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Le jour. D'après fred sabourin

Automne en Ossau

22 Octobre 2019 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Pic de la Ténèbre -

- Pic de la Ténèbre -

Automne, saison dorée en vallée d'Ossau autour de Laruns ("Laruntz", en Béarnais). Remontée de l'Arriutort (le "ruisseau tordu") jusqu'à la cabane du même nom (1000 mètres en 2 heures). Puis débouché au col de Taillandière sous le Montagnon d'Iseye et son lac en forme de heart. La pluie et le vent ne douche pas complètement nos ardeurs et nous descendons - sous le soleil retrouvé accompagné d'un bel arc-en-ciel - jusqu'à la cabane de Laiterine (1680m) qui nous accueillera pour la nuit, ventée et pluvieuse par intermittence.

Le lendemain matin c'est à la verticale de la cabane de la Cujalat (300 mètres en contrebas) que nous grimpons en sous-bois puis sur une pente herbeuse qui fait bien transpirer, poussés par un méchant petit vent de sud - sud-est agrémenté de quelques pluies. Le débouché sur le Cirque de Besse se nomme le Pène d'Hourque, et la vue est bien belle. Abrité du vent et de la pluie par ce flanc de montagne ossaloise, la descente s'effectue dans le cirque vers le col d'Abet puis celui de Lusque, serpentant en sous-bois jusqu'au Plateau de Lusque avant d'entamer la dernière descente vers Goust, ensoleillé quand nous y arrivâmes. L'ancienne route balisée rouge et jaune (grand tour de l'Ossau) conduit ensuite aux Eaux-Chaudes où nous mettons sac à terre, trempant nos lèvres dans un café chaud bienvenu.

Un crapahute à l'ancienne, à pieds quasiment de bout en bout, virée virile de franche camaraderie, de pâté à l'ail de chez Coudouy et de fromage de brebis Pujalet...

- (c) Marc L. -

- (c) Marc L. -

- Arriutort -

- Arriutort -

Automne en Ossau
Automne en Ossau
Automne en Ossau
Automne en Ossau
- Laiterine, chambre avec vue -

- Laiterine, chambre avec vue -

- Cirque de Besse -

- Cirque de Besse -

Automne en Ossau
- Les Eaux-Chaudes -

- Les Eaux-Chaudes -

- Les Eaux-Chaudes -

- Les Eaux-Chaudes -

- Lou Nouste Henric -

- Lou Nouste Henric -

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Papicha lève le voile sur la liberté chèrement disputée

15 Octobre 2019 , Rédigé par F.S Publié dans #chronique cinéma

Papicha lève le voile sur la liberté chèrement disputée

Le premier long métrage de Mounia Meddour met en scène, sur fond d’Algérie au début de sa plongée dans la décennie noire, l’histoire d’une jeune étudiante de français qui se rêve styliste. Pendant que les murs s’élèvent autour de la liberté de ces Algériennes, elle invente avec insolence, énergie farouche et une bonne dose d’inconscience, une vie où les étoffes habilleraient les « papichas », les jolies jeunes filles algéroises.

- Lyna Khoudri -

- Lyna Khoudri -

« Couvre-toi avant qu’un linceul ne le fasse ! » intime l’ordre des milices islamistes sur des affiches collées sur les murs d’Alger. Nedjma, étudiante habitant la cité universitaire, rêve de devenir styliste, autant dire que ça n’est guère dans le vent du climat ambiant plus enclin à élever des murs et voiler les femmes. À la nuit tombée, Nedjma et son amie Wassila se faufilent à travers le grillage de la cité et rejoignent leurs meilleures copines dans les boîtes de nuit où elle vend ses créations aux autres papichas. La situation politique et sociale de ce début des années 90 ne cesse de se dégrader, la guerre civile va ravager le pays pendant près de dix ans. Avec une énergie frénétique, Nedjma refuse cette fatalité allant même jusqu’à imaginer un défilé de mode dans l’enceinte de la cité-U, au mépris du danger.
 

Pas un plan sans l’actrice autour de duquel tourne Papicha, Lyna Khoudri, héroïne enragée qui voit ses rêves brisés par les apôtres de la haine qui cherchent à couvrir de voiles les femmes qui ne souhaitent que vivre libres et vêtues d’étoffes à leur goût. Avec une mise en scène au parti pris audacieux autant que systématique de plans très courts et très serrés – au risque de donner le tournis au spectateur et l’étouffer un brin – Mounia Meddour atteint son objectif : montrer la perte progressive de liberté de ces Algéroises pourtant si vivantes. Autour d’elles, les murs de leurs chambres de la cité-U autant que ceux que les nouveaux propagateurs d’un ordre moral et religieux fanatique montent et se rapprochent progressivement. Mais sans parvenir à étouffer totalement l’acharnement, la rage et le panache de Nedjma et ses copines, qui, grâce à ce défilé de mode qui aura bien lieu, ouvre une brèche salutaire dans l’enfermement dans lequel on veut les confiner.

