourrait le croire et souvent, on te met des fringues de garçon. J’ai pensé à toi, et j’ai revu immédiatement des scènes de plage – même si on n’y va pas beaucoup parce qu’on préfère la montagne – j’ai revu aussi cette piscine où le week-end dernier avec tes brassards décorés de poissons clowns tu riais aux éclats en pataugeant et en nageant « comme un petit chien ». J’ai revu ta joie d’être en vie, d’être aimée, de n’être pas noyée.

Evidemment j’ai pensé à toi car je me suis dit que s’il t’arrivait un truc comme ça, je serais terrassé de douleur et de chagrin, je crois que je me pèterais les cordes vocales en gueulant ou un truc dans le genre.

Evidemment j’ai pensé à toi parce que l’émotion c’est  quelque chose de normal face à ce genre de photo, mais plus encore face à ce drame, ces drames. Un jour viendra où tu ouvriras un livre d’histoire, au collège ou au lycée, et à la page concernant l’exode des migrants cherchant refuge en Union européenne, il y a fort à parier qu’on verra cette photo, comme on a vu longtemps cette petite fille nue criant de douleur après un bombardement de napalm pendant la guerre du Vietnam. Un jour viendra où tu me demanderas, comme j’ai pu le demander à mes grands parents ou mes parents à l’époque où j’ai découvert certaines des atrocités de l’histoire de notre monde, « mais pourquoi vous n’avez rien fait ? » Et je te ferai la même réponse évasive à la con : « tu sais, c’est un peu plus compliqué que ça »

 

Ma chère enfant je te le dis et c’est écrit comme ça tu pourras me le lancer à la gueule plus tard : je ne sais pas quoi faire face à ça. Je serais tenté de dire « qu’on  déjà tout essayé » mais je ne le dis pas parce que c’est sûrement faux et c’est tellement faux-cul ! C’est réservé à ceux qui sont censés nous gouverner et prendre des décisions mais qui en réalité sont souvent plus préoccupés par leur évasion fiscale (un exemple parmi beaucoup d’autres) que de la vraie misère dans laquelle certains s’enfoncent jours après jours. 

 

Ma fille je ne vais pas m’appesantir d’avantage. J’ai vu cette photo, comme beaucoup d’autres ce jour-là ; je ne te la montrerai pas ce soir en rentrant. Non pour te protéger de quoi que ce soit – après tout, le monde dans lequel tu es entré n’est pas le pays des merveilles il faudra que tu le saches ! J’ai juste peur de ne pas savoir répondre à deux questions que tu aurais le droit de me poser, tes grands yeux bleus plongés dans les miens : pourquoi ? Et : qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

 

Je n’ai pas la réponse, sans doute parce que je suis un peu, moi aussi, noyé de chagrin. Et je t’en demande pardon.  

 

F.S 3 septembre 2015

(c) AFP et agence Dogan (Nilüfer Demir)

(c) AFP et agence Dogan (Nilüfer Demir)

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Fête de la musique, faites du bruit

22 Juin 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

Chère fête de la musique. J’avoue, au début de ta vie, je t’ai beaucoup aimée. Jusqu’au bout de la nuit – la plus longue de l’année – parfois j’ai couru tes nombreux concerts improvisés, tes reprises plus ou moins réussies de Stairway to heaven ou de La Bombe humaine. J’ai parfois vibré d’émotion en entendant des concerts classiques qui n’avaient rien à envier à un orchestre philarmonique. J’ai dansé aussi, avec de parfaites inconnues – qui ne le sont pas toujours restées longtemps – sur des rocks endiablés gueulés par des papis répétant dans leur garage le restant de l’année, et visiblement heureux de prendre l’air. Mais aujourd’hui, après plus de 30 ans d’existence, je dois te l’avouer : je divorce.

 

Ça faisait quelques années que je ne te fréquentais plus que du bout des oreilles et des orteils, le solstice d’été revenu. Parfois la météo m’a bien aidé à rester chez moi, le 21 juin prenant souvent hélas des allures de 21 novembre. Cette année, j’étais bien décidé à retenter le coup, pour voir si, par hasard, tu avais un peu changé, pour le moins évolué. Je n’ai pas été déçu, mais en pire. Chère fête de la musique, dans un centre ville de ville moyenne, lascive bourgeoise endormie sur les bords d’un fleuve réputé sauvage, tu n’es que cacophonie criarde et gueularde, chevauchement de cris et de riffs saturés. De fausses notes à peine assumées, d’œuvres magistrales d’artistes légendaires massacrées par des apprentis musiciens qui sont sortis trop tôt du garage, ou qui ont du manquer quelques répétitions. Mais cela, encore, je peux le pardonner : on ne devient pas musicien en claquant des doigts, alors qu’on peut apprécier le rythme simplement en tapant du pied. J’ai plus de mal à comprendre les « groupes » qui s’installent si près les uns des autres, et dont le gloubi-boulga écrase celui du voisin juste parce que son ampli est réglé plus fort. Et je ne parle pas des « balances » qui permettent de n’entendre que les batteries et quelques lignes de basse, donnant un spectacle assez croquignole de chanteurs sur scène aphones, malgré leurs efforts visibles d’hurler I can get no satisfaction.

