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Le jour. D'après fred sabourin

chronique cinema

Première Séance

11 Juillet 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                        Le Voyage aux Pyrénées

Diaphana Films

de Arnaud et Jean-Marie Larrieu. France 2008. 100 mn. 180 copies. Distributeur : Diaphana. Avec : Jean-Pierre Darroussin ; Sabine Azéma ; Arly Jover ; Philippe Katerine…


Dans Peindre ou faire l’amour, le précédent film des très récréatifs frères Larrieu, c’est la Grande Chartreuse qui était le décor d’une singulière histoire de couple échangiste malgré lui. Daniel Auteuil et Sabine Azéma étaient en effet troublés par Sergi Lopez, non-voyant polisson qui savait se servir de ses autres sens.
Cette fois, dans Le Voyage aux Pyrénées, ce sont bien ces splendides montagnes franco-espagnoles qui offrent le décor de cette histoire d’un couple de comédiens très célèbre, venu se reposer dans les alpages en automne. Car madame (Sabine Azéma) a des crises de nymphomanie, et le meilleur moyen de calmer ses ardeurs, pense son mari (JP Darroussin), c’est encore de venir les rafraîchir aux vents des petits matins frais.
C’est peu dire que les Pyrénées offrent plus qu’un décor et un prétexte : un personnage à part entière, filmé avec délectation par les facétieux frères Larrieu (les amateurs reconnaîtront les environs du Cirque de Gavarnie et de Luz Saint-Sauveur).
Sautillant joyeusement d’un genre à l’autre, sans souci d’unité ou de cohérence, Le Voyage aux Pyrénées transporte le spectateur aux frontières de l’absurde en donnant à penser, comme dirait le philosophe. Filmé parfois à la manière d’un documentaire, on bascule aussi du côté de la farce fantastique et mystique, lorsqu’un ours des Pyrénées apparaît trop humain, lorsque JP Darroussin se met à parler tibétain, lorsque des moines joyeux et chantant (excellent Philippe Katerine) se promènent nus au creux d’un torrent régénéré, et jouent de la guitare dans une chapelle.
Alternant des scènes parfois grossières ou gratuites, des situations saugrenues, mais toujours superbement interprétées, Le Voyage aux Pyrénées abuse du spectateur, qui hésite entre l’hilarité et la retenue. Parce que quand même, tout ceci n’a pas l’air de tenir debout.
Et pourtant : un seul but pour les réalisateurs et les acteurs : bien se marrer, prendre du plaisir dans cette farce montagnarde où tous prouvent que le jeu est avant toute chose un art de vivre, et les histoires toujours bien bonnes à raconter.


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fortune de mer

14 Juin 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                     Tabarly

de Pierre Marcel. France, 2008, 90mn ; 50 copies. Distributeur : Pathé. Avec : Eric Tabarly ; Alain Colas ; Michel Desjoyaux…

Pathé Distribution


Une symbiose parfaite entre un homme, un bateau et la mer. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier le film documentaire de Pierre Marcel, jeune marin de 27 ans, qui n’a pas connu Tabarly en personne mais qui a lu ses livres, s’est imprégné du personnage et surtout a navigué sur ses Pen Duick. Il a choisi de construire ce documentaire à partir des images d’archives, films réalisés sur Eric Tabarly lui même, ses propres interviews, ses commentaires. Lui qui n’aimait pas les questions des journalistes ! Souvent les soupirs et autres borborygmes de bouches sont à interpréter comme autant de réponse à ce personnage publiquement discret, timidement sympathique, humble naturellement, sensible évidemment, mais toujours déterminé et courageux. A cinq ans, on lui posait la question rituelle : « que veux-tu faire plus tard ? Amiral ! », répondait-il. Il fut « seulement » capitaine de frégate. Mais il se trouvera des amiraux qui auraient bien aimé avoir la vie qu’il mena…
Par deux fois seulement, Pierre Marcel a recours au procédé de la reconstitution, pour le reste, de l’eau, des voiles, des marins. Ni opposition (comme le dit Alain Colas), juste de la compétition. Vie quotidienne sur les Pen Duick, le suspens des courses au grand large, les tempêtes, les démâtages.
Tabarly y apparaît toujours comme l’homme de la situation, sorte de héros des houles, semblant perdu au milieu de la foule et des honneurs qui l’acclament, voire le traînent en spectacle comme cette remontée des Champs Elysées grand guignolesque orchestrées par Europe 1, après sa victoire en 76 dans la Transat, solitaire sur Pen Duick VI, bateau fait pour être manœuvré par quatorze équipiers qu’il conduira seul à Newport, et premier, à la surprise générale, alors que tous le croyaient perdu.
Plus que la mer, ce sont les bateaux que Tabarly aime profondément. Ses innovations techniques ont révolutionné le monde de la voile, souvent étonné les Anglais, parfois agacé les Américains. Point n’est besoin d’aimer passionnément la voile ou de s’y connaître parfaitement pour apprécier Tabarly de Pierre Marcel. Tout le monde pourra comprendre l’attachement au Pen Duick I, acheté par son père en 1938, qu’il a acquis quelques années plus tard, et restauré selon ses moyens, tout au long de sa vie.

