Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le jour. D'après fred sabourin

tranches de vie, tronche de cake (2è partie)

23 Mars 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #émerveillement

             « Ce soir mon petit garçon, mon enfant, mon amour… »
(Serge Reggiani)

        Ma bicyclette bleue (je ne suis pour rien dans le choix de la couleur !) s’arrête au feu au bout d’une petite rue semi piétonne. A côté de moi passe un enfant, environ quatre ans, dont le bras tendu remonte jusqu’à sa maman, bottée de cuir et vêtue d’un trench à la mode. L’enfant me regarde, sans sourire, comme si il portait le poids d’une journée à l’usine sous la férule d’un chef d’équipe tyrannique. Il se tord pourtant le cou vers mon deux roues, nos yeux se croisent et je lui souris en essayant de me faire une tête aimable (ça doit être possible...) sans effrayer le marmot en doudoune rouge bonnet rayé multicolore. Pour montrer que je ne suis pas un ogre sur pneumatiques, je fais retentir le grelot de ma sonnette, un léger ding-ding que je juge sympathique. Toujours pas l’ombre d’un sourire. Peut-être est-il sourd, me dis-je...
L’enfant, sa doudoune, son bonnet et sa mère s’arrêtent devant le passage pour piétons et attendent le petit bonhomme vert. C’est le moment que maman choisi pour se pencher vers l’enfant, lui dire des mots que je devine gentils mais que je n’entends pas, je suis trop loin et il y a trop de bruit. Le geste suivant me met sur la voie : elle lui donne un baiser sur la bouche.
A cet instant, mon instinct de père se demande qui je désirerais le plus être : l’enfant embrassé ou la maman réconfortant son fils, aux apparences si tristes ?
Mon sémaphore passe au vert, leur petit bonhomme aussi : je ne démarre pas tout de suite, pris dans les bras de la rêverie. Je vois le petit garçon faire de grandes enjambées pour ne marcher que sur les bandes blanches, le bitume doit représenter pour lui le vide d’un abîme cruel rempli de monstres…
A cet instant précis, appuyant sur le pédalier de mon vélo bleu, je sais qui je voudrais être : celui qui lui prendrait la main de l’autre côté, car ses jambes trop petites ne tiendront pas jusqu’au bout du passage…

        Après ça je me suis arrêté à la boulangerie, toujours la même (sauf le mercredi parce que la boulangère doit avoir des enfants et elle ferme la boutique ce jour là. C’est une déduction comme une autre !). Comme il y avait du monde et que j’étais bien parti pour rêvasser, les mains dans les poches de mon caban, j’ai regardé le décor au dessus des paniers à pains. Et j’ai lu cette phrase délicieuse, autant que les éclairs au chocolat qui me faisaient de l’oeil : « spécialité de pains spéciaux ». Je suis sorti avec, comme d’habitude, une baguette « ordinaire », parce qu’elles sont moins chères, mais j’avais le sentiment de vivre une fin de journée « très spéciale »…




 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
superbe le bateau sur la photo a+
Répondre
M
Hum hum...quand je dis que la nuit me réussit, c'est parce que le jour semble m'enjoindre à fauter ! dans le dernier commentaire, il est évident que le verbe de l'expression "on ne sait jamais..." est donc savoir et non être. argh. La honte s'abat sur moi, pôvre hère littéraire..
Répondre
M
NDLR, ou pas; rédaction commune ou pas, c'est un texte (surtout la première partie) vraiment juste et touchant.<br /> Ravie de t'avoir rencontré, merci des conseils; désormais, je tente de reprendre un rythme de vie dit "normal". On ne s'est jamais, desfois que les matins chantent...<br /> Bises tolbiac-iennes, <br /> mélie.
Répondre
F
Salut fred je suis de l'avis de david a quand un livre sur tes aventure
Répondre
D
"NDLR" ben mon cochon, tu vas vite en besogne!
Répondre