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Le jour. D'après fred sabourin

edito

Trompettes de la renommée

16 Janvier 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

Je vivais à l'écart de la place publique,

Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique...

Refusant d'acquitter la rançon de la gloire,

Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.

Les gens de bon conseil ont su me faire comprendre

Qu'à l'homme de la rue j'avais des comptes à rendre

Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,

Je devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Manquant à la pudeur la plus élémentaire,

Dois-je, pour les besoins de la cause publicitaire,

Divulguer avec qui, et dans quelle position

Je plonge dans le stupre et la fornication ?

Si je publie des noms, combien de Pénélopes

Passeront illico pour de fieffées salopes,

Combien de bons amis me regarderont de travers,

Combien je recevrai de coups de revolver !

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

A toute exhibition, ma nature est rétive,

Souffrant d'une modestie quasiment maladive,

Je ne fais voir mes organes procréateurs

A personne, excepté mes femmes et mes docteurs.

Dois-je, pour défrayer la chronique des scandales,

Battre le tambour avec mes parties génitales,

Dois-je les arborer plus ostensiblement,

Comme un enfant de chœur porte un saint sacrement ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Une femme du monde, et qui souvent me laisse

Faire mes quatre voluptés dans ses quartiers d' noblesse,

M'a sournoisement passé, sur son divan de soie,

Des parasites du plus bas étage qui soit...

Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,

Ai-je le droit de ternir l'honneur de cette dame

En criant sur les toits, et sur l'air des lampions :

" Madame la marquise m'a foutu des morpions ! " ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente

Avec le Père Duval, la calotte chantante,

Lui, le catéchumène, et moi, l'énergumène,

Il me laisse dire merde, je lui laisse dire amen,

En accord avec lui, dois-je écrire dans la presse

Qu'un soir je l'ai surpris aux genoux d' ma maîtresse,

Chantant la mélopée d'une voix qui susurre,

Tandis qu'elle lui cherchait des poux dans la tonsure ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Avec qui, ventrebleu ! faut-il que je couche

Pour faire parler un peu la déesse aux cent bouches ?

Faut-il qu'une femme célèbre, une étoile, une star,

Vienne prendre entre mes bras la place de ma guitare ?

Pour exciter le peuple et les folliculaires,

Qui est-ce qui veut me prêter sa croupe populaire,

Qui est-ce qui veut me laisser faire, in naturalibus,

Un p'tit peu d'alpinisme sur son mont de Vénus ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Sonneraient-elles plus fort, ces divines trompettes,

Si, comme tout un chacun, j'étais un peu tapette,

Si je me déhanchais comme une demoiselle

Et prenais tout à coup des allures de gazelle ?

Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles

De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,

Qu'ça confère à ma gloire une once de plus-value,

Le crime pédérastique, aujourd'hui, ne paie plus.

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Après ce tour d'horizon des mille et une recettes

Qui vous valent à coup sûr les honneurs des gazettes,

J'aime mieux m'en tenir à ma première façon

Et me gratter le ventre en chantant des chansons.

Si le public en veut, je les sors dare-dare,

S'il n'en veut pas je les remets dans ma guitare.

Refusant d'acquitter la rançon de la gloire,

Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir.

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

 

Georges Brassens

 

 

(chanson d'actualité)

 

 

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Journaliste, c’est un métier

6 Novembre 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito, #Presse book

 

 

 

L’enlèvement et l’exécution quelques dizaines de minutes plus tard de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, reporter de RFI, à Kidal dans le nord Mali, a semé le trouble parmi la profession. Ces deux reporters chevronnés, passionnés par l’Afrique, n’ont certes pas été spécialement encouragés par les militaires de l’opération Serval de se rendre à cet endroit-là, et j’en entends déjà qui ricannent dans la barbe de leur médiocrité « qu’ils n’avaient donc pas à y aller. » Mais leur métier est d’informer, sans relâche, avec professionnalisme et la liberté nécessaire à la propagation de ces informations, fut-ce-t-elles pêchées dans des zones de non droit, justement.

La dureté et la lâcheté avec laquelle ils ont été abattus de sang froid, sauvagement, comme des bêtes, est ignoble et interroge tous les journalistes. J’ai bien dit tous les journalistes, y compris ceux qui, au quotidien – et j’en suis – ne prennent pas les mêmes risques pour rapporter des informations aux auditeurs, lecteurs, téléspectateurs, internautes etc. Je vois mal, personnellement, un président de Conseil général, ou un maire d’une commune quelconque de Loir-et-Cher, pas plus qu’un responsable associatif ou un chargé de communication lambda, énervé par une question posée, me prendre à part et me conduire dans une arrière salle où je prendrai deux ou trois balles dans la peau. Les risques que nous prenons, si on peut parler ainsi, sont essentiellement… routiers : il y a par ici beaucoup de gibier qui traverse les routes départementales... 

