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Le jour. D'après fred sabourin

On n'es pas sérieux quand on a 17 ans

22 Août 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

 

Jeune & jolie

 Jeune & jolie 2

 

 

Film français de François Ozon. 1h34. Avec : Marine Vacth ; Géraldine Pailhas ; Frédéric Pierrot… 

 

 

Le film s’ouvre sur la côte méditerranéenne, l’été, sous un soleil radieux. Isabelle est à la plage, elle sort de l’eau, se pose sur sa serviette, regarde à gauche, à droite, puis se croyant seule, elle enlève le haut. Elle est jeune (17 ans). Elle est jolie (très jolie). Elle est en vacances avec sa mère, son beau-père et son jeune frère. Un jeune Allemand lui tourne autour. Il ne servira qu’à lui ôter une vertu devenue trop encombrante à son âge. Fin de l’été.
Le film se poursuit à l’automne, où Isabelle a repris sa vie de petite Parisienne. Lycée, copines, devoirs. Mais Isabelle a une double vie. Dans celle-ci, elle s’appelle Léa, et se prostitue avec des hommes jeunes ou vieux, dans des hôtels, contre de l’argent. Des doux, des sadiques, des riches. Pourquoi fait-elle ça ? On ne le saura jamais. Mais un jour, l’un d’entre eux – plus tout jeune – meurt sous elle en pleine action. Paniquée, elle s’enfuit de l’hôtel, et arrête tout. Quelques mois plus tard – c’est l’hiver – la police débarque au travail de sa mère et lui dévoile tout. Celle-ci, sûre de son éducation permissive et hédoniste, tombe de très haut. Son enfant qu’elle croyait connaître n’est plus ce qu’il était, elle ne la reconnaît plus.
Au printemps on voit Isabelle reprendre une vie « normale », essayer une relation avec un garçon de son âge d’ailleurs physiquement très banale. La tentation est néanmoins forte de reprendre son petit jeu de séduction. Le film s’achève sans qu’on en sache davantage sur les motivations réelles d’Isabelle / Léa à passer à l’acte.
 

 

François Ozon est un cinéaste de la transgression. Et ça tombe bien, car l’adolescence est la période de prédilection, pour essayer, tenter, transgresser. C’est ce que fait Ozon avec ce petit chef d’œuvre sec, tranchant, dérageant autant que séduisant. Si l’on s’en tient à ce qu’on voit à l’écran, rien ne permet d’expliquer les raisons qui poussent son héroïne à se prostituer. Elle-même n’arrive pas à dire vraiment pourquoi face à la police. Transparente et d’une beauté diaphane, Marine Vacth – une belle révélation – se révèle tout autant opaque. François Ozon pose les questions de manière froide : comment vivre une sexualité quand celle-ci est découverte à travers la mise en scène codée de la pornographie ? Comment un enfant devient-il un étranger aux yeux de ses parents ? Facilité par Internet, la prostitution est une tentation pour bon nombre de jeunes filles, de l’argent rapidement gagné, sans risque, croient-elles.
Pour Isabelle, c’est surtout un formidable moyen de connaître les hommes, mais là encore impossible de savoir réellement ce qu’elle en apprend, car elle n’en dit rien. François Ozon avait quant à lui déclaré à Cannes que la prostitution était un fantasme pour beaucoup de femmes, suscitant les réactions indignées qu’on imagine.
 

 

C’est probablement la puissance de cet âge scandaleux et transgressif qui est célébré dans Jeune & jolie. « On est pas sérieux quand on a 17 ans, » disait Arthur Rimbaud, poème récité au cœur du film par une série d’adolescents idoines. Jeune & jolie nous fait penser à un autre poème du sulfureux bohémien des Ardennes. Chanson de la plus haute tour, dans lequel il est écrit :

« Oisive jeunesse,

A tout asservie,

par délicatesse,

J’ai perdu ma vie.

Ah ! Que le temps vienne

Où les cœurs s’éprennent. »
 

 

 

FS

 

 

Jeune & jolie

 

 

Jeune & jolie 3

 

 

 

Sur les écrans le 21 août.
 

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