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Le jour. D'après fred sabourin

voyage - voyage...

si j'étais né en 17 à Leidenstadt

5 Mai 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

  Quand j’étais petit, et une partie de l’adolescence, mes grands-parents m’élevèrent – avec retenue mais efficacité – dans la méfiance de ce qui venait de l’autre côté du Rhin. Le danger venait toujours de l’Est. D’ailleurs, sur l’autoroute Paris – Strasbourg, il y a des péages tous les 50 kilomètres, pour freiner les ardeurs : si ce n'est pas une preuve ça ! On ne disait pas « les boches », non, mais parfois « les fritz », on évoquait bizarrement cette période de la Seconde Guerre, où les tickets de rationnement flirtaient avec topinambours et les rutabagas, la peur des bombardements avec les tranches de rires liées au cyclotourisme. Drôle de guerre.
Ensuite, au collège, lycée puis en faculté d’histoire, l’image de l’outre Rhin ne s’est pas améliorée dans la mémoire vive. Le programme de 3è puis de Terminale revisitait l’envahissement de la Pologne puis de la France, et après il y avait cette guerre étrange qu’on appelait « froide ». Pourtant, ça avait l’air chaud bouillant du côté de Checkpoint Charlie et au delà du rideau de fer…
Quand on voyait arriver un « correspondant » allemand en classe, il faisait mieux que tout le monde : il écrivait et parlait le français presque mieux que nous, nous pilait en sport, était premier en anglais, jouait trois instruments de musiques, nous piquait nos copines, alors que les correspondantes allemandes étaient loin de nos critères de beauté, en outre elles écoutaient des groupes de musiques étranges et se fringuaient comme des lapins à bretelles. Pour finir, le correspondant allemand devenait le chouchou des profs qui faisaient remarquer qu’ils travaillaient, « eux », pour mériter « ça ». J’en avait contracté une haine quasi féroce pour les « premiers de la classes », surtout si ils venaient d’ailleurs et que, par malchance, leurs cheveux étaient blonds. Je me disais que si ils étaient si bon que ça, alors pourquoi leur ancienne capitale était divisée en deux par des barbelés surveillés par des vopos armés, et que « ceux d’en face » (parfois des membres de la même famille) ne pouvaient pas en sortir puisque leurs conversations téléphoniques étaient espionnées à leur insue.
Et puis il y avait le foot, pour ne rien arranger : jeu qui se dispute entre deux équipes de onze joueurs et un ballon, et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne. Dussent-ils y mettre les poings et les genoux, comme à Séville en 82 (le 9 juillet exactement), où le s… de Schumacher avait défoncé Batiston, et où la défaire avait été aussi cuisante et chaude que les chopes de bières des deux Teutons attablés dans un bar du camping étaient fraîches.
Bref, l’Allemagne souffrait pour moi d’une image plutôt étrange, faite de mise à distance et d’admiration, d’agacement et d’envie, devant ceux qui étaient si forts (mais pas autant quand même puisqu’ils avaient laissé un mur séparer une ville durant 26 ans), et qui le sont encore. Soixante ans après une capitulation « sans conditions », vingt ans après la chute du mur de la honte, qui en a profité pour pousser ailleurs - est-ce le même ingénieur en béton armé? -  Berlin faisait tomber en quelques jours le mur des images ridicules et gentiment véhiculées par mes ancêtres. Comme quoi, la transmission des savoirs… Il suffisait, c’était si simple, d’aller voir de l’autre côté du mur.
Garçon ! tant que vous y êtes, remettez-moi une bière blanche berlinoise s’il vous plaît !


 

 





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au bout du monde : c'était fermé !

4 Avril 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

                           A mille milles de toute terre habitée…





    Ca faisait longtemps que je courrais après. J’avais trouvé le fameux « kilomètre zéro » à Pondichéry. Les sources de la Loire au Gerbier de Jonc. La ligne de partage des eaux au sommet du col de la Chavade. L’Auberge rouge, tristement célèbre, quelques mètres plus loin. San Francisco, la « maison bleue » de Max Le forestier à Saint-Joseph-des-Bancs. Mais « le bout du monde », jamais. Je l’avais bien entendu dans la chanson d’Emily Loizeau. Je l’avais lu sous la plume de quelques écrivains voyageurs. J’en avais entendu parler par Tibo « Corto » Maltese.