 Puisqu’il m’arrive dans ce blog de dire « je, » alors permettez-moi de dire que si sur la forme, je ne fais pas le même métier que les reporters de RFI (ou d’autres médias du même tonneau) qui vont mettre les pieds et le reste du corps là où j’hésiterai à y glisser une phalange, sur le fond, nous faisons le même boulot : informer, poser des questions, rendre compte. Et cela librement, parce qu’informer, oui monsieur, c’est une liberté, n’en déplaise aux pisses vinaigres, pour rester poli.


Journaliste, vous l’aurez compris, c’est un métier. Que ce soit à Kidal au nord du Mali, à Alep en Syrie, dans un bled paumé d’Argentine ou un trou de Loir-et-Cher (et Dieu sait qu’il peut y en avoir !), « c’est un sale boulot qu’on peut faire proprement, » comme disait dans son bouquin sur l’affaire de Tarnac David Dufresne*. C’est un boulot tout court. Un truc qui prend du temps. Parfois beaucoup. Qui rémunère peu et souvent au lance pierre. Que pas mal d'entre nous accomplissent avec des contrats merdiques et sans trop se plaindre svp parce que sinon, « il y en a d’autres qui poussent derrière. » C’est un métier que beaucoup – j’en fais partie – accomplissent avec un réel plaisir évident même si les perspectives d’avenir sont floues.

Alors quand on vient nous bassiner avec le journalisme dit « participatif, » les citoyens-journalistes qui sortent leur smartphone pour faire des images, se prendre pour Tintin reporter, téléphoner aux grandes radios pour passer en direct dans les « talk » ou poster n’importe quoi sur des blogs à la con en se prétendant journalistes, excusez-moi, mais ça me fait rire. Jaune. Et c’est souvent bête, à pleurer.

 

Ghislaine Dupont et Claude Verlon, lorsque dimanche matin dans la douceur de mon lit le journal de 8 heures de France Culture m’a appris votre mort, je le dis, je le clame haut et fort : ça m’a secoué, sincèrement. Et j’ai eu du mal à convaincre ceux que j’ai croisé ce jour-là que c’était quelque chose de terriblement important, ce qui venait de se passer.

Le corporatisme et la solidarité de notre métier n’est pas toujours compris à sa juste valeur, je crois. Comme dans tous les corps de métiers, il y a aussi parmi nous pas mal de couillons qui déshonorent la profession. Souvent, les gens nous disent d’un ton badin, « ah, vous, les journalistes… ! » avec cette pointe d’ironie et de dégoût, comme s’ils vomissaient leur cassoulet de la veille.


Ghislaine Dupont et Claude Verlon, sans faire de vous des saints ou des martyrs que vous n’étiez pas et que vous ne vouliez sûrement pas être, j’ai mal à mon stylo de vous savoir exécutés de la sorte, en faisant votre boulot, tout simplement.

Faire son boulot…

Juste ça.

 

* Tarnac, magasin général, chez Clamann-Levy.

 

F.S

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La Palme dort, ne la réveillez pas

27 Mai 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

La Vie d'Adele Palme d'or

                                       - Un homme chanceux -

 


Ainsi donc c’est Abdelatif Kéchiche, réalisateur franco-tunisien, qui décroche la Palme d’or du 66e Festival de Cannes, avec La Vie d’Adèle. Il n’est pas seul pour apprécier cette récompense : les deux actrices qui interprètent les deux héroïnes du film, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, sont palmées avec lui. La Vie d’Adèle raconte la mue d’une jeune femme qui se découvre lesbienne, alors qu’elle hésite encore et cherche sa voie, puis découvre une autre face de la réalité qui l’attend désormais : ça ne va pas être facile de vivre cette sensuelle découverte.
Il nous tarde le 9 octobre, jour de la sortie nationale du film, pour aller voir ça. Abdelatif Kéchiche, déjà auteur des excellents L’Esquive et de La Graine et le Mulet, participait pour la première fois au festival dans la sélection officielle. De l’avis de ceux qui ont eu la chance de le voir, le choc est autant émotionnel qu’érotique et politique. Filmées à fleur de peau mais sans jamais tomber dans le voyeurisme de scènes trop explicites (à vérifier), les deux actrices du film de Kéchiche, et Kéchiche lui-même, emportent tout sur leur passage. Un peu avec la même énergie qu’on avait beaucoup aimée dans L’Esquive, film tendu comme un arc mais d’une beauté sentimentale à couper le souffle. Nous n’irons pas jusqu’à dire que cette Palme d’or a des burnes, vu le thème ce n’est pas à propos, mais c’est tentant quand même.

