chronique ardéchoise d'un journaliste localier (tome 4)
L’Auberge rouge
De Gérard Krawczyk. France 2006. 1h35. Distributeur : Warner Bros France. Avec : Josiane Balasko ; Gérard Jugnot ; Christian Clavier…
A la fin du 19è siècle, dans le beau mais rude département de l’Ardèche, une sinistre auberge dite « du Croûteux » se dresse au milieu d’une nature sauvage et hostile. Un établissement coquet tenu par des Ténardiers locaux, Martin et Rose, qui font assassiner les voyageurs isolés par leur fils adoptif sourd et muet. Un soir d’orage, le père Carnus a sous sa responsabilité un adolescent qu’il doit conduire à un monastère perdu dans la montagne. Ils croisent une diligence qui va les mener tout droit vers une épopée dont ils ne soupçonnent pas encore qu’elle mettra en péril leur existence.
En 1951, Claude Autan Lara s’était déjà emparé d’un scénario de Jean Aurenche, Ardéchois lui-même, à partir de ce fait divers nationalement connu qui s’était déroulé dans les années 1830 à l’auberge de Peyrbeille, aux confins de l’Ardèche et de
Au milieu de nulle part, c’est aussi l’adresse de la fameuse auberge où, dit-on, le couple de taulier assassinait les voyageurs isolés.
Gérard Krawcyk, en tournage de Taxi 4, passe à la diligence avec L’Auberge Rouge, et en alignant dans le même film Gérard Jugnot, Josiane Balasko et Christian Clavier, on se doutait bien que le niveau serait à la hauteur des exigences qu’on attend d’eux. On ne pourra pas dire que c’est une adaptation fidèle des faits (sombres) de 1830, mais dans le registre comique, ça fonctionne assez bien, Christian Clavier parvenant presque à faire oublier ses choix politiques récents…
Il faut souligner la présence de seconds rôles efficaces, notamment Urbain Cancelier (qui jouait Colignon – tête à gnons dans Amélie Poulain), ou encore Sylvie Joly en Comtesse de Marcillac, méconnaissable.
Le tournage n’a hélas pas eu lieu en Ardèche, et Gérard Krawczyk avoue d’ailleurs ne pas avoir visité la vraie auberge (lieu touristique dans la région !), mais dans les Pyrénées ariégeoises, et au Pont d’Espagne, près de Cauterets. Pas mal non plus.
Cela dit, les habitants de Privas peuvent se réjouir, le nom de cette charmante bourgade est cité trois fois au cours du film.
Qui a dit qu’il ne se passait rien en Ardèche ?
Ardéchois, coeur fidèle : numéro trois
« 07 »
La chronique de ce jour va sûrement paraître comme anecdotique, mais l’histoire est vraie et elle me revient en mémoire avec un brin d’amusement.
En « CM2 », ce que les plus anciens appellent la « 7è », notre instituteur, tendance vieille école, nous a fait apprendre par cœur les départements français. A raison de dix par semaine, en soixante-dix jours l’affaire était entendue. Par goût pour la géographie, cet exercice me passionna, et je ne me lassais pas de voyager sur la carte de France de ces numéros, ces préfectures, ces contrées aux noms de fleuves, rivières, océan et mers, montagnes ou plaines. Je les imaginais et me nourrissais de leurs images en feuilletant un dictionnaire. Cela représentait au moins l’avantage d’occuper le temps lors de grands voyages en voiture, pour les migrations des vacances par exemple. On savait d’où venait la voiture d’à côté. Les numéros commençant par zéro retenaient mon attention. Ils semblaient si éloignés du microcosme charentais où je vivais alors. 01, l’Ain, Bourg-en-Bresse. 02, l’Aisne, Laon. 03, l’Allier, Moulin. 04, Alpes de Haute Provence, Digne. 05, Hautes-Alpes, Gap. 06, Alpes-Maritimes, Nice. 07 : l’Ardèche, Privas. En cherchant dans le dictionnaire, j’apprenais que Privas, préfecture de l’Ardèche, ne comptait « que » 10000 habitants. Cela me paraissait ridicule. Comment avait-on pu déclarer une si petite ville préfecture ? La leçon d'histoire apportait la réponse : Napoléon voulait que le point le plus éloigné des départements ne soient qu’à une journée de cheval maximum du représentant de l’Etat. Une vision qui se défend. Mais ce qui forçait mon admiration, c’était de découvrir que cette préfecture en question n’était desservie par aucune ligne de train, ni marchandises ni voyageurs. Comment pouvait-on y vivre ? Le département de l’Ardèche était aussi celui qui voyait naître sur son sol la source de
