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Le jour. D'après fred sabourin

Déesse

5 Février 2009 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #l'évènement



        L’actualité de ces jours-ci dépasse les espérances : Citroën annonce le retour de la « DS », le paquebot France est vendu par petit bout, on ne sait que faire du porte-avions Clémenceau.
La nostalgie du bon vieux temps, tenace, entrave sérieusement les « désirs d’avenir » et autre « France de demain » ardemment souhaitée par tous nos hommes et femmes politiques. Le courant réformateur, dussions-nous en crever la bouche ouverte, s’arrêtera-t-il aux portes d’une France d’antan qui sent bon les taloches et les encriers ?

Arrêtons-nous un instant sur la DS, fleuron de la marque Citroën, adulée par une génération de conducteurs, détestée par ceux que la suspension hydro-pneumatique rendait malade (ajoutée il faut préciser à une bonne dose de tabac gris fumé par des papas peu scrupuleux de la nocivité de la nicotine et du goudron). Elle a sauvée la vie du Général. Pompidou adorait la conduire lui même, la pédale à fond si possible. Fantomas en avait une, Rabbi Jacob aussi. Il n’est pas improbable que ce retour aux sources ait quelque chose de pernicieux : le pouvoir d’achat est encore concentré aux mains d’une génération laborieuse qui, si elle ne profita pas complètement de l’ascenseur social, n’en fut pas moins l’une des utilisatrices. La DS new look, si elle devait voir le jour, ne serait probablement pas conduite par les Smicards actuels, mais plutôt par des retraités heureux d’échapper à la crise grâce aux économies amassées pendant quarante ans. .

Le paquebot France vendu pièce par pièce. Si vous ne possédez pas un appartement avec quatre mètres de plafond avenue de Wagram à Paris, aucune chance d’acquérir la proue, qui toise trois mètres cinquante. En revanche, sur une grande radio du service public (Dieu ait son âme), j’ai entendu un acheteur potentiel dire qu’il souhaitait acquérir un hublot, « parce que j’ai eu la chance de passer la tête dedans un jour ». Heureusement que le fortuné ne passa pas la tête à travers une guillotine, l’expérience aurait pu en être raccourcie…

Enfin, et non des moindres, au moins pour le symbole : il est un objet flottant identifié dont personne ne songe à acheter les pièces détachées : le porte-avions ex-Clémenceau (débaptisé Q-790), bourré d’amiante, vogue vers la perfide Albion, après, on le sait, bien des péripéties. Il fait peine à voir, avec ses larmes de rouilles. Il pourrait couler d’une minute à l’autre si on n’y prenait garde. Georges Clémenceau, « le Tigre », ne pourrait imaginer plus funeste dessein, à l’heure où les Brigades du Tigre ressuscitent, justement. Et dire que Roland Jourdain déclarait il y a trois jours justifiant son abandon dans le Vendée Globe, qu’il s’en voudrait si son « Véolia » coulait à cause de l’absence de quille au large des Açores ! « La mer n’est pas une poubelle » disait-il. Tout le monde ne partage pas cette sagesse, visiblement.
 
Allez, rassurons-nous : comme disait le philosophe du bon sens Philippe Meyer « le progrès fait rage et le futur ne manque pas d’avenir », et une chose est certaine : le passé joue encore les prolongations. La route est longue, quand on ignore où on va, le bon vieux temps c’est rassurant.
Mais, comme à l’arrière d’une DS : ça finira par écœurer.





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M
chouette chronique
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D
"du passé, faisons table rase... "mais au travers des crises, entre désirs d'avenirs et réminiscences actives du passé, une voix continue d'habiter les ondes le matin, d'autres écrivent, partagent, tissent. ça fait moins de bruit que les tapageurs, mais c'est largement moins déplaisant!
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