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Le jour. D'après fred sabourin

Monsabré, théâtre éclectique

16 Février 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #Presse book

 

 

Niché au cœur du quartier Blois-Vienne rue Bertheau, le théâtre Monsabré ressuscite grâce à son bouillonnant régisseur. Rencontre avec Jean-Jacques Adam, côté cour, et côté jardin. 

 

C’est une salle comme on en trouve plus. Certains comédiens, qui atterrissent ici un peu par hasard, obligés de fuir les théâtres parisiens complètement congestionnés, avouent y trouver " des odeurs de poussière comme autrefois ", et un cachet inimitable. Il faut dire que le théâtre Monsabré est " dans son jus ", celui du début des années 50, époque où il fut reconstruit sur les ruines d’une partie de l’ancienne scène de l’école Monsabré, par le charismatique père Georges Richard, curé du quartier. La moquette et les 230 sièges pliables sont rouges comme autrefois ; une légère pente, la scène au plancher d’origine, et véritable trou du souffleur resté intact. Tout juste une plaque en métal a été ajoutée - les normes l'exigent - pour éviter qu’un comédien n’y chute... Et, au sous-sol, deux vraies loges, une pour les dames, une pour les hommes : parité oblige.
 

 

Tous les chemins mènent au théâtre

 

Son débit de parole ressemble à un débit de boisson à l’heure de pointe d’une sortie d’usine. C’est que les idées fusent, chez Jean-Jacques Adam, 55 ans et président de l’association du théâtre Monsabré. Il est né et a grandit à Marne-la-Vallée, au temps où Mickey et sa bande n’avaient pas encore posé leurs valises. Son école de vie, il l’a faite pendant 10 ans au lancement de Fun radio, de 1984 à 1994, dont 3 ans de matinales. L’époque bénie pour les radios qu’on appelait à l’époque " libres ", mais qui n’allaient pas tarder à ne plus l’être. " Une époque formidable ", s’enthousiasme-t-il, " on faisait ce qu’on voulait, avec peu de moyens. On dormait même sous les bacs à disques quand on a commencé à faire du 24h/24. D'ailleurs les platines, c’était les nôtres, qu’on amenait de chez nous." Il rencontre alors beaucoup d’artistes, des débutants, des confirmés, des bons, des nazes qui ne perceront jamais. Au virage des années 90, quand le fric restreint la liberté des ondes et transforme les radios en instruments de promotion pour maisons de disques à l’appétit d’ogresses, l’esprit change. Mais pas Jean-Jacques Adam, qui ne s’y retrouve plus. Il quitte l’univers radio et opère un virage : il devient assureur à Dreux. Puis à la tête d’un tabac-presse-loto à Orléans. Il cartonne, développe les produits annexes au tabac – vidéos, apparitions du téléphone, livres, confiseries pour les lycéens du bahut d’en face. Mais hélas les aléas d’une vie de famille naufragée le rattrapent, il flanche et sombre un temps.
 

 

Un décor de film

 

À la faveur d’une mutation de sa compagne à Blois, en 2010, Jean-Jacques Adam accompagne ses enfants à l’école Sainte-Marie – Monsabré, dans le quartier Vienne. " On m’avait dit que c’était une petite école sympa. " Petit à petit, il fait la connaissance des enseignants, et participe à une réunion de parents d’élèves qui a lieu… dans une salle de théâtre, au sein même de l’école. " Là, j’ai eu un choc ", avoue-t-il. " Je me suis dit : il faut faire quelque chose avec ça ! " Il entre dans l’association des parents d’élèves et monte un premier projet. Il doit convaincre la Fondation Victor Dillard, de l’Enseignement catholique de Loir-et-Cher. La première fois, on lui dit non. Sans se décourager, il remonte un projet, entre temps il change son équipe et embarque dans l’aventure l’association des commerçants du quartier, Blois-Rive gauche. Nous sommes fin 2011 début 2012. Le projet va commencer à vraiment prendre forme en 2013, avec la création de l’association. Il contacte la mairie de Blois, Marc Gricourt et l’équipe des affaires culturelles suivent. La programmation démarre enfin en mars 2014.

" Une salle comme ça, on n’en trouve plus ! " ne cesse-t-il de dire. C’est vrai qu’elle a un charme fou avec sa moquette et ses sièges rouges. Et le quartier Vienne aime son théâtre, heureuse de le voir revivre ! " J’ai fait venir une troupe qui jouait un vaudeville : ça a marché du tonnerre ! C’était plein ! Les gens apprécient de pouvoir rire un peu au théâtre, ailleurs c’est parfois plus sérieux, plus triste aussi… " Le bouche à oreille fonctionne à plein tube, et Jean-Jacques Adam épluche les agendas des journaux – dont celui de La Renaissance – les programmes culturels etc. afin d’y dénicher des troupes, des groupes musicaux qui pourraient venir agrémenter sa programmation. Tous les mois, une émission en direct – l’Avant scène - avec RCF donne la part belle aux artistes (1). " Je privilégie le local, j’ai une grande confiance dans les artistes du coin. Mais j’aime aussi ceux qui viennent de plus loin, tout le monde est le bienvenu ici ! "

Parmi les projets en cours de maturation : un festival de blues l’été prochain, " qui réunirait swingueurs, batteurs, gratteurs enfin tous ceux qui font le swing. " Et un petit bal du 14 juillet dans la si charmante cour du théâtre Monsabré. " On dirait presque un décor de film ", s’enthousiasme ce régisseur pas comme les autres. Applaudissements, rideau. Rappel.

 

(1) Un vendredi par mois à 19h30 ou, si le spectacle est le samedi, le samedi à 19h30. Programme, fréquences et podcast sur www.rcf.fr. Et aussi sur : www.culturelib.fr

Programme et présentation du théâtre : www.theatremonsabre.com

 

Monsabré

                                         - Jean-Jacques Adam dans son théâtre -

 

 

article paru dans La Renaissance du Loir-et-Cher du 13/02/2015

 

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