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Le jour. D'après fred sabourin

montagne

T’as vu la vierge ? Oui, j’ai même dormi à ses pieds…

5 Août 2018 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Il y eut un soir -

- Il y eut un soir -

Elle ne doit pas aimer le cirque, Marie : elle lui tourne le dos. Elle ne voit pas le fabuleux spectacle de l’amphithéâtre de Troumouse et ses 11 kilomètres de circonférence. Ceinturée de bleu, un voile lui couvrant les cheveux, les mains croisées sur sa poitrine comme pour fendre le vent du nord qui doit la gifler 300 jours par an : elle trône, sur son piédestal de pierre, fixant la vallée et là bas au loin, sa sœur jumelle bien à l’abri dans sa grotte au bord du gave, à Lourdes. La vierge de Troumouse a les pieds froids dans le petit matin frais des étés chauds mais semble se moquer comme d’une guigne des éléments et des grimpeurs qui caressent les flancs de la Munia, 1.200 mètres au dessus de sa tête, culminant à 3.155 m au dessus du niveau de l’océan. Pour être sûrs de ne rien rater du spectacle du couchant et du levant, c’est à ses pieds justement que nous avons déplié le duvet, lui tournant le dos en espérant qu’elle ne nous en tienne pas rigueur. Puisqu’elle semble vénérer l’humanité là bas tout en bas, nous vénèrerons le mur de son appartement, là bas tout au sud…

- Il y eut un matin -

- Il y eut un matin -

Dormir à ses pieds, drapé comme elle dans les étoiles ; s'éveiller dans l’haleine froide et humide des roches et des névés, cette « sueur froide » du cirque, sensation olfactive à nul autre pareil… Dormir à ses pieds, enveloppé dans ce cirque majestueux, le mur du fond d’une chambre à coucher pas comme les autres. La tête bien calée sur l’oreiller gonflable, le dos à l’aise autant qu’il est possible sur le tapis de sol adéquat pour ce genre de nuit sobre et spartiate à la fois ; pas besoin d’éteindre la lumière : le variateur naturel fait le job. Petit à petit, les cinquante nuances de gris des parois quasiment verticales du cirque de Troumouse se teintent d’oranger, puis de rose, puis de gris foncé puis de noir. Une première étoile apparaît. C’est la nuit. Il faut dormir, demain, dès l’aube, à l’heure où ne blanchira pas la campagne (et c’est heureux car nous dormons dehors), il faudra ouvrir les yeux de bonne heure pour profiter du spectacle inverse. Cette nuit n’est pas une nuit : c’est un drive-in grandeur nature. Un time lapse comme on dit aujourd’hui (un « accéléré »), mais sans le filtre d’un écran de smartphone et surtout : en temps réel, sans autre connexion que celle du corps avec le sol. Hormis le bruit des cloches d’un troupeau de vache qui imperturbablement ruminent quelle que soit l’heure, et hormis la statue de la vierge deux mètres au dessus de nous, nous sommes absolument seuls dans le cirque. Nuit sauvage. Sylvain Tesson le dit dans une récente interview au Monde : « Éteignez tout et le monde s’allume ».

T’as vu la vierge ? Oui, j’ai même dormi à ses pieds…

Comme souvent ces nuits-là, on ne dort pas très bien. Pas seulement à cause de l’inconfort relatif lié à la situation du « sommier », cette couche sédimentaire de plusieurs millions d’années que l’on a pourtant tenté par tous les moyens de rendre la moins dure possible. Non, en réalité on ne dort pas bien car, manquant d’habitude, le moindre bruit maintien en éveil, le moindre souffle fait ouvrir l’œil, tout devient suspect malgré le désert du lieu. On ne se sent pas « seul », ce coin de terre et de cailloux semble habité par des centaines de petits farfadets, d’animaux sauvages qu’on devine au loin (isards, marmottes, bien que celles-ci doivent dormir à poings fermés selon leur réputation…), insectes persistants à cette altitude et se gavant des restes de pique-niques des promeneurs diurnes, bétail placide indifférent à la nuit. Mais il y a mieux : ce cirque semble habité par l’esprit, l’esprit du lieu, l’esprit de Pyrène, l’esprit de ce massif de Gavarnie-Mont Perdu-Ordessa, et de ses 35 millions d’années qui semblent vouloir à tout prix nous écraser. Un avantage de taille cependant : à 2.100 mètres, les moustiques volent bas, beaucoup plus bas même, et l’absence de cette dérangeante compagnie ne nous manquera pas un instant.

