Que mon cimetière soit plus marin que le sien
4 Juillet 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...
- Saint-Cirq-Lapopie -
Déférence gardée à messieurs Paul Valéry et Georges Brassens, j’aime visiter un village en commençant par son cimetière. A bien y regarder, on sent beaucoup de la quiétude d’un hameau à la tranquille beauté de ses pierres tombales. S’il faut être fou pour se demander : « est-ce ici que le repos éternel serait le meilleure ? » alors oui, je suis fou. Une personne qui m’accompagne dans cette pérégrination quercynoise n’est pas loin de le penser, quand brusquement je donne des coups de volant à la vue d’une église romane et de son cimetière attenant. C’est bien souvent l’endroit le plus peuplé du village, et à défaut de bistros – souvent inexistant à notre époque hélas – le cimetière est encore le lieu le plus fréquenté. On se surprend même à constater que les morts les plus vieux (drôle d’expression n’est-ce pas ?) sont parfois les plus fleuris. Et de fleurs fraîches avec ça ! Sous cette latitude chaude, finalement assez peu de morts en 2003, la fameuse année de la canicule qui tua soit disant beaucoup de gens. Beaucoup plus victimes des guerres de 14-18 et 39-45 et leurs suites. Une bonne série de jeunes soixantenaires, signe que le crabe étend son influence bien au-delà de l’estran.
D’abord il faut pousser la grille, qui, comme dans un film, grince évidemment. C’est la sonnette pour les morts. Ils sont prévenus que quelqu’un leur rend visite. Puis le regard s’attarde ça et là au gré du marbre gris, parsemé de taches multicolores ou de fers rouillés des croix qui pendouillent au gré des vents de l’éternité. Passent les semaines et passent les années… On cherche des noms, qu’on ne connaît pas bien entendu. Sauf à tomber sur tel ou tel, voire sur le sien (très rare dans cette région). Bredouille, on remarque la prédominance de certaines familles, de leur statut social, et on joue au jeu des prénoms. La République des Jules nous interpelle là, sous le cagna d’un midi de juin, heure où tout est brûlé même le cerveau. L’angélus sonne, l’heure médiane où tout consume même les plus amples convictions : point de paysans à l’horizon pour prier au milieu des champs. Pourtant cette cloche n’est pas sans nous rappeler quelque chose…
Accrochés aux flancs de falaises découpées patiemment par les glaciers millénaires et fondants, ces petits cimetières invitent à la flânerie, quoiqu’on en dise et pense. Et si l’on tendait l’oreille, après que la cloche se tu, on entendrait presque les verres tinter des bistros morts aussi, et les coups de gueule des vielles à leurs maris, et les rires des enfants, et les balles de guerre, et le cri des agonisants.
- Ce toit tranquille où marchent les colombes -
- Ce n'est pas la plage de Sète -
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