Papicha lève le voile sur la liberté chèrement disputée

L'ironie affleure aussi parfois, malgré la densité et la gravité du film, notamment grâce au détournement du haïk – pièce d’étoffe de cinq mètres de long, vêtement traditionnel des femmes algériennes – en objet de mode grâce à d’ingénieuses retouches et pliures. Tout le contraire du hidjab que veulent leur imposer les émiratis de la péninsule arabique…
Papicha, récompensé au Festival du Film Francophone d’Angoulême pour son scénario, son actrice et par le prix du public, qui ne s’y est pas trompé, trouve sa cible et claque dans la figure comme un film manifeste. Cela n’est probablement pas du goût des autorités algériennes qui l’ont interdit de projection lors d’un avant-première qui devait avoir lieu le 21 septembre dernier – sans explication – mais ne l’empêche pas malgré tout d’être sélectionné pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Difficile pourtant d’ignorer le contenu du film, tourné à Alger avec toutes les autorisations du ministère de la Culture.

 

Quoiqu’il en soit Papicha demeure probablement un des meilleurs films sur les écrans en cet automne 2019, dans lequel Mounia Meddour, qui a fuit l’Algérie au début des années 90, oppose aux violences misogynes la résistance par la couture et magnifie par les étoffes les corps de femmes que les islamistes s’efforcent d’anéantir.

F.S.

Papicha, de Mounia Meddour. Avec : Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda Douaouda. 1h45. Sortie le 9 octobre.

 

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Alice et le maire, ou l’évanescence de la pensée en politique

9 Octobre 2019 , Rédigé par F.S Publié dans #chronique cinéma

Le second film de Nicolas Pariser (1) met en scène Paul Théraneau, maire de Lyon, aux prises avec l’évanouissement progressif de ce qui a fait de lui un conquérant du pouvoir, un édile innovateur et bourré d’idées. Rincé par trente ans de vie politique à serrer des mains, signer des parapheurs et prononcer des discours aux inaugurations de chrysanthèmes, il est à court d’idées. Il engage une jeune normalienne philosophe et finement lettrée pour tenter de lui redonner l’envie de penser, ce qu’il n’a plus le temps de faire, dévoré par le tourbillon de l’action permanente et la vacuité de la novlangue de ses conseillers. Las, la désillusion, de part et d’autre de ces deux touchants personnages, auront raison de l’action, au profit – c’est heureux et si rare – de la pensée qui normalement la précède.

- Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier -

- Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier -

Le film s’ouvre sur une scène étonnante où la collaboratrice de cabinet Mélinda (Nora Hamzawi) explique à Alice Heimann qui vient d’être engagée (Anaïs Demoustier) son travail auprès du maire de Lyon (Fabrice Luchini) : « Ton boulot, c’est de prendre du recul ». « Ce n’est pas un travail, ça » répond surprise Alice qui n’y connait rien à la politique et se demande pourquoi on l’a fait venir dans cette « lyonnaiserie ». Mais sa force c’est de savoir cerner et penser les enjeux contemporains. Elle fait ce que la quasi-totalité des politiques ne savent plus faire : penser avant d’agir, quitte à être un brin théorique, et c’est un risque à prendre.
 

D’abord peu à l’aise au sein d’un cabinet bien campé par des seconds rôles efficaces – une directrice de cabinet aussi raide que dévouée à la cause du gourou (Léonie Simaga), des chargés de com’ sanglés dans leurs costards bleu marine code couleur de gauche comme de droite – Alice se fond peu à peu dans le rôle qu’on attend d’elle : penser, et faire penser le maire. Sa première note rédigée, ironiquement a pour thème la modestie (un régal). Elle épouse l’agenda de dingue de Paul Théraneau/Fabrice Luchini, commence une conversation entre deux portes, la poursuit dans les déplacements en voiture et la clôt le soir tard dans son bureau.

- Anaïs Demoustier -

- Anaïs Demoustier -

Tout oppose ces deux personnages, si ce n’est la solitude et l’impression d’être à un tournant de leur vie. Paul Théraneau en vieux lion lessivé qui aimerait bien quand même tenter un dernier coup (devenir premier secrétaire du PS et briguer la présidence de la République) ; Alice Heimann en jeune femme d’une génération tiraillée par l’inquiétude, sans véritable envie ni projet, qui a prolongé au maximum ses études autant par scepticisme envers le monde adulte autant que pour ne pas avoir à penser la suite de sa vie justement.

- Fabrice Luchini -

- Fabrice Luchini -

Et ça n’est pas le moindre intérêt d’Alice et le maire de Nicolas Pariser : grâce à la rencontre platonique de ces deux roseaux pensants perdus dans leurs univers respectifs, le film donne à penser sur l’articulation entre réflexion et action, entre théorie et pratique du réel, et crise actuelle de la démocratie.
Une hauteur de vue, un recul et une réflexion au quotidien qui manquent cruellement aux hommes et femmes politiques de nos jours, justement, dont la vacuité des discours et l’inefficacité  de leur action se noient dans l’évanescence et le scepticisme ambiant.


« Je préfère recourir à la tradition philosophique plutôt qu’à un coach » dira Paul Théraneau/Fabrice Luchini avec ce qui lui reste de lucidité lors de leur premier rendez-vous. Avec une certaine légèreté, la précision des dialogues finement ciselés et de la fluidité dans le récit, Alice et le maire offre aux spectateurs une réflexion charmante et pas du tout ennuyeuse de la vie politique contemporaine, aux antipodes de celle-ci dans le réel, justement.
F.S.

(1)    Le Grand jeu en 2015, sur l’affaire de Tarnac.

D'autres chroniques cinéma à lire ici : Au nom de la terre (Édouard Bergeron) / Ceux qui travaillent (Antoine Russbach) / Deux moi (Cédric Klapisch) / Once upon a time in Hollywood (Quentin Tarantino) / Une fille facile (Rebecca Zlotowski).

 

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