T’as vu la vierge ? Oui, j’ai même dormi à ses pieds…

La vraie raison pour laquelle on dort « mal », c’est qu’à chaque fois qu’on entrouvre les paupières, le plafond nous happe, littéralement. Il est à chaque heure différent, couvert de constellations qui font leur cinéma permanent côté cour et côté jardin ; le spectacle de la voie lactée est saisissant. Comme le disait l’autre jour un camarade de jeu de ces randonnées et souvent lui aussi voisin de chambre à coucher sous tente, d’abris sous roche ou sous la voûte étoilée : « la montagne est grande, et tu es bien petit ». C’est sur cette banale philosophie que je sommeille à moitié, « mangé » par l’immensité de l’univers, le cirque à mes pieds. En tendant les orteils, je pourrais le toucher… 

T’as vu la vierge ? Oui, j’ai même dormi à ses pieds…

« Rien ne s’oppose à la nuit » chantait Baschung, sauf quand elle accouche du jour. Impossible de le manquer, ce point où tout bascule : le froid se fait plus vif, d’abord insidieusement, puis de manière plus franche. Il faut remonter le duvet par-dessus les épaules, puis clore complètement la fermeture éclaire. Il est cinq heures, Paris s’éveille mais la ville et son grouillement frénétique sont si loin. À six heures certaines étoiles disparaissent, la voie lactée n’est plus qu’un fantôme évanouie. C’est le moment qu’il ne faut pas rater, cet entre loup et chien où il est impossible de savoir avec exactitude si c’est le jour qui vient où la nuit qui revient… Là bas, au loin et pourtant toute proche, la paroi commence à sortir du noir. Des nuances de gris réapparaissent. On se lève péniblement, mais mue quand même par le désir de jouir du spectacle qui s’offre désormais à nous. À l’ouest, les crêtes les plus éloignées du levant se teintent de rose, puis d’oranger : c’est le mouvement inverse de la nuit commencée quelques heures plus tôt seulement. Seul le souffle gazéifié du réchaud fend le silence et le café brûlant est le bienvenu. Il faut boire le matin, et partir. Quelques minutes plus tard, « équipés-bottés » nous attaquerons l’ascension de la Munia par son couloir nord, la dalle Passet, le « pas du chat » et la crête qui n’en finit plus.
 

Pour cela, nous quittons la compagnie de la vierge – qui l’était toujours après la nuit, notez bien – et c’est désormais aux « deux sœurs » qu’il faut orienter notre boussole, ces deux canines inversées à mi pente qui signalent le couloir caché au nord, prenant directement vers le sud-ouest en épingle à cheveux, où il est hautement probable que la neige nous attend…

- Couloir - (au fond : "les deux soeurs")

- Couloir - (au fond : "les deux soeurs")

- Autoportrait de l'auteur en béret -

- Autoportrait de l'auteur en béret -

- Perspective -

- Perspective -

- Le battement d'aile d'un papillon -

- Le battement d'aile d'un papillon -

T’as vu la vierge ? Oui, j’ai même dormi à ses pieds…
T’as vu la vierge ? Oui, j’ai même dormi à ses pieds…
T’as vu la vierge ? Oui, j’ai même dormi à ses pieds…

(c) FS 6 août 2018. Nikon D300. 10-24 mm.