Evidemment, les rabats-joie de tous poils ne vont pas tarder à crier haro sur le mulet, justement : le thème du film – les amours lesbiennes – dans le contexte politique et social du jour – La Manif pour tous et surtout contre la loi Taubira – ça sent un peu le palmarès qui tombe à pic. Les garants de la morale – mais laquelle, désormais, tant l’hystérie globale a noyé le projet initial dans le grand bordel du tout ? – vont sûrement s’activer à emmerder le monde au moment de la sortie du film. Si le printemps a été pourri à défaut d’être chaud, l’automne s’annonce tout aussi agité.
J’exagère en jouant les Cassandre ? Pas tant que ça, vous verrez. La société française, dont on ne cesse de nous dire qu’elle est déprimée, sclérosée, crispée, tendue, au bord du gouffre et de l’implosion en explosion fratricide, est surtout victime une fois de plus de son intransigeance. A tous les niveaux, dans tous les domaines : droite, gauche, pro et antis machin chose, homo ou hétéro, abstinents et puceaux, zoophiles et adeptes du bondage, philosophes audiovisuels de comptoirs et moralisateurs des extrêmes, tous sont piqués par le virus.

 

Depuis que les frères Lumière ont eu la bonne idée de filmer L’entrée d’un train en gare de La Ciotat l’été 1897, il s’est passé pas mal de chose dans les salles obscures, d’abord muettes mais ça n’empêchait pas les réalisateurs d’ouvrir leurs gueules. Evidemment, on peut regretter ce temps du cinéma à priori sans aspérité ou revendication. Encore que le film des frères Lumières revendique déjà quelque chose : le mouvement, le déplacement, en un mot le voyage. Pas seulement du corps, mais aussi de l’esprit.
 

 

On souhaite à tous les futurs détracteurs de La Vie d’Adèle cette envie de voyage, si c’est possible. Parce qu’au fond, c’est ça, le cinéma : une subversion. 

 

 

F.S


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Le dernier, mais pas le moindre

30 Décembre 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

SAB 5526 R

 

 

 

Voici donc venu le dernier jour de l’année. Longtemps retardé, il a fini par nous tomber dessus, malgré nous. Loin de moi l’idée de faire une rétrospective des évènements de 2012, des médias en panne de choses à raconter nous en soulent ces temps-ci plus que de raison.
Je cherchais depuis plusieurs jours de quoi terminer l’année de ce blog avec quelque chose de consistant, de quoi se mettre sous l’œil et la dent. En effet, cette année ne fut pas des plus prolifique dans Le Jour, d’après… (et oui, souvenez-vous, c’est le nom de ce blog, pas seulement le titre d’un film écolo-catastrophe de science fiction plus très lointaine). Un temps j’ai cherché des raisons à cette cure d’amaigrissement pour un blog qui, s’il n’a jamais couru après le chiffre, voyait sa fréquentation et ses articles régulièrement alimentés. Cette année, peu de choses : des textes rares – mais néanmoins appréciés comme "Si je mourrais là-bas" , suivi de  Retour aux sources  Des photos rares également mais choisies parmi les plus représentatives d’une année où la bourlingue n’aura pas été très présente. C’est comme ça, je n’y peux rien, et je ne vois pas pourquoi j’en culpabiliserai. L’année prochaine sera meilleure, peut-être. C’est une question de hasard, de rencontres, d’images vues et captées, de situations variées qui ne se prêtent pas toujours au récit mais qui, par la grâce et magie de celui qui les regarde, se transforment en articles.
Au seuil de cette nouvelle année, les lecteurs de ce blog savent ce que je pense des vœux et de tout le tremblement de souhaits à la noix qui vont accompagner de gré ou de force le mois qui vient. A moins de s’isoler dans une grotte – pyrénéenne de préférence – sans eau ni électricité, il sera impossible d’y échapper. Soit, ne luttons pas, ne subissions pas non plus, vivons ce dernier jour comme il se doit, et voyons ce qui se passera demain… demain justement.
 

Ce sera le jour d’après (le précédent), un point c’est tout. D’ici là, portez-vous bien. Et merci de votre fidélité.  

 

 

 

 

 

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Un héros très discret (In memoriam Olivier P.)