Presque vingt-cinq ans me séparent de cette année où un instituteur de style troisième République nous faisait apprendre des choses qui paraissaient inutiles (Monsieur Malgogne, à l’école St Paul, pour ceux qui le reconnaîtront). Devant la carte de France des départements, mes yeux s’égarent. Perdu dans le « 07 », je contemple désormais les autres départements. Si loins, si proches…
PS : l’interface de gestion du blog, « over-blog », m’avertit depuis plusieurs jours que je vais passer en version 2 du blog. Cela facilitera la maintenance, paraît-il. Le message, inscrit en rouge, indique également qu’il pourrait y avoir quelques petits problèmes de connexion pendant la manœuvre. J’ignore quand, mais je voudrais simplement m’en excuser d’avance. Je n’y suis pour rien, car ne décide de rien non plus. La version 1 m’allait très bien. Mais le progrès fait rage, et nous vivons une époque décidément moderne. Qu’on le veuille ou non, on n’arrête pas le progrès.
Ardéchois, coeur fidèle (chronique quotidienne d'un journaliste localier)
Monsieur le Préfet fait du vélo
Mon intégration dans le microcosme ardéchois fut des plus efficace. Deux conférences de presse, l’une au Conseil Général sur le thème de la « coopération décentralisée » (au Sénégal), l’autre à la Préfecture, à l’occasion de la « semaine du développement durable ». Autant dire les deux tiers du pouvoir décisionnel et de l’information locale. C’était lundi. Pourvu que ça dure…
Monsieur le Préfet est un homme de goût et la préfecture va donc montrer l’exemple, en adoptant notamment un parc de vélo, et vu la topographie des lieux, il y a fort à parier que le futur vainqueur de l’étape du tour de France à l’Alpe d’Huez sera Ardéchois. Autres mesures « visibles », le plantage de plantes à faible consommation en eau dans les jardins de la préfecture, et les repas de produits entièrement régionaux à la cantine associative. Vont bouffer des marrons les élus ardéchois ! J’ai gardé le meilleur pour la fin : des poubelles pour tri sélectif du papier dans les administrations locales.
« Des mesures de saupoudrages, mais qui cachent en fait une stratégie ne vous inquiétez pas », s’empresse de préciser l’énarque représentant de l’Etat tout-puissant.
C’est bien ça le problème, au fond : le saupoudrage, comme un écran de fumée pour mieux masquer les retards pris depuis plusieurs années en France sur la question de l’écologie et du développement durable. Mieux vaut tard que jamais.
Pas de doutes : ce Préfet est bien de la majorité présidentielle… Et sans doute un proche de Christine Lagarde : il veut mettre tout le monde sur des bicyclettes.
Ardéchois, coeur fidèle
chroniques quotidiennes d’un journaliste localier
Fraîchement débarqué en Ardèche, Tintin reporter entreprend de vous faire partager le quotidien d’une grosse bourgade de 9500 âmes, et pourtant préfecture : Privas.
De ces chroniques « privadoises » (c’est ainsi qu’on nomme les habitants de Privas), je tenterai de tirer le meilleur, et le pire, quand celui-ci me viendra au nez, grâce au vent de l’information locale qui fait du journaliste une plaque tournante de l’information. Et combien plus dans les « petites villes ». Parlons-en : vu de Paris, ou de Lyon, ou de Rouen, ou même d’Angoulême, Privas fait office de trou paumé dans la pampa, dans lequel il ne se passe rien. Cette vision est certainement en partie vraie, mais néanmoins réductrice. Pour ne pas taxer les journalistes d’effectuer un travail approximatif, je tenterai de pousser l’investigation le plus profond possible.
