mobilis in mobilier
Unique en son genre, le « Lieu Unique » est construit à Nantes sur les ruines encore beurrées de l’usine « Lefèvre Utile », LU pour les amnésiques.
Là, dans un décor fantasque et parfois incongru, l’homme a ré-apprivoisé le lieu du labeur, lieu du beurre, lieu des miettes, bref l’usine où l’ouvrier trimait au turbin en attendant le bal du samedi soir. A cette époque – un âge d’or pour certain, dans cette « nostalgisation » de notre société regrettante et regrettée – les hommes étaient payés à la semaine, buvaient la moitié avant d’arriver chez eux, ne partaient pas ou peu en vacances.
Désormais, le « Lieu Unique » résonne d’expositions, de concerts, de conversations au bar où des jeunes branchés boivent le monde en refaisant des coups, où les plus anciens viennent s’encanailler de cette fraîcheur juvénile, où les quadras aiment y tenir leur meilleur rôle, celui de bo-bo. Les trentenaires, désabusés qu’ils sont, traquent tout ce beau monde en prenant des clichés.
Même le mobilier semble unique, et, pourtant, il a un je-ne-sais-quoi de déjà vu.
Chez soi peut-être ?
Unique, c’est sûr !
rentrée des classes, sortie de cours
Entre les murs
de Laurent Cantet. France, 2008. 128 mn ; 350 copies. Distributeur : Haut et Court. Avec : François Bégaudeau et les élèves du collège Françoise Dolto (Paris 20è).
Impossible de résumer Entre les murs à une histoire de « pétasses ». Les pétasses du collège Dolto, Paris 20è valent-elles celles du lycée Mozart dans le 16è ? Probablement pas, et ce n’est pas la moindre des différences avec La Belle personne de Christophe Honoré sur les écrans à une semaine d’intervalle dont le sujet tourne déjà, faut-il le rappeler, autour de l’adolescence scolaire et ses petits (gros) tracas.
Laurent Cantet, nous avait déjà époustouflé avec une peinture sociale très contemporaine, Ressources Humaines, microcosme d’une entreprise aux prises avec un plan social. Partant du livre témoignage d’un enseignant, François Bégaudeau, il filme au plus près, intime, le huis clos serré et forcé d’un collège, les scènes clés de la vie d’une classe de 4è tout au long de l’année. On pourra faire toutes les lectures possibles de cette tranche de vie. La seule interprétation véritable, peut-être, est celle de Bégaudeau lui même, auteur et acteur de son propre rôle. Nuance et force pour ce prof comédien, véritable taupe de son propre collège. Le tout est plaisant à regarder, même si la tension est toujours forte.
Souvent, il s’agit en effet moins d’essayer de transmettre un savoir (en l’occurrence ici d’enseigner le français et ses subtiles nuances) que de « gérer » les rapports humains entre un groupe (les élèves) et un individu seul face à lui (l’enseignant). Mais ce n’est pas encore assez. A travers ce groupe d’élèves tout à fait dans la norme (insolence, paresse, incompréhension, difficultés scolaires, sociales, familiales, adolescence chamboulée…), ce sont également des individus seuls face à eux mêmes et à l’adulte en devenir que Bégaudeau doit se battre en permanence. On ne peut pas dire qu’il ne ménage pas ses efforts, et apparaît parfois comme l’homme de la situation, notamment dans cette scène où il justifie l’apprentissage de l’imparfait du subjonctif. Le sens de la répartie le tire d’un mauvais pas. Mais celui-ci est souvent dépassé – par trop de solitude ? - allant jusqu’à devenir le "prof copain", tentant vainement de faire comprendre à ces petits jeunes sympathiques mais souvent terriblement immatures les rouages subtils de la démocratie entre un groupe de jeunes, et l’adulte.
Quelle comparaison avec La Belle personne de Ch. Honoré ? Apparemment aucune : là où Honoré adapte librement La Princesse de Clèves (qui devait maîtriser, elle, l’imparfait du subjonctif), montrant les déboires sentimentaux d’adolescents nantis et déjà presque adultes dans une classe de 1ère dans le 16è arrondissement de Paris, Cantet adapte la réalité et ses symptômes. Non sans parti pris au passage, et les partisans d’une culture dite de gauche seront contents. Ils sont condamnés au vieillissement précoce ceci dit, car la question posée par Cantet n’est pas celle du procès du « mamouth », mais celle du langage. Comme dire les choses avec le plus de justesse, sans caricature ni récupération, ni incompréhension, pour éviter d’envenimer les rapports humains déjà tendus au dessus du grill de quelques chaises et d’un tableau noir ?
