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Le jour. D'après fred sabourin

Première Séance

23 Mai 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

                                    Le Scaphandre et le Papillon

de Julian Schnabel. France, 1h52. Scénario : Ronald Harwood, d’après le livre de Jean-Dominique Baudy. Pathé Distribution. Avec : Mathieu Amalric ; Emmanuelle Seigner ; Marie-José Croze ; Anne Consigny ; Patrick Chesnais…

      Par les temps qui courent, être ému au cinéma par un film faisant l’éloge de la beauté libérant l’immobile, peut apparaître comme incongru. D’aucuns pourront qualifier cela de naïf, ou sentimental. C’est pourtant l’impertinence du Scaphandre et le Papillon qui fait sa pertinence. Comment en effet montrer, et même filmer, le gouffre qui sépare l’esprit de Jean-Dominique, que tous ses amis appellent « Jean-Do », et son corps devenu un poids mort et lourd, insensible, après un accident vasculaire cérébral ? Comment filmer l’abîme qui le sépare désormais des autres, si ce n’est avec sensibilité et imagination, deux qualités que Julian Schnabel, Américain, a réussi a marier sans fausse note. « Jean-Do », journaliste en vogue, charmeur, séducteur, sans accroc, est victime d’un syndrome rare, ce qui n’a rien pour le rassurer : il est victime d’un « locked-in syndrome », autant dire qu’il est tétraplégique mais que toutes ses fonctions vitales continuent de fonctionner. Mémoire, émotions, pensées, envies… et surtout : imagination. Il ne peut bouger qu’une paupière, qui va devenir sa voix, ses émotions, ses phrases et même son écriture. Grâce à un livre (Le Scaphandre et le Papillon, de Jean-Dominique Baudy, histoire vraie de cet homme décédé en 1997 quelques jours après la sortie du livre), Jean-Do s’évade, imagine, reconstruit le fil de sa vie qui jusqu’ici n’avait été qu’éclats et sans soucis (ou presque).
A ce jeu, il faut saluer la performance des acteurs, dont Mathieu Amalric, très impressionnant, sobre et figé dans la grimace du jour de l’accident. Marie-José Croze campe une orthophoniste patiente et émue à l’idée d’inventer un nouveau mode de communication avec se patient pas comme les autres. Emmanuelle Seigner, l’ex femme et mère des trois enfants de Jean-Do, revient sur les traces d’un passé visiblement douloureux entre eux. Et puis il y a « l’écrivain », Anne Consigny, qui, telle une sainte religieuse dévouée passe tout son temps au chevet de Jean-Do, égrenant l’alphabet pour former les bons mots qui serviront à l’écriture.
Julian Schnabel, grâce à une caméra et à des plans quasi paralysés, nous met à la place du malade. Le spectateur est en effet à la place du malade la première moitié du film, ce qui créé une sorte de malaise. On aimerait se lever ou parler, nous aussi. Mais on y arrive pas. Et on en souffre.
Ni plaidoyer pour l’euthanasie (le désir de mourir est balayé dès le début par l’orthophoniste déclarant à Jean-Do qu’il y a des gens qui l’aiment et prient pour lui, alors pas question de mourir), ni sensiblerie mièvre à coup de violons (l’émotion n’est jamais exploitée, elle est naturelle), Le Scaphandre et le Papillon est tout simplement une invitation au voyage intérieur, avec celui qui semble en être le  prisonnier, mais en réalité le premier à nous ouvrir la porte. Il pourrait bien, vraiment, nous faire passer de l’immobilisme à la libération, grâce à l’art et la beauté de l’imagination. Une palme d’or, en quelque sorte…

 

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M
J'en peux plus, je veux te lire, je veux te sentir, je veux te toucher...
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F
ouais, je sais, ça fait longtemps... Mais je t'avoue que la fin d'année scolaire au collège pompe toute mon énergie, et pire, mon inspiration ces temps ci. Entre les cours à préparer (car les collègues sont radins), l'arrêt des notations et la préparation des 6 conseils de classes (avec les bulletins à remplir), j'avoue que je n'ai pas trop le temps de musarder sur le net... Cet été, à Lyon, sans aucun doute ! (RCF du 18 juin au 31 août, pour "les matinales")<br /> ciao
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D
kestufous, Fred ?j'avoue j'ai ralenti, mais là tu me dépasses en lenteur? vite un billet, qu'on respire!
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