Je sens qu’une question brûle certains lecteurs : mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Pourquoi avoir accepter d’être journaliste pour le compte de radio RCF Vivarais dans ce trou ? La rémunération serait-elle si attractive ? (sur ce point, je vous rassure : non !).
Esquisse de réponse : de la même manière que dans le show-business il faut parfois accepter de « coucher » pour devenir chanteur ou acteur, dans le journalisme, il faut parfois faire ses preuves en tant que « localier », lisez « journaliste – rédacteur – producteur d’information locale ». Il faut coucher avec le fait divers, et les pinces fesses de la Préfecture, de la Mairie ou du Conseil Général. Fréquemment, ce local rime avec rural, car c’est bien de cela dont il s’agit. Etre localier, comme le dirait un autre journaliste RCF, en Saône-et-Loire celui-ci, c’est être « grand reporter des petites choses ». Ce que les urbains appellent, avec une légère condescendance, « les chiens écrasés ». Et les pompiers autrement… Nous irons donc vérifier, avec tous les attributs du parfait reporter (micro en main, appareil photo en bandoulière et carnet à spirale dans la besace), si le taux de mortalité de nos amis les bêtes est plus fort ici que sur les trottoirs des arrondissements des grandes métropoles.
Pour ceux qui s’en souviennent, le très chiraquien Denis Tillinac avait consigné soigneusement sa vie de « localier » à Tulle, dans un livre nommé Spleen en Corrèze. Il racontait, avec la truculence et le désabusement qu’on lui connaît, la vie de cette petite préfecture, agricole et néanmoins bourgeoise, délicieusement désuète et complexée par sa situation géographique et sociale, ce que les spécialiste de l’aménagement du territoire qui nous gouvernent nomment une ville « enclavée ».
Bien entendu, la comparaison s’arrête là, car je ne suis ni Tillinac, ni Corrézien, et Privas donne plutôt l’image d’une bourgade assoupie sous le poids d’une fonction publique très présente, et donc à la réputation peu dynamique. Sauf en cas de grève, où tout le monde se masse en rang serrés dans les rues pour manifester son mécontentement d’avoir d’abord voté socialiste dans les années 80 afin d’être embauché ad vitam dans le grand corpus de l’Etat providence, puis UMP en 2007 pour augmenter son pouvoir d’achat et posséder un écran plat, sésame du bonheur quotidien (dit-on).
C’est justement pour tordre le cou à ces rumeurs que j’entreprends de chroniquer (ta mère) sur le quotidien de la capitale administrative de l’Ardèche.
Un billet par jour (ou presque, je connais le truc). Des photos autant qu’il en faudra. De l’humour et du cynisme, parfois. De l’aventure : toujours.
Le très charmant centre-ville de Privas, avec, au fond, l'Hôtel de Ville. Période soviétique d'une architecture ardéchoise probablement. Promis, je ferai de plus belles photos dès que...
Vous vous demandez où ça peut bien être "Privas". C'est là :
de pics et de pointes : que justice soit faite !
Au palais de justice de Rouen, malgré son teint refait à neuf, les grilles d'entrée annoncent la couleur. Ici, Monsieur, on a brûlé la femme qui répondait en français aux questions anglaises. On peut aussi empaler ! (Rachida ? P't'ête ben qu'oui, p't'ête ben qu'non).
Libres nous sommes, et on est allé s'encanailler au "Shari vari" de la rue St Nicolas, pour boire le monde et refaire des coups. D'ici, on en ressort : content (le patron paie parfois sa tournée de bon coeur). Assourdi par les cris de chatte étranglée d'une "chanteuse" de rock qui miaula au nom de "Christal Palace". Avec le pull, polo et caban qui sentent la clope pour le restant du ouikende...
drame au large de Dieppe ? (la suite)
on l'a échappé belle...!
A Pourville (Seine-Maritime). Voir la mer, car elle est gratuite.
drame au large de Dieppe ?