 

Mais le pire, chère fête de la musique, est au-delà du bruit : c’est ton odeur qui me met le plus mal à l’aise. Je dois bien te l’avouer même si la politesse élémentaire et la bonne éducation devraient plutôt me laisser silencieux : tu sens l’alcool des bières tièdes et collantes, et la pisse froide le long des murs (conséquence des précédentes). Passe encore sur la transpiration de mes contemporains qui n’ont pas du voir un morceau de savon depuis Pentecôte, mais ton haleine fétide de bière et tes traces d’urine dans les caniveaux de la ville, j’avoue, j’ai du mal. Et comme un malheur ne vient jamais seul, cette soirée là, la plus longue de l’année, est une des trois où le tapage nocturne n’est pas considéré comme un délit (avec le 14 Juillet et la Saint-Sylvestre), aussi les ivrognes de tout le pays peuvent s’en donner à cœur joie jusqu’aux premières lueurs de l’aube, et pisser sans vergogne sur tous les réverbères de la ville. Là, à la bière tiède et l’urine froide, peuvent s’ajouter les effluves de vomit, que ceux qui rendent au travail tôt le matin en parcourant les rues encore fumantes des bacchanales de la veille, doivent éviter, slalomant tel des skieurs urbains, reconnaissant ici un reste de pizza aux quatre fromages mal digérée, là une carbonara trop lourde à porter, plus loin un kébab défraîchi avec ses frites molles et sa sauce barbecue.

 

Je ne nie pas qu’il puisse exister, dans certains recoins de la cité (conservatoire, cour du Château royal, préfecture) des havres de paix où l’on joue « de la musique » en essayant de respecter ceux qui l’ont écrit - et qui bien souvent sont fertilisent les chrysanthèmes depuis fort longtemps - mais aussi ceux qui l’écoutent. Ces bulles d’air presque pur sont si rares, et il faut traverser tant de champs de mines auditifs et olfactifs pour les atteindre qu’on se demande si cela vaut la peine. Rien que pour encourager le bel ouvrage et finir sur une note (de musique) positive, répondons : oui !

Mais pour le reste, chère fête de la musique, je te le dis, ma reprise préférée qu’il me plairait d’ouïr est une chanson bien connue du groupe Téléphone : Je rêvais d’un autre monde

Je t’embrasse, à l’année prochaine, peut-être. Pas sûr. On verra s’il fait beau.

 

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Je te crèche à la face

9 Décembre 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

 

150.000. C’est le nombre – selon l’Insee - de personnes qui vivent aujourd’hui dans la rue en France, pour 100.000 places d’accueil, au chaud, avec un lit et des draps propres. Face à la saturation nationale du 115, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) demande à l’Etat d’ouvrir sans attendre toutes les places d’accueil disponibles. Les listes d’attente s’allongent. Dans certaines villes, les gens appellent le 115 sans qu’on puisse leur proposer de solutions. « 40 % de plus qu’il y a 10 ans », selon Florent Gueguen, directeur général de la Fnars. 1,3 milliards d’euros sont pourtant engagés chaque année pour l’hébergement d’urgence… (Alors que le droit à l’hébergement est un droit reconnu par le Conseil d’État). 


Et pourtant… Ces jours-ci, la polémique tournait autour des crèches dans les lieux publics : mairie, Conseil généraux, etc. Cachez ce sein (pourtant chaste) de la Vierge que je ne saurais voir ! Dehors le Jésus faisant pipi et caca dans ses langes, sous le regard attendri des bergers, et plus tard, de ces immigrés qui se font passer pour des rois mages ! Nom de Zeus bazardez-moi tout ce folklore à la con au nom du dieu laïc, merde ! 


Tiens mais au fait, la crèche… C’est quoi encore cette histoire ? Qu’est-ce que c’est que ce truc de gueux exposé à la face des riches et des puissants ? Et ce mioche ne pouvait-il pas naître ailleurs ? Dans une maternité chauffée avec la télé et 19 chaînes en chambre individuelle comment tout le monde non ? C’est bien la peine d’avoir un père adoptif artisan-commerçant, une mère femme au foyer et un géniteur qui se fait passer pour Dieu le père si c’est pour finir sur la paille ! Non mais c’est vrai quoi, merde. 