12 Novembre 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

  Olivier & les scouts 2

                             - 1er à dr. -

 

 

Dans le dictionnaire, à la définition du mot « scout », il y a un exemple : Olivier, alias « Colibri ». Ce frêle bonhomme, dont un ancien professeur disait avec humour qu’il avait « une cage thoracique d’agrégé de philo, » incarnait sans doute tout ce que le scoutisme peut produire de valeurs humaines en une seule personne : le sens inné du service, la fidélité en amitié, une loyauté sans faille, la gentillesse incarnée. Le tout enveloppé dans un drap de modestie et de discrétion, qui n’avait d’égal que la foule – au moins 500 personnes – venue lui rendre un dernier hommage, dans l’église Saint-Jacques de l’Houmeau à Angoulême, le 9 novembre. Ce garçon, dont il arrivait, tant il était justement discret, que les professeurs du collège Saint-Paul ne s’aperçoivent de son absence qu’en fin de cours (« tiens mais au fait, Olivier n’était pas là ? »), aura rassemblé autour de lui tous ceux qui, au moins un jour, l’ont rencontré et ont été touché par ses qualités intrinsèques, sans jamais en faire étalage.
 

 

Pour nous tout à commencé un samedi de mai 1984, dans le local des louveteaux de la 1ère Magnac/Touvre. Une sorte de grande cabane en planches, maisonnée en bois peinte en blanc, style Louisiane. Là, quelques jeunes pré-adolescents, pré-pubères et mal dégrossis pour la plupart, faisaient les 400 coups de pitreries en pitreries, sous l’œil ferme mais bienveillant d’Etienne, le chef de meute, qui nous foutait ensuite une trouille pas possible le soir à la veillée avec son histoire de « lumière verte, » un truc à faire des cauchemars et qui nous scotchait dans le sac de couchage. Les louveteaux s’appelaient alors Vincent T., Frédéric C., Arnaud de la T., Amaury P-L., Renaud V., Frédéric S., et Olivier lui même. Il y en avait sans doute deux ou trois autres que ma mémoire oublie. Un soir de décembre de la même année, nous avons prononcé pour la première fois les mots ancestraux de la promesse, en chemises jaunes impeccables, foulard rouge et blanc, dans la petite église de Magnac. Nos parents étaient secrètement fiers, je crois. Nous ne l’étions pas moins. Olivier, d’humeur constante, était du lot. Et la vie a suivi son cours.
 

 

Au collège Saint-Paul. Et la discrétion d’Olivier. Les week-end scouts et les grands camps, dans les Hautes-Pyrénées près d’Aucun notamment, où il arborait un sac à dos armatures alu bien trop grand pour lui : sa tête ne dépassait pas par en haut et seules le bas de ses guibolles chaussées de Pataugas était visible, donnant l’impression au sac à dos de marcher tout seul. « Le sac à pattes » était né. Quelques temps plus tard, une nuit de pleine lune, il reçut le totem « Colibri », je ne sais plus trop pourquoi on lui a donné ce nom-là, mais je souviens bien avoir participé à cette totémisation, comme on disait à l’époque, un truc que les anti-bizutages ont ensuite sévèrement interdit, sous couvert de principes éducatifs post-soixantuitards, dont on sait désormais où ils conduisent. Bref. Olivier s’est appelé, cette nuit-là, Colibri, comme d’autres Loir, ou Lièvre, ou Piaf. Plus que du nom d’oiseau qui lui était attribué, il était fier, je crois, de faire désormais partie du clan.
Et ainsi de suite. Il y eut les soirées de l’adolescence pleine fleur, où nous guinchions en regardant les filles (« qui marchent sur la plage leurs poitrines gonflées par le désir de vivre… »), dans quelques maisons bourgeoises de l’Angoumois. Nous étions engoncés dans nos blazers-cravates-pantalons beiges, qu’il était bien le seul à porter à peu près correctement, déjà armé de ce sens du chic british de gentleman dandy qui ne le quittera plus. Une veste de chasse huilée d’une grande marque anglaise est venue parfaire l’uniforme, dont aucun accessoire ne manquait, surtout pas les fameuses cigarettes Dunhill rouges internationales, que nous lui taxions lorsque nous avions fini nos dernières Philipp Morris, Chesterfield, Rothmans bleues ou pire : Chevignon… Je ne l’ai jamais vu refuser une sèche à quiconque lui en demandait une.
 

 

Les études nous ont un peu éloignés. Il marchait « droit, » j’ai pris les chemins de traverse « histoire. » Nous nous sommes recroisés lorsque, jeune clerc dans cette église où il fut baptisé, et où il a été accompagné dans son dernier voyage, comme on dit un peu connement, j’étais en charge de cette paroisse du bord de fleuve. L’Houmeau. Pour un personnage qui semblait tout droit sorti d’un roman de Balzac, le lieu se posait là. Il fut donc, après avoir été un frère scout et camarade de classe puis pote de soirées bc-bg, un de mes paroissiens. Il n’avait pas changé ou si peu. Toujours ce chic british décontracté mais élégant, raffiné sans excès, dont le sens de l’humour n’était pas le moindre des accessoires. Il avait toujours des Dunhill dans la poche, et je me souviens en avoir grillé une avec lui, encore en costume de scène, sous le narthex de l’église, devant les yeux éberlués de bigotes effarouchées.

Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de qui que ce soit, ni se rebeller contre quoi que ce soit. Il a traversé son siècle, d’abord en dégageant une impression de lenteur (il semblait prendre son temps dans beaucoup de domaines, surtout les études…), puis, au regard de ce qui vient de se passer, de façon fulgurante. A 38 ans, tout est fini. Il aura peu profité de sa famille qu’il venait de construire, et l’on n'est plus habitué à voir de si jeune veuve.
Serviteur, fidèle, loyal et aimable. C’est ainsi que Colibri peut être décrit, mais ce ne sont-là que quelques traits bien réducteurs. Ceux qui l’ont connus brancardier (car il fut un excellent brancardier, en dépit d’un physique peu sportif d’ailleurs lui-même s’en amusait souvent), auraient sans doute bien d’autres choses à ajouter.
 

 

S’il plait à qui vous savez qu’Il existe, Il dit dans son évangile que les serviteurs auront la meilleure place, une fois le grand rideau franchit. Olivier, ce héros très discret, qui n’a jamais fréquenté les places d’honneur ni les premières places tout court, doit alors être à cette heure-ci bien récompensé, et, sûrement, à la meilleure place. C’est tout le bien qu’on lui souhaite. C’est toute la tristesse qu’il nous laisse, bien malgré lui. Car désormais qu’il n’est plus là, nous sommes sans doute nombreux à constater que des gars de sa trempe, en disparaissant bien trop jeunes, laissent un creux d’une profondeur abyssale dont plus aucune personne – pas même un prof – ne pourra plus dire, à la fin de l’heure : « Tiens mais au fait, il n’était pas là, Olivier ? »
 

 

Si, si, il était bien là. Et maintenant qu’il n’y est plus, il te manque.

Adieu camarade. Un scout ne meurt jamais.

Loup.

 

 

Olivier & les scouts

                                         - De bonnes têtes de vainqueurs -  (2e à dr.)

 

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Il faut que tout change, pour que rien ne change

7 Mai 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

 

SAB 3743 R

 

 

 

 

Le changement. Maintenant. Enfin, c’est ce qui se dit. Résonne-t-il comme un écho à la sentence immortelle de Tancredi, le neveu du Prince de Salina, dans Le Guépard de G.T. di Lampedusa, adapté au cinéma par Visconti : « Il faut que tout change, pour que rien ne change »
 

 

Toujours est-il que voilà, ça y est, on y est. Depuis le temps qu’on nous en parlait ! Quasiment cinq ans. De manière frénétique depuis un an. On a même versé dans l’hystérie depuis janvier, et depuis un mois c’est l’indigestion. Le second tour de la présidentielle 2012 est enfin passé, et nous sommes, à l’heure où nous écrivons ces lignes, à J+1. Comme avec le Beaujolais nouveau, on a même déjà un peu la gueule de bois. Pour beaucoup de Français pourtant, ce matin rien ne change. Comme tous les matins, certains d’entre nous se sont réveillés fatigués par une nuit trop courte à cause d’angoisses du lendemain. Comme une envie de ne pas se lever. D’autres sont montés dans leur bagnole, vieille et brave bagnole, et ont pensé au prix du plein d’essence qu’ils allaient avoir à mettre dans le réservoir. Des enfants et adolescents ont pris le chemin de l’école en se demandant ce qu’ils allaient y faire. Des chômeurs auront rendez-vous pour une « formation » à Pôle Emploi, comme depuis deux ou trois ans pour certains. Des chefs de petites et moyennes entreprises – déjà à l’œuvre depuis longtemps – se demanderont aujourd’hui comment faire pour boucler un carnet de commandes affichant un profil d’anorexique. Des personnes âgées auront fait le tour de leurs activités quotidiennes à 9 heures du matin, puis ne verront plus personne de la journée. Etc. etc.
 

 
Pourtant, comme à chaque élection présidentielle dans notre bonne vieille République, il flotte dans l’air comme un parfum d’espoir. C’est vrai, 51,2 % des votants, soit 18 millions de Français sont finalement contents ce matin : leur candidat a été élu, ou bien celui qu’ils n’aimaient pas a été battu. Ça laisse quand même sur le banc de touche un sacré paquet de frustrés, mais bon, réjouissons-nous avec les ravis de la crèche, les irréductibles optimistes, les dévisseurs d’ampoules, les joyeux drilles du militantisme politique. C’est le jour où jamais, car dès demain, ce sera trop tard. L’état de grâce ne durera pas longtemps, et il n’aura d’ailleurs sûrement pas lieu. La tâche qui s’annonce est immense, et Hercule lui-même devrait rajouter un treizième travail à son agenda. Pas sûr que finalement, le vainqueur de cette élection se réjouisse de ce qui l’attend. Et puis, il y a les 2,147 millions d’électeurs qui ont choisi le vote blanc, dont il faudra un jour entendre la lancinante petite musique avant qu’ils ne versent probablement dans des choix plus… extrêmes. Rendez-vous en 2017, c’est-à-dire après-demain. 
 

