Sylvain Tesson, Les Chemins noirs
Le dernier livre de Sylvain Tesson entraine le lecteur sur des chemins jusqu’ici inconnus – ou presque – de l’écrivain voyageur baroudeur, plus adepte des grandes steppes asiatiques ou des bords du lac Baïkal en Sibérie. De la frontière italienne au Cotentin, en passant par le Massif-Central, les Marches et la Touraine, cette singulière randonnée thérapeutique n’emprunte jamais, ou presque, le goudron des routes. Une « épopée » qu’il décrit avec le style qu’on lui connait, et une part de sincérité jusqu’alors bien cachée.
Et dire qu’il aura fallu cette chute malheureuse d’un toit chez son ami Jean-Christophe Rufin en août 2014 pour que Sylvain Tesson devienne enfin lui-même ! Huit mètres de vide depuis la gouttière de cette maison savoyarde, pari idiot après un déjeuner bien arrosé – comme il se doit avec le plus russophile écrivain baroudeur – qui l’a conduit directement sur un lit d’hôpital pendant un an. D’abord complètement paralysé, il retrouve ensuite une partie de l’usage de son corps (la moitié à peu près, tout en perdant un œil et une oreille dans la bataille) qu’il a si souvent mise à rude épreuve : « Je regretterais longtemps cette chute parce que je disposais jusqu’alors d’une machine physique qui m’autorisait à vivre en surchauffe », dit-il avec lucidité au début de Sur les Chemins noirs, sorti chez Gallimard en septembre dernier.
« Corseté dans un lit, je m’étais dit à voix presque haute : si je m’en sors, je traverse la France à pied. Je m’étais vu sur les chemins de pierre ! J’avais rêvé aux bivouacs, je m’étais imaginé fendre les herbes d’un pas de chemineau. Le rêve s’évanouissait toujours quand la porte s’ouvrait : c’était l’heure de la compote». Un médecin lui avait dit : « L’été prochain, vous pourrez séjourner dans un centre de rééducation ». C’en était trop pour celui qui a toujours préféré le confort relatif et sommaire des bivouacs improvisés sous un arbre ou au bord d’une falaise que dans les draps secs et propres d’un palace moscovite.
Pari tenu, et le jour de la saint Barthélémy 2015 (le 24 août) le voici qui s’élance, à pas lents, de la frontière italienne au bord du Mercantour, avec pour obsession le nord et le Cotentin, « ce bras que tendait la France sous le ciel pour s’apercevoir qu’il pleuvait », jusqu’au cap de la Hague. Entre les deux : deux mois et demi de marche à travers la France « hyper-rurale » comme le décrit un rapport dédié à cette France enclavée, ignorée, oubliée. « Loin des routes, il existe une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée de l’aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie ».
Commence alors pour lui cette lente remontée, tantôt en solitaire, tantôt accompagné d’amis taillés dans le même bois que lui, plus habitués aussi à planter leur sac et bivouac entre Oulan-Bator et Valparaiso, à prendre des bitures à la vodka au fin fond de cabanes sibériennes par moins trente degré dehors (mais quarante degrés dans la bouteille…). « Les médecins, dans leur vocabulaire d’agents du Politburo, recommandait de se rééduquer. Se rééduquer ? Cela commençait par ficher le camp ».
Il en ressort un livre singulier – c’est quand même à chaque fois sa marque de fabrique – où l’on retrouve tout de même le « style Tesson », fait d’observations et de descriptions imagées de ce qu’il voit, entend, ressent, rencontre. Mais aussi un livre profond et teinté de la sincérité qui lui a peut-être manquée jusqu’ici, excepté Dans les forêts de Sibérie où il racontait ses six mois d’hiver passés dans une cabane au bord du Lac Baïkal gelé en 2010, jusqu’à la fonte des glaces et neiges. On l’avait senti proche de la corde sensible, ce qui manquait jusqu’alors à cette « machine » baroudeuse aux limites permanentes de l’exploit et de la satisfaction de l’ego.
Est-ce parce quelques mois avant sa funeste chute sa mère était morte, « comme elle avait vécu, faisant faux bond, et moi, pris de boisson, je m’étais cassé la gueule d’un toit où je faisais le pitre » ? Peut-être. Sans doute. Très probablement. « J’étais tombé du rebord de la nuit, m’étais écrasé sur la terre ». Nous y voilà. A force de l’avoir arpentée en tous sens – y compris les plus improbables et extraordinaires – Sylvain Tesson avait peut-être oublié, ou feint de l’ignorer, que le corps d’un homme contient aussi un cœur. Avant et après Sur les Chemins noirs, il n’est plus tout à fait le même. On s’en doutait, mais il y a mieux : désormais, il le dit, et l’écrit.
F.S.
