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Le jour. D'après fred sabourin

the day after...

10 Juillet 2006 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #édito

                                           La tête et les jambes
Zidane, ange et démon
      L’étrange défaite. Etrange défaite que celle d’une équipe de France pourtant techniquement et physiquement plus dominante contre l’Italie en finale de la coupe du monde à Berlin. Elle revenait de loin cette équipe, ce groupe d’intrépides joueurs de football emmenée par son sélectionneur, lui qui n’a jamais douté. Pas comme nous. D’abord conspuée et traînée dans la boue médiatique et familiale de « ceux qui ne comprennent pas », cette équipe de France est parvenue à l’incroyable. Il faut admettre qu’à mesure où le niveau de jeu s’est élevé depuis quelques années, dans les championnats nationaux, européens et les grandes compétitions internationales, notre niveau d’exigence c’est lui aussi élevé. Jusqu’à devenir trop exigeant peut-être vis à vis de ce qui reste… un sport. Un sport avec des gagnants, et des perdants. Un sport où la chance fait aussi partie du jeu, le sort, être au « bon endroit au bon moment » : d’une tête, d’un pied ou d’une main. Les sponsors, les salaires des joueurs, les enjeux boursiers, la FIFA, les tricheries, le dopage, et même chacun des (télé) spectateur, ont fait dangereusement pencher la balance, de sorte qu’aujourd’hui la défaite est de moins en moins acceptée. On cherche des coupables. Le bouc émissaire. Rien de nouveau sous le soleil de l’humain, dira le sage… 
A ce petit jeu de l’homme fort et de son côté obscure, Zinédine Zidane, notre « Zizou » national, a payé cher la note d’un chapeau trop petit ou trop lourd à porter, c’est selon. On va beaucoup, beaucoup argumenter sur ce carton rouge pour ce «pétage de plomb », ce coup de boule qui nous plongea, rouges de honte et de confusion, dans la noirceur de ce qui fait les plus mauvais moments du sport, si c’en est encore un. Etrange geste, très probablement la dernière et ultime réponse à ce qui a du être une agression verbale, une insulte de trop, de plus, ou tout simplement trop bien ajustée et guidée par le mépris, sport mondial. La coupe était pleine donc, et « Zizou » a perdu la tête… Après l’avoir si bien utilisée, cette belle tête de vainqueur, ce regard si calme dans les moments les plus importants (et ce jusqu’à quelques minutes auparavant !). Cette tête de Zidane qui nous envoya au « paradis » des vainqueurs en juillet 1998 par deux fois dans les buts brésiliens. Cette tête qui faillit bien « crucifier » le gardien transalpin Buffon, qui du coup avait l’occasion de le faire en arborant un rictus vengeur au moment de changer de terrain. Six ans plus tôt, l’Italie rebouchait le champagne à 17 secondes de la fin du match, assommée par un but qui ne valait pas encore de l’or, mais c’était tout comme.
En perdant la tête, Zidane nous prouve que le foot reste un jeu d’êtres humains, capables du meilleur comme du pire, on le sait bien au fond. Il nous prouve aussi, que la vie d’un homme n’est peut-être pas uniquement la somme de ses actes, et Dieu merci. Le magicien Zizou nous a bien fait rêver, vibrer, oublier un temps nos soucis, grâce à sa tête, mais aussi grâce à ses jambes. On ne t’en veut pas Zinédine, vraiment t’étais le meilleur et on est bien content de t’avoir eu à notre table le soir à l’heure du dîner depuis plus de dix ans. Tu auras toujours une assiette et un verre. Toi qui a fait tant de gestes de génie, et pris tant de cartons rouges. Tu étais un magicien du football, un magicien du sport. Tu redeviens désormais un homme, que tu as toujours été, un mari, un père, un fils, un frère, pour nous tous : un bon copain. Et pour tout ça, et tout le reste, tu peux coiffer fièrement le chapeau que nous te tirons bien bas, sans rancune ni tristesse.
Chapeau l’artiste !
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