Pathé Distribution

La musique de Yann Tiersen accompagne pudiquement ce premier film qui ne l’est pas moins, comme ses personnages principaux : les bateaux, la mer, le marin.
Tabarly, de Pierre Marcel, séduira par sa beauté et son style posé, jusqu’à la fin, comme Tabarly l’aurait lui même souhaité : ne laissant à personne d’autre que lui le soin de manœuvrer, seul maître à bord. La mer d’Irlande, il y a dix ans, en a décidé autrement.

Un homme à la mer.
Fortune de mer…


Pathé Distribution


Pathé Distribution


Pathé Distribution


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silence...

30 Mai 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                                           Ca tourne !



       Pendant ce temps-là, rue de la Juiverie, on tournait une mièvrerie sucrée, grand public et faussement historique censée se dérouler durant la seconde guerre mondiale. Pour faire plus crédible, on va chercher Line Renaud, qui en connaît un rayon question guerre mondiale, elle qui a du naître au moment où la France perdait Sedan. Après, elle a mangé du maroual au petit déjeuner avec Dany Boon.
La scène se passe « après le couvre feu », une livraison en loucedé par un gentil maraîcher, qui prend des risques pour venir servir la dame à l’entrée de son bistrot. Notez bien qu’il s’agit temporellement d’une scène se déroulant après le couvre feu (je le répète et le réalisateur l’a lui même précisé), d’où ce splendide « extérieur jour » manifestant la part d’ombre de la scène, sans doute…
Production France Trois Rhône-Alpes-Auvergne, dans votre télé l’hiver prochain.
Vivement.


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Palme d'or. Ne la réveillez pas...

17 Mai 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma






Des vedettes, des paillettes, une Croisette, des photos, des tapis rouges, une plage, des starlettes, des cris, des rires et des larmes. Des photographes, des smoking, des robes échancrées, des hauts talons, des palmes (l’or leur va si bien), des hôtels, des bateaux, des vedettes, et surtout des stars. Des films, des longs, des moyens, des courts, des ratés, des bien faits, des inconnus, des oubliés, des acteurs, des réalisateurs, des vedettes, des femmes, des enfants, des fauteuils, un rideau, un écran : blanc.
Des marches : à monter, jamais à descendre, le noir qui se fait, la magie d’un faisceau de lumière qui scie en deux l’épais rideau de nuit, et le rêve vient au jour.
Des vedettes, des paillettes, une Croisette, et des stars, surtout des stars. Le cinéma est à Cannes.




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Deux jours à tuer

9 Mai 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma


Deux jours à tuer - Albert Dupontel


     Il existe des principes et des postulats qui ne souffrent généralement d’aucune contestation. Loin de moi l’idée de faire à la Prévert un inventaire. Il en est un qui dépasse à priori beaucoup d’autres : les fils sont fait pour survivre à leurs pères. C’est du moins ce que la loi mathématique de la vie voudrait.
Antoine, jeune quadra comblé, publicitaire fortuné, belle voiture, jolie femme, deux beaux enfants, maison où rien ne manque dans les Yvelines, saborde un jour une réunion où il s’agit de vanter les vertus d’un yaourt pour un important client. Pour toute explication, il annonce qu’il va partir et revend ses parts. Rentré chez lui, une scène l’oppose à sa femme : une « bonne copine » l’a vu dans un bistrot main dans la main avec une autre femme. Tout s’enchaîne, Antoine saborde l’anniversaire préparé par ses enfants, puis celui préparé par sa femme (une surprise avec ses amis qui finit en pugila). Antoine saborde le navire, passe tout par dessus bord, prend sa bagnole, et embarque à Cherbourg pour l’Irlande… où il retrouve son père, reclus depuis trente ans avec la pêche à la mouche pour seule compagnie.
Antoine est malade. Antoine va mourir. Mais il n’avait pas le courage de l’annoncer à sa famille et à ses proches.

