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Le jour. D'après fred sabourin

Première Séance

31 Mai 2006 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma

Première Séance , chronique cinéma de Frédéric Sabourin tous les mercredis sur RCF Accords (Angoulême 96.8) à 7h55 et 18h25 (et Accords Poitiers 94.7 à  7h35 et 18h35)


                                        Marie-Antoinette
de Sofia Coppola. Etats-Unis 2006. 2h02. Distributeur : Pathé. Avec : Kirsten Dunst (Marie-Antoinette) ; Jason Schwartzman (Louis 16) ; Asia Argento (la comtesse du Barry) ; Judy Davis (la comtesse de Noailles)…

Il se trouvera, hélas, de nombreux historiens rabat-joie pour confondre - encore ! - la réalité historique et la fiction romanesque au cinéma. Non, Marie-Antoinette de Sofia Coppola n’est pas un film d’histoire, ni un film sur l’histoire de la dernière reine du royaume de France. Pour ceux qui ont un esprit ouvert et qui considèrent qu’il est possible de  « violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants » comme disait Alexandre Dumas, alors oui peut-être ils aimeront ce film délicieusement iconoclaste et irrévérencieux…
Car tel est le nouveau film de Sofia Coppola, qui clôt en quelque sorte un rite initiatique débuté en 2000 avec Virgin Suicides, puis poursuivi dans le jet lag de Tokyo avec Lost in Translation en 2004. A chaque fois, une destiné de femme, d’abord adolescente perdue dans un monde en pleine mutation sociale, puis dans un monde sentimental pour lequel elle n’était pas préparé, enfin dans un monde où le protocole et les coups bas sont de mise. Ca papote beaucoup à Versailles, après l’arrivée de cette archiduchesse d’Autriche, si jeune, si belle et… si fragile. Mais aussi libre. Libre de dire ce qu’elle pense de tout ce fatras qui frise souvent le ridicule. Libre de ne pas aimer celui qu’elle doit aimer pour sceller l’alliance franco-autrichienne (Louis Auguste), et d’aimer celui qu’elle ne doit pas aimer (le beau ténébreux prince de Suède, Fersen). Libre de rire, de faire la fête, masquée au bal à Paris, ou en pleine lumière d’un anniversaire où les croupiers ont bien fait de rester tard…
Kirsten Dunst, égérie de Sofia Coppola, sorte d’alter ego perdue dans cette cour versaillaise aux mœurs décidément bien étranges, est radieuse, diaphane, terriblement séduisante, en même temps qu’elle dégage le sentiment ontologique de l’interrogation d’être au monde.
La musique surtout, « The Cure », « Air », « New Order » et autres trouvailles cotonneuses et ouatées diffusent allègrement le sentiment de flotter, au milieu d’images d’un Versailles splendide mais qui donne envie de vivre ailleurs. Sofia Coppola est passée maîtresse dans l’art de composer un bouquet floral en faisant virevolter les robes à crinolines dans un pré d’herbe fraîche et de fleurs épanouies du mois de juin. Elle nous touche, Sofia, car sous les ors de la cour flotte le corps et le cœur d’adolescentes devenues trop tôt des femmes, en se posant toujours la question du pourquoi… Marie-Antoinette est des nôtres. 

             
                                            

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