... la suite demain !
Vous avez du courrier
Sur la route
Sur la route, qui file loin
Derrière elle, son jardin
La route est longue jusqu’à la mer
Arrivera-t-elle avant l’hiver ?
Et elle a peur, sur le chemin
Et sur la route qui file loin
D’oublier, oui elle a peur
Sur le chemin
Et sur la route qui file loin
Sous les ronces, sous les bruyères
Et sous la mousse, et sous la pierre
Sous les algues, et sous la mer
Poser les cendres de l’être cher
Et elle a peur, sur le chemin
Et sur la route qui file loin
D’oublier, oui elle a peur
Sur le chemin
Et sur la route qui file loin
Elle est une rose en larme éclose
Elle est une rose en larme éclose.
Emily Loizeau, album L’autre bout du monde
Près de l'église de Varengeville, sur la "côte d'albâtre", se trouve un chemin qui se nomme "des grandes masures". Bocage normand, cottage anglais ou côte est des Etats-Unis : on hésite. Si vous passez par là, arrêtez vos pas et laissez-vous impressionner par la lumière sans cesse changeante des ciels normands. Elle apporte le courrier... (du coeur, évidemment).
"Mes dix moi"
Jali (http://urbaine.hautetfort.com/) a lancé l'idée, relayée par Véronique (http://voirouregarder.typepad.com/). Une très belle idée à faire partager. Les blogueurs visiteurs peuvent aussi se lancer dans l'exercice !
Bonne balade.
1 : petit déjeuner
Un classique : café, pain, beurre. Surtout du beurre...
2 : par la fenêtre
Rouen ouest. Pont Flaubert (pont levant le plus haut d'Europe : 57m s'il-vous-plaît !). Chantier. Ok vu comme ça on peut ne pas aimer. Je ne m'en lasse pas...
3 : boîte aux lettres
54 appartements : je ne suis pas seul dans la résidence "des Framboisiers"...
4 : les chaussures du moment
Chaussures "classes" pour la semaine. "Converses" à la mode pour le wouikende. Rien de très original.
5 : devant la glace
No comment...
6 : dans le portefeuille
Pourquoi "un dollar" ? Parce qu'on ne sait jamais...
7 : à environ 80 pas de ma porte
Pas moins de quatre sens interdits. Mais avec mon vélo, c'est sans interdits...
8 : de la vie chez moi
Les gardiens et gardiennes de mon sommeil... Et "l'anthologie de la poésie française" de G Pompidou, toujours.
9 : au hasard à la télé (ou sur le net)
Mon ami blogueur David L., qui "apprend à regarder". Tous les jours, ou presque (http://simerah.spaces.live.com/default.aspx?_c02_owner=1)
10 : dans le tiroir le plus près de mon bureau
En fait une boîte à godasses recyclée. Bien sûr il y a des trucs qui ne servent plus, mais c'est difficile de jeter. Là encore, "on ne sait jamais"...
chanson d'automne...
...jardin d’hiver
Quelque chose d’imperceptible et pourtant si présent.
A l’œil nu, les feuilles déshabillent les arbres qui grelottent de froid le matin.
Bientôt aussi l’après-midi, et le soir.
Avant de les ramasser à la pelle, elles s’entassent, en formant un matelas où parfois les enfants aiment à se vautrer.
Ils ont délaissé les jouets de l’été. L’automne fut si court… Occupés à regarder les rugbymen échanger quelques châtaignes. Ces jouets forment un étrange cimetière, où résonne encore l’écho de leurs rires. On les entend encore par la fenêtre, où leurs mains viennent se coller au carreau.
« je voudrais du soleil vert, des dentelles et des théières, des photos de bord de mer, dans mon jardin d’hiver… ». Me reviennent ces paroles d’un vieux crooner aux costumes blancs.
Il faudra trouver d’autres jeux, en attendant la neige, qui sait ? Pour l’instant, la lumière, les feuilles, les jouets et l’odeur de branchages brûlés envahissent le fond de l’air.
Frais, naturellement.