 

Il y a une semaine, on s’écharpait encore au sujet de la fête du travail. Nous ne savons pas si le travail mérite une fête, et ce n’est pas le moment d’en débattre. Une chose est certaine : si un quinquagénaire a perdu le sien, un autre a un « vrai travail », en CDD certes, mais un « vrai travail ». Un jeune devrait alors sans tarder décrocher un CDI quelque part en France. Il vaudrait mieux qu’ils soient plusieurs, sans ça, et sans jouer les Cassandre, il se pourrait que ces jeunes se manifestent vite et fort. Et ils ne seront pas seuls. C’est sans doute aussi ça, la fameuse justice.


« Nous fûmes les guépards, les lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyènes, et tous, guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la terre, » peut-on également lire dans l’unique roman de Lampedusa. Le quinquennat qui s’ouvre le fera mentir, ou pas.

 

 

 

(c) Frédéric Sabourin. Blois 7 mai 2012.

 

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Oh ! Quelle surprise !

23 Avril 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

SAB 3151 R

 

 


Posons les données du problème : si, comme le disait le Charles de Gaulle, « les Français sont des veaux, » il est très probable que les élites politiques du pays soient aujourd’hui des bœufs. Feindre la surprise en découvrant le score à près de 20% de Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle ne revient pas à faire une faute de goût, mais d’un déni grave d’une réalité qui dérange. Encore une fois, observateurs politiques, sondeurs et élus de tous bords nous rejouent la comédie sur l’air du : « Oh ! Quelle (mauvaise) surprise ! Le Front National est plus haut que prévu ! Diantre ! »
A ce niveau-là de cécité, c’est à se demander si on ne devrait pas confier toutes les analyses pré-électorales, toutes les observations et commentaires à des enfants, qui eux sont généralement plus clairvoyants sur la présence réelle ou supposée du loup embusqué dans la forêt.


Prendre des vessies pour des lanternes


En 2007, l’illusionniste s’appelait Nicolas Sarkozy. Aidé par une équipe de campagne renforcée sur son aile droite (Patrick Buisson, ex directeur du journal Minute), l’épouvantail s’appelait ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Et l’outil : le Kärcher. Avec ça, le candidat UMP avait siphonné une grande partie de l’électorat frontiste, qui, s’apercevant rapidement de la supercherie, a de nouveau et très vite préféré l’original à la copie. Retour au bercail. Entre temps, un borgne cédait la place à une blonde pas si blonde que ça, accompagné d’une épuration des éléments du parti les plus gênants, afin de rendre la bru présentable.
En 2012, l’épouvantail a été sorti des placards oubliés d’un PCF qu’on croyait définitivement mort et enterré. Rien de plus simple en réalité que de repeindre en rouge vif des drapeaux devenus avec le temps rouge pâle, voire rose tout court. Pour ce faire, mettre sous la lumière un orateur comme la France les affectionne : sorti quasiment de nulle part (qui se souvenait de Jean-Luc Mélanchon il y a seulement un trimestre ?), brillant et beau parleur, un peu de Jaurès, un peu de Victor Hugo, et la gouaille anti-système bien affûtée avec juste ce qu’il faut de hargne contre « les journalistes ». La botte secrète : des meetings géants à l’heure de l’apéro dans les centres-villes, rassemblant les ex bo-bo désabusés et revenus de tout, surtout de la politique. C’était nouveau, ni Sarko, ni PS, ni écolo, bref, de quoi s’encanailler un peu entre deux gorgées de Tariquet place du Capitole à Toulouse, village martyr.