Porté par les seules épaules de Albert Dupontel, avec quelques apparitions lumineuses de Marie-Josée Croze, Deux jours à tuer peut agacer par ses allures très « petite bourgeoise française » : en démolissant le modèle en question avec les mêmes codes qui d’ordinaire le construisent, Becker scie la branche sur laquelle il est assis. D’autres auraient sans doute été plus piquants et incisifs, et on pense notamment à Chabrol pour ne citer que lui. Néanmoins, Jean Becker, qui nous avait gratifié ces dernières années de films nostalgiques d’un âge d’or disparu sans avoir vraiment existé, avec Les Enfants du marais et Dialogue avec mon jardinier, prouve là qu’il sait aussi faire du grave sans trop de pathos. Il faut voir – et entendre – Dupontel déclamer de la prose taillée pour lui, mais néanmoins véridique en cela qu’elle dénonce le manque d’écoute et de dialogue vrai entre les gens. La vraie écoute, celle qui découle ensuite sur une vraie compassion.

Le générique de fin vaut à lui seul qu’on mette une heure trente (à tuer ?) pour ce film. Une chanson de Jean-Lou Dabadi interprétée par Serge Reggiani à la toute fin de sa vie (en 2002 exactement), « le temps qui reste », illustre à merveille le propos, et, franchement, tire une émotion non feinte chez le spectateur, en tout cas chez celui qui écrit cette critique.
Deux jours à tuer, de Jean Becker. Normalement pour vivre en fils il faut tuer le père, mais si il vient à partir avant, alors…
« Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera..
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord ? »

Deux jours à tuer - Albert Dupontel et Marie-Josée Croze
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une image et des mots

20 Mars 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                            Elle s’appelle Sabine... 


       ... nous dit Sandrine Bonnaire dans ce documentaire qui vaut à lui seul tous les films du moment. Sabine crève l’écran, de son visage bouffi par les calmants, le surpoids, les cheveux courts, les lèvres entrouvertes d’où s’échappe un filet de bave. Sabine fut autrefois une belle jeune fille, l’équivalent brune de l’actrice révélée dans « A nos amours » de Maurice Pialat en 1983 et « Sans toit ni loi » d’Agnès Varda en 1985. Deux Césars : meilleur espoir et meilleure actrice. Sabine, une jeune fille différente, mais rieuse, malicieuse, musicienne, passionnée de géographie et d’anglais, de voyages… Aimée par sa sœur, surtout. 

En 1996, Sabine est internée pour cinq ans, en hôpital psychiatrique. Son état se dégrade, elle grossit, devient agressive, subit la camisole et les calmants à endormir un cheval. Il faudra à Sandrine user de sa notoriété (elle le précise) et de patience (surtout), pour obtenir une place dans un institut médico-professionnel, en Charente, afin que Sabine soit – enfin – diagnostiquée. Psychoses enfantines et léger autisme.
Elle s’appelle Sabine ne s’insurge ni se révolte contre le système psy en bout de course. Sandrine ne fait que poser des questions. Quand ma sœur ira-t-elle mieux ? Quand pourra-t-elle sortir de l’IMP ? Quand repartirons-nous en voyage ensemble ?
Sans émotions superflues, Sabine imprime son visage plein cadre. Au départ on est gêné. On hésite à rire quand pourtant les situations sont risibles. Parce qu’on croit que le rire est au dépend de la maladie. Sandrine pose des questions, comme un écho à celle, lancinante et répétitive, que Sabine répète inlassablement. « Est-ce que tu viendras me voir demain ? Tu me viendras me voir demain, Sandrine ? ». – « Oui, tu le sais bien », répond-elle, sans jamais s’en agacer. Pour ceux qui s’en souviendraient, ces répliques peuvent rappeler l’épisode johannique du « Pierre, m’aimes-tu ? – Oui, tu sais bien que je t’aime ».