Sur les Chemins noirs, Sylvain Tesson. Gallimard septembre 2016.
Épinay-sur-Seine, traveling arrière de 46 ans
Lettre 643. Carte postale, La Marseillaise, Rude, Arc de triomphe. Vendredi 11 juin 1971.
Le chant du départ !... pour Épinay-sur-Seine ; où commence ce matin le congrès socialiste dont je pense, tu le sais, qu’il peut changer toute la politique française. J’arrive au centre Léo-Lagrange vers 11 heures… et j’y reste toute la journée, sauf déjeuner chez Hovanian à Saint-Germain. Il fait un froid de loup. (…)
Lettre 644. Carte postale. L’Absinthe, Degas. Au dos : deux congressistes socialistes dans un café d’Épinay. Samedi 12 juin 1971.
Le congrès. J’y vis assidûment. Assis parmi les délégués de la Nièvre je ne quitte pas ma chaise. Il me faut éviter l’agitation et les épuisants conciliabules avec les journalistes. Le débat se fixe sur le mode de scrutin pour l’élection au comité directeur. La proportionnelle intégrale est votée, rebondissement stupéfiant qui nous sauve. Le soir dans mon hôtel de Montmorency, L’Orée du bois, je rencontre les minorités (Defferre, CERES, Mauroy, CIR) et nous convenons d’unir nos suffrages. Mais comment faire pour le texte d’orientation politique, avec nos contradictions ?
Il est tard, 3 heures, je reste à l’hôtel et me couche, épuisé.
Étrange chambre presque vide avec deux lits étroits et une fenêtre sans volets ni rideaux. Le soleil me frappe et plein visage et me réveille à 6 heures. Je change de lit. Il me rattrape. Je rechange de lit. 7h45. Lever. Il me faut parler et convaincre 1000 délégués en trente-cinq minutes trois heures plus tard !
Lettre 645. Carte postale, peinture de Moser. Dimanche 13 juin 1971.
Mon discours lie et emporte le congrès. Mouvement d’une rare intensité. J’étais pourtant très fatigué. À peine dans l’action tout est devenu facile. (…) 91.000 votants. Ma motion distance l’autre de 2.200 voix.
C’est gagné. Donc, les difficultés commencent. Je rentre à 2 heures. Envie de penser à autre chose. De l’eau qui descend en torrent sur la roche. Du ciel profond. Toi près de moi, marchant parmi les herbes-fleurs de juin. Ton beau regard vert. Et la passion, le plaisir, la paix d’un après-midi de bonheur. Cette carte postale exprime (oh !art abstrait !) ma journée.
François Mitterrand, Lettres à Anne. 1962-1995. Gallimard.
Pour qui a sonné le glas ?
Le 22 janvier 2007 mourrait Henri Grouès, alias l'abbé Pierre, infatigable pourfendeur de misère et de pauvreté en ce bas monde. "La route, la parole, le pain" était sa manière d'être, et de faire. Elle était directement inspirée de l'épisode raconté au chapitre 24 de l'évangile selon Luc, la parabole des "pèlerins d'Emmaüs", qui guidé ses pas, toute sa vie. Il en a entrainé pas mal à sa suite, à ses côtés de son vivant, et même au delà. Et encore depuis.
Il s'est trouvé, par hasard, que j'étais à Paris au moment de ses obsèques. J'avais dans tous les sens du terme le derrière entre deux chaises, et la tête dans un désordre indescriptible à cette époque-là. Des paquets de mer submergeaient régulièrement mon bateau, dont le gréement ne ressemblait plus à grand chose. Affalé, j'étais allé sur le parvis de Notre-Dame, avec les autres, ces bonnes trognes de gens cassés par la vie, mais encore debout, malgré le froid et les vents contraires. J'en avait tiré ce "reportage-témoignage" que je vous propose de relire ici. Et là aussi. Ce moment ne m'avait pas seulement ému, il m'avait ragaillardi, aussi.
À ta mémoire, l'abbé ! Toi qui avait dit un jour dans une émission de télé face à Christine Ockrent : "je ne suis pas chargé de convaincre. Je suis chargé de dire".
J’avais dormi dans un hôtel à Châteauroux. Un hôtel à Châteauroux ! (sic)
Le 11 octobre, l’Indre
Les heures passèrent dans les forêts de la zone centrale. Suivre les chemins noirs consistait ici à relier les ilots de la vieille selve gauloise dont il subsistait des récifs heureux. Sous les nefs neigeaient les larmes jaunes. L’air sentait la mousse et le mystère humide. Je croisais des cavaliers, des cervidés, et des chasseurs qu’une science acquise en vue de l’obtention du permis de chasse avait doté de la capacité à ne pas confondre les premiers et les seconds. Entre deux bois, je lançais mes cris d’amour aux vaches et j’obtenais parfois un long meuh en réponse.
