boire un petit coup c'est agréable
20 Juin 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement
22, v’là les…
Pourra-t-on bientôt ranger au registre des souvenirs le refrain « ah le petit vin blanc, qu’on boit sous les tonnelles, quand les filles sont belles, du côté… des quais du Rhône » ? Les fameuses berges de Lyon ont été rendues au peuple, sous la forme élégante et un brin bo-bo de pistes cyclables, de péniches transformées en guinguettes, de petites prairies bordées d’arbres, de terrains de pétanque, de jeux pour enfants et de gradins en pierres blanches d’où on peut admirer le soleil se coucher derrière Notre-Dame de Fourvières… Les berges sont rendues à la plèbe, et… aux légions de César (loué soit-il), qui sont là pour faire en sorte que l’ordre règne, avant toute chose.
Les dîneurs amicaux et autres joueurs de guitare sont prévenus : « il est interdit de consommer de l’alcool sur les gradins, sous peine d’une amende de 68 euros, ou de vidange du liquide prohibé dans les poubelles municipales ». Ce n’est pas moi qui le dit, mais les dix policiers municipaux, tout droit sortis d’un nouveau western, qui paradaient hier soir vers 19 heures. Heure de la sortie du boulot, pour l’ouvrier besogneux et son cadre en col blanc, pour l’étudiant fauché qui passe ses examens sous le brûlant soleil rhodanien, bref pour celui qui aspire à un peu de détente avant de retrouver ses pénates. Fi donc ! Adieu mauresque ou bière fraîche salvatrice ! Elles finiront dans les eaux du Rhône, où les poissons s’enivrent déjà de cette fête aussi imprévue que ridicule. Passons sur la remarque, fort judicieuse, d’un couple BCBG assis près de moi, avec deux verres amoureusement enlacés et au couleur d’un fin nectar du sud de la France (un beau rosé des Corbières) : « mais, m’sieur l’agent, ce n’est pas de l’alcool, c’est du vin ! ». Réponse de l’assermenté : « c’est pareil ! ». On ne badine pas avec l’amour, ni avec la paix publique, et la déclaration des fiancés passera donc par les fourches caudines d’un cow-boy qui confond encore l’anis et le raisin. Serions nous si loin du Beaujolais ?
En tout état de cause, et si il est probable qu’à des heures indues l’amphithéâtre se transforme en annexe de la rue de la Soif (mais où est la cavalerie à cette heure là ? me disait un ami lyonnais), à l’heure de la débauche : point de débauchage avec un petit verre, même pour agrémenter les serments d’amour.
On nous avait prévenu que la société avait besoin de changement, que l’autorité et l’ordre allait régner. Qu’il était fini, le temps des vendanges. Qu’après la fête, le boulot. Nous voici contrains, comme le petit empereur, au pain sec et pire : à l’eau ! Bacchus va se retourner dans sa tombe, et avec lui des générations de pinardiers reposant six pieds sous terre dans la vallée du Rhône…
Bientôt une petite étiquette sur les uniformes, où l’on pourra lire : « l’abus de forces de l’ordre peut devenir dangereux pour la santé » ?
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