Mais voilà. Je n’y croyais plus. Et pourtant, dans un improbable village pittoresque du sud Ardèche méridionale, à portée de canons de Montélimar, au détour d’une ruelle escarpée, avant d’enfiler les escaliers du château : il était là, attendant le voyageur égaré et assoiffé par la longue route.

Hélas, que dis-je, c’est même une infortune (de mer) ! Le petit panneau affiché sur la porte coupait court à toute pérégrination onirique, et tentative de dégustation d’un petit Chardonnay bien frais. A faire frémir un militant écologiste adepte du développement durable.
Vous pourrez bien aller au bout du monde : vous y trouverez porte close. « Fermé. Cause maladie ».

Vite, au chevet du monde malade, avant qu’il ne soit trop tard !










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météo des plages (suite)

24 Mars 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

                                    Il peut pleuvoir




       Dimanche dernier, c’était « les rameaux », et ce dimanche, en toute logique, c’était Pâques. Comme annoncé la semaine dernière, il faisait un temps à faire du feu dans la cheminée, en sirotant des grogs salvateurs. L’idée nous a prise d’aller au Havre : c’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme.
Bon Dieu quelles bordées de flotte ! De mémoire de Normands, c’en était une bonne !
Heureusement, derrière les carreaux du musée Malraux, il faisait chaud, de quoi sécher un peu le caban, le bonnet et la musette ruisselants. Au fond, en l’air, au sol : le gris de la mer en eaux qui nous tombaient dessus en seaux.



Et, d’un coup, qui revient d’on ne sait-où, Brel…

« Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards
Moi je m’en fiche j’ai ma mie auprès de moi
Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards
Moi je m’en fiche car ma mie c’est toi

Et au soleil là-haut
Qui nous tourne le dos dans son halo de nuages
Et au soleil là-haut qui nous tourne le dos
Moi je crie bon voyage

Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards
Moi je m’en fiche j’ai ma mie auprès de moi
Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards
Moi je m’en fiche car ma mie c’est toi

Aux flaques d’eau qui brillent
Sous les jambes des filles
Aux néons étincelants
Qui lancent dans la vie leurs postillons de pluie
Je crie en rigolant

Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards
Moi je m’en fiche j’ai ma mie auprès de moi
Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards
Moi je m’en fiche car ma mie c’est toi

Et aux gens qui s’en viennent
Et aux gens qui s’en vont
Jour et nuit tourner en rond
Et aux gens qui s’en viennent
Et aux gens qui s’en vont
Moi je crie à plein poumons

Il y a plein d’espoir sur les trottoirs des grands boulevards
Et j’en suis riche
J’ai ma mie auprès de moi
Il y a plein d’espoir sur les trottoirs des grands boulevards
Et j’en suis riche
Car ma mie c’est toi
C’est toi ».













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On ira tous au paradis

18 Mars 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

                                                Merci Pépy ! 

« Parce que vous comptez parmi nos meilleurs clients… nous vous avons réservé un cadeau exclusif : vos étiquettes à bagage personnalisables. Apportez une touche personnelle à vos étiquettes en choisissant une image de paysage paradisiaque parmi notre sélection ou en téléchargeant une de vos photos personnelles ! (…) Pour créer gratuitement vos étiquettes à bagages, notez votre code VIP… »
. 