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L’automne : la saison des peaux mortes

3 Novembre 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Nature morte -

- Nature morte -

Celles qu’on laisse derrière soi comme on vide un vieux cendrier, comme on jette un vêtement trop longtemps porté et dont on s’était mille fois promis de s’en débarrasser. Beaucoup disent que l’automne est leur saison préférée, alors qu’ils ne supportent pas, en temps normal, la mélancolie. Elle est inhérente à la l’automne, comme une sœur jumelle. La lumière rasante, les feuilles mortes que l’on piétine alors qu’elles ont passé l’été à nous faire de l’ombre en nous rafraîchissant, les brumes électriques matinales et la chute parfois brutale des températures : tout cela ne signe-t-il pas « le petit bonheur d’être triste » selon la définition d’Hugo ?
 

Ici, l’herbe jaunit comme d’anciennes photos trop longtemps exposées. La montagne se vide et même les vautours semblent préparer leurs valises. L’Homme s’y fait plus rare, bien que les plus âgés viennent, une dernière fois avant l’hiver, réchauffer leur arthrose sans savoir s’ils reverront le printemps. Pour meubler le silence sépulcral des roches sans vent – qui leur fait peut-être penser à celui des cimetières où ils reposeront bientôt – ils parlent, parlent, parlent à en déchirer l’azur, et nos oreilles.
 

Le pic dressé en face nous regarde, et son doigt montre le ciel ; mieux : il le touche. En bas le lac où nous nous baignâmes quelques semaines auparavant, par une belle soirée d’été. À perte de vue les Pyrénées s’étendent, lascives, belles endormies d’une sensualité rêveuse à réveiller les morts. D’Aspe en Bigorre en passant par l’Ossau, son corps étendu à demi nu reflète le désir de se laisser admirer avant que d’être recouvert de neige, comme un linceul de soie et l’on se dit qu’on est bien mieux ici que n’importe où ailleurs. C’est une habitude que certains prennent encore – depuis le temps ! – pour une lubie. Une lubie de 25 ans est une maladie chronique.  
 

« Montagne : redressement productif de la plaine », écrit Tesson (Sylvain, encore lui !) dans un aphorisme dont il a le secret (« Aphorisme : faire pardonner par la brièveté de sa formulation l’inconsistance d’un propos »). En plein dans le mille.

L’automne : la saison des peaux mortes
L’automne : la saison des peaux mortes
L’automne : la saison des peaux mortes
- Hourquette d'Arre -

- Hourquette d'Arre -

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Cirque glace

19 Août 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Gavarnie, émergence du vertical -

- Gavarnie, émergence du vertical -

J’ai souvent l’occasion de le dire et déjà eu l’occasion de l’écrire : le massif Gavarnie - Mont-Perdu – Ordessa exerce sur moi une fascination et une affection qui n’ont d’autre explication que l’extraordinaire beauté d’un site montagnard et géologique exceptionnel. Un coup de foudre a généralement du mal à s’expliquer, et pourtant en ce qui me concerne le début de l’histoire ressembla à tout sauf à ça. Il s’agissait plutôt d’un coup de froid, si j’en juge par cette virée de mi-septembre 1994 avec deux amis qui aurait pu très mal finir. Partis de Gèdre « pour faire le Mont Perdu » (sic), tout allait bien dans le Cirque d’Estaubé jusqu’au refuge de Tuquerouye, à 2666 mètres d’altitude, dominant un couloir nord d’éboulis que l’on pourrait qualifier de tous les noms d’oiseaux possibles, et battus par les vents pratiquement toute l’année. Ni l’aspect dépotoir du refuge à cette époque-là (il ne sera complètement refait que cinq ans plus tard) ni la neige qui tomba dans la nuit n’arrêtèrent les intrépides randonneurs amateurs que nous étions. Au réveil – avions-nous réellement dormis, transis de froid sur la terre battue le long des murs suintant l’humidité ? - cinq centimètres de neige fraîche au sol, mais tempête de ciel bleu : on y va les gars ! Avec nos déguisements de scouts (deux pulls de laine superposés et bermudas en velours), mal chaussés (des rangers de l’armée), nous avons pris ce que nous pensions la direction du « Perdu ». Et nous nous sommes « égarés » au col des Astazous (que nous ne connaissions pas), finissant, après une ultime averse de neige car le temps s’était bien couvert, par faire demi-tour, repasser la brèche de Tuquerouye, et descendre jusqu’à la cabane d’Estaubé prendre 12 heures de repos non-stop avant le petit-déjeuner suivant. Repassant la Hourquette d’Alans, nous avons piteusement fini au camping dit de la Bergerie à Gavarnie, face au Cirque, sirotant quelques verres de liqueur basque Izarra pour se réchauffer.

