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Le jour. D'après fred sabourin

Drôle de guerre (chronique de confinement #1)

18 Mars 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #l'évènement, #drôle de guerre

Drôle de guerre (chronique de confinement #1)

Bon, chacun (ou presque) l’aura compris : nous sommes partis pour durer un sacré moment dans cette période où chacun est invité à rester chez lui, confiné comme on dit. Et ça n’est pas une mince affaire : d’ordinaire on cherche toujours du temps pour être chez soi à faire toute la liste des trucs qu’on se promet toujours de faire sans jamais pouvoir y parvenir, et maintenant qu’on offre à certains la possibilité de passer à l'acte, ça coince. Évidemment, je pense fortement à ceux qui doivent faire du « télétravail » avec leurs enfants en bas âge dans la maison – voire dans la même pièce – celui ou celle qui a décidé que c’était possible, c’est sûr, il n’a pas d’enfant !

Nous sommes en guerre donc. C’est le Président qui l’a dit. Ça fait bizarre quand même, d’entendre ça. Mes grands-parents, qui l’ont connue eux, la guerre, la vraie, parlait souvent de la « drôle de guerre », pour signifier ce que fut leur vie non seulement dans les mois qui ont précédé juin 1940, mais les quatre années qui s'en suivirent. J’ai toujours trouvé étrange cette expression, je ne savais pas si je devais en sourire ou en pleurer. Ils parlaient de cette période paradoxalement comme plutôt heureuse – ils étaient jeunes mariés – ils faisaient du « cyclotourisme » comme ils disaient, le système D fonctionnait à plein régime… bref, ils s’accommodaient, s’adaptaient. Ça n’empêchait pas la peur – comme celle qui les a saisis un jour de bombardement en 1944 où, me disait ma grand-mère, « on a tellement détalé que j’en ai perdu une chaussure », et à l’époque des tickets de rationnement le détail n’en était pas un…

Bon, dans tout ça, il nous faut essayer de garder le moral – à défaut du sourire, qui s’efface peu à peu des visages croisés à distance règlementaire – alors pour savoir comment faire quand on est « confiné », je suis allé demander à un spécialiste du confinement comment il faisait dans les jours ordinaires, c'est-à-dire sa vie "normale". Et vous savez quoi ? Il est muet comme une carpe ! Si on ne peut même plus compter sur les animaux pour nous sauver la mise alors…

Drôle de guerre !

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De Gaulle : l’homme seul, entre Yvonne et Charles

12 Mars 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #chronique cinéma

Concentré entre mai et juin 1940, De Gaulle, de Gabriel Le Bomin, évite le piège de la grande reconstitution-fresque historique pour se concentrer sur le moment où l’homme de 50 ans a rendez-vous avec l’Histoire, un destin, et sa famille. Étonnant.

De Gaulle Isabelle Carré, Lambert Wilson (c) ALAIN GUIZARD SND

De Gaulle Isabelle Carré, Lambert Wilson (c) ALAIN GUIZARD SND

Imagine-t-on le général De Gaulle embrasser sa femme – Yvonne – lui caresser la cuisse, ou poser une main affectueuse et virile sur la nuque de son fils Philippe ? On connait cette photo – une des rares intime – où Charles de Gaulle, endimanché et enfoncé dans un transat sur une plage comme s’il allait au bureau, tient dans ses bras sa fille Anne, trisomique, décédée à 20 ans et qui compta tant pour lui. Une autre le montrant avec Yvonne sur une plage d’Irlande après avoir quitté le pouvoir, dans une ambiance de fin de règne. Pour le reste : rien, ou si peu. L’icône absolue de l’Histoire de France du XXe siècle se prête-t-elle à la fiction ? Jean-Pierre Meleville le représentait de dos dans L’Armée des ombres en 1969. Bernard Stora en 2005 avait offert la possibilité à Bernard Farcy d’incarner le Grand Charles, moitié documentaire, moitié feuilleton. Imagine-t-on davantage le général De Gaulle en proie aux doutes et aux atermoiements familiaux liés au conflit entre le destin de la France, le sien propre et celui de sa femme et ses enfants ?  C’est en tout cas le pari fait par le réalisateur Gabriel Le Bomin, auteur de Nos patriotes en 2017, qui s’est lancé avec ce De Gaulle dans une aventure un peu hors norme il faut le reconnaître mais sans pour autant sombrer dans l’obsession de la fresque historico-politique de 30 ans de vie publique du général. Le film tient tout entier dans les deux mois qui précèdent l’appel du 18 juin, dans cette France abattue jetée début juin 40 sur les routes de France avec valises et matelas sur le dos, charrettes et autos croulant sous les bijoux de famille que beaucoup tentaient de sauver, au péril de leur vie. Face à un gouvernement dirigé par Paul Reynaud qui change d’avis comme de chemise (excellent Olivier Gourmet), De Gaulle, qui n’en fait qu’à sa tête nouvellement coiffée d’un képi de général de brigade, s’envole pour Londres où un autre têtu va lui ouvrir les portes de la BBC, un certain Winston Churchill (campé par Tim Hudson).

De Gaulle Isabelle Carré, Lambert Wilson (c) Alain Guizard SND

De Gaulle Isabelle Carré, Lambert Wilson (c) Alain Guizard SND

Ce dernier a été moult fois incarné à l’écran, entre cigares et whisky, mais très peu De Gaulle. Lambert Wilson s’attaque au mythe, et réussi la prouesse de quasiment y parvenir, la voix en moins, et c’est parfois ce qui manque. L’avouera-t-on ? "On a été déçu, mais en bien", comme disent nos cousins suisses. Peut-être parce que Lambert Wilson ne se prend pas pour Dieu le père – en l’occurrence le général. Cette retenue - trop, parfois, comme s’il hésitait se rendant compte du vertige provoqué par la tâche ? - en rencontre une autre. Celle d’Isabelle Carré, campant Yvonne De Gaulle avec juste ce qu’il faut de sensualité et de gravité dans les rides d’un front discrètement plissé, pour nous faire oublier la vraie Yvonne, celle qu’on voyait sur une photo servir une louche de soupe à son général de mari, le soir après le boulot.
 

Le trait d’union, c’est Anne. Les différentes jeunes actrices qui la campent – vraies trisomiques – sauront-elles un jour l’importance du rôle qu’elles ont joué ? Sans aucun doute elles le savaient déjà. Dans la vie du grand Charles et d’Yvonne, en tout cas, on sait combien cette petite fille fragile a compté. C’est en la promenant et lui tenant la main que, paraît-il, lui venaient les idées. Celles de Gabriel Le Bomin et de sa scénariste, Valérie Ranson Enguiale, en réalisant ce De Gaulle montrent qu’on peut désormais s’attaquer à la légende avec un scénario bien ficelé, en choisissant surtout un acteur qui demeure droit dans ses bottes, sans s’étourdir en se prenant pour Dieu…

F.S.

De Gaulle Lambert Wilson (c) ALAIN GUIZARD SND

De Gaulle Lambert Wilson (c) ALAIN GUIZARD SND

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