Le progrès fait rage, c’est un courriel « Privilèges Voyages SNCF », pour un client  du train - VIP donc - qui engloutit des sommes conséquentes chaque mois dans la Esse ène cé Effe.
Génial ! on peut donc désormais faire péter une bombe dans le train avec un bagage abandonné, mais (et c’est là la nouveauté) étiqueté avec une image paradisiaque… Chouette alors !
On savait que la SNCF avait de grandes vertus commerciales, au point d’ailleurs de verser 100 millions d’€ à l’Etat son seul et unique actionnaire. Ceci dit, on constate – hélas -  de plus en plus un certain dilettantisme dans la communication à bord ainsi que dans le soin apporté aux voyageurs (clients). Sans entrer dans le célèbre « je paie, donc j’ai droit », il convient néanmoins de souhaiter un meilleur traitement que celui-ci, qui ressemble peu ou prou à ce qu’on nomme parfois « du foutage de gu… ». 

Songez un peu : une étiquette à son nom avec un paysage paradisiaque, quel privilège ! Je me demande si il ne va pas falloir une nouvelle nuit du 4 août pour abolir les avantages en question, tant ils semblent outrageusement énormes.

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sur le fil, on partage les eaux

28 Janvier 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

Aux marches de l'Ardèche et de la Haute-Loire, une ligne franchissable : celle d'un partage des mers et océans. Point de passeport nécessaire, ni de check-point, point de miradors ni de barbelés pour empêcher le voyageur de passer.

Partage des eaux, tout simplement : voilà un beau programme pour la planète bleue qui s'inquiète de l'avenir de ses liquidités...

Ces liquidités là ont le mérite de ne pas être virtuelles. Pas de spéculations pour l'instant. Pas de financiarisation. Pourvu que ça dure.

Une seule ligne. Un partage. Deux eaux. Il ne reste plus qu'à nager. Mare nostrum ou Oceano nox : ah ! combien de marins, combien de capitaines...!

 

 

quelques kilomètres plus loin, après le "col de la Chavade" (1260m), le far west. Déjà l'ouest...

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"Mes dix moi"

24 Novembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

Jali (http://urbaine.hautetfort.com/) a lancé l'idée, relayée par Véronique (http://voirouregarder.typepad.com/). Une très belle idée à faire partager. Les blogueurs visiteurs peuvent aussi se lancer dans l'exercice !

Bonne balade.

1 : petit déjeuner

Un classique : café, pain, beurre. Surtout du beurre...

2 : par la fenêtre

Rouen ouest. Pont Flaubert (pont levant le plus haut d'Europe : 57m s'il-vous-plaît !). Chantier. Ok vu comme ça on peut ne pas aimer. Je ne m'en lasse pas...

3 : boîte aux lettres

54 appartements : je ne suis pas seul dans la résidence "des Framboisiers"...

4 : les chaussures du moment

Chaussures "classes" pour la semaine. "Converses" à la mode pour le wouikende. Rien de très original.

5 : devant la glace

No comment...

6 : dans le portefeuille

Pourquoi "un dollar" ? Parce qu'on ne sait jamais...

7 : à environ 80 pas de ma porte

Pas moins de quatre sens interdits. Mais avec mon vélo, c'est sans interdits...

8 : de la vie chez moi

Les gardiens et gardiennes de mon sommeil... Et "l'anthologie de la poésie française" de G Pompidou, toujours.

9 : au hasard à la télé (ou sur le net)

Mon ami blogueur David L., qui "apprend à regarder". Tous les jours, ou presque (http://simerah.spaces.live.com/default.aspx?_c02_owner=1)

 

10 : dans le tiroir le plus près de mon bureau

En fait une boîte à godasses recyclée. Bien sûr il y a des trucs qui ne servent plus, mais c'est difficile de jeter. Là encore, "on ne sait jamais"...

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dernière page...

19 Juillet 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

           (…) « Quelques nuits et jours plus tard je fais mon sac pour redescendre vers l’océan.