- Troumouse -

- Troumouse -

A quoi pensais-je à ce moment-là, mis à part le rêve d’un bon lit chaud avec des draps secs ? Je l’ignorerais, sauf à omettre que ce jour-là, en voyant cette muraille impressionnante semblant sortir de terre par je ne sais qu’elle action d’un géant maçon, quelque chose s’est imprimé durablement à la fois dans la prunelle de mes yeux, et dans mon esprit. J’avais échoué – avec mes vieux camarades scouts – à conquérir le Mont Perdu, mais inconsciemment je me promettais de revenir ici voir « ça », de plus près, et d’en haut.  
Il m’a fallu cinq ans avant de concrétiser ce rêve de revoir le cirque, d’en faire le tour, de franchir la célèbre brèche de Roland, de mettre le « Perdu » sous mes pieds, de repasser la brèche de Tuquerouye puis de rentrer triomphalement à Gavarnie en mettant le Piméné dans le sac au passage. Le 11 août 1999, au moment de l’éclipse totale du soleil (un signe, mais lequel ?), avec un autre camarade de promo nous franchissions en grelottant la brèche de Roland après être monté le long du vallon de Pouy Aspé puis le refuge des Sarradets. Le 12 août, nous étions au sommet du Perdu, pas perdu pour tout le monde... Nous n’y vîmes pas grand-chose – il était ce jour-là coiffé de son nuage habituel – mais pour autant je savourais ma revanche en quelque sorte sur le sort qui aurait pu me faire disparaître, mes compagnons et moi-même, cinq ans plus tôt. Entre temps, je fus initié sur les pentes de l’Ossau, en août 1997, puis l’année suivante par quelques marches humides et fraîches en Ariège.

Cirque glace

Cette montagne, ce site de Gavarnie – Mont Perdu – Ordessa, se conquiert année après année, pas après pas, mètre après mètre. Quand je vois aujourd’hui les nombreux trailers courir sur ces pentes je me dis qu’ils ratent quelque chose de ce rite initiatique que seule la marche peut apporter. D’abord hésitant – comment le serait-on pas face à l’imposante muraille qui n’offre en apparence que peu de prises ou de passages pour la franchir ? – puis prenant de l’assurance au fil des conquêtes en solitaire ou flanqué de mon fidèle compagnon de marche – j’ai surtout appris à l’aimer. Car ce site, malgré sa rudesse, son âpreté, ses difficultés, ne s’offre pas « comme ça » au premier venu qui se frotte à ces pentes et ses cimes. Il faut être initié. Mieux : invité. Et je crois qu’on en profite doublement quand on apprend aussi à lire le formidable livre de d’histoire et de géologie ouvert sous nos yeux (1).

