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Le jour. D'après fred sabourin

Blogitum ergo sum

14 Février 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

 

 

SAB 9586 R

 

 

 

Un jour, Jésus dit à Ponce Pilate : « Tu vois, mon vieux Ponce, ce blog fête ses 8 ans, l’âge de raison comme dit ma mère. Il a été créé à une époque où le ‘cloud’ n’existait que dans le vrai ciel et non dans une quelconque stratosphère informatique. A une époque où c’était encore un phénomène de mode, les réseaux sociaux n’ayant pas encore envahit chaque secteur de Bethléem et nos téléphones, qui servaient encore essentiellement à téléphoner d’ailleurs. Sa vertu première était de publier des textes et des photos personnels à usage d’amis et quelques membres de ma famille, et quelques visiteurs arrivant ici au hasard de recherches sur les moteurs du même nom. » Ponce Pilate répondit : « En effet, et curieusement la liberté d’expression de son auteur était pourtant peu surveillée par les pharisiens et les lévites, historiquement rompus à l’auto-censure et aux excommunications. » Jésus lui dit : « Oui, tu as raison. Mais je te rappelle que pendant longtemps, j'étais à peu près inconnu, et mon blog ne posait de problèmes à personne. » « Les temps ont visiblement changé, » dit Pilate. « Comme dit mon père à l’atelier de charpente : si on continue comme ça, on va droit au mur, » lui souffla Jésus.
 

 

Lui prenant le bras, tout en marchant à l’ombre des sycomores, en contrebas de la promenade des Anglais à Jérusalem, Ponce Pilate ajouta : « Cela dit, un blog est comme les vitrines, qui, les femmes te le diront, sont faites pour être léchées lors de leurs pérégrinations sabbatiques. Une vitrine, disent-elles encore, donne envie d’entrer ou non dans le magasin, mais elle n’est en aucun cas une obligation d’achat. Si je pouvais comparer ton blog à un magasin, je dirais qu’il ressemble à une agence de voyage, essentiellement montagnarde puisque c’est un endroit que tu affectionnes particulièrement, du moins chaque fois que les servitudes du travail et l’éloignement géographique forcé te permettent des escapades dans cette contrée bienfaisante, avec tes disciples, ou le plus souvent seul. » Jésus était pensif… Il rêvait à son prochain bivouac sur les hauteurs, loin des emmerdements du monde.


Reprenant son Esprit, il dit à Pilate : « On y trouve aussi d’autres voyages, ceux d’un imaginaire fécond, des paraboles et des fictions en tous genres. Tu peux y lire parfois du cinéma – de moins en moins hélas à mesure que ma fréquentation autrefois très assidue des salles obscures diminue – ce qu’on appelle dans le jargon des midrash, des critiques en sorte, qui ne sont en fait qu’une envie de partager ma Passion pour les films, leurs réalisateurs, les acteurs, et – comme un Président de la République – les actrices. »
 

 

S’assombrissant, et arrivant près du lieu dit ‘Golgotha’, Pilate lui dit : « Mais tu n’es pas sans savoir qu’un blog peut devenir un paratonnerre, nous l’avons vu récemment. Il attire à lui la foudre quand celle-ci a été trop longtemps contenue dans le ciel couvert de gros nuages lourds. Cette foudre ne tombe d’ailleurs pas toujours directement au sol, ce serait trop simple, tu le sais bien. Elle passe souvent par l’intermédiaire de grands sycomores entourés de lierre grimpant  qui, comme chacun sait, sont conducteurs d’électricité, à leurs dépens d’ailleurs. » Haussant les épaules, dans un geste de dépit, Jésus lui dit : « Ainsi est-il. Des pamphlétaires en exil, l’histoire en regorge mon vieux Ponce, et ils ne peuvent que s’enorgueillir d’avoir acquis – même involontairement parfois -  les galons des bannis. »
 

 

Puis, levant les yeux vers le ciel, ouvrant les bras, Jésus lui dit : « En vérité, en vérité je te le dis : les visiteurs du soir de ce blog en seront pour leurs frais : plus rien à se mettre sous la dent autre que de rares chroniques cinéma, quelques fictions, ou des photos de vacances, principalement à la montagne donc et tant pis s’ils préfèrent la mer… J’y suis déjà allé, et les vagues m’empêchent de dormir, enfin, surtout mes disciples car à chaque fois ils paniquent et ce sont de piètres marins. Mais laissons ce détail. Au moins, ils pourront continuer de s’y nourrir des vertus touristiques du grand air après s’être éventuellement enfermé dans une salle aussi obscure qu'une âme en peine, et préparer leur futur sabbat, peut-être même durant leurs heures de magasin, qui sait ? »

 

 

Ponce Pilate sourit à l’évocation de ce que lui disait son vieil ami Jésus. Il lui dit : « Quand même, passer le deuxième jour de l’année en compagnie des vautours était un bien mauvais présage. Ces oiseaux, friands de cadavres, passent pourtant l’essentiel de leur vie à essayer de s’élever au dessus du bétail en attendant que l’un d’entre eux ne tombe. Les vaches, brebis ou chevaux qui se croient debout ne perdent jamais une occasion de le faire à un moment donné de leur vie, l’âge ou la mauvaise fortune aidant. »
 

 

Jésus murmura : « C’est toi qui le dit. »  Puis ils allèrent se jeter une petite bière derrière la tunique.

 

 

SAB 8741 R

                   "Once more into the breach my friends, once more !"

 

 

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M
<br /> Bon Anniv à ton blog Fred.<br /> <br /> <br /> Pas mal du tout ce dialogue, je dirais même plus EXCELLENT !<br /> <br /> <br /> Et jolie photo de la brèche de Roland, en arrivant du port de Boucharo...<br />
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