Hein ? Comment ? Il n’avait pas de place dans la salle commune ? Ses parents s’étaient fait virer de partout et c’est pour ça qu’il est allé respirer l’air frais du dehors, en poussant son premier cri dehors justement ? Dans une mangeoire ou un creux de roche ? C’est pas vrai… Putain si c’est pas malheureux quand même… 


Alors cachez-moi cette crèche que je ne veux pas voir. Elles rappellent trop aux psycho-rigides de la laïcité qu’ils sont eux-mêmes les premiers figurants du folklore : un âne et un bœuf. Elles rappellent surtout aux riches gavés de tout et surtout d’eux-mêmes ce qu’ils ne veulent pas voir : que cette crèche symbolise les 150.000 sans abris d’aujourd’hui. Pour lesquels « il n’y a pas de solution » autre que de les faire crécher dehors. 


En leur créchant à la face. 

 

 

http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/accueil-des-sans-abris-la-situation-est-catastrophique-en-france-614239

 

 

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Encore une "minute," Monsieur le bourreau !

14 Novembre 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

 

 

Le journal Minute fait sa pub (il doit en avoir bien besoin), le pays est à feu et à sang, les commentateurs commentent, les éditorialistes éditorialisent, les députés s’insurgent à droite comme à gauche, et même au centre – qui sait ? Le racisme est de retour, la parole s’est libérée, au secours ! Les tabous ont sautés, les complexes sont décomplexés. Et voilà que les préfets envoient des notes confidentielles au ministère de l’Intérieur, notes tellement confidentielles en effet qu’elles se retrouvent dans le Figaro grâce à des fuites savamment orchestrées. Les mêmes notes traduisaient - mais qui s’en souvient désormais ? – une « situation insurrectionnelle » lors du précédent quinquennat de qui vous savez, notamment au moment très énervé de la réforme de la carte judiciaire, où les magistrats étaient vent debout mais têtes nues (je veux dire sans bonnet d’une quelconque couleur) et la France, déjà au bord du gouffre. « Ça va mal finir, » pronostiquait même François Léotard dans un petit livre paru chez Grasset et tombé dans l’oubli, lui aussi.


Tout aussi abjectes soient les sorties minables à l’encontre de Mme Christiane Taubira, les professionnels de la politique – entendez par là ceux que vous et moi élisons, peut-être – ont beau jeu de pousser des cris d’orfraies de vierges effarouchées qui se demandent comment tout cela va rentrer. Et Jean-Marc Ayrault de s’émouvoir : « c’est une attaque au cœur de la République. » Les députés lui emboîtent le pas, tous autant qu’ils sont. C’est oublier un peu vite que ces derniers n’ont pas les cuisses propres pour venir donner des leçons de morale et de bon goût à la presse, qui, dans le cas de Minute, n’en n’a probablement pas. Un petit florilège des dernières paroles de bon goût des derniers mois :


Le 9 octobre, c’est le caquetage de poule du député Philippe Le Ray (Morbihan) lors de l’intervention à l’Assemblée de Véronique Massonneau (député écologiste de la Vienne). Condamnation unanime, honte à lui, hystérie collective, sexisme etc. Il en a pris pour son grade pour cette sortie pas drôle et en dessous de la ceinture, au niveau des fesses dont il porte si bien le nom.

En juillet, c’était le marmonnage de Gilles Boudouleix, député maire de Cholet, qui avait dit tout bas face à des gens du voyage qui lui faisaient le salut nazi (ce qui est déjà d’un goût douteux, n’est-ce pas ?) « qu’Hitler n’en avait peut-être pas tué assez pendant la guerre. » Tollé général, condamnation unanime, députés et ministres vent debout, hystérie collective et médiatique. Les vacances d’été et le soleil d'août sont venu effacer tout cela, on est passé à autre chose, comme d'habitude.