 

Pendant ce temps-là, à la caserne…
 

 

Jean-Luc Mélanchon, à la campagne passait pour l’inconnu au bataillon. Nous parlons de la vraie campagne, celle des services publics rares, des Postes et des écoles fermées, des médecins à la retraite et pas remplacés, des transports en commun épisodiques, des chômeurs et des familles monoparentales repoussées là car n’ayant plus les moyens de vivre même en périphérie de villes. Dans les zones rurales, comme dans les quartiers dits sensibles et même résidentiels de nos bonnes villes moyennes, il y avait pourtant un portrait qu’on voyait collé ça et là depuis dix-huit mois : celui de « Marine », la candidate anti-système, la rénovatrice du Front. Celle qui a réussi à voir ceux que tous n’ont pas vus alors qu’ils en parlaient tout le temps : « les invisibles ». Une des seules candidates à proposer un projet. Certes un projet de retour en arrière, mais un projet audible pour des millions de personnes laissés pour compte, notamment par ceux qui originellement en faisaient le fond de commerce : le PS et la droite dite sociale. Les thématiques de Marine - retour au franc, méfiance absolue de l’Europe, préférence nationale, réintroduction des services publics dans une France rurale abandonnée - ont trouvé une oreille et un bulletin de vote chez les « invisibles ». Pire : les paysans, originellement plutôt à droite, sont devenus… d’extrême droite. Sans se douter, pour tous ces électeurs frontistes, que l’écart entre le discours dit « social » de Marine Le Pen et la réalité du programme ferait d’eux les premières victimes. C’est toute la pédagogie que les deux candidats qui vont s’affronter dans les jours qui viennent vont devoir faire entendre. Pour certains, il sera sans doute plus facile de faire passer un éléphant par le chat d’une aiguille…

 

 

Alors nous rejouer, une fois encore, le coup de la surprise Front National, non, là, vraiment, ça mérite le piquet et le bonnet d’âne pour tous les observateurs, sondeurs, élus, candidats, tout ce café du commerce qui ne perçoit toujours pas le piétinement sourd des oubliés en masse. Trop occupés qu’ils sont à ruminer en regardant passer les trains. Il se pourrait que ces bovins-là finissent, malgré eux, à l’abattoir.

 

 

 

SAB 3163 R

 

 

(c) Fred Sabourin. 22 avril 2012. Bureau de vote 302, Blois III (Ouest).

 

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Alors comme ça ?

2 Mai 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

Ben Laden est mort. On a retrouvé une boîte noire (en réalité orange). Le foot français instaurerait des quottas raciaux (mais quelle idée saugrenue !). La famille de Kadhafi s’est fait bomber la gueule. Marine L.P. savoure son printemps. Yvan Colonna retourne en appel.

Le télescopage de ces informations rend la radio et les télévisions folles. D’un seul coup, tout s’emballe. Comme d’habitude des speaker glosent avec peu d’éléments, des sources proches de l’enquête qui n’en savent guère plus, des envoyés spéciaux sans sommeil interviennent 24h/24. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose, en attendant les analyses plus poussées à la fumée des cierges.

Pendant ce temps-là, il y en a un à qui profite le crime : Xavier (Dupont de Ligonnès). Il court toujours, ou ne court plus allez savoir. La traque continue, mais en silence, et c’est tant mieux, peut-être.

Peut-être était-il à Rome, dimanche, pour la béatification du pape polonais ?

Ça fait froid dans le dos…

 

 

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La distance et la posture

29 Mars 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito



Pour un peu, on ressusciterait la fameuse fracture sociale du trio Chirac-Séguin-Guaino. Mais nous n’en sommes plus là, hélas serait-on tenté de dire.
Le résultat du second tour des élections cantonales – certes scrutin qui ne concernait que la moitié des électeurs français – donne une fois encore un seul et unique vainqueur : l’abstention. La question n’est plus : « Pour qui voulez-vous voter ? » mais : « Pourquoi aller voter ? » La réponse des Français et des Loir-et-Chériens est nette : c’est non (52,35% d’abstention).
Les élites politiques semblaient déjà avoir perdu le contact avec la base. Mais il y a désormais plus inquiétant : les politiques de la base semblent aussi avoir perdu le contact avec leur propre territoire. Ceux dont on disait qu’ils sont près du peuple peinent à rassembler dans les urnes. Cela ressemble à une ambiance fin de règne – celle du conseiller général qui fusionnera avec le conseiller régional en 2014 pour ne faire qu’un – mais celui-ci n’offre pour l’instant aucune garantie d’une levée en masse des électeurs dans trois ans.
L’Union pour le Loir-et-Cher, et Maurice Leroy en tête, ont beau fêter la victoire (le canton de Montoire-sur-le-Loir leur permet de consolider leur majorité) en insistant sur l’union, c’est l’abstention qui réclamerait la plus grande attention des élus locaux. Celle-ci a augmenté son score de vingt points depuis la dernière élection cantonale de 2004. Si elle avait un visage, on l’inviterait sur les plateaux médiatiques.
Les élus ont un problème de crédibilité : ils semblent empêtrés entre l’urgence et l’efficacité.
Or qu’elle soit nationale ou locale, la politique n’apparaît plus comme quelque chose qui puisse améliorer le quotidien des Français. Pire : nous semblons entrés dans l’air du « à quoi-bonisme » qui consiste à dire que voter ne changera rien. Face à l’impuissance, les Français sont terriblement déçus, n’y croient plus, et se replient, lentement mais sûrement, dans un individualisme ronchon et cloisonné, hermétique à toutes valeurs collectives qui permettraient, selon l’observation du médiateur de la République Jean-Paul Delevoye, de sortir par le haut avec un réel projet commun où le souci éthique collectif l’emporterait sur l’individuel et le dernier pré carré à défendre. L’utopie n’est plus très loin…