Fol amour que celui de ces deux sœurs que tout semblerait opposer : notoriété, beauté, richesse pour l’une. Maladie, pauvreté et quasi disgrâce pour l’autre. Et pourtant il émane de ce film quelque chose de si puissant et si évident qu’à la fin, on ne verse ni larme, ni soupir, ni regrets, ni emphase. Juste le sentiment d’avoir, grâce à Sandrine Bonnaire, mis un nom sur la folie d’une maladie transfigurée par l’amour et le don gratuit : elle s’appelle Sabine.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18795917&cfilm=128514.html

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Première Séance

7 Février 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                              Les Liens du Sang 

Les Liens du sang - François Cluzet et Guillaume Canet
    
      De Jacques Maillot. France 2007. 1h45 ; 295 copies. Distributeur : Studio Canal. Avec : François Cluzet ; Guillaume Canet ; Clotilde Hesme ; Marie Denarnaud…  

Si il y a longtemps que vous n’avez pas vu au cinéma de Renault 15 ou 16, de Peugeot 504, d’intérieurs aux murs recouverts de moquette marron, de tignasses longues, moustaches et rouflaquettes, alors Les Liens du Sang sont fait pour vous. Ambiance très années soixante-dix pour ce polar de Jacques Maillot, aux décors soignés.
Gabriel (François Cluzet) vient de tirer dix ans de prison pour meurtre « du type qui lui avait piqué sa petite amie ». Ca ne se fait pas. Il a eu la rançon de sa vengeance. Son petit frère, François (Guillaume Canet) est flic, un bon flic même aux dires de ses supérieurs. Mais il n’est jamais venu voir son frère lorsqu’il purgeait sa peine.
A sa sortie, il l’héberge pourtant dans une chambre de bonne au dessus de son appartement. Gabriel semble se ranger, et tente de reprendre une vie « normale » : il bosse à Intermarché comme manutentionnaire. Il y fait la connaissance de Nathalie, caissière. Mais le chemin de la réinsertion est semé d’embûches, et de vieux démons. Gabriel ne se satisfait pas de son petit salaire. Il accepte un nouveau « contrat » pour une bande en difficultés avec des rivaux à « éliminer ».
L’histoire de ce polar de bonne facture peut être considéré comme un prétexte à plus de profondeur : c’est surtout les liens entre les deux frères, flic et voyou, qui est ici à observer. Chacun essaie de faire comme si le passé de l’autre n’existait pas, mais c’est difficile.
Ambiance, atmosphère, esprit, on est au coeur d'une époque qui annonce le paraître et la frime, avec des méthodes radicales et réalistes. C'est dans la pertinence de ce cadre travaillé que les deux frères se défient, se rabibochent, se combattent, se retrouvent, et se perdent. François Cluzet et Guillaume Canet sont en pleine forme expressive, dans une tentative têtue pour forcer le cours de leur destin.
Les seconds rôles ne sont pas oubliés, allant de gueules de cinéma très seventies, aux personnages féminins, touchant de grâce et de fragilité, notamment pour Clotilde Hesme et Marie Denarnaud, respectivement femmes du flic et du voyou. Mention spéciale pour Clotilde Hesme (vue cet été dans Le Fils de l’épicier) qui doit quitter son mari en taule pour Guillaume Canet le flic qui l’a mis en cabane.
Après l’échec public du Dernier Gang d’Ariel Zeitoun à l’automne dernier, avant le très attendu Mesrine  avec Vincent Cassel, et un remake des Egouts du Paradis de Spaggiari (de et avec JP Rouve), Les Liens du sang, de Jacques Maillot se pose en modèle du genre, tendance réussite. Pas facile à notre époque où le réalisme et le style sont souvent confondus avec le tape-à-l’œil clinquant et finalement sans saveur. 
On n’ose dire bling-bling.