Loin de nous l’idée de relativiser la gravité de tous ces propos, nuls, archi nuls et entraînant encore un peu plus le pays dans une spirale mortifère dont on ne voit toujours pas l’issue. Mais il suffit pourtant d’assister à une seule séance du Palais Bourbon pour s’apercevoir du niveau très bas des coups et mots échangés par ceux qui nous représentent. Certes, « c’était encore pire avant, » et citons une nouvelle fois les échanges nauséabonds d’insultes en tous genres de la fameuse IIIe République, allant même jusqu’aux duels ! Nous n’oublierons pas quant à nous, une séance à laquelle nous avons assisté en décembre 2010, où, quand Roselyne Bachelot prit la parole, un député (mais lequel, vu le bordel ambiant digne d’une classe de 4   c’était impossible de la savoir ?) avait gueulé : « ah ! voilà Lady Gaga ! » Nous ne sommes certes pas au niveau des bananes et des guenons, mais les femmes – elles ne sont que 52 pour 497 députés hommes ! – peuvent témoigner de leur calvaire quotidien. On se souvient des sifflets lorsque Cécile Duflot était apparu en robe à fleur, c’était au début du quinquennat  « irréprochable » de Monsieur Hollande, « Moi, Président de la République. » D’ailleurs ces députés et ministres qui fustigent le « retour du racisme en France » peuvent-ils regarder la « couleur » de cette Assemblée dite nationale ? Où sont les blacks ? Ou sont les beurs ? Les « minorités visibles, » comme ils disent, sont… invisibles justement. Manuel Valls lui-même n’avait-il pas dit lors d’une visite d’Evry (la ville dont il était le maire) : «Tu me mets quelques Blancs, quelques white, quelques blancos.» Nous étions en juin 2009 il est vrai. Une éternité. Il y a donc bien longtemps que les complexes ont sautés chez ces hommes blancs aux costumes sombres et cheveux gris : les députés.


Allez, plus que 48 heures et le cirque médiatico-hystérique sera passé à autre chose. Ça tombe bien, vendredi soir, il y a du foot. L’équipe de France joue sa qualification pour le Brésil contre l’Ukraine. L’équipe de France dites-vous ? Non mais vous avez vu la couleur de ces bleus ? Diantre ! C’est un coup à glisser sur une peau de banane en enfilant son bonnet rouge… Et pourtant ce sont à peu près les mêmes qui ont mis toute une France (ou presque) dans les rues un certain soir de juillet 1998. Comment disait-on alors ? Ah oui, c’est ça : « Black, blanc, beur. »

La route est encore longue…

 

PS : Et sinon, pour les Unes dégueulasses, insultantes et dégradantes de Charlie Hebdo, on fait quoi ? 

 

 

FS


 

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Autour du monde, en solitaire, sans escale, sans assistance

22 Novembre 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

 

Ancre




Pendant que Fillé et Copon à tribord rejouent un remake de Pour une poignée de dollars et Règlements de compte à Ok Corral. Pendant que le président normal d’un France qui ne l’est pas moins effectue des virements de bord lof pour lof à babord.  Pendant que des activistes anarcho-syndicalistes tentent de faire barrage de leurs corps pour empêcher les avions de décoller du futur aéroport du premier ministre.
 

 

Pendant ce temps-là, madame, on en oublierait presque l’essentiel, le merveilleux, le fabuleux, l’inhumain pourtant conduit par des humains. À l’heure où nous écrivons ces lignes, quinze marins sont seuls à bord d’un bateau, face à la mer, pour encore presque trois mois. « Un truc de barjot, » comme dit l’un d’entre eux, Jean Le Cam, que les grains et empannages depuis des années ont buriné comment un vieux loup de mer philosophe. Un truc de fou mais nom de Dieu un truc merveilleux ! Le Vendée Globe – c’est son nom – outre qu’il transforme des voiliers de dix huit mètres de long en prospectus publicitaires autour du monde, est quand même une formidable aventure humaine dont beaucoup, je dis bien beaucoup de têtes pensantes qui nous gouvernent, ou tentent de le faire, devraient s’inspirer. Et puisqu’il est facile de donner des leçons de morale sans se les appliquer à soi-même, je me mets dedans tant qu’on y est.
 

 

Marins solitaires, sans escale, sans assistance (ou presque…), marins autour du monde : je vous admire, du plus profond de mes tripes. Chaque matin – ou c’est tout comme – je vais écouter sur le site Internet la vacation de la veille. Vos voix pas encore tout à fait du bout du monde mais déjà plus de chez nous*, sont merveilleuses à entendre. Pas pour la prouesse technique que représente désormais le simple fait de pouvoir dialoguer avec un mec tout seul sur son bateau au milieu de l’Océan (la qualité technique des dites vacations est d’ailleurs souvent assez aléatoire). Non, ce qui m’impressionne, c’est votre chaleur, votre enthousiasme, votre passion, même quand vous n’avez dormi que quelques dizaines de minutes ou quelques heures d’affilées. Vous semblez inattaquables dans la passion et l’aventure qui vous animent. Chaque difficulté est expliquée avec humour, souvent, et bon sens, à chaque fois. On vous croirait fatalistes, mais non, sans doute la dure, très dure réalité de la course qui s’apparente plutôt à du réalisme, à une folie de risques calculés mais sans cesse remis en jeu par la mer, qui « dans son grand duel est la plus forte. » J’ose le dire, même quand vous en chiez, on a l’impression que vous prenez quand même votre pied. Et bordel de moine que votre enthousiasme est communicatif ! Le temps d’une vacation, qui dure deux ou trois minutes – et il peut s’en passer des choses pendant ce temps-là en mer ! – vous expliquez ce qui se passe, ce qui va peut-être se passer, sans en dire trop de votre tactique car les autres concurrents écoutent. Pour tout cela et bien plus encore : merci. « Les marins font des rêves que les ports assassinent, » écrivait Bernard Giraudeau. Je rêve avec vous, moi qui ne suis pas marin, tout juste montagnard, mais la force des éléments et notre petitesse face à elle nous relient, j’ai la faiblesse de le croire.
 

