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Le jour. D'après fred sabourin

l'evenement

de pics et de pointes : que justice soit faite !

1 Décembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

Au palais de justice de Rouen, malgré son teint refait à neuf, les grilles d'entrée annoncent la couleur. Ici, Monsieur, on a brûlé la femme qui répondait en français aux questions anglaises. On peut aussi empaler ! (Rachida ? P't'ête ben qu'oui, p't'ête ben qu'non).

Libres nous sommes, et on est allé s'encanailler au "Shari vari" de la rue St Nicolas, pour boire le monde et refaire des coups. D'ici, on en ressort : content (le patron paie parfois sa tournée de bon coeur). Assourdi par les cris de chatte étranglée d'une "chanteuse" de rock qui miaula au nom de "Christal Palace". Avec le pull, polo et caban qui sentent la clope pour le restant du ouikende...

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pour aller de l'avant, il faut d'abord passer le ballon vers l'arrière

10 Octobre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                         Demi d’ouverture (ou : le retour de la méthode Coué)

 

 

 

            C’est un fait : depuis que le XV de France relève la tête, le pays du coq va mieux. On s’autorise même à penser, dans les milieux autorisés, qu’un succès de la France le vingt octobre prochain « doperait » la croissance ! Elle est déjà amorcée par la victoire sur le fil du rasoir samedi soir dernier, dans un combat acharné, héroïque, digne des grands péplum du stade ou du cirque. Les gladiateurs au secours de l’économie.

Nous n’en sommes pas si loin : l’avantage de cette coupe du monde de rugby, outre qu’elle réserve son lot de demi-surprises, c’est que les grands matchs ont lieu le week-end. Et surtout le samedi. La France s’ennuyait un peu, les samedis. Depuis la fin de l’été (pourri), septembre était déjà là, et la rentrée, la fin des barbecues, les apéros sous les parasols, la pétanque jusqu’à 21h… Malgré le beau temps revenu, le cœur n’y était plu. On allait bosser, à l’usine, jusqu’à ce que retraite s’en suive, mais pas pour tout de suite. Bref, on s’emmerdait, heureusement, les jeux du cirque sont là pour nous réveiller, dans une ferveur de feu de paille toujours sympathique à voir et à vivre, mais qui retombera bien vite, on le sait depuis un certain 12 juillet 1998… Du pain et des jeux, panem et circensens, on en est toujours là c’est vrai, les empereurs se succèdent dans les stades, flanqués de leur cour habituelle, faite de collaborateurs (et collaboratrices !) avisés, de courtisans courtisés, de comédiens liftés, de chefs d’entreprises invités. On espère seulement que les héros, pour le moment bien au chaud dans leurs vestiaires dorés de la forteresse Marcoussis, se souviendront que chaque match se joue pour lui-même, et qu’ils seraient bien inspirés de réviser leurs fondamentaux, en langue anglaise, si il ne veulent pas boire la tasse (de thé) samedi, « chez nous », à St Denis.

St Denis ! Le stade « de France », à St Denis « en France » (pour ne pas confondre avec l’île de la Réunion). Tout un symbole : le département au métissage multiple, aux sans papiers probablement nombreux, aux jeunes désœuvrés, aux collectifs de défense de ceux qui en prennent aussi plein la gueule, mais sans les acclamations du public en liesse. A ce jeu, Fadela Amara, secrétaire d’Etat dans le gouvernement du Tout-Puissant de la République, symbole de l’ouverture, pourrait bien se faire tancer – on n’ose dire plaquer -  de l’avoir trop ouverte. Un ancien ministre de la gauche des meilleurs jours a même dit « qu’elle avait parlé avec ses tripes ». Des jeux du cirque à la boucherie, il n’y a qu’un pas, que nous n’oserions franchir…

        Mais quand même : quelle ouverture ! Il fallait s’en douter : on ne sort pas d’un collectif Ni putes, ni soumises avec les bonnes manières des palais du huitième arrondissement de Paris ! Il faudrait lui demander ce qu’elle fait samedi soir, Fadela : parce que, pourquoi pas, elle pourrait revêtir le maillot « bleu nuit » n°10 du XV de France de rugby. C’est le poste de « demi d’ouverture ». Et c'est peu dire que pour gagner les deux oreilles en feuilles de choux de la perfide Albion, faudra jouer avec ses tripes. Pour que cette belle épopée ne finisse pas en queue de cochon, dans le maïs...

