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Le jour. D'après fred sabourin

Cézanne peint

29 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement



Les cyprès, lorsqu’ils sont si près de nous, ont cette touche extravagante de ressembler à des pinceaux rangés sur un quelconque râtelier après peinture.
C’est entêtant, parfois, ces images de pinceaux. Le ciel de gloire, d’un bleu si profond qu’on le croirait d’altitude ; ces oliviers et vignes mélangés ; ce paysage qui n’attend plus qu’un chevalet pour entrer dans l’histoire.
C’est entêtant combien un nom ressort parmi tant d’autres à cet instant précis, puis à celui-là. Voici qu’un autre personnage vient s’inviter.



De la fenêtre où j’observe longuement ce paysage provençal, à une portée de canon de Cassis, mais derrière la colline, je n’entends plus que le frottement du pinceau sur la toile. Le Mistral souffle moins fort qu’hier, et on peut enfin respirer les odeurs de lauriers, de pins, de genévriers, de romarin, de vignes et de roches chauffée à blanc par le soleil qui tombe comme s’il en pleuvait. Le potager exhale des senteurs de tomates, de haricots verts, de courges et de potirons. Le figuier, malgré sa stérilité passagère, respire de ses feuilles âpres l’impatience de rejoindre de ses fruits murs le confiturier aperçu tout à l’heure dans la cuisine fraîche et sombre. Le tilleul, aux feuilles jaunissantes (« c’est déjà septembre » me dit notre logeuse), se rapprochent des tasses aux eaux chaudes d’une fin d’après midi où le soleil ne ménagera pas sa peine.



Reposer les pinceaux et ranger les crayons.
Cézanne peint, Pagnol pagnolise et Giono gionise. Blaise fait du Cendrars. Frédéric souffle Mistral. La vieille joue du flûtiau. Le tout dans une désuétude attendrissante que le citadin néglige, passant pressé de rejoindre le bruit des villes et la fumée des usines.
Ainsi va la vie, à l’ombre de la Sainte-Baume.




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retrouvailles

25 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

Phare des Poulains. Belle-Ile en mer.

C’est un peu comme retrouver un visage aperçu trop brièvement au cours d’une vie. On se souvenait de la voix, mais les détails s’étaient effacés, seuls demeuraient les mots essentiels. Mieux : l’idée. « C’était dans un autre livre, il y avait des photos, je ne sais plus… Ca parlait de Doisneau et Cendrars, une rencontre entre ces deux personnalités, il y avait de belles photos en noir et blanc et des extraits de l’écrivain… »
Rouge de confusion devant le libraire, la scène a été répétée puis finalement on s’est tu. Gardé pour soi la honte de ne pas avoir écrit sur le moment la citation perdue.
Presque oublié, le voilà qui surgit tel un rocher inattendu, une saillie littéraire revenue du diable vauvert. Page 105. Cette fois-ci c’est certain : même le numéro de la page restera dans le souvenir. Pourtant, il s’en est fallu de peu. Pas de rendez-vous fixé avec ce livre, juste la découverte d’une librairie – pardon : un « lieu littéraire »  - aux dires de la libraire elle-même, fière d’en rajouter devant ce qu’elle a sans doute pris pour un bo-bo. Erreur. Je tenais L’Homme foudroyé de Blaise Cendrars en édition poche daté 1965, pour une ridicule pincée d’euros. Les livres de poche des années soixante sentent bon le vieux livre, la tranche est rouge (souvent), et il n’y a pas de quatrième de couverture, stratégie commerciale pour faire acheter (ou rejeter) un livre. Le nom de l’auteur et le titre doit suffire.
Puis vint la lecture, avide. Une histoire de légionnaires d’abord, puis Marseille, les calanques, un lieu pour écrire. Cendrars n’en couchera que trois lignes, dit-il. Et voici pourquoi :

« Un écrivain ne doit jamais s’installer devant un panorama, aussi grandiose soit-il. J’avais oublié cette règle. Comme Saint Jérôme, un écrivain doit travailler dans sa cellule. Tourner le dos. On a une page blanche à noircir. Ecrire est une vue de l’esprit. C’est un travail ingrat qui mène à la solitude. On apprend cela à ses dépens et  aujourd’hui je le remarque. Aujourd’hui je n’ai que faire d’un paysage, j’en ai trop vu !  « Le monde est ma représentation ». L’humanité vit dans la fiction. C’est pourquoi un conquérant veut toujours transformer le monde à son image ».

Voici donc, comme le temps, l’extrait retrouvé. Il ne sera désormais plus perdu. Et il accompagnera, digne, les paysages auxquels il serait pourtant dommage de tourner le dos.
Avant d’écrire, cela s’entend.