        Amélie, tu fus une messagère, un guide que je reconnus sans conscience. Tu m’as ouvert la porte et je suis resté sur le seuil longtemps. Je t’avais créé avec les yeux de l’enfance, les premiers désirs, la part animale. Jo disait qu’il faut apprendre à prononcer les mots que le cœur livre et que les lèvres retiennent. Ce n’est pas toi que je quitte, Amélie, c’est mon enfance, ma naïveté et ce long silence depuis que tu n’es plus. Ce n’est pas une rupture, on ne rompt pas ce qui a été aimé, je m’éloigne, puisque depuis longtemps nous nous sommes lâché la main. Je ne fais que me retourner dans notre sommeil sans le savoir pour revenir un peu chez moi, sans toi. Tu as été cet amour qui brise avec douceur les miroirs, qui dévêt d’une caresse invisible le cœur en armure, et qui me donne cette légèreté, comme une ancre hors le fond qui se dénude d’une enveloppe de silice. Je t’ai laissé dérivé mais je sais maintenant qu’il n’y a que moi pour rassembler tant d’amour.
            Attraper le bonheur, c’est vouloir retenir un papillon dans sa main ou le prendre avec un filer, disait la vieille Hélène du marais qui glissait sur les eaux noires avec le temps. Tu précipites ton filet sur lui et il s’abîme, c’est une bonheur gâché. Si c’est un bonheur agile, on ne peut le faire prisonnier et l’on court sans fin, c’est une agitation inutile, le bonheur est parti. Parfois, il se laisse prendre sans dommage, il ne s’est pas débattu et il reste bien sage, un peu frileux sous le filet. C’est un bonheur fragile, fatigué, malade peut-être. Si tu attrapes un beau bonheur, un papillon rare, sans l’abîmer, si tu le prends dans ta paume et que tu la fermes pour l’emprisonner, il ne reste que la poussière de bonheur sur tes doigts, si tu le piques sur un bois il meurt. Il faut être comme l’arbre à papillons, prêt à accueillir le bonheur, et tu verras, il viendra sur ton épaule. C’est un jour de grande fatigue, en fermant les yeux, que je l’ai vu.


      Je vais pouvoir achever l’unique vrai film de ma vie avec les images que je n’ai jamais tournées.
Maintenant je suis prêt, je peux écrire au monde et je sais quoi lui dire ».

Bernard Giraudeau, Les dames de nage.



 

 

 

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première page

9 Juillet 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

                                                              les dames de nage


       Je peux voir la canopée comme des vagues immobiles auxquelles seul le vent de la montagne donne une vie de mer sombre. Il traîne des brumes alanguies que le soleil levant finit toujours par enflammer. Au delà il y a un grand fleuve et bien au delà, la mer, la vraie, l’infinie, qui se dessine parfois comme un trait de lumière pour souligner l’indéfini du ciel. J’aime cet endroit comme une escale de paix. Je suis un égaré ayant décidé de se poser, de rester là dans chaque instant des souffles. J’écoute l’oiseau, un chant sur la page de silence. A la fin du jour il y a celui des voix de la vallée, isolées comme des notes échappées. J’apprends l’attente, celle de l’instant, celle de la pluie, des jours à venir, de la nuit, de la première étoile, celle du feu pour les repas et réchauffer les soirs. J’attends sans impatience, en vivant l’instant comme une éternité. Ajouté à ce bonheur, il y a l’inattendu de cette vie là-haut, les coups de vent soudains qui annoncent l’orage. Il y a une plainte rugueuse des écorces blessées, un bavardage précipité du feuillage sous les ailes sombres des nuages, et je me régale d’un poignard de feu, derrière les voiles d’eau. Il me semble que ces instants-là ne peuvent finir. Tous les soirs avant la noyade solaire, quand l’ombre du petit sycomore s’étire en géant, je m’assois sur le tronc couché qui barre le sentier. J’ai alors, comme le veilleur, le sentiment de garder un territoire.


         Bernard Giraudeau, Les dames de nages, Métaillé, 2007.


 

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où il est question de combat, pas si ordinaire que ça...

