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Le jour. D'après fred sabourin

Où vont les enfants qui courent dans les rues ? (nouvelle)

9 Février 2009 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #littérature




Ils ont déboulé d’un seul coup. D’où venaient-ils ? Avaient-ils surgit d’une voiture à l’arrêt ? Ou d’une voiture qui repartait ? Non. Sans doute étaient-ils sortis d’un porche d’une de ces maisons bourgeoises du centre ville. Mais il ne voyait ni n’entendait aucun bruit de porte. Sur le moment, il arrêta ses supputations. Ils avaient seulement décidé de se mettre à courir, comme ça, sans mobile apparent. Des enfants. Trois ou quatre. Ils couraient en riant. Ils couraient en riant avec l’âge de le faire. Celui de l’enfance qui n’en est plus une, et qui hésite encore à basculer dans cette adolescence qui fera d’eux d’abord des agités un peu bêtas, puis des muets ricanants. Et enfin des invincibles sûrs d’eux mêmes, cherchant à tout prix leurs semblables par tous les moyens possibles. Des enfants courraient en riant. Ils ne courraient donc pas pour le sport : ils n’auraient pas ri. Ils couraient d’un seul coup, pour le plaisir de se dépêcher, et ce plaisir les a fait rire. Il aurait dû s’écarter et se plaquer contre le mur pour les laisser passer. L’avaient-ils vu ? Il en doutait ! Pas un mot, pas un regard, pas un geste vers lui : ils couraient, invincibles. Il s’est toujours demandé où courraient les enfants comme ça, dans les rues. C’est vrai, ils n’ont aucune raison de courir comme ça, c’est amusant. L’adulte passe sa vie à essayer de ne plus courir sans raison, mais sans succès. Ces enfants ne savent-ils pas cela ? On a sûrement raison de ne pas leur dire. Les peurs et les angoisses des adultes tomberont bien assez tôt sur ce mystère : laissons les enfants courir. Et imaginons où ils peuvent bien courir comme ça. En riant. Peut-être courent-ils après un autre enfant, dans une poursuite de « gendarmes et de voleurs ». Peut-être courent-ils vers un parc où l’univers boisé va se transformer en châteaux forts, et cabanes de Tom Sawyer, et océans où ils navigueront comme de jeunes mousses assoiffés de terres lointaines, les imaginant à peine. Peut-être courent-ils pour retrouver l’école ? Pas pendant les grandes vacances…

Peut-être que les enfants qui courent dans les rues sont des enfants perdus, orphelins, sans toit ni loi, sans abri, sans amour ? Peut-être que les enfants qui courent dans les rues ne le font pas sans raison : eux seuls savent où et pourquoi ils courent ?
Peut-être que les enfants qui courent dans les rues, l’été, entre les voitures, les trottoirs (qui sont fait pour « trotter », et non pour « galoper ») et les piétons obligés de se plaquer contre le mur frais des maisons, peut-être que ces enfants-là courent pour rattraper le soleil, tout simplement. Rattraper le beau blond qui lui aussi se fraie un passage dans ces rues étroites, et qui déjà cherche à quitter l’une pour en retrouver une autre, après avoir langoureusement léché les tuiles bouillantes et baignées de cette lumière franche et crue de l’été. Peut-être que les enfants qui courent sous le soleil font comme lui : ils se dépêchent de changer de rue, pour voir du nouveau, pour voir du beau. Pour oublier, eux qui ne le savent pas encore, que ce soleil ne brillera pas toujours sur eux. Pour ne pas entrer dans l’ombre.

Les enfants qui courent dans les rues veulent peut-être rester dans la lumière.






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D
c'est l'urgence de l'inutile, qui ne sait pas jusqu'à son nom. pourquoi plus s'attarder... c'est ici, c'est là basque je veux être et ne saurais d'un instant faire fi.
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