A Sainte-Sévère, je lus la presse dans un soleil huileux. Les nouvelles du monde n’étaient pas pires que d’habitude. Après tout, quand Attila avait débarqué avec les Huns sur les rives de la Loire, la situation n’avait pas dû être plus enviable qu’aujourd’hui.
A Ardennes, l’Indre coulait lentement, puissante, tachetée de feuilles d’or. L’automne commençait à couvrir les rivières de motifs léopards. La contemplation du courant me traversait de souvenirs paisibles. Les rivières ont-elles la nostalgie de leur source ?
Je trouvai un bar en sortant du village où je demandais mon bouillon.
- Vous allez où ? dit la patronne.
- A Châteauroux, à pied.
- C’est loin, ne prenez pas de viandox, cela endort.
- Quoi alors ?
- Une bière.
- Pas le droit, dis-je. La médecine.
Et je pensais que j’aurais bien aimé me jeter quelques verres de vin blanc pour sentir grandir en moi un vide amical. Je me serais appuyé au zinc et j’aurais regardé mes pensées prendre corps et devenir des petits personnages de carnaval. J’aurais conversé avec mes voisins de comptoir, ils seraient devenus mes frères de sang puisque notre sang aurait été irrigué des mêmes composants. L’eau minérale et le viandox me privaient de cette fraternité. L’un des buveurs voulut bien me donner un conseil malgré tout :
- Buvez quand même ! Et prenez l’autobus !
Le 12 octobre, dans la Champagne de Châteauroux
J’avais dormi dans un hôtel à Châteauroux. Un hôtel à Châteauroux ! Cette phrase me rappelait vaguement la didascalie d’un vaudeville et la simple évocation de cet épisode me ferait désormais penser que j’étais devenu un bourgeois de Labiche.
A l’aube, mon ami Thomas Goisque arriva à la gare, chargé de son sac, et nous quittâmes la ville sur-le-champ, par les bords de l’Indre, et une enfilade de quartiers vides. (…)
- Mon vieux ! Les temps ont changé, dis-je.
- Pourquoi cela ?
- Dix ans, tous les deux, entre Kaboul et Katmandou, pour finir à Châteauroux : quel désastre !
Sylvain Tesson, Les Chemins noirs. Gallimard 2016.
Lettre 512. Latche, 26 août 1970, 12h15
Encore une étonnante lettre de l'ancien Président de la République, laquelle débute par une très impressionniste description sensitive de l'atmosphère d'une fin août dans les Landes. Jusqu'à ce que survienne, dans ce décor où le lecteur est immédiatement transporté, l'arrivée de la lettre d'Anne Pingeot, qui sourdre telle une source dans ce décor écrasé de "soleil, de ciel bleu et de vent d'été".
Peut-être tel ou tel professeur de lettres aujourd'hui pourrait-il (ou elle ?) faire étudier ce bref passage à ses élèves dans un de ses cours, et les inviter à imaginer pour eux mêmes une telle description - surgissement ?
Notez également, quelques lignes plus bas, cette remarque de F.M sur le devenir de ses lettres. Dans le contexte de leur publication, aujourd'hui, cette réflexion est pour le moins délicieuse...
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"Il fait très beau, très chaud. Le soleil donne aux herbes l’odeur du feu. Tout de même il y a dans l’air un attendrissement de septembre. Une couleur plus vive, ou plutôt, plus riche de nuances, quelque chose qui annonce un déclin. Les mouches bourdonnent comme si elles l’ignoraient mais elles savent. Les asters attirent les papillons bruns, blancs, jaunes tout simples qui s’enivrent jusqu’à tomber soudain de côté. L’alcool des pistils ! A ce moment ta lettre m’arrive. Je la lis. Je suis heureux que tu m’aies écrit et je ne suis pas vexé du tout de ton humeur mont Lozère. Oui je suis un privilégié. Méprise-moi ! Un petit appel en moi me dit que j’ai encore une certaine liberté de m’évader de tout. Mais tu crois que ce petit appel lui aussi est un luxe. Tu ne me fais grâce de rien. Eh bien ! on verra. Cette lettre (la tienne !) est tendre, pas trop. Elle me raconte ton besoin de soleil, de ciel bleu, de vent d’été. Mon amour, seras-tu jalouse de moi ? Moi je le suis de toi, de ton ciel gris, de ton goudron et de tes cheminées. Je suis heureux dans l’univers où tu es.
(...) Pardonne-moi, mon Nannon-comptable, de t’avoir écrit une page, la précédente, sans articulation grammaticale sérieuse. Je parlais en rêvant. Peu importe le style, les que, les de, les infinitifs, les parenthèses en trop. Je sais ce que je veux dire mais je le dis mal. Mes lettres ne sont pas faites pour paraître chez Denoël ! Heureusement ! Je ne pourrais plus rien n’écrire. C’est un brouillon de ce que je sens, qui trouvera un jour son expression. Et cette expression n’a rien à voir avec la littérature".