Cirque glace

La fonte des glaciers, qui a démarrée entre 16.000 et 20.000 ans, a poursuivi la formation des vallées telles que nous les connaissons désormais. Dans les Cirques de Gavarnie, d’Estaubé, de Troumouse, cette fonte a donné le résultat spectaculaire que nous voyons aujourd’hui. Le plus imposant d’entre eux, Troumouse, fait 11 kilomètres de long, en arc de cercle quasi parfait. Vue de loin, la muraille semble infranchissable, mais de nombreuses « failles » ou, comme le dit l’écrivain italien Erri de Lucas, « d’indulgences de la nature ». Echelles de Sarradets, Rochers blancs et Brèche de Roland à Gavarnie. Brèche de Tuquerouye et Port Neuf de Pinède dans le Cirque d’Estaubé. Passage dans un couloir très raide entre deux murs près des « Deux sœurs » dans le Cirque de Troumouse (entre autres passages). La plupart se méritent au prix d’efforts conséquents, réservant parfois de belles surprises, et de belles rencontres, parfois « au sommet » !

Cirque glace

La comparaison récente de photos de ce qui reste des glaciers, au Vignemale, au Mont Perdu ou à l’Aneto par exemples, montrent que cette fonte n’est pas terminée, mais qu’elle s’accélère à grande vitesse. La couverture neigeuse hivernale, hélas de moins en moins épaisse du fait des faibles chutes de neige, parfois trop tardives pour espérer tenir aux températures estivales y compris en très haute altitude, ne peut espérer tenir face aux assauts du soleil d’été. Entendons-nous bien : je n’ai rien contre le soleil, bien au contraire, celui-ci permet de belles courses et de beaux sommets en toute quiétude, et quand il disparaît il laisse place à ces nuits drapées d’étoiles où on hésite parfois à fermer les yeux tant le spectacle est superbe.

Cirque glace

Cependant, en voyant et en entendant le goutte à goutte de la fonte de ce petit glacier au fond du cirque de Gavarnie ce 15 août au matin, humidifié par la grande cascade chutant de 400 mètres, au raz de la muraille, il était difficile de ne pas penser à l’inexorable fin d’un monde – celle des glaces qui ont creusé ces sites merveilleux – annonciateur, qui sait, de la fin du monde vivable pour nous, petits terriens perdus dans cette immensité de roches, de murailles, de pics et de pointes. Un monde hostile aux odeurs de roches humides, de vieille neige un peu rance, d’eau glacée ruisselante sur les parois, que le vent tournoyant dans le cirque nous amène par effluves régulières. La sueur de la roche ; l'haleine des Pyrénées. Un monde hostile et rude, taillé pour lui-même, dans lequel l’homme, pour exister, doit se frayer son propre chemin, acceptant sa propre finitude. 

Cirque glace
(1) Depuis 500 millions d’années l’érosion du temps et la tectonique des plaques forment, déforment puis reforment le massif de Gavarnie - Mont Perdu. La formation d’une première chaîne montagneuse, beaucoup plus haute que l’actuelle, s’est produite à la faveur d’une compression de la chaîne hercynienne. En « seulement » quelques dizaines de millions d’années, cette chaîne s’est érodée, puis de nouveau recouverte par des mers peu profondes, entre moins 250 et moins 100 millions d’années. Une nouvelle couche de sédiments se dépose sur l’ancienne. Puis intervient une deuxième poussée de la plaque africaine vers la plaque ibérique du sud vers le nord provoquant l’empilement des terrains anciens qui soulevèrent les sédiments récents, repoussant les mers vers le sud. Dans certains endroits, le plissement des couches anciennes sur les couches récentes a créé ce que les géologues  appellent une « nappe de charriage », un peu comme si on passait un couteau sur une plaquette de beurre pour en faire de petits escargots. Ceci se passe entre -45 et -35 millions d’années. La couche sédimentaire a été prise en sandwich entre deux couches anciennes, notamment donc dans l’exceptionnel site de « Gavarnie – Mont Perdu ». À -35 millions d’années, les Pyrénées telles que nous les connaissons aujourd’hui sont formées. Le climat y est chaud et humide, jusqu’aux environs de -200.000 ans, où commence une période de glaciation, qui va durer jusqu’aux environs de -20.000 -16.000 ans, où commence le dégagement des vallées par les glaciers. Ils étaient d’une surface très importante : environ 300 km de long et commençaient à environ 700 m d’altitude.

