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Le jour. D'après fred sabourin

Printemps des Poètes

8 Mars 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

Je suis allé me poser le cul sur une chaise, contre la vitre du bar… 
(Blaise Cendrars) 

      Chose promise, chose due : voici un petit florilège de quelques rimes & proses pour respirer un peu l’air des poètes, qui, comme le disait Baudelaire, sont « exilés sur le sol au milieu des hués ; leurs ailes de géant les empêchent de marcher ».

Que ton poème soit dans les lieux sans amour,
Où on trime, où on saigne, où on crève de froid.
Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds
Un café noir au point du jour
Un ami rencontré sur le chemin de croix

Aragon, Ce que dit Elsa

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                                         Complet blanc



Je me promène sur le pont dans mon complet blanc acheté à Dakar.
Aux pieds j’ai mes espadrilles achetées à Villa Garcia.
Je tiens à la main mon bonnet basque rapporté de Biarritz.
Mes poches sont pleines de Caporal Ordinaire.
De temps en temps je flaire mon étui en bois de Russie.
Je fais sonner des sous dans ma poche et une livre sterling en or.
J’ai mon gros mouchoir calabrais et des allumettes de cire, de ces grosses que l’on ne trouve qu’à Londres.
Je suis propre, lavé, frotté  plus que le pont.
Heureux comme un roi
Riche comme un milliardaire
Libre comme un homme. 

Blaise Cendrars, Feuilles de route, I : le Formose. 1924. 



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                                            L’albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage
Le navire glissant sur des gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle gueule,
L’autre mime en boitant l’infirme qui volait !

Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire




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