F. Mitterrand, Lettres à Anne (1962-1995).
La Vallée des loups : "loup, y es-tu ?"
Jean-Michel Bertrand, réalisateur de documentaires et natif des Hautes-Alpes, livre avec La Vallée des loups le fruit de trois ans d’affût dans une vallée qu’il garde secrète où les loups ont établi leur territoire. A force de patience et de chance, il a fini par les voir. La splendeur du paysage est un écrin époustouflant pour ce film qui nous en apprend autant sur le loup que sur l’homme.
« On nous parle toujours du méchant loup mais je ne vois qu’un besogneux, qui met tout en œuvre pour protéger et nourrir ses louveteaux ». Jean-Michel Bertrand, quinquagénaire qui aime bivouaquer dans des lieux improbables mais d’une grande beauté dans ce coin des Hautes-Alpes sauvage et préservé qu’il connaît comme sa poche, donne au milieu de La Vallée des loups une clé de lecture qui taille en pièce la mauvaise réputation d’un animal autant détesté qu’admiré. Un mythe vivant que beaucoup préfèrent mort. Pendant trois ans, à force d’opiniâtreté, de longues heures et surtout de longs jours à l’affût par tous les temps, à l’aide de caméras à vision nocturne, d’une longue vue puis d’une caméra sur pied, cet amoureux de la montagne et de sa faune a attendu. Attendu. Attendu. Comme les loups, il a « marqué » son territoire en urinant partout où il pouvait. Dans une vallée secrète du Champsaur et de Valgaudemar (Massif des Écrins) difficile d’accès et préservée de la présence des hommes, à deux pas (ou presque) du Queyras et du Mercantour où les loups sont revenus d’Italie depuis 25 ans, Jean-Michel Bertrand avait l’intuition qu’ils pouvaient avoir choisi ce territoire pour en faire leur terrain de chasse, de vie et de reproduction. Il ne s’est pas trompé. Après avoir tourné sur place un long-métrage sur les aigles, il est revenu, sans trop savoir si le résultat serait là. Avec lui, le spectateur patiente, se planque sans bouger des jours entiers, voit passer une multitude de cerfs, biches, sangliers, renards, blaireaux, bouquetins, chamois, chouettes, corbeaux, jusqu’au jour où il le voit. C’est son histoire, celle de l’homme qui a vu le loup, une rencontre qui ne peut laisser personne indifférent, « une émotion à son paroxysme, un rêve », dit-il.
Inutile de dire qu’un tel projet a été difficile à produire, malgré le modeste coût (700.000 €). C’est finalement Jean-Pierre Bailly, producteur d’un certain Nicolas Vanier, qui a été convaincre Pathé de faire le film. D’abord seul, Jean-Michel Bertrand a ensuite été rejoint par une assistante à la réalisation, Marie Amigué. Le résultat est saisissant : que ce soient les images de plans larges tournées avec un drone, ou celle, plus intime, des caméras a vision nocturne où l’on voit toutes sortes d’animaux – et de loups ! – La Vallée des loups est un monument érigé à la nature sauvage et à l’un de ses mythes maudit.
Car c’est bien lui le personnage principal. Comme le Dieu de Flaubert, il est d’abord présent partout, visible nulle part ». On le suit à la trace, une trace de loup, naturellement. Petit à petit, Jean-Michel Bertrand se fait accepter des loups, qui le sentent et le voient bien mieux que lui ! L’instinct et le comportement singulier de cet animal au mode de vie sociétal mais aussi solitaire pour certains, a fait le reste. quilibre fragile : tout en étant accepté d’eux, le réalisateur savait que les loups pouvaient décider de changer de territoire d’un instant à l’autre s’ils se sentaient menacés.
On retiendra cette scène où un loup marche légèrement au ralenti, comme en apesanteur tant il ne semble pas toucher le sol mais simplement l’effleurer, les sens à l’affût de la moindre menace. Jean-Michel Bertrand n’a pas seulement vu les loups, vieux rêve d’enfance. Il nous guide et nous invite à danser avec eux, dans un spectacle onirique où le loup est juste un grand. Mais pas méchant.
F.S.
Sur les écrans depuis le 4 janvier 2017 : La Vallée des loups, de Jean-Michel Bertrand. 1h32.
En guise de voeux
"Je vais sortir. Il faut oublier aujourd'hui les vieux chagrins, car l'air est frais et les montagnes sont élevées. Les forêts sont tranquilles comme le cimetière. Cela va m'ôter ma fièvre et je ne serai plus malheureux dorénavant".
Thomas de Quincey. Confessions d'un mangeur d'opium.