 

 

 

 

 

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t'as ton Tan's ?

29 Août 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                        rentrée des classes, trop la classe !

       

       

          Avant que le gouvernement, loué soit-il, ne fasse une loi obligeant les chefs de rayon à pratiquer des prix bas sur les fournitures (ce qui est déjà le cas si on fait attention à ne pas céder à la fièvre marketing…), une maman a eu la semaine dernière la réflexion d’actualité la plus pertinente : « on ne va quand même pas traverser tout Lyon pour trouver une trousse ! ». Alors que je m’employais à chercher des stylos feutres « Tempo » de chez « Paper Mate » (chacun ses manies), un jeune garçon était perplexe devant la montagne de trousses scolaires installée devant son nez. Il tournait et retournait l’objet sensible qui va accompagner son année d’écolier. Objet qu’il faut bien choisir on comprendra pourquoi, car, avec l’agenda, il dit « tout » d’une personnalité. Il s’agirait donc de ne pas commettre d’impair, au risque de passer pour le ringard de l’année dès les premiers jours… Rédhibitoire. Bien choisir, jusqu’au mois de janvier seulement, date où les stratèges marketing de tout poil inventeront une nouvelle marque « indispensable ». Entre deux zip de fermeture éclaire, sa mère dont on aurait juré sa grande sœur tant le jeunisme et le bronzage ont fait des ravages (malgré l’été pourri), a eu cette réflexion donc, que je ne résiste pas à vous partager une seconde fois : « on ne va quand même pas traverser tout Lyon pour trouver une trousse ! ». Et comment !
Elle a bien traversé la France et sans doute les frontières pour trouver du soleil et un carré de quatre mètres carrés sur une plage. Alors Lyon pour une trousse, ça n’est tout de même pas le raid Gauloise… Si c’est pour améliorer les performances de son fiston en 6è, tout sera bon. Je regarde dans mes mains les deux feutres « Paper Mate » et le cahier Clairefontaine (petit format, spirales, grands carreaux marge à gauche, cent pages et papier velouté). Je me dis que pour trouver mon matériel favori, je suis prêt à faire quelques kilomètres de plus en vélo. Chacun sa rentrée.

 

 

 

 

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il faut toujours viser la tête

12 Juillet 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                                                    l’ange noir



           « Regarde-là ma ville, elle s’appelle bidon. Bidon, bidon, bidonville, me tailler d’ici, à quoi bon ? Pourquoi veux-tu que je me perde dans tes cités, à quoi ça sert ? Je verrais toujours de la merde, même dans le bleu de la mer. Je dormirais sur des millions, je reverrais toujours bidon, bidon…
Donne-moi ta main, camarade, toi qui viens d’un pays, où les hommes sont beaux. Donne-moi ta main, camarade, j’ai cinq doigts moi aussi, on peut se croire égaux. Serre-moi la main, camarade, je te dis au revoir, je te dis à bientôt. Bientôt, bientôt, on pourra se parler camarade. Bientôt, bientôt, on pourra s’embrasser camarade. Bientôt, bientôt, les oiseaux, les jardins, les cascades. Bientôt, bientôt, le soleil dansera camarade. Bientôt, bientôt, je t’attends, je t’attends camarade ».

Claude Nougaro, Bidonville.

