La Rafle
13 Mars 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma
De Rose Bosch. France, 2010. 1h55. Distributeur : Gaumont. Avec : Mélanie Laurent ; Gad Elmaleh ; Jean Reno…
Peut-on minutieusement construire un film très documenté en espérant montrer quelque chose de l’histoire trouble d’une période française qui ne le fut pas moins ? Peut-on réaliser un film sur un tel sujet – peu fréquent au cinéma – sans s’exposer à trop en faire, y compris dans l’émotif ? Ce sont quelques unes des questions posées par La Rafle, film très attendu autant que décevant.
L’été 1942, à Paris. Comment 13 000 juifs apatrides furent arrêtés et conduits au Vel d’hiv, puis dans un camp dans le Loiret avant d’être déportés et exterminés dans un camp de concentration. Le tout à travers les destins croisés de familles, d’enfants, d’un médecin et d’une infirmière sur fond de tractations entre le Maréchal Pétain, Laval, Bousquet, Himmler et Hitler.
Evacuons d’emblé les stéréotypes du genre, attendus au tournant comme un bon vieux radar à la sortie d’une discothèque un samedi soir : La Rafle est un film tire-larme, un film aux images souvent « chromo » (effet sépia), un film où l’icône du cinéma français a les yeux bleus qui coulent beaucoup (Mélanie Laurent). La Rafle est un film qui, de ce point de vue, ne surprend pas. Pas plus qu’il ne nous apprend de nouvelles choses sur la rafle du vel d’hiv, ni de l’état d’esprit qui a précédé, ni du régime de Vichy lui-même. S’il est vrai que le conseiller historique Serge Klarsfeld a tiré profit d’un excellent travail documentaire, on est moins reconnaissant à Rose Bosch d’avoir voulu tout montrer, en omettant la touche de cynisme dérangeant qui aurait sans doute été la marque de fabrique d’un Costa Gavras, François Dupeyron ou d’un Bertrand Tavernier. Ce qui était bien, dans Amen, La Chambre des Officiers ou Le Capitaine Conan, c’est qu’ils montraient plus des états psychologiques, des questionnements stratégiques via des personnages tourmentés par leurs actes, ou par la soumission à des actes. Avec La Rafle, à de rares moments on perçoit ce qu’aurait pu être le film s’il s’était moins attaché à la reconstitution historique et visuelle d’un Montmartre de carte postale, d’un Vel d’hiv plein à craquer de familles juives entassées dans des conditions sanitaires indignes, ou d’une séance récréative dans le nid d’aigle d’Hitler.
L’idée de confier le regard à des enfants semble sans doute la meilleure posture adoptée, mais comment se souvenir avant la fin de La Rafle qu’aucun des 4000 déportés ne reviendra ? L’effet tombe alors souvent dans le pathos bien pensant d’une scène finale où deux d’entre eux survivent, donnant l’occasion à Mélanie Laurent de pleurer de nouveau.
Seules les images du début – images d’archives – donnent à La Rafle l’effroi qu’il est censé nous transmettre : Rose Bosch choisit d’ouvrir avec la visite par Hitler et sa garde rapprochée d’un Paris désert, Trocadéro, Tour Eiffel et la Madeleine, et les policiers en « hirondelles » saluant le passage du triste cortège de corbeaux accomplissant leur funeste besogne. Pas sûr qu’un collégien comprenne les 110 minutes qui suivent, censées montrer que tout cela fut bien vrai. Hélas.
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