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Le jour. D'après fred sabourin

poesie

être matinal...

16 Avril 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                      le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt




« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées… »


(Victor Hugo, Les Contemplations, Livre quatrième, XIV)






« Tes yeux sont si profonds qu’en m’y penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire

A l’ombre des oiseaux c’est l’océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L’été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés

Les verts chassent en vain les chagrins de l’azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu’une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d’après la pluie
Le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure
(…)



Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au dessus de la mer
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa »

(Louis Aragon ; Ce que dit Elsa)


 Photo Marc Lucas




à suivre…

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Printemps des Poètes

8 Mars 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

Je suis allé me poser le cul sur une chaise, contre la vitre du bar… 
(Blaise Cendrars) 

      Chose promise, chose due : voici un petit florilège de quelques rimes & proses pour respirer un peu l’air des poètes, qui, comme le disait Baudelaire, sont « exilés sur le sol au milieu des hués ; leurs ailes de géant les empêchent de marcher ».

Que ton poème soit dans les lieux sans amour,
Où on trime, où on saigne, où on crève de froid.
Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds
Un café noir au point du jour
Un ami rencontré sur le chemin de croix

Aragon, Ce que dit Elsa

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                                         Complet blanc



Je me promène sur le pont dans mon complet blanc acheté à Dakar.
Aux pieds j’ai mes espadrilles achetées à Villa Garcia.
Je tiens à la main mon bonnet basque rapporté de Biarritz.
Mes poches sont pleines de Caporal Ordinaire.
De temps en temps je flaire mon étui en bois de Russie.
Je fais sonner des sous dans ma poche et une livre sterling en or.
J’ai mon gros mouchoir calabrais et des allumettes de cire, de ces grosses que l’on ne trouve qu’à Londres.
Je suis propre, lavé, frotté  plus que le pont.
Heureux comme un roi
Riche comme un milliardaire
Libre comme un homme. 

Blaise Cendrars, Feuilles de route, I : le Formose. 1924. 



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                                            L’albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage
Le navire glissant sur des gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle gueule,
L’autre mime en boitant l’infirme qui volait !

Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire




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inventaire à la Prévert...

4 Février 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

Ce week-end, une crêpe et du cidre
un barbier vengeur et chantant au cinéma
une flèche de cathédrale qui pousse sur une maison
Flaubert ressuscité (un pont entre deux rives)
de l’herbe qui pousse sur un mur
la Seine qui entre en scène
un jogging dans le froid
une amie par le bras
un marchand de pommes aux mains sales coiffé d’un chapeau australien
du vin blanc fruité dans un bistrot branché
une victoire en kilt écossais
Paris – Berlin (ah, ah, ah !)
Bob Dylan à la guitare
des gens dans le train qui écoutent leur «i-pod »
un livre sur « les hommes d’Etat »
des blancs d’œufs battus en neige à la force du bras droit
des gâteaux au chocolat
sur l’air du tra deri dera, et tralala !


 

 

 

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souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage...

15 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                            

                                                l’île Hélène

   Assis sur un banc, devant l’océan, devant l’océan égal à lui même.
Un homme pensif, se masse les tifs. Interrogatif : à quoi pense-t-il ?
A quoi pense-t-il, livré à lui même ? Il pense à son île, son île : Hélène. Est-ce que l’île l’aime ? Assis sur un banc, devant l’océan, l’océan jamais tout à fait le même. Dans le bruit lascif, autour des récifs, que la vague enchaîne, à quoi rêve-t-il, l’éternel poème ? Il rêve  à une île dont le littoral a le pur profil de l’amour total.
Assis sur un banc, devant l’océan, devant globalement la terre toute entière. Qui jamais n’enterre ses haches de guerre, ou si peu, si guère, que c’est faire semblant. Il pense que le vent fraîchit sur sa joue. Il pense que l’amour sait vous mettre en joue : ban, ban, ban ! Il pense surtout devant l’océan, belle esclave bleue qui remue ses chaînes, il pense à son île, à son île Hélène. Est-ce que l’île l’aime ? Pense-t-elle à son « il » ?

Claude Nougaro.


(ci-dessus : petit cimetière marin jouxtant l'église St Pierre de Varengeville. Ci-dessous : le voilier d'Arsène Lupin cherchant le trésor de l'aiguille creuse ?)

 

 

 

 

 

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chronique ardéchoise d'un journaliste localier (tome 10)

8 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                             Entre midi et deux : re-création

Ah celle là elle est trop belle, je vous la raconte. Ne passons pas à côté des choses simples : j’habite à côté d’une école maternelle. La cour est en contrebas de mon petit jardin qui ne sent pas le métropolitain. Entre midi et deux, comme on dit, je rentre déjeuner chez moi. Aujourd’hui, il y avait du soleil, ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu celui-là ! Le thermomètre indiquait 22° sous les rayons du beau blond. 22°… le rêve.


Au moment de repartir à la rédaction, je commence à refermer les fenêtres, puisque le côté sud offre la possibilité de le faire rentrer dans la maison. Dans la cour, la cloche sonne. Une clochette, une vraie, qui fait « dling dling », et non pas « bling bling » comme la montre du Président. Les enfants se rassemblent au pied d’un escalier. Certains se bousculent. D’autres s’étreignent dans les bras. Ils sont agités. La maîtresse a alors une idée : une partie de cache-cache. Explosion de joie chez les enfants ! Commence alors un des plus vieux jeu du monde : compter jusqu’à vingt, la tête contre un arbre. Se retourner. Chercher. Trouver. Crier. Au passage, j’apprends qu’un des garçons se nomme Enguerrand : il s’agit bien d’une école privée catholique…


Je suis resté là, derrière ma fenêtre encore ouverte, à regarder au soleil cette partie de cache-cache élémentaire. Naïve. Simplissime. Un rayon de soleil dans l’actualité de ces jours froids : quotas d’immigration, marins pêcheurs disparus en mer, inflation, accrochages entre nations, pouvoir d’achat…


Entre midi et deux, dans cette cour d’école, c’était re-création. Un des rares bien qui ne s’achète pas.