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de roche et de glace

15 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne



             Il fallait d’abord passer la frontière, la frontera  comme on dit dans ces contrées aragonaises, puis contourner le massif par une envolée de routes à lacets, de tunnels creusés dans la roche granitique, traverser des pueblo, villages espagnoles où règne une quiétude de fin de siècle, sans que l’on sache vraiment duquel il s’agit.
Puis, enfin, stopper la voiture, sur un parking de cailloux et d’herbe, où nous avons bivouaqué un peu « à l’arrache », car la nuit était déjà noire et le vent bien frais. Enveloppés dans les étoiles, drapés de nuit, nous avons fait des rêves. Des rêves de rochers, d’abord dans le froid du matin puis dans la fournaise de l’après midi. Des rêves de crampons et de piolets. Des rêves de silence où seul le crissement des crampons sur la glace vient troubler l’ordre établi. Ici, la montagne te fait comprendre que tu n’es là que parce qu’elle le veut bien. Elle t’accorde quelques heures de répits sur l’immensité de ses flancs. Elle te fait savoir que tu ne seras jamais complètement chez toi ici. Le paradis pouvant se transformer en enfer en quelques minutes.



Le soleil se lève enfin, et nous avec. Ou plus exactement avant. Le « point du jour » a ceci de fascinant qu’il n’appartient qu’à une poignée d’irréductibles qui ont compris que ces ciels du matin sont bien plus beaux que ceux du soir. L’Occident oxydé par la nostalgie des soleils couchants a oublié la minéralité des petits matins. Se couchant trop tard, l’Homme moderne ne contemple que rarement ce spectacle d’une nature qui s’offre aux lève-tôt.
Café chaud, préparation du sac, ne rien oublier sans trop en prendre : la suite se passe très vite, et à 7h à peine notre marche commence.
Une rapide ascension nous amène à pied d’œuvre, nous dépassons le refuge de la Renclusa, dernière trace de civilisation avant le désert de roche et de glace. Au col du Portillon supérieur, petite brèche ouverte sur la ligne de crête, la bête apparaît dans toute sa splendeur. Le sommet semble proche, mais il faudra encore quelques efforts.
Deux heures au moins de chaos granitiques, de glacier aux reflets bleutés, puis le « pas de Mahomet », passage aérien à quelques mètres du sommet : le plus haut sommet des Pyrénées se mérite, jusqu’au bout.



L’Aneto est désormais sous nos pieds, 3404m de plaisir et de rêve qui deviennent, enfin, réalité.
On ne peut pas aller plus haut au pays de Pyrène.



Photos Marc L  &  Fred S

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Il était une fois...

12 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #regarde-la ma ville

"le Jour d'après..." est l'invité du Tiroir de Monsieur B. La suite, c'est ici : 

                              http://letiroir.canalblog.com/ 

allez-y voir pour voir, c'est un peu comme un échange linguistique. D'ailleurs Monsieur B sera très prochainement l'invité de ce blog. Il parle très bien Anglais, mais ça n'a rien à voir.





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Cargo de nuit

10 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...




Trente-cinq jours sans voir la terre
Pull rayé, mal rasé
On vient de débarquer (cargo de suie)
Trente-cinq jours de galère
Et deux nuits pour se vider
(la nuit, te suis, change de port, cargo de nuit)
J'avance sur ce quai humide
La sueur brûle comme l'acide
L'enfer va commencer (cargo de nuit)
Bière chaude et narguilé
Chez Mario, tout oublier (la nuit te nuit, change de port)




Mais cette machine dans ma tête
Machine sourde et tempête
Mais cette machine dans ma tête
Leitmotiv, nuit secrète
Tatoue mon âme à mon dégoût
(Cargo de nuit)
Lanterne rouge : je guette l'entrée
L'alcool est mon allié
L'amour, il faut payer (cargo d'ennui)
Virée grasse, elle m'entraîne
Vers l'angoisse et la rengaine
(la nuit, d'ennui, change de port)





Mais cette machine dans ma tête
Machine sourde et tempête
Mais cette machine dans ma tête
Leitmotiv, nuit secrète
Tatoue mon âme à mon dégoût
J'ai voulu tout chaviré
Mon espoir s'est échoué
J'en ai marre de ramer
La détresse polluée
L'océan de mes pensées
Et cette machine dans ma tête
Machine sourde et tempête
Et cette machine dans ma tête
Leitmotiv, nuit secrète
Tatoue mon âme à mon dégoût
(cargo de nuit, la nuit, cargo de nuit...)

Axel Bauer


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l'invité de la semaine (4)

9 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

... devient l'invité du week-end...


qui n'est pas forcément celui auquel on pense.
Se méfier des apparences, elles sont trompeuses.
Dévoilement : dimanche.

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l'invité de la semaine (3)

8 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

suite demain.
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l'invité de la semaine (2)

7 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

suite de la devinette...


à demain.
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l'invité de la semaine

6 Août 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

Mais qui est donc cet invité mystère ?


Revenez demain, à suivre...

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