 

 

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tranches de vie, tronche de cake (part five)

18 Juin 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                                                 l’air de rien



      Le plaisir des mots sort parfois des simples livres qu’on achète et tient contre soi comme une couvée de poussins, dans la file d’attente d’une librairie. A  « l’Armitière », sorte d’équivalent rouennais du bordelais « Mollat », je commence à lire « Un homme à la mer » d’Olivier Frébourg (né à Dieppe en 1965, ce n’est pas moi qui l’invente mais la quatrième de couverture). Devant moi, deux hommes bavardent, assez fort pour que tout le monde profite du conciliabule. Le plus « vieux » (environ 45 ans) dit à l’autre : « et toi, qu’est-ce que tu deviens ? » (signe évident qu’il avait jusqu’ici beaucoup parlé de lui). L’autre (plus « jeune », environ 35-40 ans, avec un enfant dans les bras qui poussaient jusqu’alors des cris de veau qu’on égorge) : « ben… pas grand chose… On continue… J’attends d’voir… On essaie, quoi ».
Ben, pas grand chose. On continue. On essaie, quoi. On pourrait ajouter : « ben ouais, c’est comme ça, faut pas chercher ». Une sorte de « à quoi bonisme » bien dans l’air du temps désenchanté. C’est sans doute ça, la nouvelle France en soit disant rupture avec l’ancienne : une sorte de résolution à tenir coûte que coûte, résigné, frileux, sans avis. Je sais la futilité du badinage de ces conversations de concierges (pardon pour elles !), nous en avons tous eu, nous en avons encore, et nous en aurons toujours. Mais cet air du temps, air de rien, aire de jeu de « l’homo urbanicius » qui laisse traîner ses yeux et ses oreilles quand d’autres s’enfoncent des écouteurs d’i-pod dans les cages à miel, tout ceci a quelque chose de rafraîchissant dans la vie d’aujourd’hui. La plèbe n’est pas morte, elle ne fait que sommeiller, parfois… L’air de rien.



 

 

(PS : merci aux dynamiques et curieux élèves de 6èB du collège "JB" de la Salle, pour leur participation à l'ébauche de cette petite chronique... Bon vent ! )

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tranches de vie, tronche de cake (quatro tiempo)

11 Juin 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                                un samedi soir, sur la terre

       Si (et seulement si) l’amitié était une prostituée, le ridicule serait son maquereau. C’est la saison des enterrements. De vie de garçon, et, parité oblige, de vie de jeune fille. Celle qui se tient dans le hall de la Fnac ce samedi en fin d’après midi, a tout pour se brouiller avec ses « meilleures amies ». Elles lui ont concocté un accoutrement de poissonnière qui serait tombée dans une usine de bonbons : des bottes de pêcheur « made in Normandie », un débardeur rose, une casquette léopard, des flons-flons, des paillettes, un maquillage adapté au ridicule de la situation. Elle gesticule et chante des chansons paillardes devant un public indifférent, ou curieux, c’est selon. Une femme « mûre » vient lui demander « ce qu’elle fait là ». Les copines regardent la scène, prennent des photos, et gloussent, comme il se doit. Ne croyez pas que cette dernière remarque est sexiste. Il en serait de même avec des croque-mort de vie de garçon…
Qu’est-ce qu’elle fait là, en effet, est la vraie question. Parmi les réponses possibles, une s’impose : elle enterre ce qu’elle croyait être une amitié de dix ou vingt ans avec ses « meilleures copines ». Un samedi après-midi. Devant tout le monde. En bottes de caoutchouc. Et une bonne dose de patience et de sens de « l’humour », qui a toujours raison du ridicule. Une affaire de goût, et une question de persuasion. 