Photo David Lerouge (http://simerah.spaces.live.com/). A Trouville, un dimanche en avril, sous le soleil exactement.

 

 

 

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Ardéchois, coeur fidèle (n°9)

8 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                   A la gare de Valence

A la gare de Valence, mercredi 2 janvier pour son TGV,
Ils sont arrivés en avance.
Machinalement, sans rien dire, il a déposé sa voiture dans le parking souterrain.
Et elle a pris sa main.
A la gare de Valence, après quelques pas de danse.

Ils n’ont presque pas parlé, en attendant son TGV. Se sont juste enlacés, dans leurs bras serrés.
A la gare de Valence, après quelques pas de danse.

Autour d’eux des touristes, qu’elle regarde les yeux tristes.
Grosses valises, des paquets. Cette fois, c’est sûr, c’est janvier.
Le haut parleur a beau parler, l’heure n’a pas encore sonnée.
Pourtant, venu de loin, et semblant fataliste,
Son TGV a pointé son nez.

A la gare de Valence, après quelques pas de danse
Derrière la vitre fumée, il ne l’a pas vue pleurer.
A la gare de Valence, en remontant le quai,
Sans faire de pas de danse.
Dans sa main, il a serré ses clés.
Elle non plus, ne l’a pas vu pleurer.

Mercredi 2 janvier, pour prendre son TGV
Ils étaient arrivés en avance,
A la gare de Valence…



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Ardéchois, coeur fidèle : numéro huit

6 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                  La nuit est un voyou


La nuit est un voyou qui vous tombe sur le dos sans prévenir.
A bras le corps, à bras le cou, à force d’étreindre le jour,
La nuit a raison tout court.
Dans sa course folle, le jour semble lutter,
Le combat dure huit ou neuf heures.
Puis s’achève dans le pré en pleurs,
De pluies arrosées les herbes folles elles mêmes vont se coucher.
Les vierges sages, elles, semblent ne pas être prises au dépourvu.
Elles rentrent chez elles et allument leurs nids de rideaux sombres soutenus.

De son blouson noir, la nuit se vêt, et son couteau, dans un dernier éclat du jour
Pourfend de sa griffe assassine les beaux jours de l’amour.
La nuit est un voyou. Gare à vous, gare à nous, gare à toi.
Garde toi d’oublier que demain matin,
Le visage encore endormi embrassant l’oreiller,
A travers les volets, à l’heure où la vie hésite entre les loups et les chiens,
La nuit enfin incarcérée laissera le jour se lever.



 

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Vous avez du courrier

27 Novembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                       Sur la route

 


Sur la route, qui file loin
Derrière elle, son jardin
La route est longue jusqu’à la mer
Arrivera-t-elle avant l’hiver ?

Et elle a peur, sur le chemin
Et sur la route qui file loin
D’oublier, oui elle a peur
Sur le chemin
Et sur la route qui file loin

Sous les ronces, sous les bruyères
Et sous la mousse, et sous la pierre
Sous les algues, et sous la mer
Poser les cendres de l’être cher

Et elle a peur, sur le chemin
Et sur la route qui file loin
D’oublier, oui elle a peur
Sur le chemin
Et sur la route qui file loin
Elle est une rose en larme éclose
Elle est une rose en larme éclose.

Emily Loizeau, album L’autre bout du monde



Près de l'église de Varengeville, sur la "côte d'albâtre", se trouve un chemin qui se nomme "des grandes masures". Bocage normand, cottage anglais ou côte est des Etats-Unis : on hésite. Si vous passez par là, arrêtez vos pas et laissez-vous impressionner par la lumière sans cesse changeante des ciels normands. Elle apporte le courrier... (du coeur, évidemment).


 

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"ADN"

21 Octobre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                 Strophes pour se souvenir
                                                                                                             Louis Aragon, 1955
           


Vous n’avez réclamé ni la gloire, ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans, que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n’éblouie pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA France
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments.
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

 

Poème écrit pour l’inauguration d’une rue « Groupe Manouchian » à Paris. Le poète arménien Manouchian, héros de la Résistance, chef du groupe dit « des étrangers », ou « de l’affiche rouge », a été fusillé en février 1944.
Avait-on vérifié son « ADN » ?



 

 

 

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la vie n'est pas toujours de la soie, mais parfois du velours...

19 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                             Les Canuts

 

Pour chanter Veni Creator il faut une chasuble d’or.  

Pour chanter Veni Creator il faut une chasuble d’or.  

Nous en tissons pour vous, grands de l’Eglise, et nous pauvres Canuts,

Nous allons sans chemises.

 C’est nous les Canuts, nous allons tout nus.

 

Pour gouverner, il faut avoir, manteaux et rubans en sautoir.

Pour gouverner, il faut avoir, manteaux et rubans en sautoir.

Nous en tissons pour vous, grands de la terre,

Et nous, pauvres Canuts, sans draps on nous enterre.

 C’est nous les Canuts, nous sommes tout nus.

 

Mais notre règne arrivera quand votre règne finira,

Mais notre règne arrivera quand votre règne finira,

Nous tisserons le linceul du vieux monde, car on entend déjà

La révolte qui gronde…

 C’est nous les Canuts, nous n’irons plus nus.

 

(Aristide BRUANT, 1894)

 

 

 

 

 

 

 

 

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