Zone
17 Décembre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #regarde-la ma ville
(un projet photographique)
- Sans issue -
Les photos que vous allez voir ci-dessous ont dormies pendant à peu près un an dans le disque dur, très dur, de mon ordinateur. C’est comme ça, parfois, on choute des trucs sans trop réfléchir et on se dit que « ça pourra servir plus tard. » Dans le cas présent de ce « choute » rouennais, cela n’était pas complètement irréfléchi. Ce projet photographique, je l’avais longuement pensé avant d’aller sur place. Il s’agit d’une zone urbaine aux portes de Rouen, à Saint-Etienne-du-Rouvray. Un endroit peu glamour en vérité, cerné par le boulevard Lénine (tout un programme !), les cheminées d’usine, la voie de chemin de fer, une autre usine, et la Seine. Là sont aussi échoués des hôtels bon marchés où l’on peut arriver et repartir sans avoir croisé un être humain, il suffit d’avoir une carte de couleur bleue. Près de cet endroit il y a un rond point, bizarrement nommé « des vaches, » parce qu’il y a des statues de vaches au milieu, inertes, semblant regarder passer les automobilistes et camions filant vers d’autres lieux moins inhospitaliers.
C’est l’apparente absence d’êtres humains qui m’avait justement attiré là, un jour d’automne froid et pluvieux, où les beaux jours ne sont plus qu’un vague souvenir, et où l’hiver s’annonce à petits pas, avec ses lumières froides et grises. J’étais souvent passé, en voiture, sur le fameux boulevard Lénine, qui se poursuit en boulevard Industriel, coincé entre les lignes de chemin de fer et la zone industrielle. Ce coin-là me paraissait un no man’s land, comme on dit. Mais on voyait bien que des gens habitaient là, entre les maisons abandonnées, une rue construite à la manière des corons du nord, cité – usine pour ouvriers échoués au milieu de rien ou si peu, rues sans issues et boulevards passants, parkings d’hôtel d’un soir et cheminées d’usines.
Cela semblait irréel, comme hors du temps et pourtant la trace de l’homme était partout, à bien y regarder. Voitures, jardinets, balançoires, poubelles, caravanes, plantes, rideaux aux fenêtres, chiens de garde.
J’ai passé la matinée à photographier ce lotissement à demi habité, à demi abandonné, ces rues boueuses et routes passantes (me répétant sans cesse, « boulevard Lénine »), en me disant que cette matière finirait, un jour, par servir. J’ai photographié jusqu’à ce que, de façon inattendue, le soleil perce les nuages. Ça changeait tout, et ce n’était plus la lumière que je voulais. Je suis parti.
J’ai repensé à ces photos en voyant, il y a quelques jours, une zone similaire près de Vendôme, dans le département où je vis désormais. Alors je me suis dit qu’il était peut-être temps de ressortir cette série et d’en faire quelque chose.
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(c) Fred Sabourin. nov 2010 - dec 2011.
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