Les Liens du sang - Clotilde Hesme et Guillaume Canet

Les Liens du sang - Marie Denarnaud et François Cluzet

Les Liens du sang - Guillaume Canet

Les Liens du sang - François Cluzet
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chronique ardéchoise d'un journaliste localier (tome 4)

6 Décembre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                                            L’Auberge rouge

L'Auberge rouge - Christian Clavier, Fred Epaud et Josiane Balasko

De Gérard Krawczyk. France 2006. 1h35. Distributeur : Warner Bros France. Avec : Josiane Balasko ; Gérard Jugnot ; Christian Clavier…

         A la fin du 19è siècle, dans le beau mais rude département de l’Ardèche, une sinistre auberge dite « du Croûteux » se dresse au milieu d’une nature sauvage et hostile. Un établissement coquet tenu par des Ténardiers locaux, Martin et Rose, qui font assassiner les voyageurs isolés par leur fils adoptif sourd et muet. Un soir d’orage, le père Carnus a sous sa responsabilité un adolescent qu’il doit conduire à un monastère perdu dans la montagne. Ils croisent une diligence qui va les mener tout droit vers une épopée dont ils ne soupçonnent pas encore qu’elle mettra en péril leur existence.
En 1951, Claude Autan Lara s’était déjà emparé d’un scénario de Jean Aurenche, Ardéchois lui-même, à partir de ce fait divers nationalement connu qui s’était déroulé dans les années 1830 à l’auberge de Peyrbeille, aux confins de l’Ardèche et de la Haute-Loire. Il avait demandé à Fernandel de remplir le rôle du prêtre accompagnant le futur novice dans une abbaye perdue au milieu de nulle part.
Au milieu de nulle part, c’est aussi l’adresse de la fameuse auberge où, dit-on, le couple de taulier assassinait les voyageurs isolés.
Gérard Krawcyk, en tournage de Taxi 4, passe à la diligence avec L’Auberge Rouge, et en alignant dans le même film Gérard Jugnot, Josiane Balasko et Christian Clavier, on se doutait bien que le niveau serait à la hauteur des exigences qu’on attend d’eux. On ne pourra pas dire que c’est une adaptation fidèle des faits (sombres) de 1830, mais dans le registre comique, ça fonctionne assez bien, Christian Clavier parvenant presque à faire oublier ses choix politiques récents…
Il faut souligner la présence de seconds rôles efficaces, notamment Urbain Cancelier (qui jouait Colignon – tête à gnons dans Amélie Poulain), ou encore Sylvie Joly en Comtesse de Marcillac, méconnaissable.
Le tournage n’a hélas pas eu lieu en Ardèche, et Gérard Krawczyk avoue d’ailleurs ne pas avoir visité la vraie auberge (lieu touristique dans la région !), mais dans les Pyrénées ariégeoises, et au Pont d’Espagne, près de Cauterets. Pas mal non plus.
Cela dit, les habitants de Privas peuvent se réjouir, le nom de cette charmante bourgade est cité trois fois au cours du film.
Qui a dit qu’il ne se passait rien en Ardèche ?

L'Auberge rouge - Urbain Cancelier, Sylvie Joly, Anne Girouard et François-Xavier Demaison

L'Auberge rouge - Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Christian Clavier et Jean-Baptiste Maunier

L'Auberge rouge

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plan serré sur la vie des terriens

26 Octobre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                            Le cœur des hommes 2

De Marc Esposito. France 2006. 1h55. Pathé Distribution. Avec : Bernard Campan ; Marc Lavoine ; Gérard Darmon ; Jean-Pierre Darroussin ; Florence Thomassin ; Valérie Kaprisky, Zoé Félix…

Le Coeur des hommes 2 - Jean-Pierre Darroussin, Gérard Darmon, Marc Lavoine et Bernard Campan


        Quatre ans plus tard, quatre copains : Jeff, Alex, Antoine et Manu. Leurs rapports avec les femmes. Leur amitié, leurs secrets partagés, leurs sentiments de culpabilité, leur volonté de changer.
A la fin du premier film de Marc Esposito, on avait un peu envie de savoir ce que deviendrait cette bande de potaches machos, savoir si leurs démêmées avec leurs femmes (et surtout avec eux-mêmes) allaient devenir. L’idée était dans la tête du réalisateur, ancien journaliste critique de cinéma.
Le résultat est comme un cœur humain : en deux parties. Il y a des moments, dans ce Cœur des hommes 2 plus émotifs et d’une certaine manière plus abouti que le premier volet, qui semblait plus léger. Oui, pourquoi ne pas le dire, on ne boude pas son plaisir à retrouver ces quatre potes qui ressemblent tant aux hommes, même s’ils sont proches de la caricature : drôles, émouvants, méprisables, lâches, sensuels, immatures, forts, tendrement humain, comme les alcools forts. Les rôles de femmes ne sont pas oubliés, avec notamment une mention spéciale pour Valérie Kaprisky, revenue du diable Vauvert, dans une scène qui à elle seule justifierait d’aller voir le film : celle où elle pose son pied sur la cuisse de Bernard Campan (qui vient de lui avouer sa passion pour les pieds, « reflets d’une personnalité ») : l’émotion que lui procure ce geste audacieux est palpable, et assez juste.
Mais il règne au final une situation de sitcom un brin américain, un peu longuet, et si l’intention de Marc Esposito est louable (faire du cinéma un plus bel endroit que la vraie vie), il n’en reste pas moins un sentiment de poncifs et de scènes sur jouées, à la limite de la morale tendance matière molle. Comme si le Cœur des hommes 2, belle entreprise de captation des pulsations de ce qui fait la vie des terriens, manquait, fort à propos, d’humanité.

