les gros bateaux ont-ils des jambes ?
9 Mai 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito
insulte
Le nouveau Président de la République a promis le changement. Quelque chose de nouveau. Du neuf, donc du mieux. Travailler plus pour gagner plus, se lever tôt, ne pas confondre le temps de travail et les loisirs. Réduire le train de vie de l’Etat, faire des économies etc. Pas de mensonges, pas de déception, pas de trahison. C’était dimanche soir place de la Concorde.
Ca commence bien ! La « retraite » du nouveau Président est loin d’une ascèse de dix jours passée au fond d’une abbaye trappiste, pour méditer et « habiter la fonction présidentielle ». C’est le premier changement : ce type de réclusion pour réfléchir est digne du Moyen Age. Il a parlé de Jaurès, et il nous sert du Berlusconi. Sans surprise. La retraite (on hésite désormais à écrire le mot !) se passe sur un yacht au luxe scandaleusement et inutilement ostentatoire. Une claque dans la figure des millions de gens, dont probablement certains d’électeurs, qui ne bouclent pas leurs fins de mois, n’ont pas de logements personnels, voire vivent dans une toile de tente dont le montage s’effectue en « deux secondes ». Pour eux, pas de doute : aucune nouveauté. C’est même pire. Le « changement dans la continuité ».
Bien entendu, cette opération est couverte d’une sorte de « secret » d’Etat, qui s’est éventé petit à petit, et il est bien entendu que cette opération est payée par ses propres fonds, le bateau est prêté par son meilleur ami. On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, mais ses amis, si. Très bien, ça ne coûtera pas un sous au contribuable donc. Je trouve par ailleurs désolant la relative désinvolture avec laquelle ses partisans prennent connaissance de l’affaire et tente de la justifier : « vous ne voulez quand même pas que le Président de la République fasse du camping ? ».
Et pourquoi pas ? Pourquoi pas un bon vieux trois étoiles en bord de mer, avec douches collectives, concours de pétanque et superette « petit Casino » ? Pourquoi pas une randonnée en montagne, gros godillots aux pieds, sac au dos et la sueur au front ? Pourquoi pas quelque chose de nouveau, justement, pour un homme d’Etat ? Une preuve, en quelque sorte, que les discours et visites au côté des blouses bleues n’étaient pas qu’une stratégie pour récolter des voix. Une vraie preuve de changement. Sans show business.
Le nouveau Président de la République ferait bien de montrer l’exemple, et se souvenir que si on fait la fête au XXIè s. place de la Concorde, on y a aussi guillotiné il y a deux cents ans celle que le peuple accusait de dépenses inconsidérées. Ils crevaient de faim. Ils étaient insultés par trop de luxe ostentatoire.
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