19 Avril 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

                                                           drame conjugal

      Paris – Le Havre, Corail « intercités », 19h30. Le train des gens qui bossent à Paris, et rentrent dans un pavillon de province normande. La fatigue est palpable, les chemises collent à la peau. Journée chaude « pour la saison ». Les trains en direction de la Normandie possèdent ce charme désuet qui n’appartient qu’à eux : certains wagons sont compartimentés. Deux rangées de quatre, à l’ancienne. Comme la moutarde, qui monte au nez des usagers, excédés par l’archaïsme et les retards de cette ligne très fréquentée.
Dans la diligence où je trouve place se tient un couple, jeunes trentenaires aux alliances brillantes. Des néophytes. Ils sortent de leurs sacs deux objets électroniques et technoïdes que le marketing ultra moderne nomme « PSP » : une console de jeu portative, de la taille d’une grosse télécommande télé. Ce que j’ignorais (pourtant je me renseigne !), c’est que les deux petites boîtes à jeux pouvaient… communiquer. L’homme et la femme, écouteurs dans les oreilles « pour ne pas gêner les voisins » (je cite), pianotent nerveusement sur la machine infernale. Ils ne se parlent pas. Ils jouent. Absorbés, ils ne se rendent pas compte que je les observe du coin de l’œil, et j’aperçois le jeu en question. Sur l’écran, deux personnages se matraquent de coups, de toute sorte : coups de poings, pieds, coups de boule ou de genoux, un véritable concentré de boxe thaï et de savate à l’ancienne, jusqu’à épuisement d’un des deux combattants, précisé, au cas où on ne s’en serait pas rendu compte, par un « KO » magistral imprimé en rouge sur l’écran. La fille sourit : elle vient de « latter » son mari, qui, comprenant que je suivais la scène, me regarde, penaud. Ils ne se parlent pas, ils jouent, ils se battent.

       "Un couple moderne", me dis-je. Au lieu de provoquer des drames conjugaux en se tapant dessus à coups d’assiettes offertes le jour du mariage, ils jouent à se battre dans le train qui les ramène chez eux. J’hésite à me réjouir. Mais si cette petite boîte ludique peut éviter que l’homme cogne sur sa femme ou l’inverse, comme il est hélas de mauvais goût de le faire, alors je dis : oui à la boxe conjugale sur « PSP » !

 

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j'étais un grand bateau descendant la Garonne...

4 Décembre 2006 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

                                                       un pont, entre deux rives

         La vie des hommes est parfois faite de ruptures plus ou moins brèves, plus ou moins douloureuses. Entre eux s’instaurent une distance, des silences, qui ressemblent à ces fleuves. Tant qu’il y a un pont, les deux communiquent avec une facilité déconcertante. On y fait même plus attention. C’est aussi pour ça qu’on a construit des ponts : pour qu’on les oublie. Eloignés et puis soudain si proches. Traversés en tous sens. En dessous, coulent la Garonne, la Seine ou tout autre cordon ombilical qui permet de s’y admirer, de voyager, d’y noyer sa douleur : le fleuve absorbe tout, du murmure d’amour au cri déchirant des regrets.
La vie des hommes ressemble à ces histoires de ponts. Chacun sur sa rive, ils cherchent à se rejoindre. On imagine pas à quel point, parfois, cela peut être compliqué. Alors qu’il suffit de passer le pont. Entre deux rives.



« L’autre rive ! Avant tout, on doit apprendre à oublier qu’il existe une autre rive. Car la rive est toujours là quand c’est nécessaire. De même que, dans le rêve, le moyen d’éviter l’anéantissement, c’est de se réveiller, dans un voyage sous-marin, le rivage est toujours là à propos, dès qu’on a décidé de s’en sortir. La folie ne survient que lorsqu’on n’est pas certain d’en être capable. La mort qui nous attend tous est l’amnésie qui afflige inévitablement le rêveur qui refuse de se réveiller au moment crucial. Des générations entières d’hommes ont ainsi trépassé dans leur sommeil, si bien que la mort est devenue une habitude. C’est arrivé à ceux qui se sont embarqués pour un long voyage – je veux dire ceux qui ont voulu parvenir à la frontière d’une autre réalité – lorsque à un moment donné ils ont brusquement perdu la foi, et par la même occasion le contact avec toute réalité, la plus évanescente fût-elle ».
Henry Miller, ("le pont de Brooklyn") dans : L’œil qui voyage (1939)

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