            Quelques instants plus tard, mon livre en main (« Les Dames de nage », de Bernard Giraudeau), je m’installe dans une sorte de QG, « l’Espiguette », un rade sympathique de la place St Amand. On ne pouvait trouver ce jour-là meilleure appellation pour une petite place bordée de maison style classique XVIIIè siècle (une anomalie architecturale à Rouen). A côté de la table où le tavernier m’apporte une bière locale, un jeune couple BCBG, 20 ans d’âge. Chemise « Ralph Lauren », mocassins « Todd’s » pour lui. Débardeur « fashion », jean moulant « Gap », boots à talons pour elle, jolie brune au débit de paroles mitraillette. Ils grillent clopes sur clopes, des « Davidoff », bien sûr, et s’embrassent comme si ils allaient se quitter pour toujours. Je n’y peux rien, la table est si proche que j’entends leur conversation, malgré l’absorption de mon livre. Tout y passe, les révisions de partiels pour lui (économie, il apprend des plans « par cœur », car « ça peut servir ». Un fin stratège...), la future soirée à la fac est aussi au programme (pour elle). Passe une jolie blonde qui entre dans le bar. Il la suit des yeux. Elle le suit des yeux suivant des yeux la belle étrangère, la rivale. Alors le dialogue change de tonalité. On la sent plus dominatrice, piquée au vif par le réflexe masculin par excellence : regarder dans l’assiette du voisin à peine servi. Elle n’est pas braquée, mais tente de montrer que c’est elle qui lui accorde le privilège de former un couple. Elle décide, il exécute. Ils sont amoureux, c’est sûr. Mais ils sont jeunes et beaux. Le risque est grand. Elle le défie. Il veut lui caresser le bras dans un geste tendre de rattrapage, très masculin aussi. Elle recule sur sa chaise : « non, lâche-moi », dit-elle, dans une vraie-fausse colère qui cache des sentiments de triomphe. La joute verbale et tactile dure quelques instants. Nouvelles bières (Monaco pour elle). Cigarettes. Ils s’embrassent, penchés sur leur table, mais c’est encore elle qui décide si le matador en est digne ou non. Nouvel accident : portable qui vibre. « Céki ? ah ouais, salut ! Té où ? Trop bien… ! Là ? J’suis avec mon amoureux (qui allume une nouvelle cigarette). Bah j’sais pas, kel heure il est… Ouais,  dans une demi-heure ça va ? Non, mais j’vais rejoindre les filles dans pas très longtemps en fait. Ok, à toute ! » Portable sur table. Il interroge du regard, mais ne dit rien. « Etienne », dit-elle. Un bref silence. Ils se racontent leurs débuts, un dialogue sur « MSN ». « Ca a duré une heure, jusqu’à minuit », dit-elle. « A minuit, je t’ai dit : c’est mon anniversaire. Tu as répondu : bon anniversaire alors. J’te kiffais déjà… ». Il a les yeux qui sortent du crâne, la langue se déroule sur la table du bistrot et avoue ne pas trop se souvenir de tous les détails. Les garçons sont « ça comme ». Téléphone, pour lui. Il raccroche vite. Elle ajoute : « j’aurais jamais cru qu’on puisse un jour sortir  ensemble… ». C’est l’estocade. Le public applaudit la passe de cape. Le soleil brille dans l’arène, comme dans un livre d’Hemingway, où il est question de mourir l'après midi.
Dans mon esprit, je tourne et retourne la réflexion de la demoiselle, et je pense : « moi, si ».

(PS : impossible de prendre une photo, la proximité m'aurait fait passé pour un vulgaire paparazzi...)

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la croisière s'amuse (suite...)

9 Mai 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                                               Vox populi…

 

      La voix du peuple est irremplaçable, et c’est une nouvelle fois elle qui aura le dernier mot. J’ai toujours considéré les salles obscures comme des lieux où ne fait pas que « voir des films », mais où on en apprend beaucoup de ses contemporains. Suffit d’avoir deux oreilles, et de les laisser traîner.
Le mercredi à 14h, il fait bon s’installer dans un fauteuil de cinéma, juste avant le début du film. Aujourd’hui, on pouvait y entendre deux dames d’un âge très respectable, dont la tenue, le maquillage et le vocabulaire laissaient deviner sans trop d’efforts ce que leur enveloppe électorale contenait dimanche dernier. Ces deux dames discutaient de la croisière qui s’amuse au large de Malte.
« tu trouves ça choquant toi ? »
« non, pas plus que ça. Il avait prévenu. Et de toi à moi, je préfère le yacht de Sarkozy à la polygamie de Mitterrand avec sa femme et fille cachées ! »
« ça, c’est sûr »
Et bien voilà, rien d’autre à ajouter pour aujourd’hui. Comme le titrait « Libération », le « Boat People » du nouveau Président vaut mieux que l’adultère socialo-matrimoinal de la gauche caviar.
Une affaire de goût.

