Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le jour. D'après fred sabourin

La Religieuse

21 Mars 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

 

 

  La Religieuse 3

 

 

Film de Guillaume Nicloux. Avec : Pauline Etienne, Louise Bourgoin, Isabelle Huppert. 1h54.

Guillaume Nicloux s’empare à son tour du roman de Denis Diderot, La Religieuse,  brûlot anticlérical racontant l’histoire de Suzanne Simonin, cadette illégitime d’une famille de commerçant, que ses parents forcent à prononcer des vœux dans un couvent pour mieux s’en débarrasser pour des raisons économiques. Jacques Rivette, en 1966, avait déjà produit un film que beaucoup qualifient de chef d’œuvre.
On ne peut reprocher à Guillaume Nicloux, par ailleurs plutôt réalisateur de polars noirs (on se souviendra peut-être de Cette femme-là, avec Josiane Balasko, ou encore du plus détendu Le Poulpe, avec JP Darroussin), de vouloir faire œuvre d’hérésie. Fidèle à Diderot – excepté pour la fin qu’on ne révèlera pas ni pour froisser les spectateurs, ni les lecteurs – il joue habilement de son œuvre en évitant notamment de verser dans l’anticléricalisme. Ce qui, par les temps qui courent, est plutôt bien vu. Il transforme son héroïne, magistralement campée par Pauline Etienne, en adolescente rebelle pour une cause aussi belle et forte que la vocation religieuse : la quête de la vérité, et de la liberté.
D’abord fasciné par la première mère supérieure, mystique qui accueille cette jeune fille à la vocation douteuse, elle est ensuite malmenée par sa remplaçante, Sœur Christine, qui, apprenant qu’elle veut briser ses vœux, lui mène une vie infernale, faite de brimades, d’humiliations et de châtiments corporels à faire perdre la foi au meilleur des néo-convertis. Changeant de couvent (passant des clarisses de Longchamp au couvent de Saint-Eutrope), Sœur Suzanne va alors tomber sous la coupe d’une autre mère supérieure qui essaie de l’amadouer par les sens, en tentant de la séduire. Cette dernière, devant l’indifférence et l’innocence de la chaste Suzanne, va sombrer dans la folie.
Là où réside peut-être le tour de force de Guillaume Nicloux, c’est d’avoir en quelque sorte inversé les rôles d’actrices qu’on aurait pu attendre. La sémillante Louise Bourgoin interprète la mère fouettarde, tandis qu’Isabelle Huppert joue la perverse. Futé.
Ce sont les deux appels du pied de Nicloux à la période contemporaine : si Diderot faisait état dans La Religieuse de ses doutes quant à l’utilité de la vie cloîtrée, Nicloux semble rappeler que deux fléaux sont encore bien présents et rejetés quasi unanimement aujourd’hui : la nocivité de l’intégrisme et des châtiments corporels d’une part. L’abus d’autorité pour abuser à son tour des jeunes novices d’autre part.
 

 

Les exégètes de Denis Diderot pourraient le lui reprocher. Le spectateur de 2013 en tirera normalement un plaisir cinématographique assumé, sans craindre l’apostasie, ni l’inquisition…

 

F.S

 

 

La Religieuse

                                            - Frotti, frotta -

 

 

 

La Religieuse 4

                                              - Frotte, frotte -

 

 

 

La Religieuse 2

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article