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Le jour. D'après fred sabourin

La mise à l’épreuve du système (sous les Julio-Claudiens)

27 Janvier 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

« A l’intérieur, tout était tranquille, les noms des magistratures étaient les mêmes ; les plus jeunes hommes étaient nés après la victoire d’Actium, même le plus grand nombre des hommes âgés étaient au milieu des guerres civiles ; combien restait-il de gens qui avait vu la République ? » s’interroge Tacite (Annales, 1, 3, 7). Autrement dit : personne ne discute le nouveau régime. On l’expérimente, on le modifie, on l’adapte, mais nul ne propose le rétablissement de la République, même ceux qui y font souvent référence. Le gouvernement d’un seul est reconnu comme nécessaire. Malgré quelques difficultés intérieures, malgré de nouvelles annexions et de nouvelles conquêtes, la vie politique dominée par le souvenir d’Auguste est la question prédominante sous les Julio-Claudiens. Entrent en  jeu des éléments variables : la personnalité du Prince, le poids de ses proches (famille, conseillers, affranchis), ses rapports avec le Sénat qui bien souvent détermine l’image qui nous est parvenue d’un règne (les « bons » et les « mauvais » empereurs), ses relations avec les armées, sa façon d’être accepté par la plèbe, son intérêt pour l’administration et les provinces.


M. Le Glay, J-L. Voisin, Yann Le Bohec, Histoire romaine, PUF, 1991.


Quatre empereurs Julio-Claudiens ont régné sur Rome au début de notre ère : Tibère (14-37). Caligula (37-41). Claude (41-54). Et Néron (54-68).


Tout ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existées ne serait qu’une pure coïncidence.

 

Hic ceciderunt.

 

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Trompettes de la renommée

16 Janvier 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

Je vivais à l'écart de la place publique,

Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique...

Refusant d'acquitter la rançon de la gloire,

Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.

Les gens de bon conseil ont su me faire comprendre

Qu'à l'homme de la rue j'avais des comptes à rendre

Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,

Je devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Manquant à la pudeur la plus élémentaire,

Dois-je, pour les besoins de la cause publicitaire,

Divulguer avec qui, et dans quelle position

Je plonge dans le stupre et la fornication ?

Si je publie des noms, combien de Pénélopes

Passeront illico pour de fieffées salopes,

Combien de bons amis me regarderont de travers,

Combien je recevrai de coups de revolver !

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

A toute exhibition, ma nature est rétive,

Souffrant d'une modestie quasiment maladive,

Je ne fais voir mes organes procréateurs

A personne, excepté mes femmes et mes docteurs.

Dois-je, pour défrayer la chronique des scandales,

Battre le tambour avec mes parties génitales,

Dois-je les arborer plus ostensiblement,

Comme un enfant de chœur porte un saint sacrement ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Une femme du monde, et qui souvent me laisse

Faire mes quatre voluptés dans ses quartiers d' noblesse,

M'a sournoisement passé, sur son divan de soie,

Des parasites du plus bas étage qui soit...

Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,

Ai-je le droit de ternir l'honneur de cette dame

En criant sur les toits, et sur l'air des lampions :

" Madame la marquise m'a foutu des morpions ! " ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente

Avec le Père Duval, la calotte chantante,

Lui, le catéchumène, et moi, l'énergumène,

Il me laisse dire merde, je lui laisse dire amen,

En accord avec lui, dois-je écrire dans la presse

Qu'un soir je l'ai surpris aux genoux d' ma maîtresse,

Chantant la mélopée d'une voix qui susurre,

Tandis qu'elle lui cherchait des poux dans la tonsure ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Avec qui, ventrebleu ! faut-il que je couche

Pour faire parler un peu la déesse aux cent bouches ?

Faut-il qu'une femme célèbre, une étoile, une star,

Vienne prendre entre mes bras la place de ma guitare ?

Pour exciter le peuple et les folliculaires,

Qui est-ce qui veut me prêter sa croupe populaire,

Qui est-ce qui veut me laisser faire, in naturalibus,

Un p'tit peu d'alpinisme sur son mont de Vénus ?

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Sonneraient-elles plus fort, ces divines trompettes,

Si, comme tout un chacun, j'étais un peu tapette,

Si je me déhanchais comme une demoiselle

Et prenais tout à coup des allures de gazelle ?

Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles

De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,

Qu'ça confère à ma gloire une once de plus-value,

Le crime pédérastique, aujourd'hui, ne paie plus.

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

Après ce tour d'horizon des mille et une recettes

Qui vous valent à coup sûr les honneurs des gazettes,

J'aime mieux m'en tenir à ma première façon

Et me gratter le ventre en chantant des chansons.

Si le public en veut, je les sors dare-dare,

S'il n'en veut pas je les remets dans ma guitare.

Refusant d'acquitter la rançon de la gloire,

Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir.

 

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !

 

 

Georges Brassens

 

 

(chanson d'actualité)

 

 

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Mieux vautour que jamais

6 Janvier 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

  SAB 9520 R

 

 

Passer le deuxième jour de l’année avec des charognards, je vous l’accorde, c’est pas banal. En même temps, ça augure ce qui, réalistement, marquera sans doute encore l’actualité de cette nouvelle année, celle du changement (une de plus !). Et non, il ne s’agissait pas de passer du temps avec des politiques ni des journalistes en manque d’actualité à se mettre sous la dent – en l’occurrence sous le bec. 


 

SAB 9542 R


 

En attendant, nous voici sur le Pene de Béon. Je n’ai pas fait exprès d’appeler ce rocher, cette falaise, ainsi : c’est son nom. Ici nichent une centaine de couples de vautours fauves. On y accède par deux sortes de cols quasiment symétriques qui portent le nom de « Port, » celui d’Aste et celui de Béon. En débouchant de celui d’Aste, au sud de la falaise, et après avoir croisé la présence d’un jeune vautour perché sur un arbre au dessus du chemin, il faut longer les granges retapées par les habitants de la vallée d’Ossau, et grimper sec plein nord dans la rocaille et les genévriers. Poussé par le vent de sud, nous atteignons rapidement une sorte de crête sommitale sur laquelle le moindre faux pas serait fatal : une centaine de mètres d’à-pic (voir deux fois plus par endroit) attendrait le malchanceux ou l’imprudent. De là, la vue est pourtant imprenable : toute la vallée s’offre au visiteur d’un jour, de Gan (sortie sud de Pau), en passant par Arudy, jusqu’au Pic du Midi d’Ossau émergeant plus au sud, dernière sentinelle avant l’Espagne. Le Gourzy, le Pic de Ger, le Montagnon d’Iseye, le Lauriolle, Ibech…


 

SAB 9562 R

 

 

Mais rapidement, nous sentons que nous ne serons pas venus que pour ça. A la faveur de ce vent de sud, vent venu d’Espagne, vent chaud donc, cet effet de Foehn permet aux vautours fauves de profiter de courants thermiques ascendants. Probablement aussi dérangés par ma présence solitaire – même une cinquantaine de mètre en contrebas – les charognards ont entamé un spectaculaire ballet dans le ciel gris – blanc de ce deuxième jour de l’année, alors que je voyais s’écraser plus loin les averses sur le crâne de « Jean-Pierre. » Rasant la crête sommitale où je me trouvais, j’entendais le souffle d’air provoqué par leurs ailes déployées au maximum (jusqu’à deux mètres d’envergures) percevant même leurs petits cris sourds. Avec un 18-105 mm, je n’ai pu faire qu’une maigre récolte, mais là n’était pas, finalement, le plus important. Le plus important fut de partager ce moment inouïe où ces fauves – qui ne mangent que de la viande morte faut-il le rappeler, y compris si c’est du cheval ! – perturbés probablement dans leur habituelle quiétude, cherchait à filer ailleurs. La ronde qu’ils effectuaient dans le ciel des Pyrénées ossaloises cet après-midi là me fit frissonner et pas de froid. Cette invincible armada, dans le tournoiement d’escadrilles dont la couleur se confondait avec le sol, invitait le spectateur d’un jour à communier avec eux.


Et voler, planer, libre, enfin…

 

 

SAB 9563 R

 

 

 

 

SAB 9553 R

 

 

 

 

SAB 9550 R

 

 

 

 

SAB 9537 R

 

 

 

 

SAB 9585 R

 

 

 

  (c) F.S. Janvier 2014.

 

 


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