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pugna-cité

3 Mai 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                              saine colère, sainte colère ?

       A lire et entendre les confrères ce matin dans la presse, le mot du jour est donc « pugnacité ». Mme Royale s’est montrée pugnace, littéralement « qui aime le combat ». Il faut dire que si Nicolas devait jouer la comédie du silence des agneaux, en gardant son calme, Ségolène devait plutôt jouer dans le registre « chèvre de Monsieur Seguin » (histoire de filer la métaphore des « Deux-Sèvres »).
Le débat a donc eu lieu. Avec pugnacité. Il a parfois plafonné au niveau d’une cours de collège, avec ces batailles de chiffres où seuls les experts s’y retrouvent, et surtout cette manière si désagréable de se couper mutuellement la parole. Pour des candidats prônant le respect, l’écoute, l’obéissance au maître d’école, la discipline etc., l’exemple est bien mal donné. Or on sait que l’exemple vient souvent d’en haut. On n'y peut rien c'est comme ça.
Et puis, et puis… il y a eu cette fameuse colère de 22h55. Cette sortie de gonds. Cette faille que l’un et l’autre ont attendu pendant presque deux heures, c’est finalement Ségolène qui va la trouver. Et s’y engouffrer. On peut être déçu de ne pas avoir entendu, comme du temps des candidats Chirac, Jospin, Mitterrand et Giscard d’Estaing, ces petites phrases sibyllines qui font les grandes heures de la télévision française, et les petites portes de la politique à l’esprit cocardier. Mais on a eu la « saine colère » de Ségolène, à propos de l’éducation des enfants handicapés. Qu’on ne s’y trompe pas. Ce n’est pas sur la colère qu’il faut épiloguer. Tout le monde est capable de s’emporter quand l’injustice est valable, et la cause entendue. Un certain Nazaréen l’a fait, de son temps, sur le parvis du Temple de Jérusalem (ça lui a d’ailleurs coûté cher d’avoir viré les petits commerçants poujadistes : faut pas jouer avec les PME et ça depuis fort longtemps !). Ce sur quoi il faut épiloguer c’est l’objet de la colère : la scolarisation des enfants handicapés, et, derrière eux, le reste de la forêt : le handicap dans notre société, la différence, la souffrance physique ou morale. Les gros, les moches, les boiteux, les petits, les trop grands, tout ceux qui ne rentrent pas dans les canons actuels de la mode. Les lois anti-discrimination de 2004 n’ont parfois changé que la surface.
Il serait dommage, vraiment, qu’on laisse s’éloigner cette royale colère de sa source première, loin de toute instrumentalisation : il s’agit d’une saine colère si elle concerne en effet le respect des personnes humaines. Si il s’agit d’un instrument au service d’une stratégie verbale pour une joute oratoire visant à s’asseoir sur un fauteuil à l’Elysée, alors ce n’est ni une sainte ni une saine colère.
C’est une immoralité politique de plus. Sans être un mépris de moins.


 

 

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le bonheur est dans le pré

22 Avril 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                 Vive la reine !

     Ce matin à 11h, dans le bureau de vote de la mairie du XVIIè arrondissement de Paris, une femme déclare, voyant la file d'attente pour voter : "ah non ! je ne fais pas la queue pour voter ! je reviendrai ce soir". Vous avez raison, madame, d'être si peu persistante. J'en connais d'autres, en des contrées moins démocratiques, qui tueraient père et mère pour accomplir ce "luxe" de faire la queue afin de voter. Est-elle revenue ? Ne sais pas. Du XVIIè arrondissement, nous sommes passés au XVIIIè siècle, et le bonheur était dans le pré de la Marie-Antoinette...