 

Le Coeur des hommes 2 - Bernard Campan et Valérie Kaprisky


Le Coeur des hommes 2 - Zoé Félix et Gérard Darmon

 

 

                                             Deux vies plus une

Idit Cebula. France, 2006. 1h30. 114 copies. Rezo Films. Avec : Gérard Darmon ; Emmanuelle Devos ; Jocelyn Quivrin ; Jacky Beroyer ; Michel Jonaz…

Deux vies plus une - Gérard Darmon et Emmanuelle Devos

 
     Il arrive parfois, au détour d’un soir où nous nous vautrons dans un fauteuil de cinéma, d’arriver las, sans conviction, après avoir vaguement lu un résumé du film et vu la bande annonce sur un site fameux de cinéma. La surprise, de taille, n’en est que meilleur. Outre la qualité, souvent  au rendez-vous, d’un premier film, le spectateur jubile à voir évoluer des personnages savoureux, car vraiment à leur place, et sans en rajouter. Comment ne pas être ému par Emmanuelle Devos, actrice révélée au grand public (comme on dit) grâce au travail de Jacques Audiard dans Sur mes lèvres, qui lui valu le césar de la meilleure actrice. Deux vies plus une, premier film d’Idit Cebula a ce génie propre de nous embarquer dès le générique dans la vie de ce couple plan-plan, mais au bord de la crise. Tout ça à cause de quelques carnets, et d’un violent désir : devenir soi même.
     Eliane (Emmanuelle Devos) cumule : elle étouffe dans son boulot d’instit, son mari trop protecteur (Gérard Darmon, comme un bon vin : de mieux en mieux en vieillissant), sa mère juive ashkénaze veuve et envahissante, sa fille, ado dans l’œil du cyclone. Au bord de la faillite, elle décide d’écouter ses meilleurs copines, et surtout elle-même : tenter de réconcilier sa vie actuelle, et celle dont elle rêve. Pas de quoi devenir fou, mais presque…
Histoire de couple autant qu’histoire de femme, Deux vies plus une parle à tous de ce qui fait désormais une caractéristique du monde moderne : comment être soi même, là où on est, pour faire ce qu’on a à faire ? Et de se rendre compte, parfois trop tard, que la vie qu’on mène n’est pas celle qu’on souhaite.
     Bien sûr, tout cela part du principe, très en vogue au cinéma, que « l’herbe est plus verte chez le voisin », et « qu’est-ce que je ferais si j’en étais pas là ? ». Mais Idit Cebula fait bien mieux que cette simple réduction que d’aucuns qualifieraient de phénoménologique, et dépasse les pistes ultra-balisées du film français sur la crise de la quarantaine. Deux vies plus une sort des sentiers battus, et devient un film singulier, avec des acteurs qui ne le sont pas moins. En devenant elle-même, c’est-à-dire en réalisant son désir (publier ses carnets où elle griffonne ses souvenirs, l’histoire familiale juive polonaise de Varsovie, la vie de son école) elle entraine dans son sillon dévastateur son mari, sa fille, et… son éditeur, lui aussi troublé par le magnétisme de sa nouvelle recrue.
Ce qui marque le spectateur, c’est cette impression de ne pas assister à des comédiens qui sur-jouent, mais jouent juste, comme s’il s’agissait d’eux-mêmes. La musique d’Arthur H finit de nous envoûter, et l’effet durera longtemps après le dernier mot du générique.
Deux vies plus une, ou comment rester fidèle aux autres en sortant de soi.


