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Le jour. D'après fred sabourin

souvent, le soir, pour s'amuser, les hommes d'équipages...

21 Juin 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

                                                  Le petit pêcheur



        Il est arrivé en roller. Sur son dos, un sac. Accrochées au sac, des perches. Méticuleusement, il s’est débarrassé de ses rollers, pour enfiler une paire de chaussures. Bateau, naturellement. Puis, lentement, avec assurance, il a ouvert le sac, sorti le matériel rangé dedans. Des perches, des boîtes, des machins et des trucs. Il a monté un petit trépied à vis, puis un deuxième, installé le râtelier. Ca y est, cette fois, c’est sûr : c’est un pêcheur. Il a déplié une première canne, installé le moulinet. Le tout – faut-il le préciser encore une fois – dans un calme profond, ignorant les rires et quolibets de la petite bande de jeunes assis tout près. Non loin de là, des notes d’une flûte traversière dégringolaient comme un ruisseau se jetant dans le Rhône, tumultueux après les pluies fournies de ces dernières semaines. Un joueur de flûte faisait une ode au fleuve. Un petit pêcheur s’apprêtait à en recueillir les fruits. Les jeunes ont fini par quitter les lieux, à la recherche d’une autre activité à faire, traîner son ennui ailleurs. La pêche exige de la patience. Difficilement compatible avec leurs estivales errances.
Le petit pêcheur, dans un geste sûr, a jeté une première ligne à l’eau, lestée d’un plomb. Il a mouliné légèrement, juste assez pour tendre le fil, mais pas trop. Emporté par le courant, celui-ci s’est figé. Il a posé la canne sur le râtelier ad hoc, avec une délicatesse infinie, comme si il avait bordé quelqu’un dans sons lit. Il a vérifié le moulinet, un léger cliquetis pour s’assurer du bon départ du fil, au cas où.
Puis il a monté une deuxième ligne, de la même manière que la première. Puis il a attendu. Les mains dans les poches. « Son paletot aussi devenait idéal ».

Petit pêcheur du Rhône, ta patience t’honore. Au bord du fleuve en furie, reste calme. Car c’est ainsi, petit pêcheur du Rhône, que tu deviendras grand.

J’avais apporté un livre. Il ne m’a servi à rien. Je le lirai demain.




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