 

 

Il y a quatre ans, j’étais à l’antenne tous les matins entre 6h30 et 9h dans une radio sise à Lyon qui ensuite m’a vidée. Je n’oublierai cependant jamais que c’est derrière ce micro que j’ai vécu mon plus beau souvenir radiophonique. Le 31 décembre 2008, à 7h du matin, j’avais rendez-vous – et les auditeurs aussi – avec Michel Desjoyaux, qui roulait à cette époque-là à l’approche du Cap Horn, entre les glaçons et dans des creux infernaux. Il était en tête de la course qu’il allait remporter quelques semaines plus tard. L’attachée de presse, la veille, m’avait prévenue : « Il vous appellera, à 7h, je vous le garanti. Seule la mer et le boulot peuvent en décider autrement. » Franchement je me demandais ce qui allait ce passer… et pour tout dire je restais prudent, refusant de m’emballer trop tôt. A 7h, on attaque le flash avec mon copain Michel le journaliste ce matin-là. A 7h02, je vois Benoît le technicien-réalisateur qui me fait des grands gestes derrière sa vitre : c’était Desjoyaux qui appelait. Nous avons interrompu le flash, et j’ai dit : « Nous sommes en direct avec Michel Desjoyaux sur Foncia, qui se trouve actuellement à l’approche du Cap Horn. Bonjour Michel, comment ça va ? » Deux secondes de blanc (le temps pour le satellite de faire son job), et, du bout du monde, en pleine mer, balloté par l’enfer, nous avons entendu la voix du marin solitaire, sans escale et sans assistance, nous dire : « Ben ça va bien, et vous ? »
J’en ai encore des frissons…

Et aujourd’hui, pourquoi, mais bon Dieu pourquoi ne parle-t-on pas (ou si peu) de ces hommes d’une valeur inestimable, ces « barjots » seuls sur leurs bateaux face à la mer, et dont le vainqueur empochera à peine un demi-mois de salaire d’un footballeur de Ligue 1 ?
 

 

Marins du bout du monde, il vous tarde sans doute un peu de retrouver le port, la famille, les amis, des draps, des slips et des chaussettes propres et secs… Pas moi : chaque jour, vous êtes ma part de rêve qui mourra assassinée en arrivant à quai, aux Sables, l’année prochaine… 

 

 

* à l'heure où ce billet est posté, les premiers viennent de passer l'équateur...

 

 

 

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L'ordre noir

16 Janvier 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

 

 

SAB 1094 R

 

 

Avec les fachos, comme si vous y étiez.

 

Le hasard et la coïncidence ont fait que ce samedi-là, j’étais à Lyon. A la une du journal Le Progrès deux manifestations à haut risque sont annoncées : les jeunesses nationalistes d’une part et les anti-extrême droite d’autre part. Le journal précise, plan de la ville à l’appui, qu’ils auront deux parcours et des horaires très différents, pour éviter qu’ils ne se croisent, et que 350 policiers seront à pied d’œuvre pour éviter tout débordement. Je me tâte. Le mieux serait d’éviter la presqu’île, vu le bordel que ça va être (en plus ce sont les soldes). Mais une irrépressible curiosité me pousse à aller voir du côté des fachos, alerté au printemps par un article du site d’infos Rue 89 sur le renouveau des identitaires et nationalistes de tout poil, principalement actifs dans le quartier Saint-Jean du Vieux Lyon. Ayant habité récemment la cité des gones, je me demande à quoi cela ressemble. Je ne serai pas déçu, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi.