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la comédie humaine, un "combat ordinaire"

17 Avril 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement

                                                           le front aux vitres

       

         « A nous de vous faire préférer le train ». Comme prévu, le contrôleur du dernier TGV pour Poitiers dimanche soir, sur le coup de minuit, a scellé à l’heure du crime l’alliance de la goujaterie, de l’humiliation et de la comédie humaine dans toute sa splendeur. Le « bricolage » du billet ANPE par la guichetière SNCF de la gare de Rouen  s’est révélé perdant. Je n’avais pas la précieuse réservation, pour un train qui était soit disant « complet » et dont la voiture 5 où j’avais pris place comportait en tout et pour tout une vingtaine de voyageurs endormis… J’avise le seul maître à bord, après Dieu (couché tôt le dimanche soir donc aux abonnés absents), flanqué de sa splendide casquette qui, comme les képis, rétrécit les cerveaux reptiliens. Je passe sur les considérations physiques, le casting des contrôleurs SNCF échappant à tous critères de beauté discriminants, et c’est heureux pour certains. Devant son étonnement (« comment a-t-on pu vous délivrer un tel billet ? »), je lui demande un peu de compréhension et de souplesse, eut égard à la situation délicate de celui « qui cherche un job » et parcourt 442 km (avec le retour 884) pour essayer d’en trouver un, peut-être. Là, réponse du chef, à peine croyable mais historiquement historique, fut : « on n’est pas l’Armée du Salut ici ! Si il n’y a plus de place en TGV, prenez un Corail ! ». Comme je n'ai aucunement l'intention de descendre en marche, je fais remarquer le wagon à moitié plein, et donc à moitié vide… Si j’avais parlé à partir de ce moment là un vieux dialecte tibétain ou cantonais de la fin du dixième siècle, je n’aurais pas été plus mal compris. L’agent « TR 454 » (j’ai décidé de cafter moi aussi) me flanque donc une contredanse de niveau "première classe", alors que j’étais assis en seconde. Je lui fait remarquer le défaut de procédure, que je refuse de signer, il refait le PV, le visage fermé. Toujours vérifier deux fois.
Bien sûr j’aurais pu, à ce niveau de la compétition, créer un « incident voyageur » et lui flanquer ma main à travers la figure, ce qu'il aurait mérité d'une part, mais aurait fait les choux gras de l’insécurité dans les transports en commun d'autre part. Choux gras que la campagne électorale se serait empressée de reprendre à son compte. Imaginez les journaux et radios lundi matin : « un contrôleur agressé par un demandeur d’emploi dans un train de nuit entre Paris et Poitiers, grève surprise pour protester sur le champs » etc, etc. Les candidats auraient rebondi sur l’affaire, et j’aurais fait le lit de certains « démocrates » réactionnaires situés à l’extrême droite de Dieu. Comme je suis bien urbain, et avant tout soucieux du bien être de mes concitoyens, en un seul mot, j’ai baissé les yeux sans broncher, vaincu par la vindicte de « TR 454 ».
Ironie de l’histoire, si je puis dire, le lendemain, sur le chemin du retour, le même « TR 454 » a contrôlé le billet cette fois-ci en bon et due forme. Je lui ai demandé, sans rire, quelles étaient les conditions pour intégrer « l’Armée du Salut », mais il a feint de ne pas comprendre. Cerveau reptilien, et mémoire courte donc.
La plus belle ironie de cette histoire, finalement, fut donnée quelques instants plus tard : la poésie des petites choses de la vie a repris son cours, et elle m’est tombée dans l’œil, prouvant au passage que si on pourra, jusqu’à la fonte des neiges, inviter les cons à des dîners spécialement préparés pour eux, ils seront toujours moins délicieux que la beauté et la grâce du spectacle de l’humanité naissante, dans ce qu’elle a de plus régénérant. Et gratuit.
Ceux qui ne font pas partie du « club des joies simples » peuvent s’en tenir là. Pour les autres, dégustez ceci comme j’ai pu le faire moi même. 



