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Le jour. D'après fred sabourin

Merci Robert !

17 Octobre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

 

reduit SAB 5757

 

 

En avant goût de quelques notes émanant de sa conférence de clôture ("Justice et Histoire"), trois images. Il est des moments, dans la vie d'un journaliste et surtout d'un homme, où la rencontre tient de l'ordre de la grâce, plus que de l'émotion, même si celle-ci était présente. Robert Badinter, ex ministre de la Justice et Garde des sceaux sous François Mitterrand, l'homme de l'abolition, l'avocat insatiable des causes humaines les plus profondes - de la négation des crimes contre l'humanité  aux causes les plus banales, pourvue qu'elles concernent l'homme dans son entier - a été accueilli très chaleureusement par le public venu nombreux à la Halle aux grains de Blois, pour la clôture de ces 13è rendez-vous de l'Histoire, dont le thème était cette année "la Justice".

 

"Ce n'est pas une mince liberté qu'on défend lorsqu'on défend celle des historiens. C'est une affaire de justice mais aussi de démocratie".

 

C'était le mot de la fin, mais pour nous c'est loin de l'être. A bientôt donc pour de nouvelles aventures historiques sur ce blog.

 

 

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                     Avec Jean-Noël Jeanneney, président du comité scientifique des Rendez-vous de l'Histoire

 

 

 

 

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Histoire et justice, un couple en harmonie ?

 

Robert Badinter présidait ces treizièmes rendez-vous de l’histoire, en donnant une conférence finale intitulée « Justice et histoire ». Sénateur, avocat et ancien ministre de la justice dans le gouvernement Mauroy de François Mitterrand, Robert Badinter, ovationné à son arrivé, a décrit les rapports singuliers et complexes qu’entretiennent magistrats et historiens depuis toujours.

Clio, la muse de l’histoire, et Thémis, déesse de la justice, ont dû esquisser un frisson de joie contenue mais pourtant bien réel en voyant le public venu très nombreux à la Halle aux Grains de Blois dimanche soir. Robert Badinter, l’homme de l’abolition de la peine de mort, avocat insatiable des causes les plus ardues car les plus profondément humaines, debout derrière le fauteuil de conférencier, regard baissé, s’imprégnant avec humilité de cet hommage vibrant. Il y avait de quoi. Le personnage n’en finit pas de nous étonner, de passionner et de nous alerter sur ce qui fait l’homme, et l’homme justiciable.
Il nous avait donné rendez-vous avec la muse de l'histoire et la déesse de la justice, qui entretiennent des rapports complexes et singuliers, comme peuvent l’être ceux d’un magistrat et d’un historien. « Faire justice, rappelait-il en ouverture, c’est pour l’historien faire l’histoire des institutions mais aussi de la représentation de la justice. Et aussi sur le regard extérieur posé sur la justice. » Par tradition, il y a une sorte d’harmonie entre historiens et magistrats, et Robert Badinter observe que c’est particulièrement vrai du côté des magistrats. Est-ce que la réciproque est vraie ? L’ancien garde des sceaux ne le pense pas, et c’est lié à la recherche historique : « l’historien ne peut pas rester du côté jardin, il lui faut aller voir du côté cour, car là est la réalité. » Le magistrat est néanmoins le garant de la liberté de l’historien et du respect de sa liberté de recherche. « Le juge et l’historien peuvent dresser l’un et l’autre le portrait dans la même mesure de part et d’autre. »
Le statut du crime contre l’humanité, les procès qui ont suivi celui de Nuremberg, l’effet zoom de la justice, la tentative de prise en main du pouvoir législatif sur l’histoire, sont des facteurs entrainant une transformation des relations entre justice et histoire. « Les lois dites mémorielles, que je nomme volontiers compassionnelles et qui n’ont d’ailleurs pas été soumises au Conseil constitutionnel, mettent le législateur hors de ses compétences. Il est hors des pouvoirs du Parlement de dire l’histoire, ce n’est pas de sa compétence constitutionnelle. Il n’y a que les pouvoirs totalitaires et les dictatures pour légiférer sur ce qui doit faire l’histoire, » s’insurge le sénateur Badinter qui n’a rien perdu de sa verve. Rappelant au passage sur dans la Constitution de la Ve République, le législateur ne s’est vu attribuer qu’un pouvoir participatif.
Passant par l’explication de la loi Gayssot sur la négation des crimes contre l’humanité au procès de Nuremberg, Robert Badinter terminera sa conférence donnée dans un hémicycle très attentif, en défendant la liberté des historiens : « Ce n’est pas une mince liberté qu’on défend lorsqu’on défend celle des historiens. C’est une affaire de justice et de démocratie. »

Applaudissements. Rideau.

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