printemps-été-automne-hiver du cinéma
21 Mars 2007 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma
Ensemble, c’est tout
de Claude Berri. France 2006. 1h37 mn. Distribution : Pathé. Avec : Audrey Tautou ; Guillaume Canet ; Laurent Stocker ; Françoise Bertin…
Adapté du roman éponyme d’Anna Gavalda, Ensemble, c’est tout ressemble à un remède contre la déprime ambiante qui ne cesse d’envahir les hommes à grand coups de « à quoi bon ? ». Claude Berri, qui en connaît un rayon question épreuves de la vie et dépression, réussi le challenge de tirer le meilleur de la rencontre improbable des quatre protagonistes de Mme Gavalda. Il y a Camille (Audrey Tautou), jeune femme brisée et anorexique, qui craint d’aimer et d’être aimer. Qui surtout ne s’aime pas. Il y a Franck (Guillaume Canet), jeune cuisinier qui trime dur pour subsister et passe le temps qui lui reste à emballer des filles « kleenex » et à s’occuper de sa grand mère Paulette, dont il reste le seul lien familial. Enfin il y a Philibert (impeccable Laurent Stocker, sociétaire de la Comédie Française), vieil aristo tendance fin de race qui loge tout ce beau monde dans son appartement taille double XL. La rencontre de ces quatre là, qui n’aurait jamais du se produire, va déclencher ce qu’elle avait déjà provoquée dans le livre : la vie est meilleur avec l’amour, et ça va mieux en le disant.
Il y a une sorte de vivacité bienfaisante dans ce Ensemble, c’est tout, qui nous fait dire que Claude Berri, à 73 ans et malgré ses déboires familiaux et catastrophe de santé (il a eu un accident cardio-vasculaire juste avant le tournage et avait presque perdu l’usage de la parole), n’est pas encore mort. « C’est la première fois que je menais un casting aussi jeune » confiait-il au JDD récemment. Sans aucun doute ce bain de jouvence l’aura motivé, et Camille l’anorexique ou Franck le mâle en mal d’amour sincère y sont pour beaucoup. Le tandem aurait-il fonctionné aussi bien avec Charlotte Gainsbourg, initialement prévue mais qui a du céder sa place à cause d’une chute de ski ? On ne saura jamais, mais pour l’heure Audrey Tautou forme avec Guillaume Canet un drôle de couple en débat, avant les ébats, proposés de façon crue mais au moins on sait à quoi on a affaire (remarquable Audrey Tautou piégeant Guillaume Canet à son propre jeu d’une réplique aussi crue qu’inattendue : « ben alors, tu me baises pas ? »).
Ne pas oublier non plus Laurent Stocker, aristo bègue qui voudrait faire du théâtre pour enfoncer le clou sur les ruines d’une famille à pedigree dont il hérite des archaïsmes et de la ringardise, mais aussi d’un splendide appartement – musée qui permet de loger tout ce beau monde dans du mobilier empire.
Mais il y a surtout Françoise Bertin, une grand-mère sublime, sans doute le trait d’union entre tous ces portraits esquissés à coups de dialogues. Elle le fait elle avec une rare économie de mots et surtout deux moments clés qu’il serait dommage de rater : le premier dans une maison de repos, larmes versées à cause d’une furieuse colère de son petit-fils (« j’ai une vie de merde, je bosse tous les jours sauf le lundi et ce jour là qu’est-ce que je fais ? Je viens te voir ! ») ; et une pose presque nue (cachez ce sein que je ne saurais voir !) sous le crayon de Camille, qui dessine aussi bien qu’elle sait attendrir ses sentiments pour ne pas faire peur au cuisto qui sortait les couteaux.
Ensemble, c’est tout, et bien oui, c’est tout, mais c’est déjà pas si mal…
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