          La petite fille au regard bleu et aux cheveux blonds regarde par la fenêtre du TGV. Dehors, alors que l’acier caréné fend l’air à 300 km/h entre Vendôme et Paris, se succèdent les champs de colza (jaune cocu), le blé en herbe (vert dur), le ciel (bleu azur). La petite fille au regard bleu et aux cheveux blonds a des tresses, comme Heidi, la « petite fille de la montagne ». Elle colle maintenant son front et son nez à la vitre. Je repense au poème de Paul Eluard tiré du recueil « l’amour, la poésie » : « le front aux vitres comme le font les veilleurs de chagrin ; ciel dont j’ai dépassé la nuit ; plaine toutes petites dans mes mains ouvertes ; dans leur double horizon inerte indifférent… ». Elle regarde. Semble soucieuse. Concentrée. Rêveuse. Consciencieuse. Elle met sa main sous son menton, avec un doigt qui remonte verticalement le long de sa bouche, une posture que je trouve très adulte. En regardant les objets posés sur la tablette devant elle, j’essaie de déterminer son âge : dix ou onze ans maximum. Une petite boîte rose avec des étoiles contient les trésors d’une petite fille de son âge : des stylos à paillettes, des crayons de couleur, une gomme fluo. A côté, signe du temps, une BD « manga » dont la couverture ne laisse aucun doute sur le contenu : une histoire de prince charmant et de princesse toute aussi charmante, version nippone. Elle porte un tee-shirt rose avec des arabesques imprimées dessus. Elle plisse les yeux : le soleil qui entre à plein rayons fait mal aux regards clairs. Le jaune du colza se mélange au bleu azur du ciel et soudain le vert de la Beauce envahit la voiture 17, place 55. A quoi pense-t-elle donc ? D’où vient-elle ? Hendaye, Dax, Bordeaux, Angoulême ? La petite fille au regard bleu et aux cheveux or semble si seule, accompagnée seulement par le sifflement de la grande vitesse. Peut-être contemple-t-elle son reflet que l’on distingue sans peine dans la vitre ?
Je regarde son voisin d’en face : il lit une biographie de Jacques C. par Pierre Péan. Et soudain je sors de ma rêverie : c’est plus fort que moi, je pense à dimanche prochain, à l’avenir de cette petite fille au regard bleu et aux cheveux blonds que je, vous, nous, tiendrons dans notre main lorsque je, vous, nous mettrons un bulletin dans l’enveloppe puis dans l’urne. Je me demande, c’est plus fort que moi, combien de personnes dans ce wagon seront tentés de voter pour le vieillard réac ou son alter ego légèrement édulcoré, « génétiquement » programmé pour conquérir le pouvoir, dans une sorte d’érection que d’aucuns qualifient d’inévitable. Je pense, et je repense à notre avenir, mais aussi au tien, petite fille au regard bleu et aux cheveux blonds qui regarde maintenant, comme dans un songe, les éoliennes aux grandes ailes plantées dans les champs de blé beaucerons. Je regarde ta moue rêveuse qui semble loin, très loin d’ici.  Peut-être as-tu vu, chère petite, que depuis cette ligne de TGV, à cet endroit précis, on distingue clairement les flèches de la cathédrale de Chartres, distante de… 25 km. Peut-être, et même sûrement, penses-tu aux copines que tu ne reverras pas avant la rentrée des classes du mois de mai, aux cousins et cousines que tu vas retrouver à Paris dans quelques minutes, et avec lesquels tu passeras des vacances merveilleuses. Peut-être rêves-tu de la tour Effeil ? Ta maman, à côté de toi, passe sa main dans tes cheveux, d’un geste maternel et tendre que tout le monde connaît.
Je regarde à nouveau la couverture du livre de Pierre Péan consacré à un locataire de l’Elysée en train de faire ses cartons. Je regarde le paysage défiler à tout berzingue, le sifflement de la très grande vitesse, ton regard océan dans le reflet de la vitre, la casquette du « monsieur TR 454 » et l’Armée du Salut. Je vois une carte d’électeur. Un isoloir. 44 millions d’adultes majeurs et vaccinés inscrits sur des listes. Et douze candidats, douze apôtres porteurs d’avenir (mais non pas tous) et de promesses plus que d’évangile…
A ce moment précis, je le jure, Paul Eluard vient achever cet instant onirique et pourtant si réel : « le front aux vitres comme le font les veilleurs de chagrins, je te cherche par delà l’attente, par delà moi même. Et je ne sais plus tant je t’aime lequel de nous deux est absent ».

            Dimanche prochain, nous votons, vous votez, ils votent. Je penserai à toi, « petite fille au regard bleu et aux cheveux blonds », le front collé à la vitre de ce train à grande vitesse.
Toi qui liras ces lignes, fais de même.





 

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