Et c’est là toute la subtilité de ce fameux mot « pétasse », employé à tort ou à raison par Bégaudeau le prof face à deux élèves. Si elles ne le sont pas, au fond, elles l’étaient sur la forme dans un conseil de classe aux allures surréalistes, où chacun, autorités, parents, profs et élèves, est en réalité dépassé par la situation. Car personne à ce moment là ne trouve le bon langage pour endiguer l’hémorragie. Et faire taire les deux déléguées qui se conduisent comme des pé…
Trop de sang contenu finira par s’écouler, involontairement, un peu plus tard, dans le huis clos retrouvé de la classe, où va se jouer l’avant dernier acte du drame.
Le dernier, nous le laisserons pour ce conseil de discipline, où, si c’est bien le procès d’un élève dont il est question, c’est tout le système qui se condamne lui même. Ou plus justement des individus dans le système.
Il fallait que ces pétasses fussent recadrées à temps pour qu’on évite l’échec. Ou : comment la République de Platon vient clouer au sol les élèves, et, non des moindres, l’enseignant lui même.
Une élève, ultime tentative de faire vivre un langage qui décidément fait beaucoup parler de lui dans Entre les murs, vient fermer le banc à l’approche des vacances scolaires. A la question : « qu’avez-vous appris cette année à l’école ? », l’élève rend compte de sa douloureuse interrogation : « je ne comprends pas ce qu’on fait… dans tous les cours ».
On quitte là le domaine du français dans le texte pour entrer dans celui de la philo et des sentiments. Ce qui pourrait le rapprocher, c’est un point de vue, de La Belle personne de Ch. Honoré.
Mais ce n'est qu'un point de vue.
Louis Garrel & Léa Seydoux dans "La Belle personne" de Christophe Honnoré
Casse-toi, pauv'...
Dans le métro lyonnais. Quatre jeunes sont assis. Adolescents pleine fleur. A vue d’œil, ils peuvent être en 3è. Pas plus. Ils chahutent gentiment, comme on le fait à cet âge. Ils se cherchent, font semblant de se battre, essaie d’agacer l’autre avec des petits coups portés par le plat de la main. L’un d’eux dit soudainement : « je vais te taseriser ». Du nom du fameux pistolet à décharge électrique censé neutraliser les ennemis de la République.
Je me dis que l’objet est rapidement tombé dans leur vocabulaire, dans le domaine public. Ils sont forts ces ados !
Mais il y a mieux – ou pire, c’est selon – quelques secondes après. L’autre jeune répond : « touche-moi pas, tu me salis ». Puis jaillit sans répit : « alors casse-toi, pauv’con ! ». Et ils partent dans un grand éclat de rire.
Voici donc la génération Sarko. Il y a eu la génération Mitterrand (j’en suis) ; la génération Jean-Paul Deux.
Désormais, l’exemple venant d’en haut, il y a la génération du franc-parler.
Merci, Monsieur le Président. Merci.
Bon heureusement il y a le regard bleu hypnotisant de cette jeune fille, détail d’un tableau étonnant qui sera dévoilé… prochainement.
Seize + Vingt-Trois = Trente neuf (chronique non papabile)
Benoît Seize est donc venu, et il est reparti. Entre temps, trois jours aussi denses que différents par leurs discours, les discours sur les discours, les pour, les contre, les positives attitudes laïques, les négatives ; puisqu’il y a du ‘plus’ quelque part, c’est qu’il doit y avoir du ‘moins’ aussi. Des messes en veux-tu en voilà, des évêques aux anges, des pèlerins aussi, un déluge de flotte à Lourdes – c’est une ville d’eau, rappelez-vous – du soleil sur les petits parisiens bc-bg samedi matin aux Invalides (ils habitent « à deux pas » comme on dit dans l’Ouest parisien). Un couvent des Bernardins transformé en étuve pour 650 – ou 700 c’est selon les sources – « intellectuels et personnalités du monde de la culture », dont Anne Roumanov, Didier Barbelivien, Nicoletta (qui n’a pas sorti de nouvel album, ouf !) ou encore Alain Chamfort. Au premier rang, Chirac et Giscard, l’histoire continue, une pile neuve dans le sonotone pour ne rien rater des racines de la culture européenne.