Deux vies plus une - Gérard Darmon, Emmanuelle Devos et Michel Jonasz

 

 

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Première Séance, RCF Rouen (jeudi 7h50 sur 90.6) & RCF Angoulême (mercredi 7h53 sur 96.8)

15 Octobre 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                              Sa Majesté Minor

    de Jean-Jacques Annaud. France, Espagne 2006. 1h41. Distribution : Studio Canal. Avec : José Garcia ; Vincent Cassel ; Sergio Peris-Mencheta ; Mélanie Bernier…

Sa Majesté Minor - Vincent Cassel

      

    Longtemps, très longtemps avant Homère, sur une petite île de la mer Egée, Minor, mi-homme, mi-cochon, tient compagnie à une truie dans sa porcherie. Dans une forêt mythologique, il fait la connaissance de Pan, alias Satyre, mi-homme, mi-bouque, qui l’initie aux plaisirs de la chair. Alors qu’il épie Clytia, la fille du Patriarche, promise à Karkos, force de la nature et de beauté, il fait une chute, et en meurt. Mais il revient à la vie, doué de la parole et de la pensée. Il est sacré roi, sur les conseils du sage du village. Et les ennuis commencent…
Tiré d’un scénario de son fidèle compagnon de route Gérard Brach (qui a scénarisé les précédents succès de JJ Annaud La Guerre du feu ; Le Nom de la Rose ; L’Ours ; L’Amant), Sa Majesté Minor est un objet volant non identifié, une sorte de fable mythologique délicieusement lubrique et un brin débauchée, sans jamais verser dans le comique vulgaire. C’est tout juste un peu cochon, mais ça c’est pour donner envie au spectateur d’aller le voir. On ne saurait que trop féliciter JJ Annaud d’avoir revu, lors de la préparation de ce film, Fellini Satyricom, et Le Décameron de Pasolini, histoire de s’inspirer de ce qui se fait de mieux en la matière. Et on le sent en effet inspiré par l’ambiance de paradis perdu, celui d’une sensualité qui se dit et se vit sans complexes, sous le soleil brûlant des mers antiques.
Au rayon mythologie, on soulignera la performance de Vincent Cassel, en bouc lubrique et satyre taillé sur mesure. Diablement divin… José Garcia, en cochon qui s’en défend, donne à son personnage toute la candeur, quand il en faut, et toute sa pertinente épaisseur, notamment lorsqu’il est propulsé roi, malgré lui.
Enfin, comment ne pas parler de la belle Mélanie Bernier, qui a elle seule ferait quitter l’armée à une légion en goguette de six mois de désert djiboutien. Un bonheur des sens, une gourmandise antique.
Des gueules de cinéma, qui font plaisir à revoir, Rufus, Claude Brasseur, Bernard Haller, Jean-Luc Bideau, et quelques trognes de femmes à la manière de, complète ce truculent Sa Majesté Minor, aux dialogues savoureux comme un fruit défendu qu’on aimerait  croquer, parce que c’est juste avant l’arrivée du péché…

Sa Majesté Minor - José Garcia

Sa Majesté Minor - José Garcia et Jean-Jacques Annaud


 

                                            This is England

    De Shane Meadows. Grande-Bretagne 2006. 1h37. Distributeur : Ad Vitam. Avec : Thomas Turgoose ; Stephen Graham…


     En 1983, Shaun a douze ans, et vit seul sur la côte nord de l’Angleterre, avec sa mère, veuve de guerre. C’est la guerre des Malouines, le chômage bat son plein grâce à Mme Thatcher, et c’est le début des vacances d’été. Shaun traîne sa solitude ennuyeuse avec un groupe de skinheads locaux. C’est le temps des découvertes amoureuses, et des premières paires de Dr Martens. Tout va changer lorsqu’il fait la connaissance de Combo, un skin plus âgé et raciste, qui vient de sortir de prison. Avec sa bande, il se met à harceler les communautés étrangères, et va subir un rite de passage qui le sortira violement de l’enfance…
Shane Meadows le reconnaît : il a été bercé par la culture skinheads des années 80, et c’est le point de départ de ce film, This is England, et il faudrait suivre de près ce jeune metteur en scène qui prend la suite, c’est très net, de certains Ken Loach, Mike Leigh ou Stephen Frears. A suivre, on en reparlera. 


This Is England - Thomas Turgoose

 

 

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