 

 

SAB 1101 R

 

 

 

A 15 heures, je suis place Carnot, près de la gare de Perrache, où est fixé le début de la manif. Il fait froid. Là se rassemblent les sympathisants de la cause nationaliste, sous la bannière « Jeunesses nationalistes. Une mission : combattre. Un devoir : vaincre. L’action sans concession.» Tout un programme… De (très) jeunes hommes – mais aussi quelques rares filles – habillés de noir (blousons de cuir, pantalons à poches, lunettes noires, gants de cuir, chaussures à l’image du reste), crânes rasés pour la plupart, casquettes sombres pour d’autres (pour ne pas être reconnus), certains arborant un tee-shirt, noir lui aussi, frappé d’un aigle les ailes déployées. L’ambiance est silencieuse, presque recueillie. Un service d’ordre, reconnaissable aux casquettes bleues marine et aux brassards oranges, veille. La police est là, les renseignements généraux aussi, les talkies-walkies crachotent des informations concernant l’autre manif, partie de la Guillotière une heure plus tôt et dans le sens inverse. Près d’un banc, une sorte de stand où l’on peut acheter le fameux tee-shirt noir, que les jeunes enfilent par-dessus leurs cuirs sombres, et des croix, blanches. « Pourquoi ces croix ? » demandais-je à l’un de ces nationalistes en tenue de deuil. « Il y en a 78, une pour chaque soldat tué en Afghanistan depuis le début du conflit, cette manifestation est pour leur rendre hommage et demander le retrait des troupes de là bas, où ils n’ont rien à faire. » L’instrumentalisation a déjà commencée. Le discours est bien rôdé, ça sort tout seul. J’essaie d’en interroger un autre qui me renvoie dans mes 22 : « Vous allez déformer mes propos, alors non. » Okay.

 

 

 SAB 1096 R

 

 

 

15h30 précises, le cortège s’élance, drapeaux français et du groupe Occident flottant au vent, banderole en tête de manif : « Afghanistan, honneur à ceux qui sont tombés, honte à ceux qui les ont fait tuer. » Et déjà, les premiers slogans fusent, repris en chœur par les jeunes. Florilège.

 

« Aujourd’hui l’anarchie, demain l’ordre nouveau »
« Afghanistan, plus de sang »
« Europe, jeunesse, révo-lu-tion »
« Bleu, blanc, rouge : la France aux Français »
« Ni droite, ni gauche : nationalistes »
« Nos soldats en France, pas pour la finance »
Et à l’arrivée quartier Saint-Jean, devant la primatiale : « On est chez nous, on est chez nous ! »

 

 

Si vous avez lu jusqu’ici restez encore un peu…

 

 

 

SAB 1180 R

 


 

Le trajet est court, longe à contre courant la Saône par les quais, passant sous l’église Saint-Georges, puis tourne vers le Vieux Lyon pour stopper devant la primatiale Saint-Jean. Sur le trajet, sous haute escorte policière et Cé air esse, les badeaux regardent médusés cet étrange cortège, le visage interrogatif, souvent interdit, stupéfait, et souvent dégoûté. Seul point positif, si je puis dire : le faible nombre de ces combattants de l’ordre noir : environ 250. A leur tête, un conseiller régional exclu du F haine (pour avoir été reconnu sur une photo faisant le salut nazi), d’anciens membres du même parti exclus eux aussi, quelques vieux dignitaires locaux plus dignes du tout.
Arrivés sur le parvis de la primatiale, un riverain a le courage d’ouvrir sa fenêtre et leur crie : « Bleu, blanc rouge, c’est pour ça que vous êtes tous noirs ? Comme la mort ! » Il se fait copieusement huer. Un chien de combat aboie, on n’a pas envie d’aller lui caresser le crâne… 
 

 

SAB 1209 R

 

 

 

Puis viennent quelques discours, dont celui d'un conseiller municipal de Vénissieux (exclu lui aussi du F haine pour s’être déclaré « antisioniste, antisémite, antijuif ») dont je n’ai pas besoin de décrire le contenu : « Israël, cette verrue qui doit disparaître. » Puis le conseiller régional Rhône-Alpes termine en citant « Le plus grand militaire français, le Maréchal Pétain : Courage, on les aura ! » Les jeunes nationalistes entonnent le chant des Lansquenets (en chantant faux). La dispersion « dans le calme » est demandée.

 

Un membre du service d’ordre à casquette, qui cache son visage derrière la visière, s’approche et me demande pourquoi j’ai pris des photos, si je suis journaliste, pour quel média je travaille et si j’ai une carte de presse. Il tient à la main un parapluie noir dont il manque la poignée, mais pas le bout pointu. Je lui réponds que je suis là depuis le début, que oui, je suis journaliste et que non, je ne lui montrerai pas ma carte, que j’ai pourtant dans ma poche gauche sous ma main. Je lui dis aussi que depuis la place Carnot, lui et ses acolytes ont été photographiés des milliers de fois et pas seulement par des journalistes, les passants ayant brandi leurs téléphones portables pour immortaliser cet après-midi champêtre et pacifique. Il tourne les talons, visiblement peu satisfait de ma réponse, et j’en ai sincèrement rien à foutre. Ni de lui ni des autres d’ailleurs. J’ai la tête qui tourne, et en rentrant je n’espère qu’une chose : que ce soit le froid qui m’ai rendu malade plutôt que cette démonstration minable d’un ordre noir qui n’est pas, hélas, dans les oubliettes de l’histoire…

 

 

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 (c) F.S. Lyon. Janvier 2012

Photos réalisées sans trucages...