Une des explications possibles de ce désenchantement réside sans doute dans la posture adoptée par les hommes et femmes politiques. Pas seulement la posture éthique. C’est aussi une question de posture externe, comme une musculature venant se greffer sur la colonne vertébrale précédemment citée. Il est regrettable, vraiment, que des élus locaux pâtissent des frasques et errements des élites politiques nationales, totalement déconnectées des réalités. Ces élus de terrain – et l’expression est parfois condescendante -  qui ne comptent ni leurs heures, ni leur énergie, font les frais de la posture politique déplacée mise en permanence sous les projecteurs. Les médias nationaux ont leur part de responsabilité, mais pas seulement. Les élites politiques sont grandement responsables de la désaffection des urnes, et du tort causé aux élus locaux. Dire, ce n’est pas faire, et les éléments de langage répétés à l’envie ne suffisent pas à donner de la crédibilité à l’action. Ni à résoudre les problèmes. La méthode de gouvernance au sondage ressemble de très près à de la navigation à vue, et personne n’a découvert de nouveaux continents en faisant du cabotage. Enfin, il semblerait que pour les électeurs français, le compteur soit bloqué sur le bling-bling des débuts du quinquennat, cette droite décomplexée qui s’est engluée dans une crise d’ado jetant le discrédit et la suspicion sur tout le monde. Une grande distance entre le quotidien des électeurs censés se rendre aux urnes pour élire ceux qui gèrent finalement leur quotidien (routes, collèges, développement économique, RSA, aide à l’autonomie, compensation du handicap etc.) semble creusée sans que l’on sache pour combien de temps, laissant la place aux simagrées des extrêmes et populistes jouant sur les peurs et les humiliations.
Les prochains scrutins locaux seront proposés à l’horizon 2014 : élections municipales et le nouveau conseiller territorial. Entre les deux : une présidentielle et des législatives. Où seront les abstentionnistes ? A la pêche ? Ou au Front National ?
La réponse est, peut-être, dans la posture.

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Dure est la loi, sauf quand elle n’est pas loi…

13 Janvier 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

reduit SAB 6655

                                                                  - la vie de château -

 

 

Eloquent. Si on cherchait encore des preuves au rideau de fumée qui nous gouverne, il suffit de regarder l’avalanche de lois votées et inapplicables depuis le début de la mandature. Au cours de la session 2009, 59 lois ont été votées à l’Assemblée nationale. 35 prévoyaient des décrets d’application. Au 30 septembre 2010 (fin de l’année parlementaire), seules 3 d’entre elles en étaient pourvue. 19 partiellement. 13 n’avaient encore rien vu venir. Des lois inapplicables, et inappliquées donc. On est encore loin de la République irréprochable, et de la revalorisation du travail parlementaire promis par le petit Nicolas, et bla bla bla.
Pire encore – et c’est un éditorial du Monde qui l’écrit dans son édition du 13 janvier : la loi créant une allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie, qui a été votée à l’unanimité en février 2010, n’a reçu aucun des décrets d’application qui lui sont attachés. Mourir dignement ? Plutôt crever.
Le mécanisme est pourtant connu : un problème survient. S’il y a des « victimes », l’annonce d’une proposition de loi est encore plus pressante. Journal de 20h sur la une et la deux (kif kif) : « pas de problème, on va régler le problème. » Ouf, dormez tranquille, le président et ses petits soldats veillent… Proposition de loi en urgence, travail en urgence, débats parlementaires bidons, parlement godillot. Vote. Re-journal de 20h. « Vous voyez bien qu’on est efficaces ! On a dit, et cela c’est fait ! » Pas de bol, certains veillent au grain. Et non, que voulez-vous c’est comme ça, il ne suffit pas de dire pour que ça se fasse. Même avec la meilleure volonté du monde.
Alors que faire ? Pousser des cris d’orfraie ? Voter autre chose la prochaine fois ? Ah si, un truc : s’in-di-gner !
A quand un tome deux Monsieur Hessel ?

 

reduit SAB 6660

                                                                  - pourvu que ça dure -

 

 

 

 

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