Twitte et buzz au Palais Bourbon
18 Juin 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement
- À l'ombre des roses -
Le second tour des élections législatives est remporté par la gauche. Dans le Loir-et-Cher, deux sortants sur trois sont réélus. Nicolas Perruchot, sortant de la 1ère circonscription de Blois, est sorti.
Si Descartes avait eu un compte Twitter, il aurait sûrement twitté « Je pense donc je suis, » et il aurait fait un tabac. Les élections législatives de juin 2012 auront au moins tenu une promesse : celle des réseaux dits sociaux. Faire un buzz (un bourdonnement d’abeille) avec un twitte (gazouillis d’oiseau), c’est donc cela, apparemment, faire de la politique. De la pétaudière du port de La Rochelle aux corons miniers d’Hénin Beaumont, en passant par le Comtat Venaissin du Sud-Est, il y aura eu surchauffe, et pour les nouveaux élus (ou réélus) le temps est venu de la réflexion et de l’action, au risque de se voir blackbouler aux prochaines échéances de façon moins bucolique. Une chose est désormais certaine, même si on s’en doutait déjà un peu : le parachutisme est affaire de professionnels.
Deux plus un égal trois
Dans le Loir-et-Cher, heureusement, on n’en était pas là. Terre de modération s’il en est, le département n’aura que peu tremblé sur ses bases centristes et droitières, sauf dans la première circonscription, où Nicolas Perruchot, jusqu’ici toujours vainqueur des scrutins d’un cheveu, a cette fois changé de coiffeur. Denys Robiliard, à peu près inconnu des électeurs de la 1ère circonscription il y a encore deux mois, entre au Palais Bourbon avec 51,90% des voix, contre 48,10 % pour le député sortant. À Blois, le sortant prend même une sacré douche rose de Loire, avec 41,75% des voix contre 58,25% pour le nouveau député PS. « Blois ville vote plus à gauche qu’ailleurs, et la circonscription a voté dans la vague de la présidentielle, » soupire Nicolas Perruchot, dans son QG de campagne en Blois-Vienne, baptisé le pressing du nom de l’ancien commerce qui y tenait boutique. On nettoie toujours des vestes, et encore plus depuis le 6 mai dernier. Sans doute se consolera-t-il avec son mandat de conseiller régional, et peut-être aussi avec le score de la droite et du centre dans le département : 53,23% (Nouveau Centre et UMP dans un même sac).
Mais les villes, elles, penchent à gauche, à l’exception notable de Vendôme (54,13% en faveur du centriste Maurice Leroy). De quoi donner quelques sueurs froides à Catherine Lockhart, maire PS de la cité de Ronsard. À Romorantin-Lanthenay Tania André (PS), sur les terres du sénateur-maire Jeanny Lorgeoux, réalise 54,21% des suffrages, alors qu’à Blois Denys Robiliard renforce la gauche déjà gagnante de l’hôtel de ville en 2008 avec 58,25% des voix contre 41,75% pour son adversaire Nicolas Perruchot, ancien maire,tombeur de Jack Lang en 2001 et donc désormais ancien député.
Dans la 2e circonscription (Romorantin-Lanthenay), Patrice Martin-Lalande gagne son cinquième mandat avec 53,16%, et dans la 3e (Vendôme), sans surprise Maurice Leroy, ancien ministre de la Ville et du Grand Paris, est réélu avec quasiment le même score qu’en 2007 : 58,05% des voix. Karine Gloannec Maurin ne rejoindra pas la majorité présidentielle cette fois-ci, pas plus que Tania André. Le PS départemental ne doit donc sa satisfaction qu’à un seul siège.
Réussir, ou mourir
« Alors maintenant, on fait quoi ? » semble dire le sage qui sommeille en chaque Loir-et-Chériens. Car si la gauche gagne en France, elle ne triomphe pas, loin s’en faut, dans le département. Les questions internationales « intéressent » le nouveau député de la 1ère circonscription. L’ancien s’intéressait à celles du financement des syndicats. Maurice Leroy, plus dans la posture que jamais, indique comme à son habitude ne pas être « Dans l’opposition systématique : si les textes sont bons je les voterais, s’ils sont néfastes, je voterais contre. » Patrice Martin-Lalande va pouvoir continuer à s’occuper des nouvelles technologies, de la désertification médicale et… des clôtures en Sologne.
Deux observations peuvent se dégager du scrutin au niveau national : d’abord il est à noter – et on n’estime sans doute pas encore très bien combien l’importance de ce fait – que les trois finalistes de la présidentielle 2007 sont désormais complètement finis et en dehors de tout mandat national : Nicolas Sarkozy battu le 6 mai dernier, Ségolène Royal parachutage raté à La Rochelle et François Bayrou, plus seul que jamais, qui perd la sacro-sainte 2e circonscription du Béarn, « chez lui. » Le tout la même année, à un mois d’intervalle. On nous avait promis le changement, en effet il y a du changement.
L’autre constat, toujours le même, concerne l’abstention. Énorme abstention. Quasiment la moitié des électeurs ont boudé les urnes, une fois encore. Même si en Loir-et-Cher celle-ci est un peu moins forte qu’au niveau national (39,42% dans le département pour 44,1% au national), cela en dit long comme un jour de juin sans soleil sur le désintérêt des Français pour les élections et /ou leur fatalisme à voir des hommes politiques impuissants à résoudre leurs problèmes quotidiens. La majorité absolue des parlementaires à l’Assemblée nationale l’est donc avec un quart des électeurs convoqués aux bureaux de vote.
Pas de quoi pavoiser donc, et un très sérieux avertissement pour une gauche qui a, comme on dit, les coudées franches sur à peu près tout : condamnés à réussir, ou bien disparaître au profit de qui vous savez.
Si vous croyez encore au miracle, c'est donc le moment de planifier un petit voyage à Lourdes.
F.S
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