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Le jour. D'après fred sabourin

Un poison violent

14 Septembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

 

 

Un poison violent

 

 

De Katell Quilévéré. France, 2010. 80 copies. 92 mn. Sophie Dulac Distribution. Avec : Clara Augarde ; Lio ; Michel Galabru ; Stefano Cassetti ; Thierry Neuvic…

Le problème des pulsions adolescentes, c’est qu’elles renversent tout sur leur passage, et réapparaissent même à l’âge adulte (on appelle ça le démon de minuit). Anna est partagée entre une exaltation très pieuse de sa foi religieuse et ses désirs inavouables. Un coup d’œil à l’enfant de chœur lors de la communion, et la messe est dite. Anna est perturbée par son environnement : une éducation culpabilisante, sa mère (Lio), bigote fraîchement séparée de son homme, en pince pour le beau curé de campagne – à l’accent rital irrésistible – qui lui aussi franchirait bien volontiers le Rubicon. Dans la grande maison bretonne où Anna habite pendant les vacances, son grand-père (Michel Galabru, au sommet de sont art), vieillard lubrique et farouchement antireligieux, cherche à ressentir une dernière fois le plaisir visuel de la bonne chair. La vision de cette jeune fille pieuse réveille chez lui bien des souvenirs…
Premier film de Katell Quilévéré (Prix Jean Vigo), dont on jurerait qu’il est un brin autobiographique, Un poison violent intoxiquera le spectateur par la merveilleuse mise en scène de ce scénario farouchement intéressant. Comme tous les adolescents (tes), Anna est en permanence en plein dilemme et paradoxe. Coincée, corsetée devrait-on dire, dans un univers clos – le pensionnat de jeunes filles, l’apprentissage d’une religion castratrice vue sous le trait d’une condamnation du plaisir et de la sexualité, la froideur d’une maison trop grande pour elle, l’absence du père, les atermoiements de sa mère, les regards lubriques de son grand-père – Anna commence à vivre l’exact inverse. Pendant les vacances, elle flirte avec le jeune Pierre (un garçon de son âge donc habité par le même problème hormonal), dans une sorte d’éducation sentimentale qui va renverser toutes ses certitudes et son hypersensibilité.
Ce qui fonctionne pour les ados fonctionne aussi pour les adultes, et à ce propos les doutes cruels du possible couple Lio – curé de campagne sont révélateurs d’une vie vécue sous l’égide du devoir. Anna, ne pouvant choisir, a recours au stratagème de l’évanouissement à plusieurs reprises pour éviter d’avoir à trancher.  
A de nombreuses reprises le spectateur frémit devant cette évocation constamment juste de l’adolescence, et le casting parfait (Lio, Galabru, Neuvic, Cassetti) permet de faire des allers et retours avec l’âge adulte. Qui n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, un âge idiot. Juste un âge où l’amour peut devenir Un poison violent, dont il est si bon de s’intoxiquer…

 

 

sur les écrans depuis le 4 août

 

 

Un poison violent

 

 

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