 

 

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Ordure ?

23 Décembre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

 

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"Noël, Nouvel an, No futur"

 

(inspirée par un autre blogueur persifleur, merci à lui).

Pour le reste, vivement l'année prochaine, qu'on passe à autre chose. Si c'est encore possible...  

 

 

 

 

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Contrôle des billets svp

17 Mai 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

SAB 7616 R

                                                    - Voleur ! -

 

 

Ce qui changerait peut-être un peu la face du monde, c’est que la direction de la communication de SNCF ne se foute pas trop de la gueule du client (ex-usager, ex-ex-voyageur). En effet, voyager sans billet n’est pas si grave que ça, surtout à l’aune de la faiblesse du service rendu. Ca serait même une manière de se faire justice et "veuillez m'excuser pour la gêne occasionnée". Ce qui est plus grave, ce sont les retards répétés, voire les annulations de train à la dernière minute etc. Quiconque a déjà emprunté (ou plutôt payé) la ligne Rouen – Paris le sait bien. Ce qui est grave, si l’on peut dire, c’est de culpabiliser les clients (ex-usagers, ex-ex-voyageurs) avec des petits autocollants à la con découverts par surprise. Franchement, une prise électrique à 20 millions d’euros, c’est un peu cher, non, pour des trains roulant… à l’électricité ?
Je ne sais pas si on a tous à y perdre, mais pour ce qui est de l’action de la SNCF, ce jour-là, pas l’ombre d’un contrôle ni à l’aller ni au retour entre Blois et Paris. Ça n’encourage pas l’honnêteté.

En vrac :

Trente heures de garde à vue pour DSK, qui sort menotté entre deux molosses, les yeux visiblement fatigués mais la chemise propre. Heureusement qu’il avait pris une douche avant de quitter précipitamment sa suite à 3000 $ ! Tous les gardés à vue n’ont pas cette chance. Avec un déo-bille 48h d’efficacité, il devait être encore frais, notre ex-futur candidat à la candidature.

Carla est enceinte, c’est officieusement officiel. Quand l’un perd sa moral à gauche, un autre essaie de se la racheter. Qui sera dupe ? Pas grand monde, surtout pas les reconduits à la frontière (ou menacés de l’être), ni les chômeurs, de petite, moyenne ou longue durée, ni tout le reste du bordel installé depuis 2007 et même avant. D’ailleurs personne ne pose la seule vraie question à se poser dans cette love story à la française : est-il sûr d’être le père ? Si sa courbe érectile suit de près celle de sa popularité dans les sondages, c’est très peu probable.
Et dire qu’on ne va entendre parler que de ça pendant 6 mois !

Je propose deux prénoms : si c’est un garçon, Dominique. Si c’est une fille : Marine.

 

DSK : conseillé et quasiment imposé au Aiffe aime i par le petit Nicolas. Encore une belle preuve de "discernement"...

 

On cherche toujours le père de Zora Dati. Peut-être pourrait-on regarder l'agenda de Dominique et Rachida ?  

 

 

 

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                                                        - Sur la ligne -


SAB 7630 R

                                                          - Barcelone à Paris -


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D'aussi loin que je me souvienne *

6 Mai 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #cadrage débordement

 

 

 

 

SAB 7537 R

                                                        - Des Suisses à Versailles -

 

 

 