Que n’aura-t-on dit, ou pas dit, sur ce pape allemand, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dont l’intitulé lui-même suffit à comprendre qu’il y a peu de chance de rire en lisant ses oeuvres. Un homme réservé, ne goûtant que parcimonieusement aux joies des foules en délire et encore galvanisées par son illustre prédécesseur, doux et humble de cœur, tradi dans ses liturgies, et même ailleurs mais ça on le savait déjà.
Il y a donc eu deux voyages dans la visite : Paris et Lourdes. Le même homme, mais pas les mêmes objectifs, ni les mêmes rencontres.
Une visite diplomatique à Paris, Sarko en enfant de chœur faisant tourner l’encensoir fumant des braises de la laïcité version « plus ». Carla B. en princesse qu’on ne sort plus, ignorée des médias et du pape par la même occasion : il doit y avoir un problème de divorce-remariage, au moins du côté de Nico. Le discours sur le travail des moines aux racines de la culture européenne : les acteurs de la culture contemporaine ont dû apprécier. Et puis les Invalides, splendeur virginale sous un soleil digne d’Austerlitz, à une portée de canons du musée de l’Armée, où se pressait donc une foule très catho bon teint : beaucoup de poussettes et de mères de familles (très) nombreuses, de pères idoines, de fils et filles en vareuses achetées à Quiberon l’été dernier. L’Eglise métissée, celle des nations, celle de St Paul quoi, n’y était que fort peu visible. La quête a dû en être meilleure.
Et puis Lourdes, surtout, et enfin dirai-je. Lex orandi, lex credendi. L’Eglise célèbre ce qu’elle croit. Là bas, hormis le discours aux évêques où Seize fut « fidèle à lui même » (sic l’un des leurs, académicien), le miracle opéra, une fois encore. Les laïcs qui se crèvent la peau pour palier l’hémorragie du clergé dans les ¾ du pays, c’est-à-dire ailleurs que dans les trois ou quatre grandes métropoles, ont dû cependant se demander si on l’avait prévenu qu’ils existaient. Yves-Marie Congar et ses Jalons pour une théologie du laïcat doit soupirer, là haut. Quant aux divorcés remariés, ils continueront de changer l’eau des fleurs au pied de l’autel, ou coller des affiches sur les panneaux au fond de l’église. C’est une façon d’être proche d’eux.
Mais Lourdes, surtout, ce sont les milliers de sans jambes, ni bras, ni yeux, ni oreilles, ni parole, parfois il manque aussi des choses à l’intérieur, peut-être même sans papiers qui sait ? Ces boiteux, handicapés, malades, pauvres, ignorant jusqu’à la théologie de Thomas d’Aquin ou Augustin ; ces milliers de personnes qui sont tout sauf dans le culte de la performance, du fric facile et de l’outrageuse culture du manager, ces milliers de personnes ont là bas, si loin, dans cette ville si ombrageuse, ténébreuse jusqu’en son ciel capricieux (il peut y neiger le 15 août et sécher par 35° en avril), trouvé comme à chaque fois un réconfort, une écoute, une empathie réelle, une aide physique autant que morale. A la suite de cette bergère qui ne le fut d’ailleurs pas – et tant pis si le culte marial qui s’ouvrit alors était une aubaine pour l’Eglise de la seconde moitié du XIXè siècle mise à mal par la sécularisation et l’anticléricalisme qui régnaient alors – des millions de pauvres et de laissés pour compte, parce que différents jusque dans leurs corps, et donc exclus du grand bal des puissants, trouvent près de cette grotte sombre et humide une existence, une validité, une compréhension, une compassion, en un mot : une dignité. Bernadette, Marie, le Christ : le chemin est tracé.
