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Le jour. D'après fred sabourin

Maurice Genevoix et les Poilus : au Panthéon !

11 Novembre 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #l'évènement, #littérature

Le vendredi 11 septembre 1914, M. Genevoix écrit dans son carnet, qui deviendra ensuite Ceux de 14. Sous Verdun (dédié à son camarade Loirétain Robert Porchon, chef de section à la 7e compagnie du 106e Régiment d'Infanterie comme lui) : "Debout ! Sac au dos !" On part. Une dizaine de fusants éclatent dans les champs, des flaques, des mares qui s'étalent, et de minuscules canaux parallèles au fond des sillons droits.

- Mardi 10 novembre, 16h45-17h, Angoulême-nord, Champniers -
- Mardi 10 novembre, 16h45-17h, Angoulême-nord, Champniers -
- Mardi 10 novembre, 16h45-17h, Angoulême-nord, Champniers -

- Mardi 10 novembre, 16h45-17h, Angoulême-nord, Champniers -

Encore des bois, un chemin perdu sous les feuilles denses, d'un vert avivé par la pluie. Des fossés comblés d'herbe drue, de ronces emmêlées qui poussent des rejets jusqu'au milieu du chemin. Des trilles, des roulades, des pépiements sortent des frondaisons. Parfois, un merle noir s'envole devant nous, filant si bas qu'il pourrait toucher terre de ses pattes, et soulevant les feuilles au vent de ses ailes. Au-dessus de nos têtes, une grande trouée bleue, limpide et profonde, attire le regard et le caresse. Douceur et paix.

Lorsque nous sortons des bois, tout est redevenu gris et navrant. Nous pataugeons dans un pré marécageux où des canons et des caissons s'alignent, encroûtés de boue jusqu'à la hauteur des moyeux et mouchetés d'éclaboussures. Des entrailles de moutons, des peaux visqueuses s'affaissent dans les flaques en petits tas ronds. Des ossements épars, qui gardent attachés des fragments de chair blanchâtre, délavée, donnent à cette plaine un aspect de charnier. Une route la traverse, luisante d'eau qui stagne, bordée d'arbres tristes, à perte de vue. Et sur cette platitude pèsent les nuages bas, aux formes lâches, de grandes traînées de pluie qui rampent l'une vers l'autre, s'accouplent se confondent, finissant par voiler tout le bleu qui brillait à travers les feuilles et nous faire prisonnier d'un ciel uniformément terne, humide et froid.

Nous sommes près de Rosnes derrière nous, un village au bord de la route. J'évoque les maisons qui ne furent peut-être pas bombardées, les granges où il y a du foin, du foin moelleux, odorant et tiède, dans lequel il ferait si bon s'enfouir".

Maurice Genevoix. Ceux de 14. Sous Verdun.

En 1927, tirant parti du Prix Goncourt pour Rabolliot (1925), il avait acheté une vieille maison dans le hameau des Vernelles, à Saint-Denis-de-l'Hôtel dans le Loiret, dont il disait : "une vieille maison rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets"...

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