  En février 2006, un vendredi hivernal où je m’emmerdais dans une cure du fond de la province, j’ai ouvert ce blog. Ce jour-là, je m’en souviens, je me promettais en jurant les grands dieux que je n’y emploierai jamais le ‘je’. C’est raté. Après avoir beaucoup utilisé le ‘on’, j’ai fini par verser, moi aussi, dans cette hypertrophie du nombril. Ça m’emmerde, mais je n’y peux rien.
Au départ – peu s’en souviennent car je le tenais secret – j’y mettais peu de photos personnelles. Et pour cause : je n’avais pas d’appareil numérique. Il y avait donc surtout des textes, et les quelques images qu’on y trouvait étaient glanées ça et là sur le net, ou bien scannées, puis enfin avec un numérique prêté par la rédaction d’un journal appartenant à un groupe de presse – ironie de l’histoire – qui m’emploie aujourd’hui, après bien des vicissitudes. En juillet 2006, à l’occasion d’un faux vrai-départ (mais départ quand même) dans mes anciennes fonctions, « on » m’a offert un bridge Kodak, une sorte d’appareil à mi chemin entre le compact et le réflex numérique. Sans vouloir faire de calembours à deux francs, ça été un déclic. Ce joujou a surtout coïncidé avec un mémorable voyage en Inde, à partir duquel j’ai rendu public ce blog, « Le jour d’après… » Là il y a un jeu de mot à deux balles, il faut lire : « Le jour, d’après moi, est comme ci ou comme ça. » (rien à voir donc avec le film catastrophe écolo-bobo-américano à la con, où l’on voit la statue de la liberté prise dans les glaces nou yorkaise…).
Puis vint une traversée du désert, un long hiver parisien avant d’échouer sur les terres normandes, à la recherche du temps et des amours perdus ("qui jamais ne reviennent, sous le pont Mirabeau", etc.). A la recherche aussi d’un travail. Ce blog a servi de catharsis, en textes et en photos, prenant peu à peu de l’épaisseur, rencontrant un public de têtes connues ou inconnues. Les terres normandes sont belles, mais humides parfois, le blogueur est ensuite allé se sécher aux vents de la vallée du Rhône, du côté de Lyon, puis de Privas, puis de nouveau Lyon. Avant de ré-échouer en terres normandes, à Rouen. Seine, Rhône, re-Seine, et Loire, désormais. Ne manque plus que la Garonne, fleuve amour dont je ne cesse de caresser « le rêve étrange et pénétrant. »

Je ne sais pas si ce blog atteint quelconques objectifs, on m’a souvent demandé pourquoi je faisais ça, certains - et certaines - considèrent à tort et à raison que je m’y raconte plus que dans la vraie vie, d’autres y ont lus des pages et observé des photos en simples passants, voyageurs virtuels ou bien réels du temps présent, et jadis. A vraie dire, pourquoi j’ai fait et je fais tout cela m’importe peu. Je ne cherche pas d’explication, et je supporte assez peu qu’on en cherche à ma place : ce blog existe, et c’est tout. J’y mets des textes, colle des photos que j’espère belles, d’abord parce que j’aime ça. Point. Dans des entretiens d’embauche pour des boulots de journaliste, j’ai souvent conseillé d’aller voir ce blog, comme étant ma carte de visite en quelque sorte (dans le métier on dit un presse book ; non, pas un fesse book, un presse book !). Peu, je crois, y sont allé voir réellement. D’autres ont dû trop y aller, et voyant la plume trop libre et indépendante signe d’un caractère identique, ont préféré reculer. Qu’ils aillent au diable, à moins que ce dernier ne les habite déjà. Un seul (employeur) y est allé vraiment. Il a été touché par le texte On va "fluncher" !  Cet homme-là m’a embauché. Il a du sang sous les ongles. Ceux dont je parlais dans ce texte les avaient noirs. L’un d’entre eux est mort. (Mort dans l'après midi )

Aujourd’hui, à l’heure tardive de la nuit où j’écris ces lignes, des bouleversements profonds envahissent la vie pépère que j’essaie de construire jour après jours. J’ignore si ces bouleversements sont pour un bien ou un mal. J’ignore même si je serai capable des les accepter, de les tenir, de supporter. J’ignore tout, finalement. Le livre que je préparais depuis un an et demi est sorti, c’est ma fierté. Il évoque les Pyrénées et l'histoire, deux mamelles auxquelles je m’abreuve sans cesse d’un lait délicieux, avec gourmandise et passion. Et ça n’est pas près de s’arrêter. Un autre livre est en gestation. Plus intime. Il dira l’itinéraire peu commun d’un ecclésiastique qui le fut, puis qui ne le fut plus. Comme il vécu, comment il est mort. Rien d’un brulot à charge, juste un livre.
En attendant, je continue d’écrire mes soliloques, le nez au vent, la tête dans les nuages et les pieds dans la glaise, appareil photo en bandoulière (ce n’est plus un bridge Kodak mais un puissant Nikon, on s’embourgeoise). Hier là bas, ici aujourd’hui, demain où ? Nul ne le sait. Même pas l’auteur. Et je m’en fiche complètement.

 

 

* J’emprunte le titre au formidable récit de Vincent Flamand : D’aussi loin que je me souvienne, il s’est toujours levé tôt. Editions de l'Aube.  


 

IMGP1473 R                                                        - Babylone blues -

 

 

 

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