A Lourdes, B. Seize a réellement rencontré cette Eglise bigarrée, métissée, faite de riches et de pauvres, de malades et de bien portants. Nous n’oserons écrire : « d’en bas », car, comme la laïcité positive (mot malheureux, car elle est par essence positive puisque émancipation), elle pourrait alimenter la thèse d’une Eglise « d’en haut ». Alors que le « Très Haut » n’est visible que dans le « Très Bas », selon le très bel ouvrage de Christian Bobin, qui cite ses sources.
A Lourdes, pour reprendre une expression pour le moins managériale, l’homme est réellement au centre de l’entreprise.
Puissions-nous, quelques heures au moins, nous en rappeler, positivement. En République, tant qu’à faire.
pendant ce temps-là, il neigeait à quasi 2000m d'altitude en Béarn, et l'Ossau en blanchit de joie, revêtant ses habits sacerdotaux pour l'automne précoce. Faut quand même reconnaître qu'il y avait moins de monde qu'aux Invalides et à Lourdes...
Un père avait trois fils
Le plus jeune dit à son père : « achète-moi un polo rayé ». Le second, jumeau du premier, en demanda un aussi. Puis l’aîné poursuivi la mode, avec capuche (genre racaille de la banlieue ouest de Paris).
Vint le tour des frocs. L’été, il se font courts – même en Bretagne – à carreaux ou à fleurs, peu importe, il faut que la nippe plaise, et laisse apparaître le galbe du mollet, et les espadrilles portées en savates. Ce qui, chez les Basques, est une faute de goût inconcevable : l’espadrille doit être enfilée entière, sinon rien. A bien y regarder, ils ont une bonne trogne de Breton. Du coup, on pardonne l’hérésie basque…
Le père, quant à lui, trône fièrement dans son costume de plage bc-bg des vacances, mocassins souples en plus. C’est l’homme, le géniteur, le chef de famille au brushing impeccable. Dans sa poche, il fait tourner fièrement la clé du monospace.
Tout ce beau monde était tellement absorbé par un spectacle niais donné près de la terrasse d’un embarcadère, qu’il aurait pu rater le bateau.
Une chose est certaine : le facteur n’a rien à voir là dedans.
l'invité du blog
Mister B, grand reporter en petites choses, est l’invité du « Jour d’après ». Authentique poète saltimbanque, le plus journaliste des dessinateurs de crobars nous avait fait l’honneur d’être un jour l’invité du « tiroir » (ici : http://letiroir.canalblog.com/). A visiter sans modération. C’est avec un immense plaisir que je lui laisse pour quelques jours la primeur de la ‘une’.
C'est un peu embêtant de se retrouver invité sur un blog photo. Je ne sais pas attraper de bonnes images. Déjà en école de journalisme, mes professeurs regardaient mes reportages photos ou vidéo d'un oeil désespéré. Je ne sais pas cadrer. Je ne sais pas voir dans une machine.
Pourtant, comme beaucoup d'ados, j'ai eu ma période photo. Je m'y suis un peu intéressé. J'ai lu quelques livres, j'ai appris des mots comme ' focale', ' reflex'. Mais, très vite ces bouquins ont pris la poussière. Ca ressemblait trop à des maths pour moi. Je n'aime pas trop quand la technique ' mécanique' se mêle d'art.
Alors bien sur, en bon français moyen, je possède un petit appareil numérique. Et puis j'ai aussi mon Polaroid 600. Je dois l'avouer, je le considère plus comme un objet de décoration délicieusement rétro, que comme un véritable appareil photo.
Pour résumer, je suis un garçon flou, mon petit coeur bat trop fort et mes images sont ratées.
Mais je trouve que le flou a un certain charme. Il ressemble à la radio, il ne montre pas, il donne à voir.
Mes photos flous sont mon impressionnisme.
Festival "Châlon dans la rue"
Et puis parfois avec le flou, il y a quelques divines surprises. Le sujet se transforme en tout autre chose.
Un jour en secouant la lune, j'en ai fait sortir un ange.
Lune floue sur les quais de Saône, Lyon 2006
Mais je ne suis pas à l'aise avec un appareil photo à la main. Même si elle belle, l'image ne parvient jamais à décrire ce que je pense vraiment. Heureusement, j'arrive aussi à écrire flou. Pour cela, j'ai déposé un crayon au pied de mon lit. La nuit, on gribouille parfois quelques phrases dans un demi-sommeil. Le lendemain, on a oublié s'être levé la nuit. Mais un carnet, un post-it ou une enveloppe, laissent un trace de vos pensée floues.