 

Cirque glace
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Le premier homme

16 Août 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

"L'homme n'est que poussière. C'est dire l'importance du plumeau".

Alexandre Vialatte.

- Perdu de vue -

- Perdu de vue -

"Certains hommes espéraient entrer dans l'Histoire. Nous étions quelques uns à préférer disparaître dans la géographie".

Sylvain Tesson, Les Chemins noirs.

- Sur ton Épaule -

- Sur ton Épaule -

- Cascadeur -

- Cascadeur -

- Boucherie chevaline -

- Boucherie chevaline -

Le premier homme
- Arx tarpeia Capitoli proxima -

- Arx tarpeia Capitoli proxima -

- Trois hommes et un cirque -

- Trois hommes et un cirque -

(à suivre...)

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Mutation chaotique

5 Août 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Dégringoler -

- Dégringoler -

- Tout en devisant sur la beauté des choses -

- Tout en devisant sur la beauté des choses -

- L'homme est un roseau pensant -

- L'homme est un roseau pensant -

- Là-bas -

- Là-bas -

- Pensif -

- Pensif -

Mutation chaotique
- Les Pyrénées, c'est bête -

- Les Pyrénées, c'est bête -

- Villa mon rêve -

- Villa mon rêve -

(c) F.S. 31/07-03/08/2017. Luchon (Haute-Garonne). Nikon D300. 10-24 mm.

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Sunset boulevard

27 Juillet 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Bonne nuit les petits -

- Bonne nuit les petits -

Sunset boulevard
Sunset boulevard
- Donne à boire à ton cheval, cow boy -

- Donne à boire à ton cheval, cow boy -

- welcome to the death valley -

- welcome to the death valley -

(c) F.S. 26-27/07/2017. Vallée d'Ossau (64). Nikon D300. 18-105 mm.

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Le feu sous la glace

16 Août 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

Le feu sous la glace

Le Cirque de Troumouse (Hautes-Pyrénées, départ de Gèdre), bien moins connu que celui de Gavarnie, offre des vues splendides sur le bouleversement tectonique subit par les Pyrénées lors de la poussée de la plaque eurasienne par la plaque africaine. La couche de roches sédimentaires la plus récente est passée, par le jeu du plissement, « cul par-dessus tête » pour se retrouver, par endroit, au dessous de la couche hercynienne le plus ancienne. Longtemps, cette incongruité de la nature interrogea les premiers découvreurs de ces chemins d’altitude qu’ils frayaient sous leurs pieds.

Le feu sous la glace

Face à l’imposante muraille qui s’ouvre devant nous, au levé du jour, domine le Pic de la Munia, un 3133 mètres qui ne peut se vaincre qu’au prix d’une course « mixte », comme on dit. D’abord on marche normalement, puis on se saisit de la neige qui persiste dans l’étroit couloir entre deux murs de roches (offrant ce que l’écrivain italien féru de montagnes nomme « une indulgence de la nature »), puis on escalade deux dalles un brin glissantes mais sans grande difficulté (la « dalle Passet » et le « pas du chat »). Enfin, on termine par trois quart d’heure de crête tantôt aérienne, tantôt facile, pour enfin s’asseoir au sommet et ouvrir un bocal de pâté.

