La meilleure amie du jardinier confiné (drôle de guerre)
19 Mars 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #l'évènement, #drôle de guerre
Alors d’abord je demande aux lecteurs qui n’auraient pas de jardin – même minuscule – de bien vouloir m’excuser. Être confiné dans une ville moyenne, avec un jardin (petit ou grand) n’est pas tout à fait la même chose que de s’entasser à quatre dans un 70 m² parisien ou d’une quelconque métropole, ou même seul dans un studio de 20m² avec vue sur l’asphalte en banlieue. Mais pour ceux qui ont encore ce maigre plaisir de pouvoir aller « au jardin », depuis hier ils auront remarqué que les villes et villages ne sont pas si « silencieux » qu’on veut bien le dire…
Car ça ronronne à tout va ! Si on entend presque plus les bagnoles, une autre a pris provisoirement le relais. La reine de ces deux premiers jours de confinement, c’est elle, que vous aviez abandonnée depuis l’automne dans un coin de la cave ou du garage ; celle dont il aura fallu des trésors d’ingéniosité et de sueur pour la faire démarrer (dans le cas d’une thermique), ou remettre la main sur l’enrouleur de la rallonge pour les électriques. « Chérie ? Tu l’as mis où l’enrouleur ? - Ben… chais pas, c’est toi qui l’a rangé à la fin des vacances de la Toussaint ! ». Vous l’aurez compris, je veux parler de la tondeuse.
Les premiers rayons du soleil printaniers – d’une insolente provocation après les quinze jours de pluie des vacances scolaires – ont fait pousser fissa l’herbe des jardins, qui en avaient déjà mis un coup mi-février lors du passage des grues, une « pelouse » tellement arrosée par endroit qu’elle n’était pas loin de nous chatouiller les aisselles… Il a suffit qu’un des habitants du quartier se saisisse de l’engin et de ses décibels (96 en moyenne), pour que tout le monde suive en chœur, dans une communion de folie jardinière. Certains ne se sont pas arrêtés-là et ce sont les taille-haies ou autres tronçonneuses qui ont joué leur partition, dans un joyeux boucan d’ordinaire un peu irritant il faut bien le reconnaître. Mais, dans le contexte actuel, ce bruit de voisinage nous rappelle avec délice que nous ne sommes pas seuls dans cette galère.
Car ces tondeuses qui déchirent depuis deux après-midi le silence pensant (pour les uns) ou bienfaisant (pour les autres) de la vie en ville, nous rappellent au besoin que si « l’enfer, c’est les autres », le paradis, finalement, aussi…
Drôle de guerre !
F.S.
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