fortune de mer
14 Juin 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #chronique cinéma
Tabarly
de Pierre Marcel. France, 2008, 90mn ; 50 copies. Distributeur : Pathé. Avec : Eric Tabarly ; Alain Colas ; Michel Desjoyaux…
Une symbiose parfaite entre un homme, un bateau et la mer. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier le film documentaire de Pierre Marcel, jeune marin de 27 ans, qui n’a pas connu Tabarly en personne mais qui a lu ses livres, s’est imprégné du personnage et surtout a navigué sur ses Pen Duick. Il a choisi de construire ce documentaire à partir des images d’archives, films réalisés sur Eric Tabarly lui même, ses propres interviews, ses commentaires. Lui qui n’aimait pas les questions des journalistes ! Souvent les soupirs et autres borborygmes de bouches sont à interpréter comme autant de réponse à ce personnage publiquement discret, timidement sympathique, humble naturellement, sensible évidemment, mais toujours déterminé et courageux. A cinq ans, on lui posait la question rituelle : « que veux-tu faire plus tard ? Amiral ! », répondait-il. Il fut « seulement » capitaine de frégate. Mais il se trouvera des amiraux qui auraient bien aimé avoir la vie qu’il mena…
Par deux fois seulement, Pierre Marcel a recours au procédé de la reconstitution, pour le reste, de l’eau, des voiles, des marins. Ni opposition (comme le dit Alain Colas), juste de la compétition. Vie quotidienne sur les Pen Duick, le suspens des courses au grand large, les tempêtes, les démâtages.
Tabarly y apparaît toujours comme l’homme de la situation, sorte de héros des houles, semblant perdu au milieu de la foule et des honneurs qui l’acclament, voire le traînent en spectacle comme cette remontée des Champs Elysées grand guignolesque orchestrées par Europe 1, après sa victoire en 76 dans la Transat, solitaire sur Pen Duick VI, bateau fait pour être manœuvré par quatorze équipiers qu’il conduira seul à Newport, et premier, à la surprise générale, alors que tous le croyaient perdu.
Plus que la mer, ce sont les bateaux que Tabarly aime profondément. Ses innovations techniques ont révolutionné le monde de la voile, souvent étonné les Anglais, parfois agacé les Américains. Point n’est besoin d’aimer passionnément la voile ou de s’y connaître parfaitement pour apprécier Tabarly de Pierre Marcel. Tout le monde pourra comprendre l’attachement au Pen Duick I, acheté par son père en 1938, qu’il a acquis quelques années plus tard, et restauré selon ses moyens, tout au long de sa vie.
La musique de Yann Tiersen accompagne pudiquement ce premier film qui ne l’est pas moins, comme ses personnages principaux : les bateaux, la mer, le marin.
Tabarly, de Pierre Marcel, séduira par sa beauté et son style posé, jusqu’à la fin, comme Tabarly l’aurait lui même souhaité : ne laissant à personne d’autre que lui le soin de manœuvrer, seul maître à bord. La mer d’Irlande, il y a dix ans, en a décidé autrement.
Un homme à la mer.
Fortune de mer…
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