Le feu sous la glace

Il y a deux ans, le couloir de neige nous avait, mon camarade et moi, causé du souci à cause d’un oubli volontaire de crampons. Cette fois-ci, pour la troisième ascension de la Munia – première en solitaire – j’ai pris grand soin de ne point les laisser au chaud dans la voiture. Aussi étrange que ça puisse paraître, je n’en ai pas eu besoin. Au lieu de passer sur la neige, je suis passé dessous. Le névé, dans un état avancé de fonte, mais sur une très forte pente, offrait quelques ponts de neige peu engageant à bien y regarder. La rimaille (espace entre la neige ou la glace et les parois rocheuses), a permis cette fois-ci de passer dans ce bref espace humide et froid, marqué par cette odeur inoubliable de roche humide, de terre gelée, et de vieille neige au nez à la fois rance et métallique. La sueur froide de la roche. Par moment, nous étions carrément dessous, au milieu d’un concert de goûtes d’eau froides tombées des voûtes de cette petite cathédrale de glace et de roches. Au sol, c’était tout sauf confortable. Chaque arrêt entraînait des trésors d’efforts pour maintenir les chaussures sur la pente aux cailloux roulant vers le bas. Un pas de 20 cm provoquait immédiatement une descente de 10. A ce rythme-là, on n’avançait pas vite, c’était certain. Mais avions-nous autre chose à faire ce matin-là ?

Le feu sous la glace

A l’arrivée en haut, entouré des géants au loin que sont les « Trois sœurs » (Soum de Ramond, Mont Perdu, Cylindre), du Casque, Tour, Taillon, Vignemal à l’horizon, Pic Long, Néouvielle et Campbieil plus au nord), deux compères en grand bavardage et visiblement satisfait d’être ici. Le plus âgé (70 ans au compteur) se remettait d’un cancer avec récidive. Le plus « jeune » (65 ans à la toise) sortait d’une paralysie partielle d’une jambe. Ils débouchèrent une demi-bouteille de Madiran et nous avons bu ce vin nouveau de la renaissance. Le cul assis sur la roche chauffée à blanc par un soleil de gloire. Une heure à deviser sur les beautés de la montagne environnante. Sur les sommets faits, à faire ou à refaire. Puis deux heures de descente où je peinais parfois à les suivre tant ces vieux cabris galopaient, grisé par l’amitié autant que par le vin. Mis en bouteille au château. Débouché dans les cieux.

Pas une seule fois nous n’avons évoqué le contexte anxiogène de notre monde en guerre. Pendant une journée, nous l’avons oublié.

FS 14/08/2016.

Le feu sous la glace
Le feu sous la glace
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Portfolio "derrière le cirque" (de Gavarnie)

15 Août 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Epaule en vue -

- Epaule en vue -

- Ecce homo -

- Ecce homo -

- Un petit coup de barres ? -

- Un petit coup de barres ? -

- Fais le clown, pour voir -

- Fais le clown, pour voir -

- Géants -

- Géants -

- Sédiments à 3200 m -

- Sédiments à 3200 m -

- Théâtre des opérations - (depuis Marboré)

- Théâtre des opérations - (depuis Marboré)

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Le Mont Perdu des causes retrouvées

14 Août 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

- Au début était le jour -

- Au début était le jour -

Mardi 2 août 2016, sept heures du matin. A 3348 mètres au dessus du niveau de l’écume de mer, pas un souffle d’air n’agite l’atmosphère surréaliste de l’aube qui étend ses premiers rayons sur les trois vigies au sommet du Mont Perdu. Seule la respiration échappée des trois poitrines qui se trouvent  à ce moment- trouble à peine l’instant unique, quasi mystique. L’esprit plane au dessus des roches et l’on se surprend à se demander si, par hasard, les Dieux de l’Olympe n’auraient pas installé un de leurs trônes sur cette thèse de géologie à ciel ouvert.