Ce matin au pied de mon lit il y avait ça :
"Merci de me rendre mon coeur dans l'état où tu aurais souhaité le trouver". Mâcon, septembre 2008.
B.
sale temps pour les mouches
L’amanite tue-mouche possède au moins deux avantages : elle est photogénique ; elle indique la présence d’autres champignons, comestibles ceux-là.
Il y avait donc, ce ouikende :
des cèpes, en petite quantité, suffisamment pour une omelette
des marmottes surprises en plein déjeuner
de la pluie, forte et longtemps
une cascade qui doubla de volume
un département inondé (l’Isère)
des myrtilles, groseilles et des framboises
peu de marcheurs et c’est tant mieux
un jeu sur la France avec des rivières & des fleuves
une terrine de Bretagne à l’eau de vie de cidre
un Monbazillac qui défendait son match
du soleil après la pluie
une cabane dans un arbre
des clôtures électriques
le Mont Blanc en point de mire le dimanche
des bergeries abandonnées
un glacier recouvert de neige fraîche (on aurait dit du sucre glace)
un chemin de descente bucolique sous les arbres
une vache légèrement agressive
et voilà
on est bien Loti...
J’aime lire les journaux de la première à la dernière ligne. Tout y passe, même le carnet du jour et les programmes télés. Parfois aussi les annonces.
Dans « La Croix », cet été, comme tous les ans, un florilège de belles feuilles, écrites par des journalistes de talent.
En août, une série « Pèlerinage d’un incroyant en Terre sainte ». Faut oser ça non ? Les imbéciles heureux (et encore !) diront que c’est un journal de culs bénis. Bref.
Le 19 août, place à Pierre Loti. Ecrivain voyageur, qui mit sac à terre à Rochefort, dans l’estuaire de la Charente, parcourut le monde de ses extravagances et de sa plume alerte. De janvier à mai 1894, il chemine d’Egypte au Liban, passant d’un lieu saint à un autre. Il est à la recherche de la foi perdue, et qu’il pense retrouver. Son récit sera publié sous la forme de trois volumes, Le Désert, Jérusalem, la Galilée.
Loti restera trois semaines dans la ville sainte. A Jérusalem, chaque matin, il exigera de la cité qu’elle se livre à lui, chaque matin, elle se refusera. Il aura alors cette phrase énigmatique et superbe :
« La clameur des chiens de Jérusalem, qui la nuit est incessante comme dans toutes les villes turques ; s’entendait à peine d’en bas, du fond de la vallée ; mais ici elle arrive, lointaine, sonore et légère ; des échos sans doute la déplacent, car elle semble partir du haut, tomber du ciel. Et de temps à autre s’y mêle le cri le plus rapproché, l’appel en sourdine d’un oiseau nocturne. Contre l’olivier mon front lassé s’appuie et se frappe. J’attends je ne sais quoi d’infini que je n’espère pas, et rien ne vient à moi, et je reste le cœur fermé, sans même un instant de détente un peu douce, comme au Saint-Sépulcre, le jour de l’arrivée ».
Que celui ou celle qui trouve ce fragment mélancolique et stérile se jette la première pierre. Il n’a rien compris à la créativité d’une plume en pleine re-création.
j'en ai eu un ! mais p... qu'est-ce que c'est pénible à attraper avec un "bridge"...
et le ciel t'aidera !
Dans une rue à Palais (Belle-île en mer).
Cinquante mètres plus loin...
Simple, non ?
Mais en réalité, j'ai remontée la rue dans ce sens-là :
du coup, tout est possible, mais cela change la donne...
quatre saisons, douze photos
D’accord c’est un concept. D’accord aussi, ce n’est pas nouveau, et les impressionnistes les premiers ont inauguré le genre, il y a plus d'un siècle. Qu’à cela ne tienne. Ici, chaque mois, une photo du même endroit, à peu près à la même heure. Quatre saisons. Douze photos. Le temps passe, les paysages restent. Honneur à l’automne de commencer. Voici septembre.