- Cylindre au levant -

- Cylindre au levant -

Le ciel, nous sommes dedans, mon vieux camarade de marche, le gars courageux qui a dormi au sommet, et moi. Pour « prendre quelques courts instants de repos avant le petit déjeuner » (sic), nous avons préféré les abords du Lac Glacé, trois cents mètres de dénivelé plus bas, mais nous n’avons pas beaucoup mieux dormi que lui. Le vent a fait claquer la toile de tente toute la nuit, et à cette altitude le sommeil n’est pas des plus reposant. Qu’importe, l’essentiel est d’être , et d’avoir à l’esprit la mémoire d’un homme qui a tourné en boucle dans la mienne depuis le départ de Gavarnie, la veille, deux mille mètres plus bas. La semaine précédente, pendant qu’on égorgeait comme un vulgaire cochon le père Jacques Hamel au pied de l’autel de l’ultime sacrifice dans une petite église de la banlieue rouennaise, je peaufinais les derniers préparatifs de cette boucle pas comme les autres : Gavarnie, brèche de Roland, col du Cylindre, Mont Perdu, nuit à la brèche de Tuquerouye, Lac glacé du Marboré, col d’Astazou, et descente par les « Rochers blancs » jusqu’en bas du Cirque. Pour ces derniers, je ne cessais de lire et relire le topo de cette chute à pic dans ce qui ressemble à la gueule de l’enfer, à m’en user les yeux pour bien repérer le slalom qui nous serait imposé afin d’éviter les fameuses barres rocheuses et trouver le chemin qui nous ramènerait - en entier - à Gavarnie.

- Col d'Astazou -

- Col d'Astazou -

Tout en préparant cela, j’ai songé que peut-être, là-haut, à 3348 mètres, je pourrais déposer la mémoire de ce prêtre mort au moment même où il allait célébrer celle de celui qui avait pourtant dit que son sacrifice servirait une bonne fois pour toutes. Geste inutile peut-être, mais j’ai eu envie de le faire. Ça n’a pas l’air de peser grand-chose, une âme dans un sac à dos, mais celle de ce prêtre pesait une tonne, allez savoir pourquoi… Lorsque je touchais enfin au but, je me retins de montrer l’émotion qui m’étreignît à l’instant précis où je fourrais une pierre du sommet dans ma poche, en échange, et selon mon habitude sur les hauts sommets que je fréquente parfois lorsque la mansuétude météorologique des Pyrénées me le permet. La mansuétude météorologique et une « indulgence de la nature », selon la belle formule de l’écrivain montagnard Erri de Luca.

Je l’ai déjà dit et je ne cesserai de le répéter : l’aube en montagne est infiniment plus puissante et savoureuse que le couchant, c’est l’heure où le jour dispute à la nuit ses premiers rayons rassurants et où, si l’on prête bien attention, personne n’est capable de dire en face de cette lumière-là si la nuit est réellement fini et si le jour va commencer, ou l’inverse. Entre loup et chien se disputent le chien et le loup. L’homme a-t-il encore sa place dans cette faille du temps ? J’ai la faiblesse de le croire.

- Bivouac avec vue -

- Bivouac avec vue -

Ce 2 août-là donc, un an après la précédente ascension dans des conditions météo similaires, pas un souffle d’air, une économie de gestes, pas un bruit hormis celui de nos pas feutrés comme sur une moquette épaisse, sur le calcaire 40 millions de fois plus âgé que nous. L’ombre portée du Mont Perdu s’étendait vers l’ouest à des dizaines de kilomètres, au-delà de ce que nous pouvions imaginer. Nous étions bien, conscients du privilège que le troisième sommet des Pyrénées nous donnait à vivre. Nous étions trois mais en réalité quatre, puisqu’en plus de l’ombre du « Perdu » planait aussi celle d’un « retrouvé » : le père Jacques Hamel. Puis il fallu se résoudre à descendre.

En sortant, « veuillez rendre l’âme à qui elle appartient ». Merci.

FS 12/08/2016.

- Face nord du Mont Perdu -

- Face nord du Mont Perdu -

- Brèche de Tuquerouye -

- Brèche de Tuquerouye -

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Je crois que je peux voler ("I believe, I can fly")

29 Mars 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

Portfolio 26-28 mars 2016. Pâques est un jour de fête où la montagne pyrénéenne se drape de blanc.

- Qui est aux cieux ? -

- Qui est aux cieux ? -

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- Faire le pas en avant -

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- Pâques au balcon -

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(c) F.S & M.L. Grand angle 10x24 mm. Nikon D300.

A suivre : "Je m'en irai dormir dans le paradis blanc".

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